PKO 30.12.2012

Dimanche 30 décembre 2012 – Solennité de la Sainte Famille – Année C

Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°66/2012

HUMEURS

 Cathophobie… Christianophobie…

Rassurez-vous cela n’existe pas… à part dans l’imagination de quelques catholiques paranoïaques ! Par contre l’islamophobie, l’homophobie… il y en a partout… surtout chez les cathos ! C’est du moins ce qui transparait dans la presse française…

Il y aurait pourtant bien des questions à se poser !

Ainsi l’Élysée souhaite une bonne fête de l’Aïd à la communauté musulmane mais pas un mot pour les chrétiens à l’occasion des fêtes de Noël !

Ainsi, dès qu’un tag est posé sur un lieu de culte  non chrétien ou qu’un cimetière non chrétien est profané… le premier ministre ou le ministère de l’intérieur fait un communiqué solennel mais lorsque la chapelle militaire de Toulon est profanée1 ou le cimetière de Goussainville en septembre dernier est saccagé, grand silence du premier ministre et du ministère de l’intérieur !

La cerise sur le gâteau est certainement la négation volontaire de l’activité de l’Église auprès des plus démunis. Après avoir entendu Mme Cécile Duflot menacer l’Église de réquisitionner ses locaux soi-disant vides… rien d’étonnant d’apprendre que le service de presse de l’Élysée a fait retirer le portrait de l’abbé Pierre du podium du centre Emmaüs lors de son inauguration par le président de la République2 (Commentaire de l’Élysée… il brillait trop et faisait reflet dans les caméras !!!)

Non, je vous assure, aucune « cathophobie » ou « christianophobie » n’anime le cœur du pouvoir… c’est juste un peu de paranoïa de notre part !

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1   cf. article p.5-6 ;

2   cf. Homélie de Mgr Di Falco, p.4-5 ;

 

En marge de l’actualité

Joyeux Noël !  Bonne Année de la Foi et… de la Solidarité

 Chers Amis, Frères et Sœurs en Christ,

À l'aube de l'année 2013 mon regard se tourne vers tous ceux qui sont touchés par la crise économique, et ils sont nombreux ! Trop nombreux ! Ils se contentent d'un Noël de pauvres.

Je pense aux jeunes adultes, femmes et hommes ayant une famille et qui ont perdu leur emploi, qui n'ont plus de revenu mensuel pour assumer leurs responsabilités familiales, éducatives, alimentaires…

Les enfants sont parfois obligés de quitter l'école car les parents n'ont plus les moyens de subvenir à leurs besoins.

Mes vœux s'adressent à toutes ces personnes : qu'ils ne désespèrent pas, car il y a de la solidarité chez nous. Qu'en 2013 il y ait encore plus de solidarité envers les plus démunis, les plus faibles, les malades, les handicapés, les personnes âgées délaissées.

Mes vœux vont aussi à tous ceux qui ont perdu un parent, un proche, ceux qui ont été touchés par un événement douloureux. Que cette année 2013 qui est pour nous, une année de la Foi, soit aussi une année d'Espérance. Elle le sera si, tous ensemble, forces vives du Pays, de l'Etat, mais aussi de toutes les confessions religieuses, nous décidons que 2013 sera UNE ANNEE DE LA SOLIDARITE.

Car à quoi bon confesser sa foi en Dieu si cette Foi ne débouche pas vers la Charité, sur des actions de solidarité, de partage du bien commun ?

Bien sûr nous sommes confrontés à des défis : la relance économique, l'assainissement moral du monde politique et du monde de la finance, la remise en cause des avantages acquis et des égoïsmes...

J'ai la conviction qu'ensemble nous pouvons surmonter ces défis : la société, le monde politique, les acteurs économiques, les associations...

Que l'année 2013 soit un nouveau départ, que chacun se sente responsable du bonheur de tous. Ensemble soyons solidaires.

Dans la Foi et l'Espérance : Heureux temps de Noël et BONNE ANNEE à chacune et chacun de vous.

Père Bruno MA'I

Administrateur Apostolique

La naissance de Jésus, germe de vie nouvelle

Message de Noël du pape Benoît XVI du 25 décembre 2012

« Il y a dans le monde, une terre que Dieu a préparée pour venir habiter au milieu de nous. Une demeure pour sa présence dans le monde. Cette terre existe, et aujourd’hui aussi, en 2012, de cette terre a germé la vérité ! », a affirmé Benoît XVI dans son message « Urbi et Orbi », à Rome et au monde, de ce 25 décembre, en la solennité de Noël.

« Veritas de terra orta est ! »

« La vérité a germé de la terre ! » (Ps 85, 12)

Chers frères et sœurs, de Rome et du monde entier,

bon Noël à vous tous et à vos familles !

En cette Année de la foi, j’exprime mon souhait de Noël avec ces paroles, tirées d’un psaume : « La vérité a germé de la terre ». Dans le texte du psaume, en réalité, nous les trouvons au futur : « La vérité germera de la terre » : c’est une annonce, une promesse, accompagnée d’autres expressions, qui dans l’ensemble résonnent ainsi : « Amour et vérité se rencontrent, / justice et paix s’embrassent ; / la vérité germera de la terre / et du ciel se penchera la justice. Le Seigneur donnera ses bienfaits / et notre terre donnera son fruit. / La justice marchera devant lui,  et ses pas traceront le chemin » (Ps 85, 11-14).

Aujourd’hui, cette parole prophétique s’est accomplie ! En Jésus, né à Bethléem de la Vierge.

Marie, l’amour et la vérité se sont réellement rencontrés, la justice et la paix se sont embrassées ; la vérité a germé de la terre et la justice s’est penchée du ciel. Saint Augustin explique avec une heureuse concision : « Qu’est-ce-que la vérité ? Le Fils de Dieu. Qu’est-ce que la terre ? La chair. Demandes-toi d’où est né le Christ, et vois pourquoi la vérité a germé de la terre… la vérité est née de la Vierge Marie » (En. in Ps. 84, 13). Et dans un discours sur Noël, il affirme : « Avec cette fête qui revient chaque année, nous célébrons donc le jour où s’est accomplie la prophétie : “La vérité a surgi de la terre et la justice s’est penchée du ciel”. La Vérité qui est dans le sein du Père a surgi de la terre parce qu’elle fut aussi dans le sein d’une mère. La Vérité qui régit le monde entier a surgi de la terre parce qu’elle fut soutenue par les mains d’une femme… La Vérité que le ciel ne suffit pas à contenir a surgi de la terre pour être couchée dans une mangeoire. À l’avantage de qui un Dieu si sublime s’est-il fait si humble ? Certainement avec aucun avantage pour lui, mais avec un grand avantage pour nous, si nous croyons » (Sermones, 185, 1).

« Si nous croyons ». Voilà la puissance de la foi ! Dieu a tout fait, il a fait l’impossible : il s’est fait chair. Sa toute-puissance d’amour a réalisé ce qui va au-delà de la compréhension humaine : l’Infini s’est fait enfant, est entré dans l’humanité. Pourtant, ce même Dieu ne peut entrer dans mon cœur si je ne lui ouvre pas la porte. Porta fidei ! La porte de la foi ! Nous pourrions demeurer effrayés devant notre toute puissance à l’envers. Ce pouvoir de l’homme de se fermer à Dieu peut nous faire peur. Mais voilà la réalité qui chasse cette pensée ténébreuse, l’espérance qui vainc la peur : la vérité a germé ! Dieu est né ! « La terre a donné son fruit » (Ps 67, 7). Oui, il y a une terre bonne, une terre saine, libre de tout égoïsme et de toute fermeture.

Il y a dans le monde, une terre que Dieu a préparée pour venir habiter au milieu de nous. Une demeure pour sa présence dans le monde. Cette terre existe, et aujourd’hui aussi, en 2012, de cette terre a germé la vérité ! Par conséquent, il y a de l’espérance dans le monde, une espérance fiable, même dans les moments et dans les situations plus difficiles. La vérité a germé, portant amour, justice et paix.

Oui, que la paix germe pour la population syrienne, profondément blessée et divisée par un conflit qui n’épargne pas même les personnes sans défense et fauche des victimes innocentes. Encore une fois je fais appel pour que cesse l’effusion de sang, que soient facilités les secours aux personnes déplacées et aux réfugiés et que, par le dialogue, soit recherchée une solution politique au conflit.

Que la paix germe sur la terre où est né le Rédempteur et qu’il donne aux Israéliens et aux Palestiniens le courage de mettre fin à trop d’années de lutte et de divisions, et d’entreprendre avec décision le chemin de la négociation.

Dans les pays du Nord de l’Afrique qui traversent une profonde transition à la recherche d’un nouvel avenir – en particulier en Égypte, terre aimée et bénie par l’enfance de Jésus –, que les citoyens construisent ensemble une société fondée sur la justice, le respect de la liberté et de la dignité de chaque personne.

Que la paix germe dans le vaste continent asiatique. Que l’Enfant Jésus regarde avec bienveillance les nombreux peuples qui habitent ces terres et, de manière spéciale, ceux qui croient en lui. En outre, que le Roi de la Paix porte son regard sur les nouveaux Dirigeants de la République populaire de Chine pour la haute charge qui les attend. Je souhaite que celle-ci mette en valeur l’apport des religions, dans le respect de chacune, de sorte qu’elles puissent contribuer à la construction d’une société solidaire, au bénéfice de ce noble Peuple et du monde entier.

Que la Nativité du Christ favorise le retour de la paix au Mali et de la concorde au Nigéria, où d’atroces attentats terroristes continuent à faucher des victimes, en particulier parmi les chrétiens. Que le Rédempteur apporte aide et réconfort aux réfugiés de l’est de la République démocratique du Congo et donne la paix au Kenya, où de sanglants attentats ont touché la population civile et les lieux de culte.

Que l’Enfant Jésus bénisse les très nombreux fidèles qui le célèbrent en Amérique Latine.

Qu’il augmente leurs vertus humaines et chrétiennes, qu’il soutienne tous ceux qui sont contraints à émigrer de leurs familles et de leur terre, qu’il affermisse les Gouvernants dans leur engagement pour le développement et dans la lutte contre la criminalité.

Chers frères et sœurs ! Amour et vérité, justice et paix se sont rencontrées, se sontincarnées dans l’homme né de Marie à Bethléem. Cet homme est le Fils de Dieu, il est Dieu apparu dans l’histoire. Sa naissance est un germe de vie nouvelle pour toute l’humanité. Puisse chaque terre devenir une bonne terre, qui accueille et fait germer l’amour, la vérité, la justice et la paix.

Bon Noël à tous !

Le pape Benoît XVI a ensuite présenté ses vœux de Noël en 65 langues.Voici ses vœux en français :

Heureuse et sainte fête de Noël ! Que le Christ Sauveur vous garde dans l’espérance et qu’il vous fasse le don de la paix profonde !

© Libreria Editrice Vaticana – 2012


Dieu qui se donne dans un geste fou d’amour !

L’homélie de Noël de Monseigneur Di Falco

L'évêque de Gap et d'Embrun a prononcé, lors des offices des 24 et 25 décembre en la cathédrale de Gap, cette homélie tournée vers l'actualité.

En regardant notre assemblée, ici en cette fête de Noël, dans cette cathédrale, je me demande si ce que j'ai sous les yeux est réel ou s'il s'agit d'une vision céleste. Avons-nous vécu la fin du monde ou pas ? Certains philosophes des années 1950 nous défieraient pour que nous leur donnions la preuve que nous sommes bien dans le monde réel et non dans un monde fruit de notre imagination. Simone de Beauvoir, par exemple, s'interrogeait pour savoir si ce qu'elle avait vu dans une pièce lorsqu'il y avait de la lumière existait encore lorsque cette même pièce était plongée dans le noir.

Pour ma part, je pense que nous sommes bien dans le monde réel. Celui-ci n'a rien à voir avec celui que fréquentent vos enfants ou petits-enfants sur leur Game Boy, encore que celui qui leur est proposé est particulièrement effrayant. On peut dire cependant que nous assistons à la fin d'un monde et à l'enfantement dans la douleur d'un autre. De nombreux symptômes sont là pour nous aider à en prendre conscience, qu'il s'agisse d'abord de la crise économique bien sûr, dont beaucoup de nos contemporains sont victimes. Ceux qui perdent leur emploi et plus gravement encore les jeunes qui n'en trouvent pas. Mais on doit parler aussi de la crise que traverse notre société et des grands débats qui l'agitent, avortement, euthanasie, mariage pour tous, adoption, procréation médicalement assistée, théorie du genre qui prétend qu'au-delà des données physiques on peut choisir d'être un homme ou une femme. La profonde remise en cause des fondements de la société, de ce qui la structure, de ce qui la fait vivre ne peut que donner naissance à un monde dont on peut craindre qu'il ne soit pas meilleur mais pire.

Dieu nous a fait le don de son fils bien-aimé pour ouvrir le chemin vers un monde nouveau. Celui de l'amour, du pardon, de la justice, de l'accueil de l'étranger et des plus défavorisés, de l'attention aux malades. Si nous sommes là ce soir, c'est bien pour revivre ensemble ce moment déterminant de l'histoire de l'humanité où avec la naissance de cet homme Dieu plus rien ne serait comme avant. Si nous sommes là cette nuit, c'est bien que nous sommes nous aussi attachés à la justice, à l'amour, au pardon, à l'accueil de l'étranger et des plus défavorisés, à l'attention aux malades ! Que nous sommes attachés à la parole de Dieu transmise par le Christ ! N'est-ce pas sur cela que nous serons jugés quand l'heure de rendre des comptes sera venue ? Si vous êtes là aujourd'hui, c'est bien parce que vous attendez quelque chose de la grandeur de Dieu qui se présente dans la fragilité d'un tout petit enfant. Il ne vient pas en triomphateur, mais il a pris le visage d'un enfant sans défense. Qui oserait lui faire du mal alors que la faiblesse est un appel à l'amour et à la protection ?

Dans un monde où l'on sent grandir la violence devant les inégalités de plus en plus criantes, cet enfant nous invite à penser à tous les enfants du monde victimes de la folie des hommes qui se font la guerre. Enfants nés en déportation, dans ces innombrables camps de réfugiés, enfants arrachés à leur famille et voués à la purification ethnique, enfants amputés par les obus. Oui, l'enfant Jésus nous invite à faire régner la paix dans le monde.

Jamais depuis longtemps la Sainte Famille, ainsi que l'on désigne la famille de Jésus, n'a été, à l'image de nombreuses familles, placée aujourd'hui dans la même situation. Celle de devoir chercher un gîte pour s'abriter après avoir été rejetée parce qu'il n'y avait pas de place pour elle. Cela se passait il y a plus de 2 000 ans. Comment peut-on imaginer que cela se produise encore de nos jours et que la situation dans laquelle se trouve notre pays crée encore plus de situations semblables alors que les radios et les télévisions donnent des conseils pour ne pas avoir d'indigestion aux réveillons de fin d'année.

Plus que jamais, nous allons devoir être solidaires, nous allons devoir sortir de l'individualisme ambiant, du chacun pour soi. Quoi qu'en dise la ministre du Logement, les chrétiens sont engagés dans de nombreuses organisations caritatives. Parmi ces associations, on trouve Emmaüs, fondée par l'abbé Pierre. Que penser lorsqu'on a appris que, quand le président de la République est allé inaugurer un centre Emmaüs, le service de presse de l'Élysée a fait enlever les portraits de l'abbé Pierre sur le podium ? Y aurait-il une histoire officielle revue et corrigée par les pouvoirs en place successifs ? Ne devons- nous pas accepter l'histoire telle qu'elle est, qu'elle nous plaise ou nous dérange ?

Comment, ce matin, ne pas avoir une pensée pour ceux qui dans le monde sont maltraités au nom de leur religion, quelle qu'elle soit ? Nous ne pouvons rester indifférents en particulier face aux communautés chrétiennes qui vivent le martyre dans certains pays où elles sont minoritaires. Les médias parlent régulièrement des otages, et c'est heureux. Mais comment expliquer le silence et l'indifférence qui entourent le rapt, le 19 octobre, de trois prêtres assomptionnistes en République démocratique du Congo ? Y aurait-il de bons otages et de mauvais otages ?

Face à ces situations de détresse, les médias occupent l'opinion avec, pour la énième fois, une hypothétique fin du monde et avec le débat autour du mariage pour tous.

À l'heure où nous célébrons la naissance de l'Enfant par excellence peut-être est-il nécessaire de resituer ce débat à son juste niveau et de réfuter les arguments de ceux qui accusent l'Église d'homophobie parce qu'elle s'oppose au mariage pour tous. L'homosexualité est un fait, elle n'est ni une maladie, ni une perversion, ni une dépravation. De plus, on ne définit pas une personne à partir de sa sexualité.

Permettez-moi de reprendre ce que je disais le 15 août dernier à propos de la prière proposée par l'archevêque de Paris et de la polémique qu'elle avait alors provoquée. Je cite : « Je voudrais dire à celles et ceux qui se reconnaissent homosexuels, peut-être même dans cette assemblée, certainement même dans cette assemblée, je voudrais leur dire qu'ils sont aimés par le Christ, qu'ils ont toute leur place dans l'Église s'ils le veulent ! Et que des hommes et des femmes, des prêtres sont prêts à les accueillir pour les écouter et pour les aider à vivre leur foi dans le respect de ce qu'ils sont. Qu'on ne vienne pas nous faire un faux procès en disant qu'ils sont exclus de l'Église. Ils y ont toute leur place au même titre que tout homme et toute femme quelle que soit sa situation dans la vie ».

Le 1er juillet dernier, à Notre-Dame-du-Laus, lors de l'ordination d'un prêtre et de quatre diacres qui deviendront prêtre en juin si Dieu le veut, je cite « Jean-Marie, toi qui seras prêtre dans quelques instants, André, Éric, Damien et Jean-Baptiste, qui allez devenir diacres et demain prêtres, au nom de l'amour du Christ, je vous demande d'être tout particulièrement aimants et attentifs à celles et ceux qui, à cause des aléas de la vie, ressentent comme une blessure le sentiment de ne pas être bien accueillis dans l'Église. Je pense aux divorcés remariés qui souffrent de ne pas pouvoir approcher de la table eucharistique.

Dans un tout autre domaine, car ce n'est pas du même ordre, je pense aux drogués qui ne se droguent pas par plaisir mais à cause d'un mal-être, aux prostituées qui, à cause de l'égoïsme et de l'individualisme ambiants, n'ont pas trouvé d'autres moyens de vivre. Je pense à ceux qui succombent à la tentation de l'alcool. Je pense aux homosexuels, hommes ou femmes, qui souffrent du regard impitoyable porté sur eux par ceux qui sont souvent eux-mêmes concernés et qui pensent se dédouaner en les accablant ».

Non, l'Église n'est pas homophobe. Ce n'est ni sur un plan religieux ni sur le plan moral qu'elle s'oppose au mariage pour tous, mais pour des raisons anthropologiques évidentes. On pouvait, par exemple, étendre au pacs les mêmes droits que ceux du mariage sans pour autant modifier le sens et le contenu du mariage tel qu'il est défini dans le Code civil. Quant à la procréation médicalement assistée, on peut légitimement se demander si les progrès de la science qui permettent à des couples en difficulté d'avoir un enfant peuvent être également utilisés pour donner naissance à un orphelin de père dans un couple de femmes.

Il est légitime que ceux qui le jugent nécessaire manifestent pour exprimer leur désapprobation. Cependant, ainsi que l'expriment les coprésidents de l'Action catholique ouvrière, on aimerait aussi voir les chrétiens réagir en grand nombreux pour des causes également dramatiques. Je cite : « Si nous ne contestons pas aux responsables de l'institution ecclésiale le droit à donner une position officielle, nous sommes interpellés par le contraste entre une telle dépense d'énergie pour peser sur la question du mariage pour tous et la frilosité, voire le silence, sur d'autres sujets où la parole des chrétiens serait tout aussi légitime. La marchandisation du monde n'engendre-t-elle pas trop de souffrances parmi les travailleurs du monde entier : conditions de travail dégradées et dégradantes, précarité, pauvreté, privation d'emploi ? Autant de situations aux répercussions dramatiques sur la vie des personnes et de leurs familles, au sein desquelles les enfants ne sont pas épargnés ».

Ils ajoutent : « Il nous semble important de considérer avec amour les enfants qui vivent déjà avec des couples homosexuels et qui ont le droit de grandir sereinement, protégés de la haine et de l'homophobie. Il nous semble important de ne pas les stigmatiser au prétexte que la famille idéale serait un papa, une maman, un enfant ».

Certains s'offusqueront peut-être du fait que j'ai abordé ces sujets un soir de Noël. Jésus vient dans ce monde tel qu'il est, avec ce qui est beau et ce qui l'est moins. La foi n'est pas un refuge mais une force pour planter l'espérance dans la pâte humaine au cœur de ce monde que nous sommes invités à aimer. Jésus n'est pas un grand frère gentillet. Il vient, fort de l'amour que lui donne Dieu son père, nous montrer les chemins de la vie.

Il ne juge pas, il ne condamne pas, il aime. Mettons nos pas dans ces pas.

L'eucharistie, c'est Dieu qui se fait silencieux, Dieu qui se donne dans un geste fou d'amour, Dieu qui vient mettre la paix entre tous ceux qui mangent à la même table.

Puissions-nous trouver au cours de cette célébration le recueillement profond qui permet d'entrer dans l'ineffable mystère de premier Noël de tous les temps.

© Le Point – 2012

Christianophobie : l’armée se tait !

Profanation d’une chapelle à la base navale de Toulon

Une chapelle de la base navale de Toulon a été saccagée, le 8 décembre. Dix jours plus tard, le ministre de la Défense n’avait toujours pas exprimé publiquement sa condamnation.

Communiqué des aumôniers en chef

des cultes de l'armée française

concernant la profanation de la chapelle de Toulon

Les directions des aumôneries aux armées françaises sont scandalisées par les actes de profanation de la chapelle de la base navale de Toulon. Les aumôniers en chefs s'unissent pour dire d'une seule voix : respectons-nous les uns les autres ! Il n'est pas concevable que notre société basée sur la liberté d'expression politique, philosophique et confessionnelle tolère de telles actes de vandalisme. Nous faisons confiance aux institutions judiciaires de notre pays pour faire respecter le droit. En cette période des fêtes de fin d'année, nous rappelons l'importance des gestes de fraternité pour lutter contre toute forme de violence.

http://www.dioceseauxarmees.catholique.fr

Samedi 8 décembre, dans toutes les églises catholiques du monde, on fête l’Immaculée Conception. Au sein de la base navale de Toulon, un marin pénètre dans la chapelle Saint- Vincent-de-Paul pour s’y recueillir. Il la trouve vandalisée. Le tabernacle a été forcé, les hosties répandues sur le sol. Pour les catholiques, elles n’ont rien de symbolique, elles sont « le Christ en personne sous les apparences du pain », rappelle Mgr Luc Ravel, l’évêque aux armées, dans un communiqué publié le 12 décembre. Elles ont été remises dans un ciboire en lieu sûr mais il est impossible de savoir si certaines ont été détruites, emportées ou profanées. À côté de l’autel, l’ambon a été renversé, la Bible piétinée. À l’entrée de la nef, un baptistère était posé sur un socle. Il a été jeté à terre, fracassé. Du jamais-vu dans l’armée.

Un maigre communiqué de la Marine nationale

Comment une chapelle peut-elle être saccagée dans une enceinte militaire sans provoquer une intervention publique immédiate du ministre de la Défense, en l’occurrence Jean-Yves Le Drian ? Le 9 décembre, la Marine nationale s’est contentée de mettre en ligne un maigre communiqué sur son site Internet : « Des actes de vandalisme sur des symboles religieux ont été constatés à la chapelle de la base navale de Toulon, samedi 8 décembre dans la soirée. Une enquête menée par la gendarmerie maritime est en cours. La Marine nationale condamne avec vigueur ces agissements ».

Mgr Ravel insiste : « Par son caractère gravissime, ce geste doit être reconnu comme une profanation telle que l’entend l’Église catholique […] : sans qu’on puisse connaître aujourd’hui les intentions de son ou de ses auteurs, il faut reconnaître le caractère précis de l’acte qui ne visait ni au vol ni à la dégradation mais à atteindre directement les réalités les plus sacrées de notre culte et indirectement la communauté catholique tout entière ».

Les coupables n’ont toujours pas été identifiés. L’enquête est en cours et la gendarmerie maritime refuse de communiquer tant qu’elle n’est pas achevée. Seule chose certaine : pour pénétrer dans l’enceinte, très surveillée, il faut posséder un badge avec photo. Environ 20 000 personnes travaillent sur cette base. Deux tiers sont des militaires, le reste des civils.

La profanation a entraîné la fermeture temporaire de la chapelle à des fins de culte jusqu’à la célébration, par l’évêque aux armées, du rite pénitentiel prévu par le droit et la liturgie de l’Église. Cette célébration devait avoir lieu ce mardi 18 décembre.

© Valeurs Actuelles – 2012

Défendre la famille, c’est défendre l’être humain

Vœux du pape Benoit XVI à la Curie romaine

Les vœux de Benoît XVI pour la Curie romaine en cette fin d’année 2012, exprimés le vendredi 21 décembre, prennent un relief particulier dans le contexte politique et social français. Le pape appelle en effet à la défense de la famille, déplorant « une crise qui la menace jusque dans ses fondements » : avec le « refus du lien humain », « disparaissent aussi les figures fondamentales de l’existence humaine : le père, la mère, l’enfant », estime-t-il. Des « dimensions essentielles » de la personne humaine « tombent », insiste le pape, dénonçant au final « la profonde fausseté » de la théorie du « gender ». Il cite d’ailleurs la réflexion du Grand Rabbin de France, Gilles Bernheim, publiée récemment, pour affirmer que « dans la lutte pour la famille, l’être humain lui-même est en jeu ». Dans « la lutte pour la personne humaine et pour ce que signifie être une personne humaine », Benoît XVI encourage les chrétiens à trois dialogues : « le dialogue avec les États, le dialogue avec la société – qui inclut le dialogue avec les cultures et la science – et, enfin, le dialogue avec les religions ». Voici un extrait de son intervention.

Messieurs les Cardinaux,

vénérés Frères dans l’épiscopat et dans le sacerdoce,

chers frères et sœurs !

C’est avec grande joie que je vous rencontre aujourd’hui […] Nous nous trouvons à la fin d’une année qui de nouveau, dans l’Église et dans le monde, a été caractérisée par de multiples situations tourmentées, par de grandes questions et des défis, mais aussi par des signes d’espérance.

[…] Parmi ces grands thèmes je voudrais réfléchir un peu plus en détail surtout sur le thème de la famille et sur la nature du dialogue…

La grande joie avec laquelle des familles provenant du monde entier se sont rencontrées à Milan a montré que, malgré toutes les impressions inverses, la famille est forte et vivante encore aujourd’hui. Cependant la crise qui – particulièrement dans le monde occidental – la menace jusque dans ses fondements est aussi incontestable. J’ai été frappé du fait qu’au Synode on a souligné à maintes reprises l’importance de la famille pour la transmission de la foi, comme lieu authentique où se transmettent les formes fondamentales du fait d’être une personne humaine. On les apprend en les vivant et aussi en les souffrant ensemble. Et ainsi, il apparaît avec évidence que la question de la famille n’est pas seulement celle d’une forme sociale déterminée, mais celle de la question de l’être humain lui-même – de la question de ce qu’est l’être humain et de ce qu’il faut faire pour être de façon juste une personne humaine. Dans ce contexte, les défis sont complexes. Il y a avant tout la question de la capacité de l’homme de se lier ou de son manque de liens. L’être humain peut-il se lier pour toute une vie ? Cela correspond-il à sa nature ? N’est-ce pas en opposition avec sa liberté et avec la dimension de son auto-réalisation ? L’être humain devient-il lui-même en demeurant autonome et en entrant en contact avec l’autre uniquement par des relations qu’il peut interrompre à tout moment ? Un lien pour toute la vie est-il en opposition avec la liberté ? Le lien mérite-t-il aussi qu’on en souffre ? Le refus du lien humain, qui se répand toujours plus à cause d’une compréhension erronée de la liberté et de l’auto-réalisation, comme aussi en raison de la fuite devant le support patient de la souffrance, signifie que l’homme demeure fermé sur lui-même et, en dernière analyse, conserve son propre « moi » pour lui-même, et ne le dépasse pas vraiment. Mais c’est seulement dans le don de soi que l’être humain se réalise lui-même, et c’est seulement en s’ouvrant à l’autre, aux autres, aux enfants, à la famille, c’est seulement en se laissant modeler dans la souffrance, qu’il découvre la dimension du fait d’être une personne humaine. Avec le refus de ce lien disparaissent aussi les figures fondamentales de l’existence humaine : le père, la mère, l’enfant ; des dimensions essentielles de l’expérience du fait d’être une personne humaine tombent.

Le Grand Rabbin de France, Gilles Bernheim, dans un traité soigneusement documenté et profondément touchant, a montré que l’atteinte à l’authentique forme de la famille, constituée d’un père, d’une mère et d’un enfant – une atteinte à laquelle nous nous trouvons exposés aujourd’hui – parvient à une dimension encore plus profonde. Si jusqu’ici nous avons vu comme cause de la crise de la famille un malentendu sur l’essence de la liberté humaine, il devient clair maintenant qu’ici est en jeu la vision de l’être même, de ce que signifie en réalité le fait d’être une personne humaine. Il cite l’affirmation devenue célèbre, de Simone de Beauvoir : « On ne naît pas femme, on le devient ». Dans ces paroles se trouve le fondement de ce qui aujourd’hui, sous le mot « gender », est présenté comme une nouvelle philosophie de la sexualité. Le sexe, selon cette philosophie, n’est plus un donné d’origine de la nature, un donné que l’être humain doit accepter et remplir personnellement de sens, mais c’est un rôle social dont on décide de manière autonome, alors que jusqu’ici c’était à la société d’en décider. La profonde fausseté de cette théorie et de la révolution anthropologique qui y est sous-jacente, est évidente. L’être humain conteste l'idée qu'il a une nature, compte tenu de son identité corporelle, qui caractérise son être de personne. Il nie sa nature et décide qu’elle ne lui est pas donnée comme un fait préparé à l’avance, mais que c’est lui-même qui se la crée. Selon le récit biblique de la création, il appartient à l’essence de la créature humaine d’avoir été créée par Dieu comme homme et comme femme. Cette dualité est essentielle pour le fait d’être une personne humaine, telle que Dieu l’a donnée. Justement, cette dualité comme donné de départ est contestée. Ce qui se lit dans le récit de la création n’est plus valable : « Homme et femme il les créa » (Gn 1, 27). Non, maintenant ce qui vaut c’est que ce n’est pas lui qui les a créés homme et femme, mais c’est la société qui l’a déterminé jusqu’ici et maintenant c’est nous-mêmes qui décidons de cela. Homme et femme n’existent plus comme réalité de la création, comme nature de l’être humain. Celui-ci conteste sa propre nature. Il est désormais seulement esprit et volonté. La manipulation de la nature, qu’aujourd’hui nous déplorons pour ce qui concerne l’environnement, devient ici le choix fondamental de l’homme à l’égard de lui-même. L’être humain désormais existe seulement dans l’abstrait, qui ensuite, de façon autonome, choisit pour soi quelque chose comme sa nature. L’homme et la femme sont contestés dans leur exigence qui provient de la création, étant des formes complémentaires de la personne humaine. Cependant, si la dualité d’homme et de femme n’existe pas comme donné de la création, alors la famille n’existe pas non plus comme réalité établie à l’avance par la création. Mais en ce cas aussi l’enfant a perdu la place qui lui revenait jusqu’à maintenant et la dignité particulière qui lui est propre. Bernheim montre comment, de sujet juridique indépendant en soi, il devient maintenant nécessairement un objet, auquel on a droit et que, comme objet d’un droit, on peut se procurer. Là où la liberté du faire devient la liberté de se faire soi-même, on parvient nécessairement à nier le Créateur lui-même, et enfin par là, l’homme même – comme créature de Dieu, comme image de Dieu – est dégradé dans l’essence de son être. Dans la lutte pour la famille, l’être humain lui-même est en jeu. Et il devient évident que là où Dieu est nié, la dignité de l’être humain se dissout aussi. Celui qui défend Dieu, défend l’être humain !

[…] « Venez et vous verrez ! » Ces paroles que Jésus adresse aux deux disciples en recherche, il les adresse aussi aux personnes d’aujourd’hui qui sont en recherche. Au terme de cette année, nous voulons prier le Seigneur, afin que l’Église, malgré ses pauvretés, devienne toujours plus identifiable comme sa demeure. Nous le prions pour que, dans la marche vers sa maison, il nous rende aussi toujours plus voyants, afin que nous puissions dire toujours mieux et de manière toujours plus convaincante : nous avons trouvé celui que le monde entier attend, Jésus Christ, vrai Fils de Dieu et vrai homme. Dans cet esprit, je vous souhaite de tout cœur à tous un saint Noël et une heureuse nouvelle Année. Merci.

© Libreria Editrice Vaticana – 2012

Accueillons nos familles telles qu’elles sont !

Commentaire de l’évangile de la solennité de la Saint Famille – Année C

Contemplons, en ce temps de Noël, la sainte Famille de Jésus, Marie et Joseph, et, à travers elle, notre monde d’aujourd’hui. La famille, toute famille est un lieu de passage. C'est à travers elle qu'on pénètre dans le monde, mais il faut en sortir un jour pour prendre sa propre place dans la société. Il en va de même pour l'appartenance à un peuple ou à une nation, qui devrait introduire à la grande famille humaine plutôt que de conduire à un nationalisme étroit exclusif. Les moments de rupture sont nécessaires à la croissance, tout comme la sortie du sein maternel est nécessaire à la naissance. Le récit de l'Évangile d'aujourd'hui décrit quelques-unes de ces ruptures et en annonce de plus radicales.

Contemplons d’abord les yeux de l'enfant Jésus. Ces yeux qui découvrent le monde dans lequel il venait de naître. Ces yeux qui découvrent les personnes et les choses qui l'entourent. Ces yeux certainement remplis d'émerveillement comme tous les yeux d'enfants. Ces yeux qui découvrent le regard de tendresse de Marie et de Joseph. Lui qui nous apprendra, dans sa bonne Nouvelle, à changer notre regard. Lui qui nous invitera à regarder les autres à sa manière. Ses yeux qui impressionnent tant les docteurs, et qui disent à Joseph et Marie une autre paternité que la filiation simplement humaine…

Les yeux de Marie et de Joseph, ensuite regardent avec tendresse, amour et anxiété, leur fils imprévisible , qui déjà leur échappe, l’Évangile nous dit que Marie garde toutes ces choses dans son cœur. Apprenons d’elle à écouter, et à garder dans notre cœur ce que nous ne comprenons pas de la Parole de Dieu, ni de tous les événements que cette Parole doit éclairer en nous et qui pourtant porteront du fruit s’ils rencontrent en nous un cœur ouvert. L’évangile d’aujourd’hui nous fait découvrir aussi les yeux des docteurs de la Loi qui sont émerveillés par l’intelligence et les réponses de Jésus et qui voient déjà quelque chose de grand en lui. Mais déjà se laisse entrevoir la lutte à mort que lui livreront ces mêmes docteurs lorsqu'ils commenceront à le percevoir comme une menace. Et pourquoi sera-t-il pour eux une menace ? - Simplement parce que tout ce qu'il enseignera sur son « Père », bousculera leur enseignement sur Dieu et rendra obsolète leur univers religieux.

Nos yeux à chacun de nous deviendront enfin des yeux de Noël quand ils regardent  non pas seulement le monde du temps de Jésus, mais notre monde actuel tel qu'il est.

En cette fête de la sainte Famille, avec nos yeux de Noël, accueillons  nos familles telles qu’elles sont :

  • unies
  • désunies
  • reconstituées

Nos yeux de Noël doivent d'être des yeux remplis d'amour, qui ne jettent pas sur notre famille un regard de condamnation, mais bien plutôt un regard fraternel, un regard bienveillant, un regard d'amour. Nos yeux de Noël n'ont pas de droit de laisser de côté qui que ce soit et certainement pas un membre de notre famille.

Que tous ces yeux de Noël nous fassent aller jusqu'au plus profond du mystère : « Dieu a tant aimé le monde qu'il lui a donné son Fils... » Accueillons-le dans la foi et avec amour dans cette eucharistie où il se donne aujourd'hui. Amen.

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