PKO 10.03.2013
Dimanche 10 mars 2013 – 4ème Dimanche du Temps de Carême – Année C
Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°17/2013
HUMEURS
La multiplicité des Lois… nid de l’arbitraire !
La France se place parmi les champions quant aux nombres de lois en vigueur… avec quelques perles comme la loi sur l’éthylotest obligatoire dans toute voiture mais sans aucune sanction en cas de non- observation !…
La Polynésie n’est pas en reste ! Mais à quoi sert cette multiplicité de lois, parfois contradictoire et généralement non appliquée ni applicable ?
À première vue, on serait tenté de dire : « À rien »… en fait elles permettent de garantir l’arbitraire de ceux qui nous gouverne…
Quelques exemples !
Il y a quelque temps une paroissienne se gare quelques instants juste à côté de la porte de la sacristie (pas sur la route !) pour y déposer les fleurs pour la décoration… en sortant, surprise, un P.V.… son stationnement était un obstacle aux passages des personnes handicapées ! À quelques mètres de là, devant un restaurant, des motos sont garées sur le passage, tous les jours,… les piétons ne peuvent que passer en file indienne… pas un seul P.V. !!!
Il y a quelques semaines, le chien des SDF, mascotte des fidèles, sans collier et sans puce est attrapé et mis à la « fourrière » des chiens… la loi sur les chiens errants !… les SDF comme les autres doivent s’y soumettre ! À côté de cela, tous les jeudis, vendredis et samedis de 23h à 4h du matin, une multitude de jeunes fait du tapage, ils s’enivrent, crient, se battent à l’entrée de la Cathédrale… et urinent à moins d’un mètre des SDF essayant de dormir… pas une intervention, pas une sanction !!!
Une loi sur le bruit a été votée en grande pompe… À Papeete, les boîtes de nuit font leurs animations en plein air sans qu’il y ait une quelconque intervention !… !
Bref… la multiplicité des lois permet qu’elles s’appliquent ou ne s’appliquent pas… à la tête du client ! SDF ou paroissiens sont inintéressants… juste parfois peuvent-ils servir de faire valoir pour des politiciens en mal de publicité !
En marge de l’actualité
Le pourvoir de la femme
« Femmes et pouvoir » est le thème de la journée de la femme. Après plus d'un siècle d'actions revendicatives en faveur de la libération des femmes, un siècle de « féminisme » et d'« égalitarisme » il est intéressant de s'interroger sur ce qu'il reste de « vraiment féminin » à la femme du XXIème siècle.
Nous sommes passés progressivement - du moins en Occident - de la « femme voilée » à la « femme entièrement dénudée », de la « femme confinée dans son foyer » à la « femme libérée de toute contrainte », de « la femme-mère » à la « femme-père » !
Après la guerre (la deuxième !) ma grand-mère interrogeait ses six filles tentées par le féminisme pur et dur, celui de Simone de Beauvoir et de bien d'autres : « Si vous vous dénudez devant les garçons, que vous restera-t-il à montrer à celui que vous choisirez pour époux ? »
L'égalité homme-femme revendiquée a bien progressé, allant même jusqu'à légiférer sur des mesures de parité pour ouvrir les sphères sociale, professionnelle et politique qui étaient jusque là fermées aux femmes.
L'accession des femmes au pouvoir qui était réservé aux hommes n'est pas achevée, il reste une revendication non satisfaite : « être libérée de la maternité » ! Mais la science n'a pas dit son dernier mot puisqu'après la contraception, l'avortement, elle propose « la gestation pour autrui » ! Le législateur, s'appuyant sur le pouvoir scientifique, a spolié la femme de tout ce qui faisait sa richesse et sa supériorité sur les hommes : le pouvoir de donner la vie.
Mais alors qui remplacera la mère pour élever et éduquer les enfants ? Les psychologues et pédopsychiatres, en grande majorité, ne cessent d'attirer l'attention sur le rôle de la mère dans son lien in utero avec son enfant.
Nous sommes bien loin du rôle de la femme tel que le décrivait Jean-Paul II lors de son dernier voyage à Lourdes : « La mission particulière qui revient à la femme, à notre époque tentée par le matérialisme et par la sécularisation : être dans la société actuelle témoin des valeurs essentielles qui ne peuvent se percevoir qu'avec les yeux du cœur. À vous, les femmes, il revient d'être les Sentinelles de l'Invisible ! » (Lourdes, 15 août 2004)
Finalement que reste-t-il du pouvoir de la femme ?
Dominique SOUPE - Chancelier
Homosexuels catholiques
Ce que dit la Bible ou plutôt ce qu’elle ne dit pas !
Après les « Lectures iseppiennes » de cette semaine et les débats riches et intéressants… voici une réflexion sur l’homosexualité dans la Bible… Voici un travail tiré du livre « Homosexuels catholiques – sortir de l’impasse » de Claude Besson – Les Éditions de l’Atelier.
Pour justifier des propos sur l'homosexualité, on a souvent recours à la Bible. C'est légitime puisqu'elle n'est pas seulement un livre (ou plutôt une bibliothèque, du grec « biblios ») où l'on parle de Dieu, mais qu'elle se donne elle-même comme un livre où Dieu parle à l'homme : « Il ne s'agit pas d'une parole sans importance pour vous: c'est votre vie » (Dt 32, 47). D'une autre manière, l'évangéliste saint Jean exprime très clairement son intention à plusieurs reprises (1,12-18 ; 2, 11 ; 11,42 ; 17,20-21), particulièrement à la fin de son récit : « Ceux-ci (les signes rapportés dans ce livre) l'ont été pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour que, en croyant, vous ayez la vie en son nom » (Jn 20, 30-31). Elle est donc Source vive pour notre foi chrétienne.
Pourtant, la Bible n'est pas un manuel directement utilisable pour trouver une réponse aux nombreuses questions existentielles contemporaines. On oublie parfois que plus de 2 000 ans nous séparent de la mise par écrit de ses textes.
Ni l'Ancien ni le Nouveau Testament ne possèdent des expressions que l'on pourrait directement traduire par « homosexualité » ou par « homosexuels », car l'emploi de ces mots relève d'une interprétation. La Bible, conformément à toutes les cultures environnantes du Proche-Orient, ne connaît pas de concept abstrait décrivant une orientation sexuelle. Pour ces civilisations, la sexualité est inséparable des autres rôles et fonctions de l'individu dans la société. De plus, le peuple d'Israël était confronté à un univers dans lequel les nombreuses divinités étaient représentées avec des attributs sexuels, liant étroitement religion et sexualité. Reconnaissant le Dieu unique qui l'a libéré de l'esclavage des Égyptiens, il devra tout au long de son histoire, « désacraliser » la sexualité, pour affirmer sa singularité et sa sainteté. Avoir des comportements sexuels, tels que les peuples environnants les vivaient, sera donc considéré comme idolâtre, c'est-à-dire méconnaissance du Dieu unique.
Il est donc bien difficile d'aborder la question des rapports entre la Bible et l'homosexualité telle qu'elle peut se vivre aujourd'hui, sans tomber dans le plaidoyer pro-homo, ou, à l'inverse, sans extraire quelques versets bibliques retirés de leur contexte pour condamner l'homosexualité.
D'une manière générale, la Bible est indifférente à l'homosexualité elle-même. Dans les nombreux livres qui la constituent, seuls cinq passages utilisés pourraient exprimer une opinion négative sur des relations sexuelles homogénitales : un texte dans la lettre de saint Paul aux Romains, et quatre versets dont deux tirés du Lévitique, les deux autres se trouvant dans la lettre de saint Paul aux Corinthiens et dans la lettre à Tite.
Un autre récit a parfois été utilisé pour condamner l'homosexualité : c'est le fameux récit de Sodome au chapitre 19 du livre de la Genèse, à tel point que le mot « sodomite » est encore repris aujourd'hui pour parler d'hommes homosexuels.
Ce chapitre ne prétend pas faire une exégèse approfondie de ces textes bibliques. Plusieurs auteurs ont déjà réalisé ce travail et le lecteur qui souhaiterait approfondir cette question pourra se reporter à la bibliographie donnée à la fin de ce livre.
L'objectif est de reprendre brièvement les éclairages apportés par Xavier Thévenot et Daniel Helminiak dans leurs ouvrages respectifs.
Si les interprétations de ces deux auteurs diffèrent sur certains points, leur conclusion est identique : on ne peut demander à la Bible de répondre à la question de l'homosexualité telle qu'elle se pose aujourd'hui, et, en aucun cas, il n'est possible de s'appuyer sur ces quelques extraits pour condamner l'homosexualité. Ce chapitre, à travers l'analyse des textes, souhaite donner quelques repères au lecteur en ce sens.
Une nécessaire interprétation
La Bible est toujours à réinterpréter en fonction de notre histoire, personnelle et collective. Nous sommes dans la relativité de l'histoire. Le message du Christ est, lui aussi, historiquement situé. Il est donc à réinterpréter à partir de notre actualité. Il n'est pas un message en soi, mais un message pour nous.
L'Église, elle-même, met en garde contre toute lecture fondamentaliste de la Bible. Le concile Vatican II nous le rappelle : « Puisque Dieu, dans la Sainte Écriture, a parlé par des hommes, à la manière des hommes, il faut que l'interprète de la Sainte Écriture, pour voir clairement ce que Dieu lui-même a voulu nous communiquer, cherche avec attention ce que les hagiographes ont vraiment voulu dire et ce qu'il a plu à Dieu de faire passer par leurs paroles [...]. Il faut en conséquence, que l'interprète cherche le sens que l'hagiographe, en des circonstances déterminées, dans les conditions de son temps et l'état de sa culture, employant les genres littéraires alors en usage, entendait exprimer et a, de fait, exprimé ».
Il faut être cohérent. Prenons quelques exemples. De longs passages des lettres de saint Paul pourraient justifier l'esclavage aujourd'hui (Ép 6, 5-9 ; Col 3, 22-4,1, etc.). L'Église ne demande pas, non plus, aux chrétiens de s'arracher les yeux ou de se couper la main. Pourtant, les propres paroles de Jésus incitent à le faire : « Que si ton œil droit est une occasion de péché, arrache-le et jette-le loin de toi [...]. Si ta main droite est une occasion de péché, coupe-la » (Mt 5, 29-30). Le prêt sans intérêt, qui le pratique aujourd'hui ? Pourtant la Bible interdit l'intérêt (Ex 22, 25 ; Éz 18, 13). Pour le prophète Ézéchiel, l'intérêt est même une abomination. Et bien des personnes aujourd'hui utilisent ce mot d'abomination pour condamner l'homosexualité, car c'est ce terme qui est utilisé dans le Lévitique.
Nous voyons bien que nous interprétons, et à juste titre, bien des passages des Écritures. Il doit donc en être de même pour les passages et les versets qui ont trait à des relations sexuelles homogénitales.
L'abomination
Dans deux passages du Lévitique, un homme qui couche avec un homme est présenté comme une abomination. Au chapitre 18, verset 22 : « Tu ne coucheras pas avec un homme comme on couche avec une femme, ce serait une abomination ». De même, au chapitre 20, verset 13 : « Quand un homme couche avec un homme comme on couche avec une femme, ce qu'ils ont fait tous les deux est une abomination ; ils seront mis à mort, leur sang retombera sur eux ».
Ces versets semblent sans appel et graves. Dans quel contexte se situent-ils ? Ils font partie d'un ensemble littéraire que l'on nomme la « Loi de sainteté » qui dresse une liste de châtiments et de préceptes pour que le peuple d'Israël demeure saint en se détachant des comportements païens de ceux qui habitaient sur cette terre avant eux (Lv 18, 27). Ils devaient conserver leur propre singularité et préserver leur identité religieuse. « Rester à l'écart des gentils, voilà en quoi consistait la “sainteté” - singularité, différence, élection, consécration. Ils devaient être comme Dieu, imposant, différent, à part. Maintenir sa différence et sa singularité était l'essence même de la sainteté pour les anciens Hébreux ».
Analysant l'ensemble des pratiques sexuelles interdites par la Loi de sainteté, Daniel Helminiak poursuit en montrant que les relations sexuelles entre hommes sont prohibées pour des motifs religieux et non pour des motifs sexuels. Les relations homogénitales sont interdites parce qu'elles sont associées aux païens. Elles sont étrangères à l'ordre du monde tel que le conçoivent les juifs. L'auteur, pour essayer de se faire comprendre, fait un parallèle avec l'interdiction de manger de la viande le vendredi pour les catholiques. À une certaine époque, « cette loi était si importante que sa transgression était un péché mortel, censé conduire en enfer. Et pourtant personne ne croyait que manger de la viande était quelque chose de mal en soi. Le péché portait sur une question d'engagement religieux: il fallait se conduire en catholique ». De même, les rapports sexuels entre hommes sont interdits par le Lévitique, car ils signifient la transgression du judaïsme. Rien ne permet d'affirmer que ces actes sont moralement mauvais pour le Lévitique. « On n'y trouve rien qui permette de ranger l'acte sexuel en soi du côté du bien ou du mal. L'objection est la perpétuation d'une identité juive forte. La question en jeu est celle de la pureté ». Le mot pureté, dans les écrits bibliques, n'a pas le sens qu'on lui attribue aujourd'hui. Il signifie, ici, la conformité rituelle. Dans d'autres textes, il sera lié à l'idolâtrie.
Quant à Xavier Thévenot, il fait remarquer que les interdits du Lévitique baignent dans un climat de pureté rituelle, de sainteté, de lutte contre l'idolâtrie. Reprenant le terme « abomination » (To' Ebah) utilisé cent quarante-deux fois dans la Bible, il note que ce terme « cherche à exprimer la répulsion de Dieu pour tout ce qui lui est étranger, pour ce qui s'avère incompatible avec les lois fondamentales de son Alliance. Il est particulièrement employé à propos du culte des faux dieux (Dt 7, 25 ; 12, 31) ». « Les idoles ou fausses divinités sont nommées To' Ebot. La conduite homosexuelle est donc bien ici envisagée comme traduisant un comportement idolâtre parce que ce comportement est supposé être celui des nations environnantes. [...] La condamnation des actes homosexuels par le Lévitique porte donc d'abord sur l'idolâtrie ».
Vivre l'Alliance avec le Dieu d'Israël implique de cesser le culte des autres dieux (dénommés idoles), de cesser les pratiques des peuples environnants qui lient sexualité et culte religieux, donc cesser, entre autres, les pratiques homosexuelles. La loi fondamentale de l'Alliance fait référence aux dix commandements (ou dix paroles) qui tiennent une place centrale dans l'Ancien Testament : « Tu n'auras pas d'autres dieux face à moi ... tu ne te feras pas d'idoles ».
Idolâtrie, impureté ou transgression d'une appartenance à un peuple, ces versets du Lévitique sont très situés et ne peuvent être utilisés aujourd'hui pour porter un jugement moral sur des actes homosexuels.
Le péché de Sodome : la violence et l'inhospitalité
Le récit de Sodome est le plus connu des récits considérés comme une condamnation de l'homosexualité. Il se trouve dans le livre de la Genèse, chapitre 19, versets 1 à 11.
C'est l'histoire d'un homme, Loth, qui a été nomade et qui vit dans la ville de Sodome. Chez les enfants du désert, l'hospitalité est sacrée. Lorsqu'il voit arriver deux voyageurs (deux anges, nous dit le récit biblique, c'est-à-dire deux envoyés de Dieu puisqu'au désert, tout voyageur est accueilli comme tel), il se précipite pour les accueillir dans sa maison pour la nuit. Ils n'étaient pas encore couchés, poursuit le récit, que les gens de Sodome entourèrent la maison :
« Ils appelèrent Loth, et lui dirent : Où sont les hommes qui sont venus chez toi cette nuit ? Fais-les sortir vers nous, pour que nous les connaissions. Loth sortit vers eux sur le pas de sa porte, il la ferma derrière lui et dit : De grâce, mes frères, ne faites pas de malheur ! J’ai à votre disposition deux filles qui n'ont pas connu d'homme. Je puis les faire sortir vers vous et vous en ferez ce que bon vous semblera. Mais ne faites rien à ces hommes puisqu'ils sont venus à l'ombre de mon toit. Ils répondirent : Tire-toi de là ! Et ils dirent : Cet individu est venu en émigré et il fait le redresseur de torts ! Nous allons lui faire plus de mal qu'à eux. Ils poussèrent Loth avec violence et s'approchèrent pour enfoncer la porte. Mais les hommes tendirent la main pour faire rentrer Loth à la maison, près d'eux. Ils fermèrent la porte et frappèrent de cécité les gens qui étaient devant l'entrée de la maison, depuis le plus petit jusqu'au plus grand ; ils ne purent trouver l'entrée ».
La suite du récit nous dit que les anges visiteurs avertirent Loth que Dieu allait détruire Sodome sous une pluie de feu et de soufre. Et la ville fut détruite. Loth et sa famille ont dû fuir et, excepté sa femme, tous les siens furent sauvés.
À lire attentivement le texte, tous les exégètes aujourd'hui s'accordent pour dire que ce n'est pas la présumée homosexualité des habitants de Sodome qui va provoquer le jugement de Dieu, mais l'agression collective, l'acte gratuit de violence sexuelle qui ne respecte pas le devoir de l'accueil de l'étranger et de l'hospitalité.
D'autres textes de l'Ancien Testament font allusion au « péché de Sodome ». Ainsi le Livre d'Isaïe parle d'absence de justice sociale (Is 1, 10 ; 3, 9). Le prophète Ézéchiel insiste sur l'orgueil, la gloutonnerie, l'insouciance et le non secours du pauvre et du malheureux (Éz 16, 49). Dans toutes ces expressions, l'allusion au récit de Sodome condamne tout d'abord la violence, y compris sexuelle.
Un autre texte, dans le livre des Juges au chapitre 19, confirme cette interprétation. Il raconte une autre histoire, de manière identique à celle de Sodome. Un Lévite et sa concubine sont accueillis par un vieillard dans la ville de Guibéa. Des gens de la ville, « de véritables crapules », cernent la maison et demandent au vieillard de leur livrer le Lévite pour qu'ils le connaissent. Le vieillard refuse, leur offre sa fille, mais les gens de Guibéa refusent. En définitive, le Lévite leur offre sa concubine que les hommes de la ville violent toute la nuit. En représailles, toutes les tribus d'Israël lèvent une armée et détruisent la ville de Guibéa. Ce récit, dans sa composition, est très proche de celui de Sodome. Le viol est condamné dans les deux cas. Le point central des récits n'est pas lié à une orientation sexuelle, mais à une agression sexuelle qui souligne la dureté des gens de Sodome et de Guibéa ainsi que leur refus de l'hospitalité et de l'étranger.
De plus, les textes bibliques dans le Nouveau Testament qui font référence à l'épisode de Sodome, ne soulignent jamais l'homosexualité ni d'ailleurs la violence sexuelle, mais le refus d'hospitalité : Mt 10, 15 ; 11, 23-24 ; Lc 9, 51-56 ; 10, 12 ; 17, 22-37 ; Rm 9, 29, etc). Seule la lettre de Jude au verset 7 fait une allusion à Sodome avec une nette connotation sexuelle. Mais Daniel Helminiak, étudiant ce passage, montre que Jude condamne le commerce sexuel avec les anges, non pas celui entre hommes.
Dans le Nouveau Testament, le péché de Sodome correspond de toute évidence au refus d'accueillir l'étranger et non au comportement sexuel. « On doit affirmer que, malgré la tradition ecclésiale, la pointe du récit n'est pas dans la condamnation de l'homosexualité. Cette pointe est très claire : il s'agit de condamner le refus d'hospitalité, refus qui touche directement à Dieu, d'autant plus que les hôtes sont des “anges” représentants de Yahvé. Ce qui est donc stigmatisé, c'est le refus de l'autre ».
Une première constatation s'impose. Les textes de l'Ancien Testament ne permettent pas de conclure à une condamnation de l'homosexualité telle qu'elle se vit aujourd'hui.
Abordons maintenant les textes ou versets qui se trouvent dans le Nouveau Testament qui font allusion à l'homosexualité.
Des rapports contre-nature
Cette expression est issue du premier chapitre de la lettre aux Romains de saint Paul. Avant de le découvrir, il est à noter que les conduites homosexuelles semblaient fréquentes à cette époque. Xavier Thévenot souligne même qu'elles étaient non seulement pratiquées, mais justifiées. « La liberté sexuelle dans certaines villes étaient d'ailleurs fort grande. La ville de Corinthe par exemple avait fini par être associée dans le langage à la débauche sexuelle ».
C'est d'ailleurs de Corinthe que Paul écrit sa lettre aux Romains. Dans les premiers chapitres de cette lettre, Paul traite de la colère de Dieu face à l'ensemble de l'humanité. L'humanité est pécheresse et seule la grâce sauve par la foi en Jésus-Christ.
L'expression « rapports contre-nature », aux versets 26 et 27 du chapitre 1, se situe dans un passage où Paul invective les païens qui, connaissant Dieu, n'ont pas d'excuses de n'avoir pas rendu la gloire qui revient à Dieu, se laissant aller à de vains raisonnements et leur cœur est devenu la proie des ténèbres (v.21). « Se prétendant sages, ils sont devenus fous ; ils ont troqué la gloire du Dieu incorruptible contre des images représentant l'homme corruptible, des oiseaux, des quadrupèdes, des reptiles ». (v.23) Il reprend le thème du Livre de la Sagesse aux chapitres 13 et 14 sur le culte des idoles lié à l'incapacité des hommes de reconnaître leur Créateur. Cette idolâtrie a pour Paul des conséquences qu'il précise dans les versets 26-27 : « C'est pourquoi Dieu les a livrés, par les convoitises de leurs cœurs, à l'impureté où ils avilissent eux-mêmes leurs propres corps. Ils ont échangé la vérité de Dieu contre le mensonge, adoré et servi la créature au lieu du Créateur qui est béni éternellement. Amen. C'est pourquoi Dieu les a livrés à des passions avilissantes: leurs femmes ont échangé les rapports naturels pour des rapports contre-nature ; les hommes de même, abandonnant les rapports naturels avec la femme, se sont enflammés de désir les uns pour les autres, commettant l'infamie d'homme à homme et recevant en leur personne le juste salaire de leur égarement ».
Si Paul réprouve les actes homosexuels dans ce passage, note Xavier Thévenot, c'est parce qu'ils sont contraires aux récits de la Création « où la sagesse du Créateur détermine seule le sens de l'ordre des réalités humaines ». L'inversion sexuelle est jugée inversion idolâtrique.
Paul se situe sur un plan anthropologique biblique conforme aux récits de la création. La pratique homosexuelle est méconnaissance du rapport homme-femme, méconnaissance de la loi de Dieu qui entraîne la méconnaissance de la différence sexuelle.
« L'humanité ne peut se structurer dans ses différences fondatrices que s'il y a soumission d'amour à la Parole de l'Autre qui est le “Dieu incorruptible”. [...] Il veut faire comprendre que le monde ne peut prendre une bonne direction que s'il reconnaît son Créateur et son Maître. Paul, pour ainsi dire, dégage une loi structurale de l'édification de l'humanité. Il n'est donc pas question, à la suite de la lecture de Romains, ni d'affirmer que l'homosexualité n'est qu'une simple variation de la sexualité ayant même valeur anthropologique que l'hétérosexualité, ni de dire que chaque homosexuel est un “idolâtre” ».
Le mot « échangé » employé par Paul signifie, au regard d'autres textes, que l'on a renoncé au culte du vrai Dieu pour un culte des idoles et des créatures.
Daniel Helminiak, théologien et psychanalyste, analyse longuement, à travers de nombreux exemples, comment le mot « contre-nature » est employé par Paul pour désigner ce qui est atypique, ce qui sort de l'ordinaire. Ainsi, dans la première lettre aux Corinthiens (1 Co 11, 14), Paul écrit : « La nature elle-même ne vous enseigne-t-elle pas que c'est une honte pour l'homme de porter les cheveux longs ? »
Daniel Helminiak poursuit : « Pour Paul, une chose est naturelle lorsqu'elle répond aux caractéristiques de sa catégorie, lorsqu'elle se présente telle qu'on s'y attend. Pour Paul, le terme naturel ne signifie pas “en accord avec les lois universelles” mais plutôt ce qui est typique, constant, ordinaire, normal, prévisible et régulier. Lorsque les gens se comportent comme on s'y attend et montrent une certaine constance, ils agissent naturellement. Lorsque les gens font quelque chose de surprenant, d'inhabituel, qui sort de la routine, qui échappe à la norme, ils agissent de façon contre-naturelle. Voilà le sens qu'avait le mot nature pour Paul ».
Pour mettre un terme à cette brève analyse de ce passage de la lettre aux Romains, il est clair que Xavier Thévenot et Daniel Helminiak sont unanimes sur le fait que ces versets ne s'appliquent pas à la notion contemporaine de l'homosexualité, à savoir une relation sexuelle amoureuse, dégagée d'une quelconque conformité rituelle ou d'un culte des idoles. Paul n'aborde tout simplement pas cette question en tant que telle.
Deux mots controversés
Il s'agit de deux mots grecs - malakoi et arsenokoitai - qui se situent dans la première lettre aux Corinthiens (1Co 6, 9) et dans la première lettre à Timothée (1Tm 1,10) du Nouveau Testament. Ils sont également cités à propos de l'homosexualité. Pourtant leur traduction varie selon les interprétations. Le mot malakoi est souvent traduit par « efféminé » et exprime une idée de mollesse. Quant au mot arsenokoitai, sa traduction est très controversée. Son sens littéral semble être « homme couchant avec un homme » ou, plus crûment, « homme pénétrant ». On le traduit parfois par pédéraste. Au-delà des différentes traductions, ces passages dressent une liste des péchés de comportements injustes qui semblaient courants dans l'Empire romain du 1er siècle. Ce sont les abus des comportements sexuels qui sont dénoncés ici : libertinage, luxure et irresponsabilité, note Daniel Helminiak.
Xavier Thévenot fait remarquer que si ces termes sont parfois rendus par les mots d'« efféminés » ou d'« invertis », un certain nombre d'exégètes affirment que ce sont là des traductions indues. Selon eux, il n'y a rien qui justifie l'application spécifique de malakoi à l'homosexualité ; de même arsenokotai ne s'applique sans doute pas à un comportement homosexuel en général.
Dans le foisonnement des livres de la Bible, seuls quelques récits ou versets évoquent des pratiques homogénitales. À moins d'en faire une lecture fondamentaliste ou littérale, ce que l'Église catholique a toujours rejeté, on ne peut tirer une généralité, ou pire une idéologie, de ces versets bibliques. Ils sont essentiellement situés dans des contextes liés à l'impureté rituelle, à l'appartenance religieuse ou à l'idolâtrie. Nous pouvons donc conclure qu'à travers ces versets, la Bible ne dit pas ce que certains voudraient lui faire exprimer, à savoir la condamnation de l'homosexualité telle qu'elle est vécue aujourd'hui.
Dans le sens contraire, quelques autres textes sont parfois mis en exergue pour exprimer une opinion positive sur l'homosexualité. Ce sont les récits de David et Jonathan (1S 18 et ss), de Ruth et Noémi (Ruth 1, 16-17), de la guérison par Jésus du jeune esclave du centurion romain (Mt 8, 5-13 et Lc 7, 1-10). Mais les difficultés d'interprétation soulignées par les exégètes sont telles, qu'il est difficile aujourd'hui d'en tirer des conclusions en ce sens.
Ne nous arrêtons pas en chemin. En effet, en dernier ressort, les premiers récits de création dans le livre de la Genèse sont appelés à la rescousse pour stigmatiser l'homosexualité comme négation de la différence des sexes.
La différence des sexes
De nombreux articles, conférences, livres s'interrogent aujourd'hui sur la question de la différence des sexes. C'est peut-être une des questions les plus importantes qui traversent l'ensemble de nos sociétés occidentales, notamment à propos de la question du mariage des personnes homosexuelles.
Plusieurs ouvrages seraient nécessaires pour rendre compte sérieusement de cette problématique dans son aspect anthropologique, historique, sociologique, etc. Nous nous limiterons, une nouvelle fois, à ouvrir quelques questions à partir de ce que nous disent les premiers récits de la création dans le livre de la Genèse. La volonté de libérer l'homosexualité de conceptions discriminatoires peut donner la tentation de nier la différence sexuelle. Or, celle-ci existe et est bien posée par la Bible. Mais que nous disent ces récits ?
Il est bon de le rappeler, ces récits ne sont pas des histoires imagées de l'origine, mais plutôt « une confession de foi primordiale : celle de l'Alliance de Dieu avec son Peuple. Nous est raconté, en fin de compte, la complexité de la vie, depuis un lieu original: la sûreté que Dieu accompagne l'histoire, une histoire où rien n'est entièrement joué et où chacun n'est jamais définitivement prisonnier des événements ».
Le premier récit de la Genèse nous rappelle tout d'abord que Dieu crée par sa Parole. Il crée la lumière, le firmament, etc. jusqu'aux animaux (bestioles ou êtres vivants) selon leur espèce. Puis, au sixième jour, vient la création de l'humain, et non pas de l'homme et de la femme, tel qu'on peut le voir traduit parfois dans des Bibles en français courant. Le terme hébreu employé est « adam », qui vient de « adama », la terre.
« Dieu dit : Faisons l'homme (l'humain) à notre image, selon notre ressemblance et qu'il soumette les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, les bestiaux, toute la terre et toutes les petites bêtes qui remuent sur la terre. Dieu créa l'homme (l'humain) à son image, à l'image de Dieu, il le créa; mâle et femelle, il les créa ». (Gn 1, 26-27)
Dans ce premier récit, nous remarquons que Dieu ne crée que l'humain, un humain dans sa version plurielle, puisque le verset suivant emploiera tout de suite le pluriel « Dieu les bénit et Dieu leur dit » (Gn 28).
Faisons également une autre remarque, qui se donne à voir dans les prépositions « à » et « selon » ou « comme » d'après les traductions. Si Dieu crée l'humain à l'image, il le crée « comme » ressemblant. La ressemblance est un travail à accomplir, une promesse qui nous est donnée. Dieu crée l'humain inachevé.
L'humain n'a pas encore parlé, mais en lui disant de dominer la terre, Dieu lui ouvre un accès futur à la parole. En effet, dans toute l'œuvre de création, Dieu crée par sa Parole dominant la création.
« Dieu domine par la parole, il en ira de même pour l'humain. Le pouvoir de la parole constitue l'humain, “mâle” et “femelle”, image de Dieu. La parole est avant lui, car elle vient de Dieu. Mais la parole divine est déposée en lui afin qu'il gouverne la terre et la fasse fructifier. [...] Il “leur dit” de dominer, donc de parler. L'homme qui parle est donc toujours déjà hélé, interpellé par Dieu. On voit peu à peu la parole surgir dans le lieu d'une différence entre Dieu et l'homme, entre l'homme “mâle” et l'homme “femelle”, entre l'homme et l'animal ».
Dieu sépare pour permettre la relation.
L'homme et la femme n'apparaissent pas encore. Ils ne vont apparaître que dans le second récit (Gn 2, 4b-3, 24). Ils apparaissent seulement après que Dieu a posé l'interdit : « Tu ne mangeras pas de l'arbre de la connaissance du bonheur et du malheur » (Gn 2, 17), un interdit précédé d'un don, ne l'oublions pas : « Tu pourras manger de tout arbre du jardin ». (Gn 2, 16b)
Que se passe-t-il alors ? « Le Seigneur Dieu dit : Il n'est pas bon pour l'homme (l'humain) d'être seul. Je veux lui faire une aide qui lui soit accordée » (Gn 2,18). Puis il modèle du sol les bêtes, les oiseaux, tous les êtres vivants, mais l'homme ne trouve aucune aide qui lui soit accordée. Alors étonnement... Dieu va opérer différemment. Ce n'est plus à partir du sol qu'il agit, mais à partir de l'humain et de l'humain endormi : « Adonaï Élohim fit tomber une torpeur sur l'humain - et il s'endormit -, et il prit un de ses côtés et ferma la chair à sa place. Et Adonaï Élohim construisit le côté qu'il avait pris de l'humain en femme, et il la fit venir vers l'humain. Et l'humain (se) dit : “Celle-ci, cette fois, est os de mes os et chair de ma chair ; à celle-ci il sera crié femme car d'homme a été prise, celle-ci !” » (Gn 2,21-23).
Etonnants versets qui nous révèlent, entre autres, que pour la première fois, le narrateur fait s'exprimer l'homme (l'homme s'écria) et que dans l'homme et la femme, il y a du même et du différent. C'est ce même et ce différent que souligne Véronique Margron : « À son réveil (2, 23), l'homme appelle la femme d'un nom ('ishâ) qui correspond à celui qu'il se donne ('ish). Il retient alors essentiellement la ressemblance entre la femme et lui. Dans le jeu de mots 'îsh, 'ishâ, les termes semblent se répondre comme féminin et masculin d'une même racine. C'est le familier qui domine. Pourtant, l'homme surinvestit le réel : la femme n'est pas prise de l'homme, le narrateur l'a bien dit, lui. Elle est prise de ha'adam, l'humain, le terreux, et non 'îsh, l'homme. Ainsi, la ressemblance ne va-t-elle pas sans l'irrévocable écart. C'est ce mixte qui permet de quitter la tristesse de la solitude où l'adam se trouvait jusque-là. L'humain prend sa place dans la création avec la sexualité qui le manifeste deux ».
Cette brève étude des récits de la Genèse mériterait, sans aucun doute, un développement plus conséquent, mais c'est la limite de cet ouvrage. Bien d'autres champs seraient à explorer. Arrêtons-nous là pour ce qui nous concerne et voyons ce que nous pouvons en déduire, au moins en partie, sur la question de l'altérité et de la différence des sexes.
Ces récits nous donnent à penser que l'humain se définit par plusieurs relations d'altérité. La première, celle qui est primordiale et fondatrice, est Dieu. Dieu comme Créateur et l'être humain comme créature inachevée qui n'a pas son origine en lui-même. Ensuite, le monde, la création qui m'est donnée comme un don. Enfin, l'altérité où doit s'exercer une relation avec de l'autre, du différent, du séparé.
La question de la différence des sexes est aujourd'hui complexe puisqu'on distingue, suite aux études de genre, le sexe biologique du sexe social. Il n'en demeure pas moins que nous sommes confrontés à une interrogation anthropologique : « Ne pas dénier l'inflexible, l'indépassable différence des sexes tout en en assumant son caractère énigmatique. Elle fonde le réel des relations, des générations dans leurs différences structurantes. Sans pour autant tout indiquer du sens de la différence. Consentir à l'énigme, sans qu'elle soit opportunité de déni de l'irréductible ».
Sans dénier cet irréductible, une question reste ouverte : la différenciation sexuelle est-elle totalisante ou seconde, non pas secondaire nous l'avons vu, mais seconde par rapport à l'altérité de l'autre être humain ? C'est l'analyse que propose Christian Demur : « Je privilégierais d'abord la relation à l'autre dans son irréductibilité, qu'il soit homme ou femme, la différenciation sexuelle m'apparaissant comme une altérité seconde. Pour le dire avec les mots de (Donna) Singles, je ferais passer l'autre avant l'autre sexe : ainsi considérée, la différence sexuelle n'est pas totalisante. Elle est seconde par rapport à une autre altérité plus profonde de l'être humain, à savoir la non-coïncidence avec sa propre origine. Autrement dit, la première différence qui constitue l'originalité de chaque personne vient d'une part que chacun doit son origine à autrui […] et d'autre part de ce que chacun existe en relation avec les autres. La première différence entre les êtres humains n'est pas le sexe, mais une originalité qui n'est pourtant pas la création propre de chacun. La différence, de chacun est d'abord une relation avec l'autre, avant d'être une relation avec l'autre sexuel ».
Les recherches en neurobiologie nous révèlent que les différences entre les individus d'un même sexe sont tellement importantes qu'elles dépassent les différences entre les deux sexes. La juste relation ne peut se vivre que dans l'accueil de l'étrangeté de l'autre, avant de l'autre sexuel.
Conclusion
La Bible souligne l'aspect positif de l'hétérosexualité et le respect des différences fondatrices de l'humanité, notamment la différence homme-femme, comme reconnaissance de la volonté du Créateur d'une relation qui rende possible la reproduction.
Exprimer, comme on l'entend parfois, que l'homosexualité est comme l'hétérosexualité, qu'il y a une équivalence entre les deux manières de vivre des relations sexuelles, faire « comme si » c'est nier une des différences fondamentales qu'est la différence des sexes et semer de la confusion, qui ne rend service ni aux uns ni aux autres.
Mais il faut sans cesse rappeler que la différence des sexes irréductible ne fait pas des personnes homosexuelles des « traumatisés », des « ratés », des « mal éduqués ». Nous sommes devant l'un des plus grands mystères de l'homme ou de la femme, le désir amoureux et sexuel.
Ceci étant, utiliser la Bible pour condamner les personnes homosexuelles aujourd'hui n'est pas honnête. Oui, la Bible condamne des pratiques homogénitales dans des contextes liés à la conformité rituelle des critères de pureté, à l'appartenance religieuse ou à l'idolâtrie, nous l'avons vu, et il ne serait pas honnête non plus de ne pas le souligner. Mais « la Bible ne prend pas position sur la moralité des actes homogénitaux en soi, ni sur la moralité des relations gays ou lesbiennes tels que nous les concevons aujourd'hui ».
Xavier Thévenot note également que « les allusions à l'homosexualité sont toujours liées aux allusions à l'idolâtrie qui est une perversion du rapport à Dieu. Or aujourd'hui, l'immense majorité des homosexuels chrétiens ne vit certainement pas les actes homosexuels comme des actes idolâtriques. Beaucoup estiment même que leur “condition” d'homosexuel, qui les a acculés à purifier leur façon de concevoir Dieu, a contribué à les rapprocher du vrai Dieu ».
La question de l'homosexualité aujourd'hui reste donc ouverte quant à la morale et à l'éthique.
Ce qui est en jeu dans la préoccupation des auteurs bibliques et dans la vie chrétienne, c'est la justice, dans le sens de la relation ajustée à l'autre, aux autres et à Dieu. L'enjeu de la qualité humaine des relations nous amène à exprimer ces interrogations : Comment aider les personnes homosexuelles à assumer leur sexualité de manière responsable ? Comment relier le travail de l'altérité à la différence fondamentale des sexes ? Comment les personnes peuvent-elles bien vivre aujourd'hui avec ce qu'elles sont ? Telles sont les questions essentielles que l'Église catholique doit se poser à nouveaux frais.
Tel père… tel fils… !
Commentaire de l’évangile du 4ème Dimanche du Temps de Carême – Année C
Tel Père, tel Fils ! On ne peut pas en dire autant des deux fils de la parabole. Regardons-les : l'aîné entretient une relation totalement fausse, tant avec son père que son frère. Du père, il parle comme d'un patron : « Il y a tant d'années que je suis à ton service ! » Il est dans une relation de donnant-donnant. Vis à vis de son frère, il ne manifeste que jalousie et envie. Son frère est parti, il n'a pas réussi ? Eh bien, il n'est plus son frère. « Ton fils que voilà », dit-il à son père. Souvent, nous sommes comme cet aîné, introduisant une espèce de comptabilité dans notre relation à Dieu.
Quant au cadet, ce n'est pas mieux. D'abord, en réclamant sa part d'héritage du vivant même de son père, il agit comme si, pour lui, il était déjà mort. « Il tue le père », dirait les psychanalystes. Ne parlons pas de ses fredaines qui ne lui apportent que tristesse, désillusion et pauvreté. Regardons plutôt ses motivations quand il revient à la maison. À aucun moment il ne pense à son père ni à sa peine. Il ne cherche qu'à trouver à manger pour ne pas mourir de faim. Il n'y a pas de vrai repentir, à peine l'esquisse d'un geste... Comme le cadet, nous vivons des pans entiers de notre vie en nous passant de Dieu.
Le Père de la parabole, lui, est le père par excellence. D'abord, parce qu'il respecte totalement la liberté de son fils : « Tu veux partir ? Eh bien, tu le peux ». Il ne nous abandonne pourtant pas : il nous attend. Bien plus, il court après nous. Il faut se rappeler que, dans le monde biblique, jamais on ne voit un notable se mettre à courir. Il marche toujours posément, avec dignité. Le père de l'histoire, on le voit sortir au-devant de ses fils, on le voit même bondir vers son enfant prodigue. C'est un père qui ne refuse qu'une chose : que son fils ne soit plus son fils. Un père dont l'amour gratuit fait vivre (« Il était mort et il revit ») ; un père dont l'amour est un don total (« Tout ce qui est à moi est à toi »).
Certes, nous pouvons nous reconnaître, tour à tour, dans l’un ou l’autre des deux fils. Mais tel n’est pas l’essentiel du message de la parabole. C'est l'image de Dieu-Père que Jésus nous présente, ce Père dont il est le Fils aimant. Et il nous invite à l’imiter à notre tour. « Soyez les fils de votre Père, qui fait lever son soleil sur les méchants comme sur les bons... » ; et encore : « Soyez parfaits comme votre Père du ciel est parfait ». Quelle est notre réaction devant les enfants, la femme, le mari, l'ami qui nous lâchent ? Devant l’ingratitude ou les calomnies qui nous atteignent d'autant plus qu’elles proviennent de proches ? Colère ? Vengeance ? Des mots qui tuent ? « Œil pour œil, dent pour dent », « Il est mort, elle est morte pour moi ». « Tu n'es plus ma fille, mon fils ».
Mais le Père de la parabole ? Lui, il ne dit rien. Son silence est attente. Quand le fils revient, il n'évoque rien du passé. Ne reste que l'explosion de joie.
Voulez-vous connaître la joie parfaite ? Apprenez à ressembler au Père, à donner et à pardonner. Puissions dire de nous : « Tel Père, tels fils, telles filles » !