PKO 01.11.2013

Vendredi 1er novembre 2013 – Solennité de Tous les Saints – Année C
Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°57/2013

Litanie des Saints de Charles DELHEZ

Saints et saintes de Dieu,

Vitraux de la lumière divine, parlez-nous de Lui.

Vous qui n'avez pas trouvé de date

dans nos calendriers,

Mais qui avez reçu de Dieu une place éternelle,

Priez pour nous.

Vous, les humbles laboureurs de la terre,

Qui avez accueilli les fruits de la Création,

Priez pour nous.

Vous, les femmes de ménage, couturières

Et repasseuses, cuisinières

et bonnes d'enfants qui,

Jour après jour, avez semé la tendresse,

Priez pour nous.

Vous, moines et moniales du silence, de la prière

Et de la vie fraternelle, qui avez gardé au cœur

La joie de Dieu,

Priez pour nous.

Vous, les savants, philosophes

et hommes et femmes de science,

Qui avez poursuivi, sans relâche, la vérité

Et y avez découvert le mystère de Dieu.

Priez pour nous.

Vous, les artistes, et vous, les gens du spectacle,

Qui avez apporté un peu de la beauté

Et de la joie de Dieu sur notre Terre.

Priez pour nous.

Vous tous, saints et saintes, bienheureux enfants

De Dieu, faites monter vos louanges vers le Père,

Par le Fils, dans l'Esprit-Saint.

Amen.

En marge de l’actualité

Au-delà du numérique

                La mort intègre à son tour le monde virtuel. Désormais, elle peut se « vivre » à distance, par écrans interposés : trois crématoriums (à Paris, Carcassonne et Canet-en-Roussillon) proposent aux proches ne pouvant se déplacer de suivre la cérémonie d’adieu depuis chez eux, grâce à une connexion sécurisée. D’autres sites hébergent ensuite des « mémoriaux virtuels », « parcelles d’éternité numérique » qui entretiennent les souvenirs des défunts.

                Le summum de cette moderne accointance entre monde numérique et Au-delà est un service débarquant en France en provenance du Japon : l’apposition sur l’urne ou la pierre tombale d’un QR code renvoyant à un site internet où le disparu réapparaît par le biais de vidéos, photos, textes, chansons... Comme si le principe du réseau social, qui consiste à embellir son image publique, ne devait s’imposer aucune frontière, pas même celle de la fin de vie.

                D’une certaine façon, la mort s’était déjà virtualisée avant que le virtuel ne nous envahisse. Elle s’est cachée dans les hôpitaux. Ce n’est pas qu’elle ne nous préoccupe plus, c’est qu’on évite désormais de la regarder en face. Il n’y a pas si longtemps, on la fixait. Longtemps : trois jours et trois nuits, le temps d’une veillée à domicile, alors qu’on se contente désormais d’un passage express dans une morgue, si on en trouve le courage.

                Cette longue confrontation avec le défunt portait des enseignements fondamentaux. Elle aidait à comprendre, physiquement et spirituellement, que la mort est bien une fin, même si certains croient qu’elle n’est qu’un passage : une dépouille n’a rien de commun avec l’être qui l’animait. Elle permettait de ressasser sa peine, voire ses regrets, et ainsi de « faire son deuil ». Elle offrait un adieu à la mesure du manque qui se créait. Omniprésente dans le monde rural, la mort était une figure effrayante, mais familière.

                Notre époque idolâtre la vie. Elle célèbre la beauté, la santé, la performance. Mais elle oublie qu’une médaille a deux faces, et que la mort est nécessaire à cette vie. En ce sens, elle mérite que nous lui portions un intérêt qui soit bien plus réel que virtuel.

Hervé de CALENDAR

 

La foi dans la vie éternelle fait aimer l’histoire et le présent

Angélus du pape Benoit XVI du mardi 1er novembre 2012

« Seule la foi dans la vie éternelle nous fait aimer vraiment l’histoire et le présent, mais sans attachements, dans la liberté du pèlerin, qui aime la terre parce qu’il a le cœur au Ciel », a déclaré Benoît XVI.

Chers frères et sœurs,

La solennité de tous les saints est une occasion propice pour élever le regard des réalités terrestres, rythmées par le temps, vers la dimension de l’éternité et de la sainteté. La liturgie nous rappelle aujourd’hui que la sainteté est la vocation originelle de chaque baptisé (cf. Lumen gentium, n. 40). En effet, le Christ, qui avec le Père et l’Esprit est le seul Saint (cf. Ap 15, 4), a aimé l’Église comme son épouse et s’est donné lui-même pour elle, dans le but de la sanctifier (cf. Ep 5, 25-26). C’est pour cette raison que tous les membres du peuple de Dieu sont appelés à devenir saints, selon l’affirmation de l’apôtre Paul : « Et voici quelle est la volonté de Dieu : c'est votre sanctification » (1 Th 4, 3). Nous sommes donc invités à regarder l’Église non dans son aspect uniquement temporel et humain, marqué par la fragilité, mais comme le Christ l’a voulue, c’est-à-dire une « communion des saints » (Catéchisme de l’Église catholique, n. 946). Dans le Credo, nous professons l’Église « sainte », sainte en tant que Corps du Christ, en tant qu’instrument de participation aux saints Mystères — en premier lieu l’Eucharistie — et famille des saints, à la protection de laquelle nous sommes confiés le jour du baptême. Aujourd’hui, nous vénérons précisément cette innombrable communauté de tous les saints, qui, à travers leurs différents parcours de vie, nous indiquent différentes voies de sainteté, réunies par un unique dénominateur : suivre le Christ et se conformer à Lui, but ultime de notre existence humaine. En effet, tous les états de vie peuvent devenir, avec l’action de la grâce et avec l’engagement et la persévérance de chacun, des voies de sanctification.

La commémoration des fidèles défunts, à laquelle est consacrée la journée de demain, 2 novembre, nous aide à rappeler nos proches qui nous ont quittés, et toutes les âmes en marche vers la plénitude de la vie, précisément dans l’horizon de l’Église céleste, auquel la solennité d’aujourd’hui nous a élevés. Dès les premiers temps de la foi chrétienne, l’Église terrestre, reconnaissant la communion de tout le corps mystique de Jésus Christ, a cultivé avec une grande piété la mémoire des défunts et leur a offert des prières d’intention. Notre prière pour les morts est donc non seulement utile mais nécessaire, dans la mesure où elle peut non seulement les aider, mais rend, dans le même temps, efficace leur intercession en notre faveur (cf. Catéchisme de l’Église catholique, n. 958). La visite aux cimetières, alors qu’elle conserve les liens d’affection avec ceux qui nous ont aimés dans cette vie, nous rappelle également que nous tendons tous vers une autre vie, au-delà de la mort. Les pleurs, dus au détachement terrestre, ne doivent donc pas prévaloir sur la certitude de la résurrection, sur l’espérance de parvenir à la béatitude de l’éternité, « moment rempli de satisfaction, dans lequel la totalité nous embrasse et dans lequel nous embrassons la totalité » (Spe salvi, n. 12). L’objet de notre espérance, en effet, est de jouir de la présence de Dieu dans l’éternité. Jésus l’a promis à ses disciples en disant : « Je vous verrai de nouveau et votre cœur sera dans la joie, et votre joie, nul ne vous l'enlèvera » (Jn 16, 22).

Nous confions notre pèlerinage vers la patrie céleste à la Vierge Marie, Reine de tous les saints, alors que nous invoquons pour nos frères et sœurs défunts son intercession maternelle.

© Copyright 2013 – Libreria Editrice Vaticana


Il reste à apprendre à mourir au xxième siècle

Professeur d’éthique à la faculté de théologie catholique de Strasbourg, Marie-Jo Thiel évoque la difficulté à faire face à la mort, en l’absence de rites modernes.

Dans une société de moins en moins religieuse, quelle est aujourd’hui la place de la « fête des morts », célébrée au lendemain de la Toussaint ?
Notre société médiatise énormément les morts collectives, les met en scène, mais dans le même temps, on occulte les morts qui nous touchent au plus près, celle de nos proches, des êtres qu’on aime. On refoule cette mort, en partie à cause du recul de l’adhésion religieuse, mais aussi parce que l’on considère, depuis plusieurs décennies déjà, que les sources de sens relèvent de la vie privée : il n’y a donc plus de transmission. On se retrouve à ne plus savoir comment faire face à cette question de la mort, pourtant éminemment redoutable. Il y a un vide spirituel collectif, qui va au-delà des religions. Pendant un certain temps, on a pu croire que la technologie pouvait vaincre la mort, que la mort pouvait être facile. Mais la mort reste une coupure irrémédiable, il n’est pas facile d’y faire face. D’autant que les deux tiers des Français, autour de 50 ans, n’ont jamais vu mourir quelqu’un. Or, ce qu’on ne connaît pas paraît effrayant.

Dans ce contexte, se rendre sur nos tombes en famille, avec des amis, permet de ressouder les liens des vivants – au fond, c’est le plus important – et de parler de la mort, en particulier de sa propre mort, de dire ses souhaits. Cela permet de se préparer davantage à la mort, afin d’éviter qu’elle n’apparaisse comme un cataclysme. Il faut des lieux où se recueillir, où vivre quelque chose, de façon rituelle. Et pour les croyants chrétiens, la fête des morts, liée à la Toussaint, reste un temps d’espérance : ils sont appelés à la sainteté, comme un don de Dieu.

Le culte des morts existait avant le christianisme, il existe dans toutes les religions : les traditions déclinant, faut-il inventer de nouveaux rites ?
Un rite sert à dire adieu à celui qui part, permet à la communauté, toujours perturbée par la mort d’un proche, de se ressouder, et aux proches de faire leur deuil pour continuer à vivre pleinement. Le rite permet de dire plus que les mots ne peuvent le faire, donne un lieu symbolique au cadavre. Mais il doit être exécuté par quelqu’un qui possède une certaine autorité : le prêtre, l’employé des pompes funèbres, doivent être reconnus dans leurs gestes pour que le rite fasse sens. Quand on se marie, on va à la mairie, l’élu fait un petit discours, il y a une certaine solennité. De la même manière, il faut peut-être inventer quelque chose qui réhabilite la cérémonie d’adieux à la personne, quelque chose de mieux organisé, entre le maire et les pompes funèbres...

Des pompes funèbres qui sont parfois les seuls interlocuteurs des proches du défunt...
Il faut saluer le travail qu’elles réalisent pour permettre à des hommes et à des femmes d’être enterrés dignement. C’est un travail qui nécessite une formation, mais la réglementation n’impose qu’une quarantaine d’heures, pour habiliter des maîtres de cérémonie, cela ne valorise pas la profession. Ils doivent accueillir les familles avec empathie, répondre aux demandes, toujours individualisées, être à l’écoute sans s’immiscer, trouver des textes parlants, des musiques justes, faire preuve de psychologie, faire des factures, se faire violence pour ne pas montrer leurs émotions, en particulier lorsque les défunts sont jeunes... Le risque de saturation guette, c’est difficile sur le plan émotionnel. De surcroît, un tiers des personnes qui décèdent passent désormais par le crématorium, la cadence entraîne un risque d’épuisement rapide, de déni, de manque d’humanité, bien compréhensible. Enfin, la crise actuelle entraîne une course aux prix les plus bas, ce qui se ressent dans la capacité à mettre en œuvre de vraies célébrations.
Quelles sont les implications éthiques de la crémation ? Comment est-elle vécue, après coup, par ceux qui restent ?

On n’a pas encore trouvé les bons rites pour se séparer du corps de façon aussi brutale. Quand vous inhumez, vous mettez en terre un corps bien présent. Dans la culture collective, par-delà l’adhésion religieuse, on est marqué par cette image du corps qui disparaît progressivement en terre. La crémation est un départ brutal, en particulier lorsqu’il s’agit d’un enfant, d’une personne décédée dans un accident : être réduit à une petite boite de cendres, c’est d’une violence inouïe. La loi interdit désormais de garder des urnes à la maison. Elle n’est pas rétroactive, mais c’est important : il faut pouvoir se couper des morts pour donner sens à sa vie. À partir du 1 janvier 2013, toutes les communes de plus de 2 000 habitants devront ouvrir un espace funéraire, avec un lieu de dispersion des cendres, des « jardins du souvenir ». Il est important, pour la reconstruction de soi après un deuil, surtout brutal, d’avoir un lieu de recueillement.
Reste-t-il des particularismes en Alsace ?

Le Concordat a permis de maintenir une certaine paix religieuse, et ainsi d’assurer une plus grande transmission, de contribuer à une certaine espérance, d’avoir davantage de ressources pour faire face à la déchirure de la mort.

© Copyright 2012 – L’Alsace

Prière à tous les Saints de Saint Augustin

Reine de tous les saints, glorieux Apôtres et Évangélistes, Martyrs invincibles, généreux Confesseurs, savants Docteurs, illustres Anachorètes, dévoués Moines et Prêtres, Vierges pures et pieuses femmes, je me réjouis de la gloire ineffable à laquelle vous êtes élevés dans le Royaume de Jésus-Christ, notre divin Maître. 

Je bénis le Très-Haut des dons et des faveurs extraordinaires dont il vous a comblés et du rang sublime où il vous élève. O amis de Dieu ! 

O vous qui buvez à longs traits au torrent des délices éternelles, et qui habitez cette patrie immortelle, cette heureuse cité, où abondent les solides richesses ! Puissants Protecteurs, abaissez vos regards sur nous qui combattons, qui gémissons encore dans l'exil, et obtenez-nous la force et les secours que sollicite notre faiblesse pour atteindre vos vertus, perpétuer vos triomphes et partager vos couronnes. 

O Vous tous, bienheureux habitants du ciel, saints amis de Dieu qui avez traversé la mer orageuse de cette vie périssable, et qui avez mérité d'entrer dans le port tranquille de la paix souveraine et de l'éternel repos ! 

O saintes âmes du paradis, vous qui, maintenant à l'abri des écueils et des tempêtes, jouissez d'un bonheur qui ne doit pas finir, je vous en conjure, au nom de la charité qui remplit votre cœur, au nom de Celui qui vous a choisis et qui vous a faits tels que vous êtes, écoutez ma prière. 

Prenez part à nos travaux et à nos combats, vous qui portez sur vos fronts vainqueurs une couronne incorruptible de gloire ; ayez pitié de nos innombrables misères, vous qui êtes à jamais délivrés de ce triste exil ; souvenez-vous de nos tentations, vous qui êtes affermis dans la justice ; intéressez-vous à notre salut, vous qui n'avez plus rien à redouter pour le vôtre ; tranquillement assis sur la montagne de Sion, n'oubliez pas ceux qui gisent encore couchés dans la vallée des larmes. 

Puissante armée des saints, troupe bienheureuse des apôtres et évangélistes, des martyrs, des confesseurs, des docteurs, des anachorètes et des moines, des prêtres, des saintes femmes et des vierges pures, priez sans cesse pour nous misérables pécheurs. Tendez-nous une main secourable, détournez de nos têtes coupables la justice irritée de Dieu ; faites entrer par vos prières notre frêle navire dans le port de la bienheureuse éternité.

 

Qui est cette foule de saints ?

Commentaire de l’Évangile de la solennité de tous les Saints

 Qui sont-ils, foule innombrable de toutes races, peuples et langues ? Ils viennent de la grande épreuve. L’Agneau les a sauvés par son sang répandu et par le signe de la croix.

Le mystère du mal et de l’Agneau

Vous savez, il y a la foule des martyrs sans nom. On crucifie encore de nos jours. Dans le mystère ténébreux du mal à l’œuvre dans la nuit et l’ombre de la mor, c’est leur fête aujourd’hui à eux tous, la grande armée des immolés. Ceux à qui ont a tout pris, la vie, le nom, l’honneur et que Dieu, par le mystère de l’Agneau immolé  sur la colline, appelle ses enfants. Ils sont du même sang que l’Agneau transpercé.

Victoire de la Pâque et des enfants

Le monde de l’orgueil, de l’argent, de la haine raciale, de la violence et du pouvoir, sont incapables de reconnaître leur mystère. Ils les insultent, puisqu’ils ont tout souillé, la vie et ses racines, le bonté et l’honneur, la vérité de l’homme et jusqu’au nom de Dieu. Mais aujourd’hui, nous célébrons le jugement de Dieu qui tient en quelques mots : Heureux les pauvres ! Heureux les pacifiques ! Heureux les affligés ! Heureux les persécutés !

La seule victoire qui tienne bon est celle de l’amour. Amour fragile et fort, victoire d’un Agneau à qui les Anges font cortège. Victoire des enfants de Dieu ! Face à l’acharnement du mal, se dresse la multitude des saints. Si divers qu’ils aient été par leur histoire et leur travaux, par leurs situations et leurs conditions de vie, ils ont misé leur vie sur ce qui est un défi aux valeurs du monde.

Dans l’amour du Christ, la pauvreté devient richesse et les larmes, joie. La douceur conquiert plus que la violence, la paix plus que la guerre, la miséricorde plus que la vengeance. La mort n’est plus que le seuil de la gloire. Dans un monde dur et sans pitié, le rude sentier des Béatitudes fraie un passage qui débouche sur la Résurrection.

Frères du même sang

Foule innombrable de tous les frères qui s’obstinent à penser que le sang blanc ou noir, arabe ou européen, juif ou asiatique, sera toujours un même sang, le sang qui a jailli du cœur du Christ comme une source vive pour tous les hommes. Un jour viendra où tous les peuples le contempleront et seront semblables à lui, transfigurés par son regard, les ennemis jurés qui se pardonnent, les frères divisés qui ont trouvé la paix, les étrangers avec les fils de la maison, en ce Royaume du seul Dieu des vivants. Ils seront tous, - ils sont déjà -, les enfants nés d’une même grâce.

La sainteté est à notre portée. Elle est joie, épanouissement en Dieu. Avons-nous le courage de la demander ? Prions les saints de nous y aider.

© Copyright 2013 - Kerit