PKO 28.10.2012
Dimanche 28 octobre 2012 – XXIXème Dimanche du Temps ordinaire – Année B
Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°53/2012
HUMEURS
Le Message final du Synode sur la nouvelle évangélisation a été publié vendredi 26 octobre à Rome. Résolument optimiste et ouvert, il fait de la rencontre avec le Christ l’objectif ultime de tout type d’évangélisation. Voici le message des Pères synodaux aux Églises d’Océanie :
« Les évêques de l’Assemblée synodale saluent enfin les peuples de l’Océanie, qui vivent sous la protection de la Croix du Sud, et ils les remercient pour leur témoignage de l’Évangile de Jésus. Notre prière pour vous est que, comme la femme samaritaine auprès du puits, vous ressentiez vive vous aussi la soif d’une vie nouvelle et que vous puissiez entendre la parole de Jésus qui dit : “Si tu savais le don de Dieu !” (Jn 4,1-10). Recevez l’appel à vous engager encore à prêcher l’Évangile et à faire connaître Jésus dans le monde d’aujourd’hui. Nous vous exhortons à le rencontrer dans votre vie quotidienne, à l’écouter lui et à découvrir, par le moyen de la prière et de la méditation, la grâce de pouvoir dire : “nous savons que celui-ci est vraiment le sauveur du monde” (Jn 4,42) ».
En marge de l’actualité
Un humble missionnaire au grand cœur nous a quittés
Père Bruno Puech, prêtre de la congrégation des Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie, est décédé vendredi 19 octobre à Pirae (Tahiti) à l'age de 88 ans, totalisant 64 ans de service d'évangélisation dont près de 14 ans en Chine et 49 ans dans le diocèse de Papeete.
Né le 10 mai 1924 à Colombiès (Aveyron), Bruno Puech fait profession religieuse chez les Pères des Sacrés-Cœurs. Il sera ordonné prêtre le 18 janvier 1948. Il partira en mission en Chine où il arrivera le 25 janvier 1949, pour servir humblement les populations de l'île de Hainan 海南, « l'île des litchis » comme aimait dire Père Bruno.
Durant un an il apprend le dialecte de Hainan (qui n'est ni le mandarin, ni le hakka), puis il assurera son service pastoral pendant un an et demi. Ensuite il sera interné deux ans par les autorités politiques chinoises. Chassé de Chine le 2 juillet 1953 par le pouvoir communiste, il sera envoyé au Japon où il restera d'avril 1954 à février 1962.
Le 18 février 1963 il arrive à Tahiti. Homme sage et de bon conseil il sera élu Vice-Provincial en août 1967, puis de nouveau de 1985 à 1991. Il sera désigné comme maître des novices de 1971 à 1979, puis de 1992 à 1996.
Sa connaissance de la Chine facilitera son contact avec les Polynésiens d'origine asiatique. Après les avoir ouverts à la connaissance de l'amour de Dieu et leur avoir enseigné le catéchisme, il en baptisera et en mariera un bon nombre.
En 1971 il participe activement à la commission chargée de la famille.
Il occupera de nombreux postes pastoraux, en tant que curé : à Ste Trinité (de 1971 à 1979), à Faa'a, à Raiatea et îles-sous-le-vent (de 1979 à 1985), à Hitiaa et Tiarei (de 1985 à 1987), à Rangiroa (de 1986 à 2000), à Mataiea et Papeari (de 1987 à 1996), à Takapoto et Takaroa (de 2001 à 2007).
Un grave accident de voiture, survenu le dimanche 14 mai 1995 au pk 39,3 à Mataiea, le contraindra à prendre du repos, mais malgré une réduction de ses capacités physiques il continuera à servir vaillamment ceux pour qui il a donné sa vie : le Seigneur et le Peuple de Dieu.
En 2007 il se retire à la maison des Pères à Pirae où il recevra beaucoup de fidèles en quête de conseils et du pardon du Seigneur.
Père Bruno, humble et discret, plein d'humour, à l'accent caractéristique des aveyronnais, a été reconnu comme serviteur de la Nation puisqu'il a été décoré de la Légion d'Honneur. C'est Monseigneur Michel Coppenrath, archevêque de Papeete qui lui remet sa décoration, le 25 avril 1989.
Rendons grâce au Seigneur de nous avoir donné un tel missionnaire et prions pour qu'il soit accueilli au plus vite dans la demeure de Notre Père céleste.
Dominique SOUPÉ
Chancelier
Année de la Foi : qu’est-ce que la foi ?
Seconde Catéchèse pour l’Année de la Foi du pape Benoît XVI du 24 octobre 2012
« La foi n’est pas simplement un assentiment intellectuel de l’homme à des vérités particulières sur Dieu ; c’est un acte par lequel je me confie librement à un Dieu qui est Père et qui m’aime », déclare Benoît XVI. Le pape a poursuivi le nouveau cycle de catéchèses, initié mercredi dernier, pour l’Année de la foi.
Chers frères et sœurs,
Mercredi dernier, avec le début de l’Année de la foi, j’ai commencé une nouvelle série de catéchèses sur la foi. Et aujourd’hui, je voudrais réfléchir avec vous sur une question fondamentale : qu’est-ce que la foi ? La foi a-t-elle encore un sens dans un monde où la science et la technique ont ouvert des horizons encore impensables il y a peu de temps ? Que signifie croire aujourd’hui ? En effet, notre époque a besoin d’une éducation de la foi renouvelée qui comprenne bien sûr une connaissance de ses vérités et des événements de la foi, mais surtout qui naisse d’une véritable rencontre avec Dieu en Jésus-Christ, d’un amour pour lui, d’une confiance en lui, au point que la vie tout entière en soit impliquée.
Aujourd’hui, parmi tant de signes de bonté, se développe aussi autour de nous un certain désert spirituel. Parfois, en entendant tous les jours des nouvelles de certains événements, on a comme la sensation que le monde ne va pas vers la construction d’une communauté plus fraternelle et plus pacifique ; les idées mêmes de progrès et de bien-être dévoilent aussi leurs ombres. Malgré la grandeur des découvertes de la science et des succès de la technique, l’homme ne semble pas aujourd’hui être devenu plus libre, plus humain ; tant de formes d’exploitation, de manipulation, de violence, d’abus, d’injustice demeurent encore… Un certain type de culture aussi a enseigné à évoluer seulement dans l’horizon des choses, du faisable, à ne croire qu’en ce qu’on peut voir et toucher de nos mains. D’autre part aussi on constate un nombre croissant de personnes qui se sentent désorientées et qui, dans leur tentative d’aller au-delà d’une vision seulement horizontale de la réalité, sont prêtes à croire tout et son contraire. Dans ce contexte, certaines questions fondamentales émergent de nouveau, beaucoup plus concrètes qu’elles ne le semblent à première vue : quel est le sens de la vie ? Y a-t-il un avenir pour l’homme, pour nous et pour les nouvelles générations ? Dans quelle direction orienter les choix de notre liberté pour pouvoir mener une vie bonne et heureuse ? Qu’est-ce qui nous attend après la mort ?
On perçoit dans ces questions impérieuses combien le monde de la planification, du calcul exact et de l’expérimentation, en un mot le savoir de la science, bien qu’il soit important pour la vie de l’homme, ne suffit pas. Nous n’avons pas seulement besoin de pain matériel, nous avons besoin d’amour, de sens et d’espérance, d’un fondement sûr, d’un terrain ferme qui nous aide à donner un sens authentique à notre vie même dans les crises, dans l’obscurité, dans les difficultés et les problèmes quotidiens. La foi nous donne justement cela : c’est un abandon confiant à un « Tu » qui est Dieu, qui me donne une certitude différente, mais pas moins solide que celle qui me vient d’un calcul exact ou de la science.
La foi n’est pas simplement un assentiment intellectuel de l’homme à des vérités particulières sur Dieu ; c’est un acte par lequel je me confie librement à un Dieu qui est Père et qui m’aime ; c’est une adhésion à un « Tu » qui me donne espérance et confiance. Certes, cette adhésion à Dieu n’est pas privée de contenus : par elle nous sommes conscients que Dieu lui-même s’est montré à nous dans le Christ, a fait voir son visage et s’est réellement fait proche de chacun de nous. Et même, Dieu a révélé que son amour pour l’homme, pour chacun de nous, est sans mesure : sur la Croix, Jésus de Nazareth, le Fils de Dieu fait homme, nous montre de la manière la plus lumineuse qui soit jusqu’où va cet amour, jusqu’au don de lui-même, jusqu’au sacrifice total.
Dans le mystère de la mort et de la résurrection du Christ, Dieu descend au plus profond de notre humanité pour la ramener jusqu’à lui, pour l’élever à sa hauteur. La foi consiste à croire en cet amour de Dieu qui ne diminue pas devant la méchanceté de l’homme, devant le mal et la mort, mais qui est capable de transformer toute forme d’esclavage, en donnant la possibilité du salut. Avoir la foi, alors, c’est rencontrer ce « Tu », Dieu, qui me soutient et m’accorde la promesse d’un amour indestructible, qui non seulement aspire à l’éternité mais la donne ; c’est me confier à Dieu avec l’attitude d’un enfant qui sait bien que toutes ses difficultés, tous ses problèmes sont en sécurité dans le « tu » de sa mère.
Et cette possibilité de salut, à travers la foi, est un don que Dieu offre à tous les hommes. Je pense que nous devrions méditer plus souvent – dans notre vie quotidienne caractérisée par des problèmes et des situations parfois dramatiques – sur le fait que croire de manière chrétienne signifie cet abandon de moi-même, confiant dans le sens profond qui me porte et qui porte le monde, ce sens que nous ne sommes pas en mesure de nous donner, mais seulement de recevoir, et qui est le fondement sur lequel nous pouvons vivre sans peur. Et cette certitude libératrice et rassurante de la foi, nous devons être capables de l’annoncer par la parole et de la montrer par notre vie de chrétiens.
Mais autour de nous, nous voyons tous les jours que beaucoup sont indifférents ou refusent d’accueillir cette annonce. A la fin de l’évangile de Marc, aujourd’hui, nous avons entendu les paroles dures du Ressuscité qui disaient : « Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé ; celui qui ne croira pas, sera condamné » (Mc 16, 16), il se perd. Je voudrais vous inviter à réfléchir là-dessus. La confiance dans l’action de l’Esprit-Saint doit toujours nous pousser à aller prêcher l’évangile, à donner le témoignage courageux de la foi ; mais, au-delà de la possibilité d’une réponse positive au don de la foi, il y a aussi le risque du refus de l’évangile, du non-accueil de la rencontre vitale avec le Christ.
Saint Augustin soulevait ce problème dans un de ses commentaires de la parabole du semeur : « Nous, du moins, nous parlons, disait-il, nous jetons et dispersons la semence. Parmi nos auditeurs il en est qui méprisent, il en est qui se plaignent, il en est qui rient. Si nous craignons tous ces auditeurs, il ne nous est plus possible de semer et nous devons nous attendre à mourir de faim à la moisson. Que la semence arrive donc jusqu'à la bonne terre » (De la discipline chrétienne, 13, 14). Le refus, donc, ne peut pas nous décourager. Comme chrétiens, nous sommes le témoignage de ce terrain fertile : notre foi, malgré nos limites, montre qu’il existe une bonne terre, où la semence de la parole de Dieu produit des fruits abondants de justice, de paix et d’amour, de nouvelle humanité, de salut. Et toute l’histoire de l’Église, avec tous ses problèmes, démontre aussi qu’il existe une bonne terre, qu’il existe du bon grain, et qu’il porte du fruit.
Mais posons-nous une question : d’où l’homme tient-il cette ouverture du cœur et de l’esprit pour croire en ce Dieu qui s’est rendu visible en Jésus-Christ mort et ressuscité, pour accueillir son salut, en sorte que Jésus et son évangile deviennent le guide et la lumière de son existence ? La réponse est celle-ci : nous pouvons croire en Dieu parce qu’il s’approche de nous et nous touche, parce que l’Esprit-Saint, don du Ressuscité, nous rend capables d’accueillir le Dieu vivant. La foi alors est avant tout un don surnaturel, un don de Dieu.
Le concile Vatican II affirme : « Pour exister, cette foi requiert la grâce prévenante et adjuvante de Dieu, ainsi que les secours intérieurs du Saint-Esprit qui touche le cœur et le tourne vers Dieu, ouvre les yeux de l’esprit et donne “à tous la douce joie de consentir et de croire à la vérité” » (Const. dogm. Dei Verbum, 5). À l’origine de notre cheminement de foi, il y a le baptême, le sacrement qui nous donne l’Esprit-Saint, faisant de nous des enfants de Dieu dans le Christ, et qui marque l’entrée dans la communauté de foi, dans l’Église : on ne croit pas par soi-même, sans la prévenance de la grâce de l’Esprit ; et on ne croit pas tout seul, mais avec des frères. À partir du baptême, tout croyant est appelé à revivre et à faire sienne cette confession de foi, avec ses frères.
La foi est don de Dieu, mais c’est aussi un acte profondément libre et humain. Le Catéchisme de l’Église catholique le dit clairement : « Croire n’est possible que par la grâce et les secours intérieurs du Saint-Esprit. Il n’en est pas moins vrai que croire est un acte authentiquement humain. Il n’est contraire ni à la liberté ni à l’intelligence de l’homme » (n. 154). Au contraire, il les implique et les exalte, dans un pari de la vie qui est comme un exode, c’est-à-dire une sortie de soi, de ses sécurités, de ses schémas mentaux, pour se confier à l’action de Dieu qui nous indique la route pour obtenir la vraie liberté, notre identité humaine, la vraie joie du cœur, la paix avec tous. Croire, c’est se confier en toute liberté et dans la joie au dessein providentiel de Dieu sur l’histoire, comme le fit le patriarche Abraham, comme le fit Marie de Nazareth. La foi est alors un assentiment par lequel notre esprit et notre cœur disent leur « oui » à Dieu, en confessant que Jésus est le Seigneur. Et ce « oui » transforme la vie, lui ouvre le chemin vers une plénitude de sens, la rend nouvelle, riche de joie et d’une espérance sûre.
Chers amis, notre époque a besoin de chrétiens qui ont été saisis par le Christ, qui grandissent dans la foi grâce à leur familiarité avec l’Écriture sainte et les sacrements. De personnes qui soient comme un livre ouvert qui raconte l’expérience de la vie nouvelle dans l’Esprit, la présence de ce Dieu qui nous soutient en chemin et nous ouvre à la vie qui ne finira jamais.
© Libreria Editrice Vaticana – 2012
Dans l’élan de Vatican II : Gaudium et Spes
Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps…
Le dernier texte voté par les pères conciliaires est la « Constitution pastorale sur l'Église dans le monde de ce temps » appelée « Gaudium et Spes » en référence aux premiers mots de sa version latine : « Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n'est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur ». (GS 1). Cet article ne se veut pas une étude exhaustive du texte, il faudrait beaucoup plus de place. Mais j'aimerais en montrer la nouveauté dans la manière dont l'Église se situe dans le monde et la modernité de son discours.
L'ouverture de l'avant-propos, citée plus haut, donne le ton et la visée de ce texte, qui devrait être relu et travaillé dans toutes les paroisses et mouvements, tellement il est porteur d'ouverture et d'espérance pour les chrétiens qui veulent vivre leur foi au cœur du monde. C'est un grand changement dans l'expression par l'Église de son rapport au monde. Elle ne s'adresse plus seulement à ceux et celles qui croient au Christ, mais à tous les hommes et toutes les femmes, quelles que soient leurs croyances. Et c'est avec tous ceux et celles qui s'interrogent sur le sens de la vie, que les chrétiens ont à travailler à l'instauration d'une fraternité universelle. C'est l'homme qui est au centre : « C'est en effet l'homme qu'il s'agit de sauver, la société humaine qu'il faut renouveler. C'est donc l'homme, l'homme considéré dans son unité et sa totalité, l'homme corps et âme, cœur et conscience, pensée et volonté, qui constituera l'axe de tout notre exposé » (GS 3, 1). L'Église a pour modèle le Christ, venu dans le monde rendre témoignage à la vérité, sauver et non pas condamner, servir et non pas être servi.
Un rappel appuyé des fondements humanistes de la foi chrétienne
Pour remplir sa mission, l'Église, consciente des évolutions de la condition humaine aujourd'hui, doit chercher à comprendre le monde actuel pour mieux répondre aux questions, aux doutes et aux aspirations des hommes d'aujourd'hui. « Pour mener à bien cette tâche, l'Église a le devoir, à tout moment, de scruter les signes des temps et de les interpréter à la lumière de l'Évangile, de telle sorte qu'elle puisse répondre, d'une manière adaptée à chaque génération, aux questions éternelles des hommes sur le sens de la vie présente et future et sur leurs relations réciproques. Il importe donc de connaitre et de comprendre ce monde dans lequel nous vivons, ses attentes, ses aspirations, son caractère souvent dramatique ». (GS 4, 1).
Dans l'exposé préliminaire, les pères conciliaires esquissent quelques traits qui leur semblent fondamentaux du monde actuel : la prédominance des sciences mathématiques et techniques, le développement de l'intelligence humaine, l'accélération du mouvement de l'histoire, l'expansion du mode de vie urbain, l'émergence de nouveaux moyens de communication sociale, le décalage entre les peuples qui ont accès à l'industrialisation et ceux qui ne l'ont pas, l'intensification du phénomène migratoire, tous les changements psychologiques, moraux, religieux, avec les déséquilibres que cela entraîne. Le monde moderne fait voir ainsi sa puissance et sa faiblesse et rejoint les interrogations profondes du genre humain. Et ils terminent cet exposé préliminaire en redisant l'intention qui les anime en publiant cette constitution pastorale : « C'est pourquoi, sous la lumière du Christ, image du Dieu invisible, premier-né de toute créature, le Concile se propose de s'adresser à tous, pour éclairer le mystère de l'homme et pour aider le genre humain à découvrir la solution des problèmes majeurs de notre temps » (GS 10,2).
L'enracinement dans le Christ, chemin d'humanité et de vie en plénitude
Viennent ensuite deux parties et une conclusion. La première partie est plus dogmatique et théologique. Elle précise et fonde les liens qui existent entre l'Église et le monde. Et elle commence en reprécisant à nouveau le rôle du peuple de Dieu dans le monde : « Mû par la foi, se sachant conduit par l'Esprit du Seigneur qui remplit l'univers, le peuple de Dieu s'efforce de discerner dans les événements, les exigences et les requêtes de notre temps, auxquels il participe avec les autres hommes, quels sont les signes véritables de la présence ou du dessein de Dieu. La foi, en effet, éclaire toutes choses d'une manière nouvelle et nous fait connaître la volonté divine sur la vocation intégrale de l'homme, orientant ainsi l'esprit vers des solutions pleinement humaines » (GS 11, 1).
Les pères conciliaires vont fonder le rôle de l'Église dans le monde de ce temps à partir de la lecture chrétienne de la dignité humaine, de la communauté humaine et de l'activité humaine dans l'univers. L'homme a été créé par Dieu et à l'image de Dieu. Il a été créé homme et femme, c'est-à-dire un être de relation. Il a été créé libre. En désirant user de cette liberté, il a voulu réfléchir et déterminer le sens de son existence en dehors de celui qui l'avait créé. Suit toute une réflexion sur l'athéisme. « L'Église tient que la reconnaissance de Dieu ne s'oppose en aucune façon à la dignité de l'homme, puisque cette dignité trouve en Dieu lui-même, ce qui la fonde et ce qui l'achève. Car l'homme a été établi en société, intelligent et libre, par Dieu son créateur » (GS 20, 3). Et plus loin : « L'Église, tout en rejetant absolument l'athéisme, proclame toutefois, sans arrière-pensée, que tous les hommes, croyants et incroyants, doivent s'appliquer à la juste construction de ce monde, dans lequel ils vivent ensemble : ce qui, assurément, n'est possible que par un dialogue loyal et prudent ». (GS 20,6). Ils précisent que : « Puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l'être humain est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l'Esprit Saint offre à tous, d'une façon que Dieu connaît, la possibilité d'être associé au mystère pascal » (GS 22,5).
C'est donc la place prépondérante du Christ que les pères conciliaires réaffirment en rappelant dans le même mouvement la participation de tous à son mystère par l'Esprit. « En réalité, le mystère de l'homme ne s'éclaire vraiment que dans le mystère du Verbe incarné » (GS 22, 1). La christologie trouve toute sa place, et ils mettent l'incarnation au centre de la foi chrétienne. « Car, par son incarnation, le Fils de Dieu s'est en quelque sorte uni lui-même à tout homme. Il a travaillé avec des mains d'homme, il a pensé avec une intelligence d'homme, il a agi avec une volonté d'homme, il a aimé avec un cœur d'homme. Né de la Vierge Marie, il est vraiment devenu l'un de nous, en tout semblable à nous, hormis le péché» (GS 22, 2). Cette première partie va continuer en traitant de l'activité humaine dans l'univers, puis du rôle de l'Église dans le monde de ce temps. Dans la deuxième partie, intitulée « de quelques problèmes plus urgents », seront abordés : la dignité du mariage et de la famille, l'essor de la culture, la vie économico-sociale, la vie de la communauté politique et la sauvegarde de la paix. La conclusion se termine par cette belle envolée : « La volonté du Père est qu'en tout homme nous reconnaissions le Christ notre frère et que nous aimions chacun pour de bon, en action et en parole, rendant ainsi témoignage à la vérité. Elle est aussi que nous partagions avec les autres les mystères d'amour du Père céleste. C'est de cette manière que les êtres humains répandus sur toute la terre seront provoqués à une ferme espérance, don de l'Esprit, afin d'être finalement admis dans la paix et le bonheur suprêmes, dans la patrie qui resplendit de la gloire du Seigneur » (GS 93, 1).
Père Noël CHOUX
© Le Veilleur n°148 - 2012
La richesse, de l’Occident chrétien à l’Orient à christianniser
Une nécessaire remise à plat des finances de l’Église
Voici quelques pages d’une réflexion au sujet des finances de l’Église universelle et de leur gestion… qui pourrait inspirer notre Église diocésaine engagée dans sa Campagne annuelle du Denier de Dieu : « Qui fait la vérité vient à la lumière et se libère » (Jn 3, 21 et 8, 32)
La crise économique accable les économies des pays occidentaux. Des pays dotés d'une communauté de fidèles généreux dans leurs offrandes. Des pays sensibles depuis toujours aux besoins exprimés par la communauté catholique : États-Unis, Allemagne, Italie et Espagne. La crise de ces économies a inévitablement un impact sur les budgets de l'Église. L'état de santé des caisses vaticanes est lié aux offrandes et aux donations ; si l'Église venait à s'appauvrir, son pouvoir … d'évangélisation se réduirait.
Avec l'appauvrissement de cette partie du monde, traditionnellement la plus riche et à majorité catholique, nous assistons également à l'influence croissante de la Chine, de l'Inde et d'autres pays orientaux qui, au fil des ans, prennent de plus en plus de poids sur les marchés financiers internationaux. Dans les palais sacrés, on craint qu'avec le temps le néocolonianisme financier, économique et géopolitique de puissances telles que la Chine ne s'accompagne d'une propagation du nihilisme et de l'athéisme, présent dans la culture et la doctrine de ces États. La crise des offrandes et le nihilisme de l’orient font partie d'un même, et de plus en plus préoccupant, tableau d'ensemble.
Il est difficile de définir une stratégie à moyen ou à long terme, d'indiquer comment réagir. On ne peut répéter les expériences du passé. La période historique est différente. Dans les années de Jean-Paul II, le pacte de Varsovie se désagrégeait, alors qu'aujourd'hui la force militaire et économique de la Chine est en pleine expansion.
[…]
Concernant les risques liés à l'avenir économique du monde occidental, l'inquiétude de la curie romaine reste très élevée. Partagée entre les craintes et les préoccupations croissantes, les analyses et les propositions qui émanent d'experts agréés deviennent essentielles. Au point que les professeurs et les économistes les plus dignes de crédit et de confiance … jouent un rôle important. C'est le cas d’Ettore Gotti Tedeschi, qui rédige des dizaines de rapports, de mémoires et de notes confidentielles qui permettent à Benoît XVI d'être au courant et de disposer d’information fiable…
Gotti Tedeschi offre au pape et à ses cardinaux de confiance sa contribution en matière d'analyses et de stratégie opérationnelle, grâce à un solide réseau de relations internationales… Gotti Tedeschi aborde aussi des sujets plus larges. Et c'est lui qui à travers les mémoires confidentiels, donne l’alerte sur l’appauvrissement de l’Occident et l'enrichissement des pays non catholiques. Un risque qui, selon lui, peut compromettre l'avenir de l'Église, comme en témoigne sa « note de synthèse de juin 2011 :
« La crise économique en cours (qui non seulement n'est pas terminée, mais en est encore à ses prémices) et les conséquences du processus déséquilibré de mondialisation, qui a contraint à la délocalisation accélérée de nombreuses activités de production, ont divisé le monde en deux zones économiques : les pays occidentaux (USA et Europe), consommateurs et de moins en moins producteurs, et les pays orientaux (Asie et Inde), producteurs mais pas encore consommateurs dans des proportions équilibrées. Ce processus a, par conséquent, entraîné un conflit entre les trois fonctions économiques de l'homme occidental : celle du travailleur et générateur de revenus, celle du consommateur de biens qui lui correspondent le mieux, et celle de l'épargnant-investisseur pour laquelle ses perspectives de bénéfices sont les meilleures. Il en découle le paradoxe suivant : l'homme occidental génère encore des revenus en travaillant dans des entreprises nationales, mais qui sont de moins en moins compétitives et présentent donc un risque d'instabilité. Il achète les biens de consommation les plus compétitifs, fabriqués à l'étranger. Investit dans des entreprises non nationales, dans des pays où l'économie croît car ils produisent. Concrètement, il renforce les entreprises qui créent des emplois à l’étranger et qui sont en concurrence avec celle qui l'emploie. Jusqu'à ce que cet homme se retrouve sans travail, ne puisse plus consommer, et encore moins épargner ».
Pour Gotti Tedeschi, un court-circuit est imminent dans les économies des pays les plus proches de l'Église :
« Ce conflit, non géré, est en train de provoquer une crise structurelle dans l'économie du monde occidental, anciennement riche. Mais ce monde occidental est aussi celui dont les racines sont chrétiennes (Europe et USA), qui est évangélisé, et qui, grâce à ses ressources économiques, a soutenu l'Église jusqu'à présent. Concrètement, du fait du processus de délocalisation, la richesse est en train de passer de l'Occident chrétien à l'Orient qui reste à christianiser. Ce qui entraîne notamment en Occident :
- un développement économique moindre (voire négatif), des revenus moindres, des épargnes moindres, des rendements issus des investissements locaux moindres, des coûts plus importants pour faire face au vieillissement de la population, etc… ;
- une intervention de l'État plus importante dans l'économie ; des dépenses publiques et des coûts plus importants. La nécessité d'impôts supplémentaires, de moins de privilèges et d'exonérations fiscales, des risques plus importants ».
Le monde christianisé s'appauvrit. Le monde à évangéliser gagne en autonomie et en puissance. Une situation qui risque d'avoir des répercussions sur les comptes. Les budgets vont subir une rude contraction : la crise pourrait inciter certains gouvernements à peser sur la situation de l'Église par des politiques d'« agression » à l'égard de ses biens et de « cessation des privilèges », selon les propres termes de Gotti Tedeschi :
« Suite au processus de mondialisation et à la crise économique, la partie du monde qui reste à christianiser est en train de devenir “riche”, et la partie du monde déjà christianisée, riche autrefois, est en train de s'appauvrir. Ce qui a également des conséquences sur les ressources économiques de l'Église. La dernière conséquence étant que les ressources qui ont traditionnellement pourvu aux nécessités de l'Église (donations, rentes, etc.) pourraient diminuer, alors que les besoins nécessaires à l'évangélisation devraient augmenter. Qui plus est, le “laïcisme” pourrait en profiter pour instaurer une seconde “question romaine” d'agression vis-à-vis des biens de l'Église (par le biais d'impôts, de cessassions de privilèges, de contrôles intempestifs, etc.). La “question romaine” du XXIe siècle ne concernera pas l'expropriation des biens de l'Église, mais la perte de valeur de ces derniers, des contributions moins généreuses du fait de l'appauvrissement du monde chrétien, la fin des privilèges, et des impôts plus importants à prévoir sur les biens ».
Dans les rapports suivants, Gotti Tedeschi parle de réelle « urgence ». Il doit enclencher l'alerte rouge. Avec d'autres, il demande… de créer une véritable cellule de crise pour refonder l'organisation mondiale de l'Église. La structure est remodelée à partir de l'administration de l'argent, « afin de stabiliser et de valoriser les biens, de faire fructifier les recettes, de réduire les coûts et de minimiser les risques » :
« Je pense que le moment est venu de prêter une attention maximale au problème économique dans son ensemble et de l'affronter dans sa réalité. Et ce, en définissant une véritable “réaction stratégique” et en constituant un organe central spécialement dédié au thème économique (une sorte de ministère de l'Économie), axé sur la valorisation des activités économiques déjà existantes, le développement de nouvelles activités et la rationalisation des coûts et des recettes. Tout cela aussi bien auprès des administrations centrales du Saint-Siège qu'auprès des institutions (organismes et congrégations) dédiées aux activités économiques, ou auprès des nonciatures et diocèses. Bien entendu, avec des critères différents. Il est souhaitable que cette “urgence” puisse faire l'objet d'une sensibilisation à plusieurs niveaux. Il pourrait donc s'avérer opportun de créer une commission qui regrouperait les plus hauts responsables des administrations centrales du Saint-Siège, mais aussi les représentants des autres organismes, congrégations, nonciatures et diocèses, afin de définir les actions nécessaires ».
Autrement dit, il s'agit de « créer une articulation qui, en s'appuyant sur un petit nombre de sujets laïcs compétents, associés à des religieux, pourrait » garantir certains services fondamentaux :
« Fournir aux structures au sommet une information et une évaluation exhaustive en matière économique et financière, de sorte que les initiatives les plus opportunes puissent être prises ; mettre en sécurité et valoriser l'activité temporelle de l'Église ; enfin, créer un réseau de relations internationales opérationnelles en vue d'une collaboration pour prévenir les actes hostiles à l'égard des communautés religieuses présentes sur les différents continents. Le mode d'intervention et d'évaluation destiné à toutes les entités de l'Église qui exercent une activité économique doit être de type “consultatif et coopératif”, et éviter les approches “d'inspection”, compte tenu de la haute valeur morale de ces activités. Il est clair qu'il ne s'agit absolument pas de remettre en question le mérite des activités économico-financières de l'Église mais de simplement reconsidérer la façon dont elles sont exercées, afin de les rendre plus pertinentes et plus fiables ».
En somme, il faut affronter la crise avec des comptes en règle. « Grâce à des modèles comptables transparents et fiables », on pourrait, en effet, « prévenir les problèmes qui exposeraient l'Église à des jugements négatifs ». Une action tous azimuts : de la vérification de la provenance des donations au contrôle des « normes minimales, aussi bien en matière de sécurité et de profitabilité des investissements - étant donné que le clergé est souvent victime de conseillers intéressés - qu'en matière de gestion et de valorisation du patrimoine (après reconnaissance adéquate) ».
Le projet est ambitieux, il mettrait un terme aux situations opaques et offrirait aux ecclésiastiques une gestion précise de chaque bien, de chaque euro. Qui plus est, un « service d'audit » permettrait à toutes les entités de procéder à des « évaluations et des vérifications », de manière à connaître leur situation économique et à garantir la transparence. C'est le seul moyen d'« assurer un niveau minimal de contrôle au sommet du Vatican, qui pourra ainsi orienter son activité ».
Les suggestions sont prises en considération et bien accueillies. En effet, après l'étude attentive d'une commission, en mars 2012, un premier changement devient officiel. Le Vatican s'empare de l'organisation des « ministères » financiers. La préfecture pour les Affaires économiques, préposée au contrôle des administrations d'outre-Tibre, devient un dicastère pontifical. Quels sont ses objectifs ? Il devra se consacrer « à l'orientation et à la programmation économique, ainsi qu'à la surveillance et au contrôle des administrations du Saint-Siège », comme en témoigne la note officielle. C'est le premier pas d'un parcours qui sera long, mais qui mènera, inévitablement, à la révision intégrale de la comptabilité de l'Église, dans chacune de ses articulations et dans chaque pays. Pour économiser, mettre fin aux gaspillages, aux gabegies et aux intérêts illégitimes, prévenant ainsi les scandales et l'intervention de la magistrature. Un passage obligé après les prévisions néfastes des conseillers du pape.
Gianluigi NUZZI
© Sa Sainteté - 2012
A.M.P. en prison
L’Académie de médecine rend un avis favorable !
Les nouvelles questions éthiques se posent à nous avec de plus en plus d’ampleur… L’homme-qui-voulait-se-faire-Dieu semble avoir ouvert la « boite de Pandore » et ne sait plus comment s’en sortir… son orgueil l’empêche de revenir au bon sens… et l’on marche sur la tête…
Ce mardi 23 octobre, l’Académie nationale de médecine a rendu, par la voie d’un groupe de travail intitulé « Procréation médicalement assistée en prison », un avis favorable à l’accès à l’assistance médicale à la procréation (AMP) « pour les détenus ou femmes de détenu, mais en l’assortissant de diverses conditions ». Ainsi l’académie mentionne qu’« en vertu du principe d’équivalence entre les soins médicaux à l’intérieur et à l’extérieur des prisons, toute demande d’assistance médicale à la procréation est à priori recevable à la condition qu’elle réponde aux dispositions de la loi de bioéthique en vigueur, notamment qu’elle soit indiquée par une infertilité médicalement prouvée et s’inscrive dans une communauté de vie familiale ». À ce titre, le Pr Henrion, rapporteur du groupe de travail, explique que la notion de communauté de vie a été élargie « aux personnes qui avaient une vie de couple avant l’emprisonnement et à ceux qui se retrouvent lors des permissions de sortie ou au sein des parloirs familiaux ou dans les unités de vie familiales ».
Par ailleurs, lorsqu’une demande d’accès à l’AMP est effectuée, « la décision doit être prise par les centres d’AMP autorisés qui, souligne l’Académie, ont une “très lourde responsabilité” puisqu’ils doivent mettre en balance le “désir d’enfant et le souci d’assurer à celui-ci un minimum de conditions sanitaires psychologiques et sociales lui assurant le meilleur développement possible” ». À ce titre, l’Académie ajoute qu’« en cas de conflit entre les intérêts du couple et ceux de l’enfant à venir, “c’est le bien-être de l’enfant qui doit être privilégié” ».
Enfin, « afin de pouvoir apprécier les conséquences à moyen et long terme de cette situation », l’Académie recommande « une évaluation du développement psychomoteur de tout enfant conçu, né ou ayant séjourné en prison ». Cependant, le Pr Henrion explique que « certains médecins sont réticents à toute étude épidémiologique au nom du bien-être des enfants et des mères ». Plus généralement, Le Quotidien du Médecin explique que sur cette thématique « les positions des médecins divergent ». À ce titre, le quotidien précise qu’« une ligne sépare les pédiatres qui jugent acceptable pour un enfant de venir au monde en prison, et ceux qui affirment que la stabilité affective des contacts lors des premiers mois est primordiales ».
En 2011, l’Académie de médecine avait été saisie de la question par un médecin. Elle avait, à ce moment là, « formellement exclu qu’une demande d’AMP puisse être acceptée “du seul fait que la détention fait obstacle à la procréation naturelle”, comme l’avait fait en 2006 la Cour européenne des droits de l’homme ».
© Genethique.org - 2012
Quand nos yeux s’ouvriront-ils, Seigneur ?
Commentaire de l’évangile du XXXème Dimanche du Temps ordinaire –Année B
C'est une expérience poignante que d’être témoin de la foi pure et lumineuse d’un homme. L’audace produit souvent des miracles inattendus. La sérénité de certaines personnes handicapées ou frappées par un deuil cruel est une raison de ne pas sombrer dans le pessimisme.
Plus grande encore est la confiance d’un homme blessé par la vie et qui s’approche de Dieu en implorant sa miséricorde. « Un pauvre a crié, Dieu écoute », dit le psaume. Et Jésus ajoute doucement : « Va, ta foi t’a sauvé ».
Toutes nos relations reposent sur la foi : vie conjugale, éducation des enfants, amitiés, collaboration au travail. Dès qu’on a plus confiance les uns dans les autres, les relations s’effondrent. Par contre, la patience et le respect mutuel permettent de tisser des liens d’amitié qui sont des éléments les plus féconds et heureux de l’existence.
Il en va de même avec Dieu. Lui ne manque pas de foi en nous. C’est nous qui sommes secrètement défiant à son égard : c’est la vieille cicatrice du péché...
Saint Marc nous présente un pauvre qui a du mal à se faire entendre. Les immigrés, les handicapés, les sans emploi, les victimes de toute sorte n’ont guère voix au chapitre non plus, dans notre monde.
Comme l’aveugle Bartimée, nous n’avons pas davantage vu le visage de Jésus. Par la foi, nous croyons au témoignage de ceux qui l’ont connu. Mais « voir Dieu » : tout est là ! Voir Dieu « les yeux dans les yeux » (Is 52,8), tel fut le désir le plus profond de l’Ancien Testament. Dieu s’est laissé regarder en Jésus Christ. Le premier visage que découvre Bartimée est celui de Jésus. La foi ouvre nos yeux. Désormais, on ne voit plus que Jésus, en attendant de le contempler de nos yeux de chair au jour du grand passage à Dieu ! Nous croyons le jour où Dieu devient Quelqu’un dont nous nous laissons aimer.
Mais attention, la foi est d’abord une grâce. Elle est donnée par Dieu. Ce qui dépend de nous, c’est de répondre avec une confiance d’enfant. Bartimée fait une sorte de bondissement de tout son être vers Dieu. Alors, il ose lui demander l’impossible : voir, voir Dieu. Et Jésus le lui accorde à cause de cet élan.
Ce n’est pas le miracle qui est important dans cette rencontre. Jésus ne lui dit pas : « ta foi t’a rendu la vue ». Il constate : « Ta foi t’a sauvé ». Ce qui signifie qu’entre toi et moi, parce que tu as cru, existe pour toujours un lien d’amitié qui te conduit, dès aujourd’hui, dans le cœur même de Dieu.
Bartimée devient disciple, « il suivait Jésus sur la route ». Il prend le chemin qui, par la croix qui scande nos vies, ouvre l’accès à la vraie communion de salut avec Jésus, pour l’éternité.
Quand nos yeux s’ouvriront-ils, Seigneur ? Viens, Seigneur Jésus !