PKO 12.05.13
Dimanche 12 mai 2013 – 7ème Dimanche de Pâques – Année C
Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°31/2013
HUMEURS
« Réseaux sociaux : porte de vérité et de foi »
« Réseaux sociaux : porte de vérité et de foi ; nouveaux espaces pour l’évangélisation »…tel est le thème que le pape émérite Benoit XVI nous propose ce dimanche pour la 47ème Journée Mondiale des Communications sociales.
Dans son homélie, mercredi, le pape François nous disait : « Jésus n’a exclu personne. Il a construit des ponts, non des murs. Son message de salut s’adresse à tous. Le bon évangélisateur est ouvert à tous, prêt à écouter tout le monde, sans exclusion ».
L’Église en Polynésie a toujours eu conscience de l’importance des moyens de communication sociale pour annoncer l’Évangile et rejoindre tous les hommes. Dès 1909, elle publiait deux journaux diocésains en tahitien « Ve’a Katorika » et en français « Semeur Tahitien »… aujourd’hui ces plus anciens journaux de Polynésie ont des petits frères et des petites sœurs :
En 1970… le communiqué hebdomadaire diocésain… à ce jour diffusé par courriel en plus de la version papier…
En 1998… Radio Maria no te Hau… devenue aujourd’hui un réseau d’informations, d’enseignements et de lien incontournable entre communautés… (http://www.radiomarianotehau.com)
En ???… le site web de l’archidiocèse de Papeete… « relooké » est tenu à jour fidèlement par une petite équipe dynamique… (http://www.diocesedepapeete.com)
La communauté paroissiale de la Cathédrale, est, elle aussi, impliquée :
2006 voit paraître le 1er n° du P.K.0, bulletin d’information pastoral qui offre des textes de fond et d’actualités sur la vie de l’Église et sur son rapport à la société… Il est édité chaque semaine en version papier, diffusé par courriel et mis en ligne sur le site web de la Cathédrale…
2011…naissance du site web de la paroisse de la Cathédrale qui s’enrichit petit à petit… (http://www.cathedraledepapeete.com)
Suit en 2012… une page facebook qui offre quotidiennement une méditation sur l’évangile du jour et d’autres infos… (cathedrale.depapeete)
Et enfin twitter propose chaque jour la « cathomelie » qui est une brève méditation sur l’évangile du jour… (@makuikiritofe)
« Allez dans le monde entier et proclamez l’évangile à toute créature » (Mc 16,15)
En marge de l’actualité
Les réseaux sociaux, instrument d’évangélisation et facteur de développement
À l'occasion de la 47ème journée mondiale des Communications sociales Benoît XVI a porté l'attention de tous les communicants chrétiens sur l'usage des réseaux sociaux.
« Le défi que les réseaux sociaux doivent affronter est d'être effectivement inclusif : alors ils bénéficieront de la pleine participation des croyants qui souhaitent partager le message de Jésus et les valeurs de la dignité humaine promues dans son enseignement. En fait, les croyants ont de plus en plus ce sentiment que si la Bonne Nouvelle n'est pas connue aussi dans l'environnement numérique, elle pourrait être absente de l'expérience d'un grand nombre pour qui cet espace existentiel est important ».
C'est le thème retenu pou cette journée : « Réseaux Sociaux: portes de vérité et de foi ; nouveaux espaces pour l'évangélisation ».
Après avoir mis en évidence que « le développement des réseaux sociaux exige de l'engagement » et que « la culture des réseaux sociaux et les changements dans les formes et les styles de communication, posent des défis importants à ceux qui veulent parler de vérité et de valeurs », le Pape-émérite poursuit : « la capacité d'utiliser les nouveaux langages est requise non pas tant pour être à la mode du temps, mais justement pour permettre à l'infinie richesse de l'Évangile de trouver des formes d'expression qui soient en mesure d'atteindre les esprits et les cœurs de tous ».
Le Message met enfin en évidence le fait que les réseaux sociaux peuvent également être un facteur de développement humain : « Par exemple, dans certains contextes géographiques et culturels où les chrétiens se sentent isolés, les réseaux sociaux peuvent renforcer le sentiment de leur unité effective avec la communauté universelle des croyants. Les réseaux facilitent le partage des ressources spirituelles et liturgiques, rendant les personnes capables de prier avec un sens revigoré de proximité avec ceux qui professent la même foi ».
Dans notre diocèse de Papeete, véritable continent aquatique, nous mesurons l'importance et l'intérêt que représentent les réseaux sociaux pour relier entre eux les fidèles. Encore faut-il les utiliser avec discernement ! Par exemple, avoir l'honnêteté de ne diffuser que des informations vérifiées !
Dominique SOUPÉ - Chancelier
Que nous dit l’Esprit Saint ?
Catéchèse du Pape François du mercredi 8 mai 2013
« Que nous dit l’Esprit-Saint ? » : le pape François répond à cette question au terme de sa catéchèse de ce mercredi, 8 mai, place Saint-Pierre. Le pape a souligné combien le « temps de Pâques », c'est le « temps de l'Esprit Saint ».
Chers frères et sœurs, bonjour !
Le temps pascal que nous sommes en train de vivre dans la joie, guidés par la liturgie de l’Église, est par excellence le temps de l’Esprit Saint donné « sans mesure » (cf. Jn 3, 34) par Jésus crucifié et ressuscité. Ce temps de grâce se conclut par la fête de la Pentecôte, où l’Église revit l’effusion de l’Esprit sur Marie et sur les apôtres réunis en prière au cénacle.
Mais qui est l’Esprit-Saint ? Dans le Credo, nous confessons avec foi : « Je crois en l’Esprit Saint qui est Seigneur et qui donne la vie ». La première vérité à laquelle nous adhérons dans le Credo est que l’Esprit-Saint est Kyrios, Seigneur. Cela signifie qu’il est vraiment Dieu comme le sont le Père et le Fils, objet, de notre part, du même acte d’adoration et de glorification que celui que nous adressons au Père et au Fils. L’Esprit Saint, en effet, est la troisième personne de la sainte Trinité ; il est le grand don du Christ ressuscité qui ouvre notre esprit et notre cœur à la foi en Jésus, le Fils envoyé par le Père, et qui nous guide à l’amitié, à la communion avec Dieu.
Mais je voudrais m’arrêter surtout sur le fait que « l’Esprit Saint est la source inépuisable de la vie de Dieu en nous ».L’homme de tous les temps et de tous les lieux désire une vie pleine et belle, juste et bonne, une vie qui ne soit pas menacée par la mort, mais qui puisse mûrir et grandir jusqu’à atteindre sa plénitude. L’homme est comme un marcheur qui, à travers les déserts de la vie, a soif d’une eau vive, jaillissante et fraîche, capable de désaltérer en profondeur son désir intime de lumière, d’amour, de beauté et de paix. Nous ressentons tous ce désir ! Et Jésus nous donne cette eau vive : c’est l’Esprit-Saint, qui procède du Père et que Jésus répand dans nos cœurs. « Je suis venu pour qu’on ait la vie, et qu’on l’ait surabondante », nous dit Jésus (Jn 10, 10).
Jésus promet à la Samaritaine de donner une « eau vive », en surabondance et pour toujours, à tous ceux qui le reconnaissent comme le Fils envoyé par le Père pour nous sauver (cf. Jn 4, 5-26 ; 3-17). Jésus est venu nous donner cette « eau vive » qu’est l’Esprit-Saint pour que notre vie soit guidée par Dieu, animée par Dieu, nourrie par Dieu. C’est ce que nous voulons dire, lorsque nous disons que le chrétien est un homme spirituel : le chrétien est une personne qui pense et agit selon Dieu, selon l’Esprit Saint. Mais je me pose une question : et nous, est-ce que nous pensons selon Dieu ? Est-ce que nous agissons selon Dieu ? Ou nous laissons-nous guider par beaucoup d’autres choses qui ne sont pas vraiment Dieu ? Chacun de nous doit répondre à cette question au fond de son cœur.
Nous pouvons maintenant nous demander : pourquoi cette eau peut-elle désaltérer en profondeur ? Nous savons que l’eau est essentielle à la vie ; sans eau, on meurt ; l’eau désaltère, lave, féconde la terre. Dans la Lettre aux Romains, nous trouvons cette expression : « L'amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par le Saint Esprit qui nous fut donné. » (5, 5). L’« eau vive », l’Esprit Saint, Don du Ressuscité qui fait sa demeure en nous, nous purifie, nous éclaire, nous renouvelle, nous transforme parce qu’elle nous rend participants de la vie même de Dieu qui est amour.
C’est pourquoi l’apôtre Paul affirme que la vie du chrétien est animée par l’Esprit et par les fruits de l’Esprit, qui sont « amour, joie, paix, longanimité, serviabilité, bonté, confiance dans les autres, douceur, maîtrise de soi » (Ga 5, 22-23). L’Esprit-Saint nous introduit dans la vie divine comme « fils du Fils unique ». Dans un autre passage de la Lettre aux Romains, que nous avons rappelé plusieurs fois, saint Paul le synthétise par ces mots : « En effet, tous ceux qu'anime l'Esprit de Dieu sont fils de Dieu.. Aussi bien n'avez-vous pas reçu un esprit d'esclaves pour retomber dans la crainte ; vous avez reçu un esprit de fils adoptifs qui nous fait nous écrier : Abba ! Père ! L'Esprit en personne se joint à notre esprit pour attester que nous sommes enfants de Dieu. Enfants, et donc héritiers ; héritiers de Dieu, et cohéritiers du Christ, puisque nous souffrons avec lui pour être aussi glorifiés avec lui. » (8, 14-17).
Voilà le don précieux que l’Esprit-Saint met dans nos cœurs : la vie même de Dieu, une vie de véritables enfants, une relation de familiarité, de liberté et de confiance dans l’amour et dans la miséricorde de Dieu, qui a aussi pour effet de nous donner un regard nouveau sur les autres, qu’ils soient proches ou lointains, que nous voyons toujours comme des frères et sœurs en Jésus, à respecter et à aimer. L’Esprit Saint nous apprend à regarder avec les yeux du Christ, à vivre notre vie comme le Christ a vécue la sienne, à comprendre la vie comme le Christ l’a comprise.
Voilà pourquoi l’eau vive qu’est l’Esprit Saint désaltère notre vie, parce qu’il nous dit que nous sommes aimés de Dieu comme des enfants, que nous pouvons aimer Dieu comme ses enfants et que, avec sa grâce, nous pouvons vivre en enfants de Dieu, comme Jésus. Et nous, écoutons-nous l’Esprit Saint ? Que nous dit l’Esprit Saint ? Il dit : Dieu t’aime. Il nous dit ceci. Dieu t’aime. Dieu t’aime vraiment. Et nous, est-ce que nous aimons Dieu et les autres, comme Jésus ? Laissons-nous guider par l’Esprit Saint, laissons-le parler à notre cœur et nous dire ceci : que Dieu est amour, que Dieu nous attend, que Dieu est le Père, il nous aime comme un véritable Père, il nous aime vraiment et ceci, seul l’Esprit Saint le dit à notre cœur. Entendons l’Esprit-Saint, écoutons-le et avançons sur ce chemin d’amour, de miséricorde et de pardon. Merci.
© Copyright 2013 - Libreria Editrice Vaticana
« Réseaux sociaux : portes de vérité et de foi ; nouveaux espaces pour évangélisations »
Message pour la 47ème Journée Mondiale des Communications sociales
Benoît XVI propose « une évaluation positive des médias sociaux », sans pour autant être « naïf », car s’ils peuvent contribuer à « l’harmonie de la famille humaine », ils exigent cependant une utilisation marquée par la « responsabilité », le « dévouement à la vérité », et l’« authenticité ». Le message de cette année a pour thème « Réseaux Sociaux : portes de vérité et de foi ; nouveaux espaces d’évangélisation ».
Chers frères et sœurs,
À l’approche de la Journée mondiale des Communications sociales de 2013, je voudrais proposer quelques réflexions sur une réalité toujours plus importante concernant la manière dont les personnes communiquent entre elles aujourd'hui. Je voudrais examiner le développement des réseaux sociaux numériques qui contribuent à mettre en évidence une nouvelle « agora », un espace public ouvert où les personnes partagent des idées, des informations, des opinions, et où peuvent naître aussi de nouvelles relations et formes de communauté.
Ces espaces, quand ils sont bien valorisés et de manière équilibrée, contribuent à promouvoir des formes de dialogue et de débat qui, si elles sont effectuées avec respect, attention pour la vie privée, responsabilité et dévouement à la vérité, peuvent renforcer les liens d'unité entre les personnes et promouvoir efficacement l'harmonie de la famille humaine. L'échange d'informations peut devenir une réelle communication, les liens peuvent se développer en amitié, les connexions faciliter la communion. Si les réseaux sont appelés à réaliser ce grand potentiel, les personnes qui y participent doivent s'efforcer d'être authentiques, parce que dans ces espaces on ne partage pas seulement des idées et des informations mais en définitive on se communique soi-même.
Le développement des réseaux sociaux exige de l’engagement : les personnes participent à construire des relations et à trouver de l'amitié, dans la recherche de réponses à leurs questions, en se divertissant mais aussi en se stimulant intellectuellement et dans le souci du partage des compétences et des connaissances. En unissant les personnes en fonction de ces besoins fondamentaux, les réseaux font de plus en plus partie du tissu social même. Les réseaux sociaux sont donc alimentés par des aspirations enracinées dans le cœur humain.
La culture des réseaux sociaux et les changements dans les formes et les styles de communication, posent des défis importants à ceux qui veulent parler de vérité et de valeurs. Souvent, comme c'est le cas pour d’autres médias sociaux, la signification et l'efficacité des différentes formes d'expression semblent plus déterminés par leur popularité que par leur importance intrinsèque et leur validité. La popularité est encore fréquemment liée à la célébrité ou à des stratégies de persuasion plutôt qu’à la logique de l'argumentation. Parfois, la voix discrète de la raison peut être dominée par la rumeur des informations excessives et ne parvient pas à éveiller l'attention qui est réservée par contre à qui s'exprime d’une manière plus persuasive. Les médias sociaux ont besoin donc de l'engagement de tous ceux qui sont conscients de l'importance du dialogue, du débat raisonné, de l’argumentation logique ; des personnes qui cherchent à cultiver des formes de discours et d'expression qui font appel aux plus nobles aspirations de ceux qui sont impliqués dans le processus de communication. Le dialogue et le débat peuvent s'épanouir et grandir aussi quand on converse et prend au sérieux ceux qui ont des idées différentes des nôtres. « Étant donné la diversité culturelle, il faut faire en sorte que les personnes, non seulement acceptent l’existence de la culture de l’autre, mais aspirent aussi à s’en enrichir et à lui offrir ce que l’on possède de bien, de vrai et de beau. » (Discours à la rencontre avec le monde de la culture, Belém, Lisbonne, 12 mai 2010)
Le défi que les réseaux sociaux doivent affronter est d’être effectivement inclusif : alors ils bénéficieront de la pleine participation des croyants qui souhaitent partager le message de Jésus et les valeurs de la dignité humaine promues dans son enseignement. En fait, les croyants ont de plus en plus ce sentiment que si la Bonne Nouvelle n’est pas connue aussi dans l'environnement numérique, elle pourrait être absente de l'expérience d'un grand nombre pour qui cet espace existentiel est important. L'environnement numérique n'est pas un monde parallèle ou purement virtuel, mais fait partie de la réalité quotidienne de nombreuses personnes, en particulier des plus jeunes. Les réseaux sociaux sont le résultat de l'interaction humaine, mais ils donnent à leur tour de nouvelles formes à la dynamique de la communication qui crée des relations : une compréhension approfondie de cet environnement est donc la condition préalable pour y assurer une présence significative.
La capacité d'utiliser les nouveaux langages est requise non pas tant pour être à la mode du temps, mais justement pour permettre à l’infinie richesse de l’Évangile de trouver des formes d'expression qui soient en mesure d'atteindre les esprits et les cœurs de tous. Dans l'environnement numérique la parole écrite est souvent accompagnée d'images et de sons. Une communication efficace, comme les paraboles de Jésus, nécessite l'implication de l'imagination et de la sensibilité émotionnelle de ceux que nous voulons inviter à la rencontre avec le mystère de l'amour de Dieu. En outre, nous savons que la tradition chrétienne a toujours été riche en signes et en symboles : je pense par exemple, à la croix, aux icônes, aux images de la Vierge Marie, à la crèche, aux vitraux et aux peintures des églises. Une partie importante du patrimoine artistique de l'humanité a d’ailleurs été réalisée par des artistes et des musiciens qui ont essayé d'exprimer les vérités de la foi.
L'authenticité des croyants dans les réseaux sociaux est mise en évidence par le partage de la source profonde de leur espérance et de leur joie : la foi en Dieu riche de miséricorde et d'amour révélé en Jésus Christ. Un tel partage consiste non seulement dans l'expression explicite de la foi, mais aussi dans le témoignage, c'est-à-dire dans la façon dont se communiquent « choix, préférences, jugements qui soient profondément cohérents avec l'Évangile, même lorsqu'on n’en parle pas explicitement. » (Message pour la Journée mondiale des Communications sociales, 2011). Une manière particulièrement significative de témoigner sera la volonté de se donner soi-même aux autres à travers la disponibilité à s'impliquer avec patience et respect dans leurs questions et leurs doutes, sur le chemin de la recherche de la vérité et du sens de l'existence humaine. L'émergence dans les réseaux sociaux du dialogue autour de la foi et des croyances, confirme l'importance et la pertinence de la religion dans le débat public et social.
Pour ceux qui ont accueilli d’un cœur ouvert le don de la foi, la réponse la plus radicale aux questions de l'homme sur l'amour, la vérité et le sens de la vie – questions qui ne sont en aucune façon absentes dans les réseaux sociaux – se trouve dans la personne de Jésus Christ. Il est naturel que celui qui a la foi désire, avec respect et sensibilité, la partager avec ceux qu'il rencontre dans l'environnement numérique. En définitive, cependant, si notre partage de l'Évangile est capable de donner de bons fruits, c'est toujours grâce à la force de la Parole de Dieu de toucher les cœurs, bien avant tout effort de notre part. La confiance dans la puissance de l'action de Dieu doit toujours dépasser toute sécurité mise dans l'utilisation de moyens humains. Même dans l'environnement numérique, où il est facile que s’élèvent des voix sur un ton trop vif et conflictuel et où parfois le sensationnalisme risque de l'emporter, nous sommes invités à un discernement attentif. Et rappelons-nous à cet égard, que Élie reconnut la voix de Dieu non dans le vent impétueux et fort, ni dans le tremblement de terre ou le feu, mais dans le « murmure d'une brise légère » (1 R 19, 11-12). Nous devons avoir confiance dans le fait que les désirs fondamentaux d’aimer et d’être aimé, de trouver sens et vérité – que Dieu lui-même a mis au cœur de l'être humain – maintiennent également les femmes et les hommes de notre temps toujours et de toute manière ouverts à ce que le Bienheureux Cardinal Newman appelle la « gentille lumière » de la foi.
Les réseaux sociaux, outre qu’instruments d'évangélisation, peuvent être un facteur de développement humain. Par exemple, dans certains contextes géographiques et culturels où les chrétiens se sentent isolés, les réseaux sociaux peuvent renforcer le sentiment de leur unité effective avec la communauté universelle des croyants. Les réseaux facilitent le partage des ressources spirituelles et liturgiques, rendant les personnes capables de prier avec un sens revigoré de proximité avec ceux qui professent la même foi. La participation authentique et interactive aux questions et aux doutes de ceux qui sont loin de la foi doit nous faire ressentir le besoin de nourrir avec la prière et la réflexion notre foi en la présence de Dieu, ainsi que notre charité active : « Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n'ai pas la charité, je ne suis plus qu'airain qui sonne ou cymbale qui retentit. » (1 Co 13, 1).
Il existe des réseaux sociaux qui, dans l'environnement numérique, offrent à l'homme d'aujourd'hui des opportunités de prière, de méditation, ou de partage de la parole de Dieu. Mais ces réseaux peuvent aussi ouvrir des portes à d'autres dimensions de la foi. En effet, beaucoup de gens sont en train de découvrir, grâce à un contact au départ en ligne, l'importance de la rencontre directe, des expériences de communauté ou même de pèlerinage, éléments toujours importants dans le cheminement de foi. En nous efforçant de rendre l'Évangile présent dans l'environnement numérique, nous pouvons inviter les personnes à vivre des rencontres de prière ou des célébrations liturgiques dans des lieux concrets tels que des églises ou des chapelles. Il ne devrait pas y avoir manque de cohérence ou d'unité dans l'expression de notre foi et dans notre témoignage évangélique dans la réalité où nous sommes appelés à vivre, qu’elle soit physique ou numérique. Lorsque nous sommes en présence des autres, de toute manière, nous sommes appelés à faire connaître l'amour de Dieu jusqu'aux extrémités de la terre.
Je prie pour que l'Esprit de Dieu vous accompagne et vous éclaire toujours, et de tout cœur je vous bénis tous, afin que vous puissiez être vraiment les hérauts et les témoins de l'Evangile. « Allez dans le monde entier et proclamez l'Évangile à toute créature » (Mc 16, 15)
Du Vatican, le 24 janvier 2013, fête de saint François
BENEDICTUS PP. XVI
© Copyright 2013 - Libreria Editrice Vaticana
Laïcité de l’État, laïcité de la société ? (2)
Vers une laicité de la société ?
Le mot de laïcité si utilisé aujourd’hui en France a un sens d’une grande plasticité. Voici la 2ème partie de la conférence : « Vers une laïcité de la société ? »
Allons-nous vers une laïcisation de la société française ? Cette conception républicaine de la laïcité, consciente de son autorité et du périmètre délimité de ses interventions, respectueuse des religions et la conception ecclésiale de cette même laïcité sont soumises aujourd’hui à des pressions diverses qui trouvent leur origine dans des courants très différents mais qui parfois peuvent se conjuguer et se renforcer mutuellement. Ces courants, avec des approches diverses, contribuent tous à vouloir étendre la conception de la laïcité non plus seulement à l’État mais à l’ensemble de la société elle-même et donc à réduire l’expression sociale et publique des religions au sein de la société française.
1- Une laïcité de combat
Il y a la vieille laïcité de combat qui voit dans les religions un obscurantisme dont il faut libérer les esprits. Ses revendications en direction du pouvoir portent, entre autres, sur l’abrogation du statut concordataire de l’Alsace-Moselle, sur l’abrogation de la Loi Debré (« À Argent public, École publique »), sur le statut de certaines aumôneries. On trouve une éclairante expression de ces revendications dans la réponse publique du Grand Orient à la Commission Machelon. Il ne faut pas majorer ce courant même s’il peut de temps en temps donner de la voix.
Certains, dans ce courant, insistent sur le fait que la République, garantissant la liberté de conscience, favorise le débat et la liberté d’expression. Si la diffamation est interdite vis-à-vis des personnes, elle ne l’est pas dans notre législation vis-à-vis des religions. Critiques, caricatures et dérisions sont donc possibles. Des combattants de cette conception militante et souvent antireligieuse de la laïcité ne s’en privent pas. On peut cependant s’interroger sur ce qu’implique un vivre ensemble fraternel dans une société pluraliste. Le respect mutuel n’est-il pas une valeur indispensable pour vivre une telle fraternité et ne faut-il pas articuler sur ce point le principe de liberté avec celui de responsabilité ?
2- Une laïcité fille de la sécularisation
Il y a une forme de laïcité qui n’est pas de l’ordre du combat idéologique mais qui se traduit dans les faits par une politique contribuant à accélérer un certain effacement du religieux. Nous sommes en présence de certaines évolutions de mentalité liées au phénomène de sécularisation de notre société. J’entends par là un processus d’éloignement de notre société vis-à-vis de sa référence chrétienne et de son lien, en particulier, à l’Église catholique. Il n’y a pas forcément hostilité ou lutte ouverte mais beaucoup plus ignorance et indifférence. Cela s’accompagne aussi d’un affaiblissement de la surface sociale de l’Église et de sa difficulté à assurer aujourd’hui un quadrillage au plus près du terrain. On peut constater ce phénomène dans la façon dont certaines mairies (pas toutes) voient leur relation aujourd’hui avec l’Église :
Récupération des presbytères (qui appartiennent au domaine privé des municipalités) quand un prêtre ne l’occupe plus. Le presbytère devient alors un immeuble locatif, un logement social ou un gîte rural. La paroisse n’a parfois plus que la sacristie de l’église pour se réunir ou bien elle utilise un local municipal mis à sa disposition. Approche de plus en plus culturelle des bâtiments du culte. On a investi de l’argent dans leur entretien. Il faut qu’ils servent. On utilisera ainsi l’église pour des concerts, pour des expositions, pour des spectacles. Moins l’église ou la chapelle est utilisée pour le culte, plus son utilisation culturelle risque d’être valorisée. La dimension sacrée des lieux est moins perçue. On accueillera des concerts ou des expositions sans se demander si ces programmations sont compatibles ou non avec l’aspect religieux du lieu. Une approche de plus en plus patrimoniale de l’immobilier ecclésial (dans les églises paroissiales et dans les cathédrales). On risque d’oublier que la fonction première de l’édifice est cultuelle et religieuse. Les contraintes immobilières et financières qui font démolir la chapelle d’un hôpital ou passer un poste d’aumônerie hospitalière du statut du salariat à celui du bénévolat.
Mentionnons aussi les dérogations au travail du dimanche pour tenir compte de certains intérêts économiques. Ces pratiques ne se retrouvent pas partout. Mais elles risquent de se généraliser dans les années qui viennent, d’autant plus que nous risquons d’avoir de plus en plus des interlocuteurs et des représentants des pouvoirs publics qui ne connaissent pas l’histoire et la jurisprudence de tout ce qui a fait pendant un siècle les relations entre l’État et l’Église catholique. Certains d’ailleurs ne sont pas familiers du tout d’un univers religieux ou bien viennent d’autres traditions que celle du catholicisme qui a marqué notre histoire nationale.
3- Une laïcisation de l’espace public
Il y a aujourd’hui tout un courant militant qui souhaite étendre la référence à la laïcité, non plus seulement à l’État mais à la société toute entière, réduisant ainsi l’expression publique et sociale des religions. Il s’agit d’une forme de laïcisme qui veut enfermer le religieux dans le domaine du privé et de l’intime et lui interdire toute forme d’expression dans l’espace public. Notons d’ailleurs que beaucoup de nos contemporains n’aiment pas les religions qui expriment avec force et passion militante leurs propres convictions. D’où ce sens négatif donné au mot « prosélytisme ». Certes, si une expression du contenu religieux non respectueuse de la liberté doit être refusée, la possibilité de proposer sa foi à d’autres ne fait-elle pas partie de la liberté d’expression ?
1 – Le refus d’une expression publique des religions
Nous voyons ce courant laïciste s’exprimer dans un certain nombre de réactions vis-à-vis de prises de position publiques des responsables de l’Église, en particulier dans les domaines qui touchent la vie sociale et politique, que ce soit à propos de l’expulsion des Rom ou de la proposition de loi sur le mariage et l’adoption entre personnes du même sexe. On entend ces affirmations : « Vous sortez de votre rôle. La laïcité vous interdit d’intervenir dans ces domaines. Vous contrevenez à la laïcité en vous exprimant ainsi ». Un homme politique critiquant la prière proposée pour le 15 août dernier, affirmait : « L’Église n’a aucune légitimité démocratique pour s’immiscer dans le débat politique en France ». En fait, la vraie laïcité nous a rendu notre pleine liberté. Nous n’avons plus ce devoir de réserve vis-à-vis de l’État que demandait la situation concordataire. Comme toute association, l’Église a droit à s’exprimer librement et si la stratégie de la politique politicienne n’est pas de son domaine, la réflexion sur tout ce qui a trait à l’homme dans notre société, la concerne directement et touche sa mission.
Il en va de même des manifestations publiques organisées par des catholiques, en particulier des marches pour la défense de la vie. Si ces manifestations sont pacifiques et ne troublent pas l’ordre public, pourquoi certains groupes voudraient-ils les faire interdire ou les empêcher de se dérouler normalement ? L’expression dans l’espace public serait-il sélectif : pourquoi applaudir une Gay Pride et combattre un autre type de manifestation ? Le religieux ou l’ecclésial ne pourraient-ils plus avoir une expression publique ? Nous sommes là devant une conception indue de la laïcité.
2 – La proposition du changement de jours de fêtes religieuses
Nous voyons aussi s’exprimer des propositions visant à modifier le calendrier des fêtes chômées. Certains le font par hostilité ou indifférence à l’histoire de la France, qui a été fortement marquée par le catholicisme. D’autres le font par désir de donner à chaque religion la possibilité de fêter (avec un jour chômé) ses propres fêtes religieuses. Dernièrement, l’Association nationale des directeurs des ressources humaines proposait de ne plus chômer pour Pentecôte, l’Ascension et le 15 août et de donner à leur place trois jours que les membres des différentes religions prendraient quand ils voudraient. Des aménagements peuvent, bien sûr, être trouvés mais je ne pense pas qu’occulter systématiquement toute une part de son histoire et de sa culture soit bon pour la France et pour son avenir.
3 – Les réactions suscitées par l’Islam
Mais, c’est l’inscription de l’Islam dans la société française qui a amené les déplacements d’accent les plus forts, concernant la laïcité, dans l’opinion publique et chez un certain nombre de leaders politiques. Dans les dernières décennies, l’Islam ne s’est plus présenté comme une religion pour des gens en transit sur notre sol national mais comme une religion de gens qui étaient français, qui vivaient en France et n’envisageaient pas de partir ailleurs. Nous avons vu se construire des mosquées qui se sont inscrites dans notre paysage urbain et l’Islam est devenu la deuxième confession religieuse de France après le catholicisme.
Les premières questions qui se sont posées ont tourné autour des lieux de culte et des aumôneries. Pouvait-on faire bénéficier les musulmans des avantages de la loi de 1905 et fallait-il la modifier pour régler quelques-uns des problèmes posés par l’Islam ?
Mais la politique internationale et ses retentissements en France ont modifié les données. Il y a eu le 11 septembre 2001. Il y a eu l’Afghanistan, l’Irak, la Lybie, aujourd’hui la Syrie, le terrorisme islamique, la manifestation d’un prosélytisme islamique, la situation des minorités chrétiennes au Moyen Orient, la persécution de chrétiens au Pakistan et au Nigéria. Cela a provoqué un réflexe de peur, de besoin de se protéger, d’envoyer un signe fort à ces forces islamistes pour dire « Halte là ! ». D’autant plus, que si nous voyons un Islam qui veut s’intégrer dans la société française et s’insérer dans les lois de la République, nous constatons aussi d’autres courants plus offensifs, qui remettent en question notre laïcité à la française, veulent imposer leurs particularités communautaristes et testent la capacité de résistance de la République à leurs revendications. On sent bien qu’une distinction des domaines entre loi civile et loi religieuse ne leur est pas familière. Or, il ne peut y avoir de vivre ensemble pacifique dans une société pluraliste que si une telle distinction fondatrice est maintenue.
Une telle évolution n’a pas été sans conséquences sur les relations des responsables politiques avec les différents cultes. Il y a dix ans, on voulait donner aux musulmans ce qu’on avait donné aux catholiques, aux protestants et aux juifs (bâtiments, aumôneries…). Aujourd’hui, on restreindrait volontiers ce qu’on avait donné aux catholiques (ou ce à quoi ils avaient droit) pour ne pas le donner aux musulmans (création d’une aumônerie scolaire dans un collège, affichage dans un lycée, voile sur les photos d’identité). Il faut d’ailleurs noter que pour éviter de donner l’impression d’une discrimination religieuse vis-à-vis d’une religion, même si le problème est spécifique à cette religion, on prendra une mesure qui touchera toutes les religions, pour ne pas faire - dit-on – de discrimination envers une religion (par ex. l’interdiction de tout signe ostentatoire dans l’espace scolaire).
Une première extension de la laïcité a vu le jour dans l’espace scolaire. Jusqu’à ces dernières années, la laïcité s’appliquait au personnel enseignant, à qui il était demandé de ne pas afficher leurs convictions religieuses ou politiques et de ne pas porter d’insignes religieux distinctifs. La loi du 15 mars 2004 se veut une application du principe de laïcité. Elle interdit le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics. On veut faire de l’école publique un sanctuaire de la République dans lequel les religions sont bannies. Une telle loi peut se comprendre si l’ordre public est troublé par des jeunes arborant des signes ostensibles et provocateurs. Si ce n’est pas le cas, nous sommes en présence d’une infraction au principe de liberté religieuse. J’en dirais autant vis-à-vis de l’interdiction du voile qui serait imposée aux mères de famille accompagnant la classe de leur enfant lors d’une sortie scolaire.
Il en irait de même, si on voulait, à l’intérieur de services publics, interdire certains signes religieux aux usagers de ces services (le voile par exemple). S’il y a une interdiction du voile intégral, elle doit être justifiée par une raison de respect de l’ordre public (« Nul ne peut, dans l’espace public, porter une tenue destinée à dissimuler son visage » (loi du 11 octobre 2010) et non pas par une motivation antireligieuse.
Nous avons vu aussi des débats voir le jour autour de l’abattage rituel, des prières dans la rue, des dates d’examen pour les étudiants pratiquants, des carrés confessionnels dans les cimetières. Je crois que la meilleure manière de traiter ces problèmes spécifiques, c’est de les aborder de manière pragmatique. C’est ainsi que pendant un siècle bien des questions posées par l’Église catholique ont trouvé des solutions. On pourrait en dire autant à propos de la communauté juive. Dernièrement, le président du Consistoire central Joël Mergui disait dans une interview : « Des arrangements de bon sens ont toujours permis aux juifs de France de respecter leurs traditions religieuses. On est en train de perdre cet état d’esprit en raison d’une radicalisation de la laïcité. Or, si la laïcité se durcit et n’offre plus de souplesse, les juifs, dont les règles sont les plus strictes, seront les grands perdants » (Le Monde, 18 mars 2012).
4 – Vers une laïcisation complète de l’espace public ?
En effet, certains plaident pour une interdiction des expressions de manifestation religieuse dans l’espace public, et ceci au nom de la laïcité. Madame Marine Le Pen ne demandait-elle pas récemment que soit interdit dans l’espace public le port du voile ou de la kippa. Notons que cette expression « espace public » n’est pas des plus précises. Et quand on l’emploie, il faut tout de suite en préciser la portée. Par exemple, pour Marine Le Pen, cette expression désigne les rues, les magasins et les transports publics. Qui ne voit que cela peut contribuer aussi, au moins en certains lieux, à interdire les processions, le port de la soutane ou d’un habit religieux et toute manifestation un peu publique du religieux. Allons-nous voir refleurir des arrêtés comme celui du 10 décembre 1900 interdisant le port de la soutane sur tout le territoire de la commune du Kremlin-Bicêtre ? M’interdira-t-on sous le prétexte d’une laïcité mal comprise de bénir les bateaux le 15 août sur le bassin d’Arcachon ?
Certes, il faut demander aux religions de ne pas vouloir imposer à l’ensemble de la société leurs propres normes communautaires et d’apprendre à distinguer la sphère de la loi religieuse de celle de la loi civile. Mais, il faut s’opposer à cette tendance visant à étendre la laïcité de l’État à l’ensemble de la société. L’expression publique et sociale de sa foi fait partie du droit de chaque croyant. Celle-ci doit être possible dans toute société, car une société démocratique est une société plurielle, où, dans le respect de l’ordre établi, toutes ces expressions publiques des religions doivent pouvoir se manifester. Il en va du respect du droit à la liberté religieuse, qui est, comme l’ont rappelé les papes Jean-Paul II et Benoît XVI au fondement de tous les autres droits de l’homme. L’État est laïc. Notre société ne l’est pas. Elle a une autre ambition : être une société, non pas où on musèle les religions, mais une société qui permet à celles-ci d’apporter toutes leurs composantes et d’enrichir ainsi la vie sociale elle-même.
Permettez-moi en terminant cette conférence de citer ces paroles du pape Jean-Paul II au Corps diplomatique. Elles ont été prononcées le 12 janvier 2004 mais elles gardent aujourd’hui toute leur actualité. Elles résument bien l’ensemble de notre propos :
« Les communautés de croyants sont présentes dans toutes les sociétés, expression de la dimension religieuse de la personne humaine. Les croyants attendent donc légitimement de pouvoir participer au dialogue public. Malheureusement, on doit observer qu’il n’en est pas toujours ainsi. Nous sommes témoins, ces derniers temps, dans certains pays d'Europe, d'une attitude qui pourrait mettre en péril le respect effectif de la liberté de religion. Si tout le monde s'accorde à respecter le sentiment religieux des individus, on ne peut pas en dire autant du “fait religieux”, c'est-à-dire de la dimension sociale des religions, oubliant en cela les engagements pris dans le cadre de ce qui s'appelait alors la “Conférence sur la Coopération et la Sécurité en Europe”. On invoque souvent le principe de la laïcité, en soi légitime, s'il est compris comme la distinction entre la communauté politique et les religions (cf. Gaudium et spes, n. 76). Mais distinction ne veut pas dire ignorance ! La laïcité n'est pas le laïcisme ! Elle n'est autre que le respect de toutes les croyances de la part de l'État, qui assure le libre exercice des activités cultuelles, spirituelles, culturelles et caritatives des communautés de croyants. Dans une société pluraliste, la laïcité est un lieu de communication entre les diverses traditions spirituelles et la nation. Les relations Église-État peuvent et doivent donner lieu, au contraire, à un dialogue respectueux, porteur d’expériences et de valeurs fécondes pour l'avenir d'une nation. Un sain dialogue entre l'État et les Églises – qui ne sont pas des concurrents mais des partenaires – peut sans aucun doute favoriser le développement intégral de la personne humaine et l'harmonie de la société. » (§ 3).
† Jean-Pierre cardinal RICARD
Archevêque de Bordeaux
© Copyright 2012 – Archevêché de Bordeaux
Oui, je viens sans tarder…
Commentaire de l’évangile du 7ème Dimanche de Pâques – Année C
Une lumière de gloire enveloppe les lectures de ce dimanche. Sur la proue de cette fragile barque que fut l’Église de Jérusalem, Luc a sculpté avec amour la noble figure d’Étienne. Ce jeune juif devenu chrétien est mort, victime de sa largeur d’esprit, du courage de sa foi, de la passion de son amour au service de l’Évangile. Il est tué pour avoir proclamé hautement sa foi en Jésus, Fils de Dieu, mort et ressuscité, debout à la droite du Père. Son martyre, hors des murs de Jérusalem, tout près de la porte de Damas, ouvrit à l’Église les portes de l’évangélisation du monde. Il fallut ce meurtre, pour que le première communauté, déjà pourchassée, sorte des remparts de Jérusalem. Assez vite après, une autre jeune, témoin consentant de la lapidation, sortira par cette même porte pour gagner Damas. À son tour, il sera enveloppé par la gloire du Ressuscité. Saul de Tarse relaiera Étienne. Rien n’arrêtera la course de l’Évangile.
Le message de l’Apocalypse passe en un petit mot très souvent répété : « bientôt » (Ap 1,1 ; 3,11 ; 22,6,7,12,20). l’Église primitive l’a bien compris : la venue de Jésus parmi les hommes a marqué le commencement de « la fin des temps ». Avec sa résurrection, le drame de l’histoire est virtuellement joué, la victoire est acquise. Peu importe l’écart entre les deux avènements : tout désormais est gagné par le Christ. L’intensité de l’espérance chrétienne ne se mesure pas en durée de calendrier, mais en certitude de foi. Malgré la crue du péché et du malheur qui recouvre le monde, le salut est pour bientôt.
À ce « bientôt », murmuré par le Christ, répond le cri d’amour de l’Église-Épouse : « Viens ! » Ce dialogue entre l’Époux et l’Épouse assure la vie mystique de l’Église. Tout est possible à celui qui aime, surtout quand la personne aimée est « l’alpha et l’oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin ».
L’évangile, enfin, nous place au cœur de la prière de Jésus. Il prie pour nous, qui avons accueilli les paroles de ses apôtres et croyons en lui. Et il insiste auprès de son Père pour que notre unité soit parfaite, c’est-à-dire à l’image de celle qui l’unit à son Père. Et qu’est-ce qui unit le Fils à son Père si ce n’est l’Esprit ?
La division semble bien être la maladie chronique des chrétiens. Que de déchirures dues à l’absence de charité et de communion. Quelle recherche de l’opposition et de la dissension. Et cela au nom de l’Esprit. Mais lequel ? Certainement pas celui du Christ : s’il est audace, il n’est pas révolte ; s’il est amour, il n’est pas soupçon ; s’il provoque des tensions, ce n’est pas pour nous pousser à nous entre-déchirer.
C’est à cette condition que se fait l’évangélisation. Elle est d’abord le rayonnement silencieux d’une vie fraternelle.
Tendons à devenir une ébauche modeste mais réelle du Royaume de Dieu. À travers la qualité de nos relations fraternelles quotidiennes, au-delà de nos divergences, c’est un peu de ce Royaume qui émerge lentement au sein de nos cités.