PKO 13.01.2013
Dimanche 13 janvier 2013 – Fête du Baptême du Seigneur – Année C
Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°03/2013
HUMEURS
La Basilique Saint Jean du Latran, cathédrale du Pape, a un nouveau et unique chanoine honoraire… en la personne de Mr François Hollande !
En effet, le très laïc Président de la République française a accepté le titre de chanoine honoraire : « Par respect des traditions, François Hollande a accepté le titre de premier et unique chanoine d’honneur du chapitre de la Basilique Saint-Jean-de-Latran à Rome tout en précisant qu’il ne se rendrait pas sur place pour prendre possession de la stalle,
contrairement à Nicolas Sarkozy » (Radio Vatican du 8 janvier).
Nous sommes touchés et émus de cette délicate attention… de ce « respect des traditions »…
Mais le nouveau chanoine honoraire ne sait peut-être pas que cette tradition ne date que de Louis XI en 1482… renouvelé en 1604 par Henri IV… Une tradition bien jeune si on la compare à la tradition du mariage entre un homme et une femme exclusivement, qui elle, remonte à des temps immémoriaux !
Nous tenons à féliciter le nouveau chanoine honoraire, tout comme nous tenons à lui faire savoir que nous nous associerons à la tradition du Chapitre du Latran, dont il est le seul et unique membre honoraire, de célébrer une messe pour la France (et lui-même), le 13 décembre de chaque année…
Soyez assuré, Monsieur le Chanoine honoraire François Hollande, de notre prière fraternelle !
« Tu es mon Fils, moi aujourd’hui, je t’ai engendré »
Commentaire de l’évangile de la fête du Baptême du seigneur – Année C
Avec la fête du baptême de Jésus, nous sommes au sommet du temps de l'Épiphanie. Après l'annonce aux bergers dans la nuit de Noël, puis la visite des Mages qui découvrent la manifestation de Dieu aux lueurs de l'étoile, c'est Jésus lui-même, Verbe de Dieu, qui se manifeste à son baptême dans le Jourdain. Dimanche prochain, nous le verrons se manifester aux noces de Cana.
Jusqu'ici, l'épiphanie laissait voir et découvrir les signes de Dieu. Aujourd'hui, l'épiphanie parle : « Celui-ci est mon Fils Bien-Aimé en qui j'ai mis tout mon amour ». La voix est celle de celui qui peut appeler l'autre « mon fils ». Qu'elle soit exprimée de vive-voix ou seulement de l'intérieur, la voix est en effet, écoutée et retenue à une telle profondeur qu'elle retentit jusqu'à nous, jusqu'à la fin des temps. Elle proclame l'identité de cet homme nommé Jésus. Il est Fils de Dieu. Il vient du Père et vit dans le Père.
Tout nous dit que c'est à partir de ce moment-là que Jésus se sait différent. Pendant trente ans, il a vécu caché. Il était un juif ordinaire, vivant modestement de son travail, menuisier, fils de menuisier. Comme tout juif pratiquant, il fréquentait la synagogue, il écoutait, lisait la Bible et priait avec. Mais aujourd'hui, tout devient différent. L'événement de son baptême nous donne un éclairage sur sa vie humaine : fils de David, fils de Marie, mais Fils de Dieu.
Il sait parfaitement maintenant d'où il vient et où il va. Il sait que « le Père a remis toutes choses entre ses mains, qu'il est sorti de Dieu et qu'il va vers Dieu » (Jean 13,3,) en ramenant tous et tout avec lui. À son baptême, Jésus atteint le sommet de la connaissance de Dieu et du monde des hommes. Il a pleine conscience maintenant de son identité de Fils de Dieu et de sa mission de Messie.
En lui, se concentre toute l’humanité comme le sang retourne au cœur pour s’y purifier. Il s’incorpore tous les hommes. Ils ne font avec lui qu’un seul corps. Le chrétien est l'homme de la filiation divine, conscient d'être né, non pas du sang, ni d'un vouloir de chair, mais de Dieu. Quand il reste dans cet éveil que le Christ lui a communiqué, il est l'homme de prière. La référence à Dieu ouvre le chrétien aux dimensions de l'Esprit. Il est ouvert au monde, à ses frères pour les servir comme Jésus est venu pour servir et non pour être servi. Car Jésus est l’épiphanie de Dieu Père, Dieu Fils, Dieu Esprit.
Jésus n'est jamais seul. Il est toujours avec Quelqu'un qu'il appelle son Père. Il nous fait découvrir que la vie est la relation avec Celui qui est. Quand il envoie les disciples baptiser au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, il donne à ses disciples le pouvoir de transmettre cette relation de la vie en Dieu.
Pour nous faire entrer dans son mystère, Dieu a emprunté l'expérience vécue la plus forte qu'il peut trouver dans tout l'univers : la paternité et la maternité humaines. L'écho vital de l'expérience « père-mère » est la filiation. C'est le regard du bébé qui trouve le visage de son premier vis à vis dans ce monde, celui de sa maman, celui de son papa. Le regard du père et de la mère éveille le bébé à lui-même. Le bébé sourit, et la relation est née. Le bébé est maintenant une personne. La rencontre ne se fait qu'entre deux personnes. Elle s'effectue par ce regard de reconnaissance et de compréhension, signe du souffle de vie qui crée le lien entre deux personnes : l'esprit.
Jésus n'est pas venu pour créer des rites à pratiquer. C'est normal que l'on s'ennuie quand on prend l'Évangile ou la vie de l'Église, ou notre vie chrétienne, comme un répertoire de rites. Jésus est venu créer des occasions à vivre avec Dieu le Père et à être fils. Quand il confie à ses apôtres d'aller dans le monde entier baptiser les nations, il ne pense pas à créer des registres de baptême fournis. Il veut faire participer tous, sans distinction, à ce que le Père lui a dit aujourd'hui : « Tu es mon Fils, moi aujourd'hui, je t'ai engendré ». L'Epiphanie est à la fois le dévoilement du mystère en Dieu et la rencontre entre Dieu et l'humanité, en cet homme nommé Jésus, Fils de Dieu et fils de notre terre.
En marge de l’actualité
Marchons et manifestons pour la Vie
Samedi 19 janvier 2013 – place Vaiete à Papeete
Les objectifs de cette journée :
* Mobiliser le maximum de personnes de tous âges et de toutes origines – chrétiens de toutes confessions et non-chrétiens – qui croient en la Vie et qui souhaitent manifester pour défendre la vie sous toutes ces formes ;
* Appeler les élus à la VIGILANCE lorsqu'ils votent certaines lois qui pourraient porter atteinte à la Vie.
Père Bruno Ma'i, Administrateur Apostolique du diocèse de Papeete, invite tous les catholiques, les paroisses, les groupes, mouvements et associations à se mobiliser pour cette journée importante.
Prière de Notre Dame de toute la France
Notre-Dame de Toute la France
Sur chaque pays, sur chaque cime,
Notre nation, toujours chrétienne,
À dressé pour ta gloire
- en plein ciel - des chapelles ;
Toutes les fleurs de ses montagnes,
De la Provence à la Bretagne,
Te brûlent leur encens : et leurs petits oiseaux
Te chantent les sept allégresses
Qu'à Bethléem tu leur appris,
Quand tu berçais l'Enfant
aux langes de lumières.
Point de bourgade, chaque année,
Qui ne te voues son moi de mai,
Femme bénie, victorieuse du serpent !
Et point de prêtre dans son prône,
Point de marin sur mer ou de pâtre au désert,
Qui ne te dise « Notre-Dame » !
Et l'Univers, de cœur et d'âme,
Te prie agenouillé et se joint au concert.
Si à Toulouse tu t'appelles
Notre-Dame de la Daurade
Car l'or pur du soleil s'efface devant toi ;
Si d'Avignon, Marseille à Vienne,
Ô Notre-Dame de Provence,
Le tombeau de Sainte Anne
appelle tes bienfaits ;
Au Puy, sur le rocher Corneille
C'est bien nous, Vierge toute belle,
Qui t'avons baptisé « Notre-Dame de France » !
Frédéric Mistral (1830 - 1914)
La pensée du don, au centre de la liturgie de Noël
Catéchèse du pape Benoît XVI du 9 janvier 2013
« Dieu a fait de son Fils unique un don pour nous, il a assumé notre humanité pour nous donner sa divinité. Voilà le grand don » : Benoît XVI explique le sens du don se soi à la lumière du mystère de Noël, qui célèbre l’incarnation du Fils de Dieu. Pour comprendre ce mystère, le pape rappelle la méthode de lecture catholique des Écritures : « L’Ancien et le Nouveau Testament doivent toujours être lus ensemble et le sens profond de l’Ancien Testament se dévoile à partir du Nouveau ». Benoît XVI a invité les catholiques à retrouver « l’étonnement » face au mystère de l’incarnation, soulignant le réalisme de son amour.
Chers frères et sœurs,
En ce temps de Noël, arrêtons-nous encore une fois sur le grand mystère de Dieu qui est descendu de son ciel pour entrer dans notre chair. En Jésus, Dieu s’est incarné, il est devenu homme comme nous et nous a ainsi ouvert la voie vers son ciel, vers la pleine communion avec lui.
En ces jours, le terme d’« Incarnation » de Dieu a résonné plusieurs fois dans nos églises, pour exprimer la réalité que nous célébrons dans la fête de Noël : le Fils de Dieu s’est fait homme, comme nous le récitons dans le Credo. Mais que signifie ce mot central pour la foi chrétienne ? Incarnation dérive du latin « incarnatio ». Saint Ignace d’Antioche (à la fin du premier siècle) et, surtout, saint Irénée ont utilisé ce terme en réfléchissant sur le Prologue de l’évangile de saint Jean, en particulier sur l’expression : « le Verbe s’est fait chair » (Jn 1, 14). Ici, le mot « chair », selon l’usage juif, indique l’homme dans son intégralité, tout l’homme mais précisément sous l’aspect de sa caducité et de sa temporalité, de sa pauvreté et de sa contingence. Ceci pour nous dire que le salut apporté par Dieu fait chair en Jésus de Nazareth touche l’homme dans sa réalité concrète et dans n’importe quelle situation où il se trouve. Dieu a assumé la condition humaine pour la guérir de tout ce qui la sépare de lui, pour nous permettre de l’appeler, en son fils unique, du nom de « Abba, Père » et d’être vraiment enfants de Dieu. Saint Irénée affirme : « Car telle est la raison pour laquelle le Verbe s’est fait homme, et le Fils de Dieu, Fils de l’homme : c’est pour que l’homme, en entrant en communion avec le Verbe et en recevant ainsi la filiation divine, devienne fils de Dieu » (Adversus haereses, 3, 19, 1 ; cf. Catéchisme de l’Église catholique, 460).
« Le Verbe s’est fait chair » est une de ces vérités auxquelles nous sommes tellement habitués que la grandeur de l’événement qu’elle exprime ne nous touche presque plus. Et effectivement, en cette période de Noël, où cette expression revient souvent dans la liturgie, on est parfois plus attentif aux aspects extérieurs, aux « couleurs » de la fête, qu’au cœur de la grande nouveauté chrétienne que nous célébrons : quelque chose d’absolument impensable, que Dieu seul pouvait réaliser et dans quoi nous ne pouvons entrer que par la foi. Le Logos, qui est avec Dieu, le Logos qui est Dieu (cf. Jn 1, 1), le Créateur du monde, par lequel tout fut créé (cf. 1, 3), qui a accompagné, et qui accompagne, les hommes dans l’histoire par sa lumière (cf. 1, 4-5 ; 1, 19), devient un parmi les autres et établit sa demeure au milieu de nous ; il devient l’un de nous (cf. 1, 14). Le concile œcuménique Vatican II affirme : « Le Fils de Dieu… a travaillé avec des mains d’homme, il a pensé avec une intelligence d’homme, il a agi avec une volonté d’homme, il a aimé avec un cœur d’homme. Né de la Vierge Marie, il est vraiment devenu l’un de nous, en tout semblable à nous, hormis le péché » (Const. Gaudium et spes, 22). Il est important alors de retrouver l’étonnement devant le mystère, de nous laisser envelopper par la grandeur de cet événement. Dieu, le vrai Dieu, Créateur de toutes choses, a parcouru nos routes comme homme, en entrant dans le temps de l’homme, pour nous communiquer sa vie (cf. Jn 1, 1-4). Et il l’a fait non avec la splendeur d’un souverain qui assujettit le monde à son pouvoir, mais avec l’humilité d’un petit enfant.
Je voudrais souligner un second élément. À Noël, d’habitude, on échange des cadeaux avec les personnes qui nous sont le plus proches. Parfois, cela peut être un geste fait par convention, mais généralement ce geste exprime l’affection, c’est un signe d’amour et d’estime. Dans la prière sur les offrandes de la Messe de l’Aurore de la solennité de Noël, l’Eglise prie ainsi : « Accepte, ô Père, notre offrande en cette nuit de lumière et, par ce mystérieux échange de dons, transforme-nous par ton Fils, le Christ, qui a élevé l’homme à tes côtés dans la gloire ». La pensée du don est au centre de la liturgie et rappelle à notre conscience le don originel de Noël : dans cette nuit sainte, Dieu, en se faisant chair, a voulu se faire don pour les hommes, il s’est donné pour nous ; Dieu a fait de son Fils unique un don pour nous, il a assumé notre humanité pour nous donner sa divinité. Voilà le grand don.
Lorsque nous donnons nous aussi, le coût plus ou moins élevé d’un cadeau n’est pas important ; celui qui ne parvient pas à donner un peu de lui-même donne toujours trop peu ; et parfois même, on cherche justement à remplacer le cœur et l’engagement du don de soi par de l’argent, par des choses matérielles. Le mystère de l’Incarnation indique que Dieu n’a pas agi ainsi : il n’a pas donné quelque chose, mais il s’est donné lui-même dans son Fils unique. Nous avons là le modèle du don de nous-mêmes, pour que nos relations, surtout les plus importantes, soient guidées par la gratuité et par l’amour.
Je voudrais offrir une troisième réflexion : le fait de l’Incarnation de Dieu, qui se fait homme comme nous, nous montre le réalisme inouï de l’amour divin. L’action de Dieu, en effet, ne se limite pas aux paroles ; au contraire, nous pourrions dire qu’il ne se contente pas de parler mais qu’il s’immerge dans notre histoire et assume en lui la fatigue et le poids de la vie humaine. Le Fils de Dieu s’est vraiment fait homme, il est né de la Vierge Marie, dans un temps et un lieu déterminés, à Bethléem, pendant le règne de l’empereur Auguste, lorsque Quirinius était gouverneur (cf. Lc 2, 1-2) ; il a grandi dans une famille, il a eu des amis, il a formé un groupe de disciples, il a instruit les apôtres pour qu’ils continuent sa mission, il a terminé le cours de sa vie terrestre sur la croix. Cette manière d’agir de Dieu est un stimulant fort qui nous pousse à nous interroger sur le réalisme de notre foi, qui ne doit pas se limiter à la sphère des sentiments et des émotions, mais qui doit entrer dans le concret de notre existence, c’est-à-dire toucher notre vie de chaque jour et l’orienter aussi de façon pratique. Dieu ne s’est pas arrêté aux paroles, mais il nous a indiqué comment vivre en partageant notre expérience, excepté le péché. Le catéchisme de saint Pie X, que certains d’entre nous ont étudié dans leur enfance, va à l’essentiel lorsque, à la question : « Pour vivre selon Dieu, que devons-nous faire ? », il donne cette réponse : « Pour vivre selon Dieu, nous devons croire aux vérités qu’il a révélées et observer ses commandements avec l’aide de sa grâce, que l’on obtient par les sacrements et l’oraison ». La foi a un aspect fondamental qui intéresse non seulement l’esprit et le cœur, mais toute notre vie.
Je propose un dernier élément à votre réflexion. Saint Jean affirme que le Verbe, le Logos, était avec Dieu dès le début, et que tout a été créé par le Verbe et que rien de ce qui existe n’a été fait sans lui (cf. Jn 1, 1-3). L’évangéliste fait clairement allusion au récit de la création qui se trouve dans les premiers chapitres du livre de la Genèse, et il le relit à la lumière du Christ. Ceci est un critère fondamental dans la lecture chrétienne de la Bible : l’Ancien et le Nouveau Testament doivent toujours être lus ensemble et le sens profond de l’Ancien Testament se dévoile à partir du Nouveau. Ce même Verbe, qui existe depuis toujours auprès de Dieu, qui est Dieu lui-même, et par qui et pour qui tout a été créé (cf. Col 1, 16-17), s’est fait homme : le Dieu éternel et infini s’est immergé dans la finitude humaine, dans sa créature, pour ramener à lui l’homme et la création entière. Le Catéchisme de l’Eglise catholique affirme : « La première création trouve son sens et son sommet dans la nouvelle création dans le Christ, dont la splendeur dépasse celle de la première » (n° 349).
Les Pères de l’Église ont rapproché Jésus d’Adam, au point de le définir comme « le second Adam » ou l’Adam définitif, l’image parfaite de Dieu. Avec l’incarnation du Fils de Dieu, une nouvelle création advient, qui donne la réponse complète à la question : « Qui est l’homme ? ». C’est seulement en Jésus que se manifeste dans sa perfection le projet de Dieu sur l’être humain : Il est l’homme définitif selon Dieu. Le concile Vatican II le redit avec force : « En réalité, le mystère de l’homme ne s’éclaire vraiment que dans le mystère du Verbe incarné » (Const. Gaudium et spes, 22 ; cf. Catéchisme de l’Église catholique, 359). Dans ce petit enfant, le Fils de Dieu contemplé à Noël, nous pouvons reconnaître le vrai visage non seulement de Dieu mais le vrai visage de l’être humain ; et c’est seulement en nous ouvrant à l’action de sa grâce et en cherchant à le suivre chaque jour, que nous réalisons le projet de Dieu sur nous, sur chacun de nous.
Chers amis, en cette période, méditons la grande et merveilleuse richesse du mystère de l’Incarnation, pour laisser le Seigneur nous éclairer et nous transformer de plus en plus à l’image de son Fils fait homme pour nous.
© Libreria Editrice Vaticana – 2013
Le « bagage » de la personne réfugiée : la foi et l’espérance
99ème Journée mondiale 2013 du migrant et du réfugié – Message de Benoît XVI
« Foi et espérance remplissent souvent le bagage de ceux qui émigrent », car « se trouve en eux le désir d’une vie meilleure », en essayant de « laisser derrière eux le “désespoir” d’un futur impossible à construire », déclare Benoît XVI. Il invite l’Église et les diverses réalités qui s’inspirent d’elle à « favoriser l’intégration authentique » de la personne réfugiée, afin que tous soient « des membres actifs et responsables chacun du bien-être de l'autre, généreux pour garantir des apports originaux, avec un droit de citoyenneté à part entière et une participation aux mêmes droits et devoirs » dans la société.
Migrations : pèlerinage de foi et d’espérance
Chers frères et sœurs !
Le Concile Œcuménique Vatican II, dans sa Constitution pastorale Gaudium et spes, a rappelé que « l’Église fait route avec toute l’humanité » (n. 40) et, par conséquent « les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes d’aujourd’hui, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur » (ibid., n. 1). À cette déclaration ont précisément fait écho le Serviteur de Dieu Paul VI, qui a qualifié l’Église d’« experte en humanité » (Enc. Populorum progressio, n. 13), et le Bienheureux Jean-Paul II, qui a affirmé que la personne humaine était « la première route que l’Église doit parcourir en accomplissant sa mission..., route tracée par le Christ lui-même » (Enc. Centesimus annus, n. 53). Dans mon Encyclique Caritas in veritate, j’ai voulu préciser, dans la lignée de mes Prédécesseurs, que « toute l’Église, dans tout son être et tout son agir, tend à promouvoir le développement intégral de l’homme, quand elle annonce, célèbre et œuvre dans la charité » (n. 11), en me référant aussi aux millions d’hommes et de femmes qui, pour diverses raisons, vivent l'expérience de la migration. En effet, les flux migratoires sont « un phénomène qui impressionne en raison du nombre de personnes qu’il concerne, des problématiques sociale, économique, politique, culturelle et religieuse qu’il soulève, et à cause des défis dramatiques qu’il lance aux communautés nationales et à la communauté internationale » (ibid., n. 62), car « tout migrant est une personne humaine qui, en tant que telle, possède des droits fondamentaux inaliénables qui doivent être respectés par tous et en toute circonstance » (ibidem).
Dans ce contexte, j’ai voulu dédier la Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié 2013 au thème « Migrations : pèlerinage de foi et d’espérance », en concomitance avec les célébrations du 50ème anniversaire de l’ouverture du Concile Œcuménique Vatican II et du 60ème anniversaire de la promulgation de la Constitution Apostolique Exsul familia, tandis que toute l’Église s’efforce de vivre l'Année de la foi en tâchant de relever avec enthousiasme le défi de la nouvelle évangélisation.
De fait, foi et espérance forment un binôme inséparable dans le cœur de très nombreux migrants, à partir du moment où se trouve en eux le désir d’une vie meilleure, en essayant très souvent de laisser derrière eux le « désespoir » d’un futur impossible à construire. En même temps, les voyages de beaucoup sont animés par la profonde confiance que Dieu n’abandonne pas ses créatures et ce réconfort rend plus tolérables les blessures du déracinement et du détachement, avec au fond l’espérance d’un futur retour vers leur terre d’origine. Foi et espérance remplissent donc souvent le bagage de ceux qui émigrent, conscients qu’avec elles « nous pouvons affronter notre présent : le présent, même un présent pénible, peut être vécu et accepté s'il conduit vers un terme et si nous pouvons être sûrs de ce terme, si ce terme est si grand qu’il peut justifier les efforts du chemin » (Enc. Spe salvi, n. 1).
Dans le vaste domaine des migrations, la sollicitude maternelle de l’Église se déploie dans diverses directions. D’une part, celle qui considère les migrations sous l’aspect dominant de la pauvreté et de la souffrance, qui entraine souvent des drames et des tragédies. C’est là que se concrétisent les interventions de secours pour résoudre les nombreuses urgences, avec le dévouement généreux d’individus et de groupes, d’associations de volontariat et de mouvements, d’organismes paroissiaux et diocésains en collaboration avec toutes les personnes de bonne volonté. D’autre part, cependant, l’Église n’oublie pas de mettre en évidence les aspects positifs, les potentialités bénéfiques et les ressources dont les migrations sont porteuses. Dans cette voie prennent alors corps les interventions d’accueil qui favorisent et accompagnent une insertion intégrale des migrants, des demandeurs d’asile et des réfugiés dans leur nouveau contexte socioculturel, sans négliger la dimension religieuse, essentielle pour la vie de chaque personne.
Et c’est précisément à cette dimension que l’Église est appelée, en raison de la mission même que le Christ lui a confiée d’être attentive et de prendre soin : tel est son devoir spécifique le plus important. Envers les fidèles chrétiens provenant de différentes parties du monde l'attention à la dimension religieuse comprend également le dialogue œcuménique et le soin accordé aux nouvelles communautés, tandis qu’envers les fidèles catholiques elle s’exprime notamment en réalisant de nouvelles structures pastorales et en valorisant les différents rites, jusqu’à la pleine participation à la vie de la communauté ecclésiale locale. La promotion humaine va de pair avec la communion spirituelle, qui ouvre les voies « à une conversion authentique et renouvelée au Seigneur, unique Sauveur du monde » (Lett. ap. Porta fidei, n. 6). C’est toujours un don précieux qu’apporte l’Église en menant à la rencontre avec le Christ qui ouvre à une espérance stable et fiable.
L’Église et les diverses réalités qui s’inspirent d’elle sont appelées, à l’égard des migrants et des réfugiés, à éviter le risque d’apporter une simple assistance, pour favoriser l’intégration authentique, dans une société où tous puissent être des membres actifs et responsables chacun du bien-être de l'autre, généreux pour garantir des apports originaux, avec un droit de citoyenneté à part entière et une participation aux mêmes droits et devoirs. Ceux qui émigrent emportent avec eux des sentiments de confiance et d’espérance qui animent et confortent la recherche de meilleures opportunités de vie. Toutefois, ils ne cherchent pas seulement une amélioration de leur condition économique, sociale ou politique. Il est vrai que le voyage migratoire commence souvent par la peur, surtout quand des persécutions et des violences contraignent à la fuite, marquée par le traumatisme de l’abandon des membres de la famille et des biens qui, en quelque sorte, assuraient la survie. Mais la souffrance, l'énorme perte et, parfois, un sens d’aliénation face à l’avenir incertain ne détruisent pas le rêve de reconstruire, avec espérance et courage, une existence dans un pays étranger. En vérité, ceux qui migrent nourrissent l’espoir confiant de trouver un accueil, d’obtenir une aide solidaire et d’entrer en contact avec des personnes qui, comprenant leur malaise et la tragédie de leurs semblables, reconnaissant aussi les valeurs et les ressources dont ils sont porteurs, soient disposées à partager humanité et ressources matérielles avec les nécessiteux et les déshérités. Il faut réaffirmer, de fait, que « la solidarité universelle qui est un fait, et un bénéfice pour nous, est aussi un devoir » (Enc. Caritas in veritate, n. 43).
Migrants et réfugiés, au milieu des difficultés, peuvent également faire l’expérience de relations nouvelles et hospitalières, qui les encouragent à contribuer au bien-être des pays d’arrivée, grâce à leurs compétences professionnelles, leur patrimoine socioculturel et, souvent aussi, grâce à leur témoignage de foi, qui donne une impulsion aux communautés de vieille tradition chrétienne, encourage à rencontrer le Christ et invite à connaître l’Église.
Certes, chaque État a le droit de réguler les flux migratoires et de mettre en œuvre des politiques dictées par les exigences générales du bien commun, mais toujours en garantissant le respect de la dignité de chaque personne humaine. Le droit de la personne à émigrer – comme le rappelle la Constitution conciliaire Gaudium et spes au n. 65 - est inscrit au nombre des droits humains fondamentaux, avec la faculté pour chacun de s’établir là où il l’estime le plus opportun pour une meilleure réalisation de ses capacités, de ses aspirations et de ses projets. Dans le contexte sociopolitique actuel, cependant, avant même le droit d’émigrer, il faut réaffirmer le droit de ne pas émigrer, c’est-à-dire d’être en condition de demeurer sur sa propre terre, répétant avec le Bienheureux Jean-Paul II que « le droit primordial de l’homme est de vivre dans sa patrie : droit qui ne devient toutefois effectif que si l’on tient constamment sous contrôle les facteurs qui poussent à l’émigration » (Discours au IVème Congrès mondial des Migrations, 1998).
Aujourd’hui, en effet, nous voyons que de nombreuses migrations sont la conséquence d’une précarité économique, d’un manque de biens essentiels, de catastrophes naturelles, de guerres et de désordres sociaux. À la place d’une pérégrination animée par la confiance, par la foi et par l’espérance, migrer devient alors un « calvaire » pour survivre, où des hommes et des femmes apparaissent davantage comme des victimes que comme des acteurs et des responsables de leur aventure migratoire. Ainsi, alors que certains migrants atteignent une bonne position et vivent de façon digne, en s’intégrant correctement dans le milieu d’accueil, beaucoup d’autres vivent dans des conditions de marginalité et, parfois, d’exploitation et de privation de leurs droits humains fondamentaux, ou encore adoptent des comportements nuisibles à la société au sein de laquelle ils vivent. Le chemin d’intégration comprend des droits et des devoirs, une attention et un soin envers les migrants pour qu’ils aient une vie digne, mais aussi, de la part des migrants, une attention aux valeurs qu’offre la société où ils s’insèrent.
À ce propos, nous ne pouvons pas oublier la question de l'immigration clandestine, thème beaucoup plus brûlant dans les cas où celle-ci prend la forme d’un trafic et d’une exploitation des personnes, avec plus de risques pour les femmes et les enfants. De tels méfaits doivent être fermement condamnés et punis, alors qu’une gestion régulée des flux migratoires, qui ne peut se réduire à la fermeture hermétique des frontières, au renforcement des sanctions contre les personnes en situation irrégulière et à l'adoption de mesures visant à décourager les nouvelles entrées, pourrait au moins limiter pour de nombreux migrants les dangers de devenir victimes des trafics mentionnés. Des interventions organiques et multilatérales pour le développement des pays de départ et des contre-mesures efficaces pour faire cesser le trafic des personnes sont en effet extrêmement opportunes, de même que des programmes organiques des flux d’entrée légale et une plus grande disponibilité à considérer les cas individuels qui requièrent des interventions de protection humanitaire, au-delà de l’asile politique. Aux normes appropriées doit être associée une œuvre patiente et constante de formation de la mentalité et des consciences. Dans tout cela, il est important de renforcer et de développer les rapports d’entente et de coopération entre les réalités ecclésiales et institutionnelles qui sont au service du développement intégral de la personne humaine. Dans la vision chrétienne, l'engagement social et humanitaire tire sa force de la fidélité à l’Évangile, en étant conscient que « quiconque suit le Christ, homme parfait, devient lui-même plus homme » (Gaudium et spes, n. 41).
Chers frères et sœurs migrants, que cette Journée Mondiale vous aide à renouveler votre confiance et votre espérance dans le Seigneur qui se tient toujours à côté de nous ! Ne perdez pas l'occasion de le rencontrer et de reconnaître son visage dans les gestes de bonté que vous recevez au cours de votre pérégrination migratoire. Réjouissez-vous car le Seigneur est proche de vous et, avec lui, vous pourrez surmonter les obstacles et les difficultés, en conservant comme un trésor les témoignages d’ouverture et d’accueil que beaucoup de gens vous offrent. En effet, « la vie est comme un voyage sur la mer de l’histoire, souvent obscur et dans l’orage, un voyage dans lequel nous scrutons les astres qui nous indiquent la route. Les vraies étoiles de notre vie sont les personnes qui ont su vivre dans la droiture. Elles sont des lumières d'espérance. Certes, Jésus-Christ est la lumière par antonomase, le soleil qui se lève sur toutes les ténèbres de l’histoire. Mais pour arriver jusqu’à lui nous avons besoin aussi de lumières proches – de personnes qui donnent une lumière en la tirant de sa lumière et qui offrent ainsi une orientation pour notre traversée » (Enc. Spe salvi, n. 49).
Je confie chacun de vous à la Bienheureuse Vierge Marie, signe d’espérance sûre et de consolation, « étoile du chemin », qui, par sa présence maternelle, est proche de nous à chaque instant de notre vie, et j’accorde à tous, avec affection, la Bénédiction Apostolique.
Du Vatican, 12 octobre 2012
BENEDICTUS PP. XVI
© Libreria Editrice Vaticana – 2012
Philippe BARBARIN : « Ce serait indigne de ne rien dire »
Marche contre le projet de loi autorisant le maraige entre personne du même sexe
Pour La Croix, le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, explique pourquoi il participera, dimanche, à Paris, à la manifestation.
La Croix : Irez-vous manifester, dimanche 13 janvier, à Paris, contre le projet de loi du gouvernement autorisant le mariage entre personnes de même sexe ?
Cardinal Philippe Barbarin : Je compte y aller pour être au milieu des Français qui veulent manifester leur désaccord et demander un débat qui n’a pas tellement eu lieu. C’est une manière, plus rude que d’ordinaire, de faire entendre notre opposition, et qui n’est pas tellement dans les habitudes de l’Église. Je manifesterai, parce que j’ai la conviction que ce projet risque de provoquer des désordres durables dans la vie de notre nation. Il va apporter plus de trouble que de paix.
La Croix : Manifester, est-ce le meilleur moyen de se faire entendre ?
Cardinal Philippe Barbarin : Des nombreuses auditions, où nous avons été plus ou moins bien écoutés selon les cas, ressort l’impression d’un blocage. Quand j’ai rencontré Manuel Valls, le ministre de l’intérieur, il y a quelques semaines, il a écouté mes arguments avec respect, mais à la fin, il m’a dit : « Nous sommes très déterminés ». Je comprends cette détermination, mais la mienne n’est pas moindre. Puisque la manifestation est un moyen démocratique qui nous est offert, je ne vois pas pourquoi nous ne l’utiliserions pas. Il me semble naturel, par ailleurs, que certains, dans l’Église, choisissent d’autres voies d’expression, même si nous partageons une profonde conviction commune sur le sujet. Il n’y a pas de « consigne du parti »… Je comprends les évêques et les fidèles catholiques qui ne souhaitent pas manifester, mais, comme beaucoup d’autres évêques, j’irai. Même si j’ai confiance dans les générations futures qui pourront revenir sur nos erreurs, je ne veux pas être le jouet d’un « esprit muet et sourd », pour reprendre l’expression de la Bible. Ce serait indigne de ne rien dire.
La Croix : Ce débat autour du « mariage pour tous » n’a-t-il pas tendance à réveiller une opposition ancienne entre l’Église et l’État ?
Cardinal Philippe Barbarin : Je récuse cette expression de « mariage pour tous », car ce n’est qu’un slogan. Le projet de loi consiste à unir civilement dans le mariage deux hommes ou deux femmes, et je considère que c’est une erreur profonde. Changer le sens des mots, en l’occurrence la définition même du mariage – et par-derrière beaucoup de choses dans le code civil –, constitue une violence à la nation, lourde de conséquences. Le cardinal André Vingt-Trois a d’ailleurs bien fait remarquer que la ministre de la justice, Christiane Taubira, avait dit elle-même qu’il s’agissait d’un changement de civilisation. C’est effectivement un changement majeur, dans une institution majeure. Cette position n’est pas uniquement celle de l’Église catholique : je constate une convergence profonde avec d’autres religions, avec bien des pédagogues et psychiatres et beaucoup de gens de bon sens, qui sont incroyants. Il ne s’agit pas d’un clivage entre l’Église catholique et l’État, il dépasse largement les oppositions habituelles. Le responsable des musulmans de Rhône-Alpes m’a dit qu’il souhaitait marcher à mes côtés, dimanche, à Paris.
La Croix : L’Église catholique ne s’est-elle pas trop exposée publiquement dans ce débat ?
Cardinal Philippe Barbarin : Jésus, avant l’Ascension, nous a laissés comme dernière consigne : « Vous serez mes témoins ». Dans le cas présent, il y a un enjeu majeur pour lequel nous devons témoigner. C’est toujours difficile, et je prie pour que Dieu nous donne les mots et le ton justes. L’Église n’est pas rivée sur les risques qu’elle court en s’exposant. Elle cherche plutôt à savoir si elle est fidèle à la mission qu’elle a reçue : faire en sorte qu’il y ait la paix sur la terre… Parfois, certains silences sont des lâchetés. En l’occurrence, ces risques éventuels importent peu, dans la mesure où nous sommes convaincus que ce projet de loi fait courir un risque considérable à la société. C’est une donnée anthropologique fondamentale que l’on ne change pas avec une loi.
La Croix : En septembre, vous avez été au centre d’une polémique en affirmant que le projet de loi pourrait ouvrir la porte à certaines dérives. Qu’en retenez-vous ?
Cardinal Philippe Barbarin : La polémique est née du titre d’une dépêche de l’Agence France-Presse qui a déformé les propos que j’ai tenus sur un plateau de télévision. L’idée était de dire : si l’on cède aujourd’hui à la revendication des associations homosexuelles, que se passera-t-il demain, quand les lobbys demanderont, par exemple, le mariage à trois ou à quatre, au nom du « mariage pour tous » ? La veille de mon intervention, on relatait dans la presse qu’au Brésil, un maire avait célébré le mariage de trois personnes… On voit bien que la question se pose déjà en certains endroits, et par exemple le grand rabbin Bernheim parle des « affolantes combinatoires » auxquelles ce projet pourrait donner lieu.
La Croix : Qu’aimeriez-vous dire aujourd’hui au président de la République ?
Cardinal Philippe Barbarin : J’ai aimé le ton qu’il a adopté lors des vœux du 31 décembre. Quand il dit qu’il va se battre pour l’emploi et qu’il veut un contrôle sur les transactions financières, je suis très heureux. Concernant son projet d’union entre personnes de même sexe, il répond que c’était une promesse électorale. S’il imagine que c’est une réforme hautement symbolique, comme l’abolition de la peine de mort en 1981, il se trompe, car c’est une erreur de fond. J’espère que, dimanche, la mobilisation parviendra à infléchir sa décision pour renoncer à ce projet.
© La Croix – 2013