PKO 23.12.2012
Dimanche 23 décembre 2012 – IVème Dimanche du Temps de l’Avent – Année C
Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°64/2012
HUMEURS
« In » et « Out »
Au gré des humeurs nous sommes classés « in » ou « out » comme si notre souci était d’être dans le vent !
Aujourd’hui nous serons probablement classer « out » ! Encore le sujet du « mariage pour tous » ou plus justement de la PMA et GPA (les sigle sont indolores ! – PMA : Procréation Médicalement Assistée ou « fécondation in vitro » - GPA : Grossesse Pour Autrui ou « mère porteuse »).
L’hypocrisie, ou devrions nous dire le machiavélisme des tenants du mariage pour tous, se fait de plus en plus visible…
- On avait commencé par nous annoncer la mise en œuvre d’une promesse fondamentale de notre nouveau président : la légalisation du « mariage pour tous » au nom de l’égalité…
- Puis ce fut l’adoption… sans la PMA (autrement dit « fécondation in vitro »)… le Président n’y est pas favorable : « Si j'avais été favorable, je l'aurais intégré dans le projet de loi » (12 décembre 2012)…
- Mais « si le Parlement - et je crois qu'il y aura des propositions d'amendements- décide d'aller dans le sens de la procréation médicalement assistée, le Parlement est souverain »… autrement dit la loi intègrera la PMA. (Rappelons que la PMA est un moyen pour pallier à la stérilité chez un couple… dans le cas du mariage pour tous, il ne s’agit pas de stérilité mais d’un besoin d’avoir un enfant !… l’enfant objet).
- La dernière étape qui se met en place est la GPA (Gestation Pour Autrui)… autrement dit les « mères porteuses ». C’est Pierre BERGÉ qui est certainement le plus honnête puisqu’il dit tout haut ce qui se pense tout bas chez un certain nombre de partisans du « Mariage pour tous » : « Louer son ventre pour faire un enfant ou louer ses bras pour travailler à l'usine, quelle différence ? »
C’est là que le machiavélisme se révèle au grand jour et surtout le mensonge sur l’« égalité ».
Avez-vous remarqué que si la 1ère dame de France ou Mme Badinter, ont très vite et très fort dit qu’elles assisteraient à un mariage entre personne du mêmes sexe sitôt la loi passée… elles ne se sont pas proposées dans la foulée pour devenir « mère porteuse » (la science le permettant même à leur âge !)…
En fait l’objectif de cette loi n’est en rien un souci de l’égalité pour tous ; il s’agit seulement qu’elle assure à quelques nantis l’accès à ce qu’ils veulent sans qu’aucune loi ne puisse frustrer leurs désirs… (Il en va de même pour la légalisation du paka et autres…) Derrière l’« égalité pour tous » se cache en fait une profonde arrogance, un mépris de l’autre, notamment du plus petit et du plus pauvre qui se trouve réduit à un objet de consommation ou à un moyen de production !
De cette philosophie déshumanisante je suis « out » et fier de l’être !
Bon courage au « in »… pour demain surtout, lorsqu’il vous faudra rendre des comptes à vos enfants !
En marge de l’actualité
Noël
Noël, Noël, fête où tu viens,
où notre monde n'est plus seul,
où l'univers possède Dieu,
où nous tenons notre Sauveur.
Noël, Noël, fête où tu nais,
où tu nous fais renaître en toi,
où tout redevient jeune en nous,
où tu construis l'homme nouveau.
Noël, Noël, où ta joie
comme sourire d'un enfant,
vient animer notre regard
et déborder en notre cœur.
Noël, Noël, fête où l'amour
qui se cachait au fond de Dieu
nous est donné en toi, Jésus,
vient rayonner en ton visage...
Jean GALOT (1978)
Année de la Foi : La Foi de Marie
Catéchèse pour l’Année de la Foi du pape Benoît XVI du 19 décembre 2012
Marie « sait regarder en profondeur », « elle se laisse interpeler par les événements » et « acquiert ainsi cette compréhension que seule la foi peut garantir », déclare Benoît XVI.
Chers frères et sœurs,
Sur le chemin de l’Avent, la Vierge Marie occupe une place particulière, elle qui, de manière unique, a attendu la réalisation des promesses de Dieu, accueillant dans la foi et dans sa chair Jésus, le Fils de Dieu, dans une obéissance totale à la volonté divine. Aujourd’hui, je voudrais réfléchir brièvement avec vous sur la foi de Marie, à partir du grand mystère de l’Annonciation.
« Chaîre kecharitomene, ho Kyrios meta sou », « Réjouis-toi, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi » (Lc 1, 28). Ce sont les paroles, rapportées par l’évangéliste Luc, par lesquelles l’archange Gabriel s’adresse à Marie. À première vue, le terme chaîre, « réjouis-toi », ressemble à une salutation normale, selon l’usage dans le monde grec, mais cette parole, lue dans le contexte de la tradition biblique, acquiert une signification beaucoup plus profonde. Cette expression est présente quatre fois dans la version grecque de l’Ancien Testament, et toujours comme une annonce joyeuse de la venue du Messie (cf. So 3, 14 ; Jl 2, 21 ; Za 9, 9 ; Lam 4, 21). Le salut de l’ange à Marie est donc une invitation à la joie, à une joie profonde ; il annonce la fin de la tristesse qui existe dans le monde devant les limites de la vie, la souffrance, la mort, la méchanceté, les ténèbres du mal qui semble obscurcir la lumière de la bonté de Dieu. C’est une salutation qui marque le début de l’Évangile, de la Bonne Nouvelle.
Mais pourquoi Marie est-elle ainsi invitée à se réjouir ? La réponse se trouve dans la seconde partie de la salutation : « le Seigneur est avec toi ». Ici aussi, pour bien comprendre le sens de cette expression, il faut nous tourner vers l’Ancien Testament. Dans le livre de Sophonie, nous trouvons cette expression « Pousse des cris de joie, fille de Sion… le Seigneur est roi d’Israël au milieu de toi… Yahvé ton Dieu est au milieu de toi, héros sauveur ! » (3, 14-17). Il y a dans ces paroles une double promesse faite à Israël, à la fille de Sion : Dieu viendra en Sauveur et établira sa demeure précisément au milieu de son peuple, dans le sein de la fille de Sion. Cette promesse se réalise exactement dans le dialogue entre l’ange et Marie : Marie est identifiée au peuple épousé par Dieu, elle est vraiment la fille de Sion en personne ; en elle s’accomplit l’attente de la venue définitive de Dieu, en elle le Dieu vivant établit sa demeure.
Dans la salutation de l’ange, Marie est appelée « comblée de grâce » ; en grec le terme « grâce », charis, a la même racine linguistique que le mot « joie ». Dans cette expression aussi, on perçoit encore plus clairement la source de cette joie de Marie : la joie provient de la grâce, elle vient donc de la communion avec Dieu, de la connexion vitale qu’elle a avec lui, du fait qu’elle est la demeure de l’Esprit Saint, totalement modelée par l’action de Dieu. Marie est la créature qui a, de manière unique, ouvert grand les portes à son Créateur, elle s’est remise entre ses mains, sans limites. Elle vit entièrement de et dans la relation avec le Seigneur ; elle est dans une attitude d’écoute, attentive à saisir les signes de Dieu sur le chemin de son peuple ; elle est insérée dans une histoire de foi et d’espérance dans les promesses de Dieu, qui constitue le tissu de son existence. Et elle se soumet librement à la parole reçue, à la volonté divine dans l’obéissance de la foi.
L’évangéliste Luc raconte l’histoire de Marie à travers un parallèle subtil avec celle d’Abraham. De même que le grand patriarche est le père des croyants, qui a répondu à l’appel de Dieu à quitter la terre sur laquelle il vivait, à sortir de ses sécurités, pour emprunter un chemin vers une terre inconnue et possédée uniquement dans la promesse divine, ainsi Marie s’en remet avec une confiance totale à la parole que lui annonce le messager de Dieu et elle devient le modèle et la mère de tous les croyants.
Je voudrais souligner un autre aspect important : l’ouverture de l’âme à Dieu et à son action dans la foi inclut aussi un élément d’obscurité. La relation de l’être humain avec Dieu ne supprime pas la distance entre le Créateur et la créature, n’élimine pas ce qu’affirme l’apôtre Paul devant la profondeur de la sagesse de Dieu : « Que ses décrets sont insondables et ses voies incompréhensibles ! » (Rm 11, 33). Mais justement celui qui, comme Marie, est totalement ouvert à Dieu, parvient à accepter la volonté divine, même si elle est mystérieuse, même si, souvent, elle ne correspond pas à notre volonté et qu’elle est une épée qui transperce l’âme, comme le dira prophétiquement le vieillard Siméon à Marie, au moment où Jésus sera présenté au Temple (cf. Lc 2, 35).
Le cheminement de foi d’Abraham comprend le moment de joie qu’est le don de son fils Isaac, mais aussi un moment d’obscurité, lorsqu’il doit gravir le mont Moriah pour accomplir un geste paradoxal : Dieu lui demande de sacrifier le fils qu’il vient de lui donner. Sur la montagne, l’ange lui donnera un ordre : « N'étends pas la main contre l'enfant ! Ne lui fais aucun mal ! Je sais maintenant que tu crains Dieu : tu ne m'as pas refusé ton fils, ton unique » (Gn 22, 12) ; la confiance totale d’Abraham dans le Dieu fidèle à ses promesses ne diminue pas, même lorsque sa parole est mystérieuse et difficile, quasiment impossible, à accueillir.
Il en est de même pour Marie, elle vit la joie de l’Annonciation dans la foi, mais elle traverse aussi l’obscurité de la crucifixion de son fils, pour pouvoir rejoindre la lumière de la Résurrection.
Ce n’est pas différent pour le cheminement de foi de chacun d’entre nous : nous rencontrons des moments de lumière, mais aussi des passages où Dieu semble absent, où son silence pèse dans notre cœur et où sa volonté ne correspond pas à la nôtre, à ce que nous voudrions. Mais plus nous nous ouvrons à Dieu, en accueillant le don de la foi, en mettant toute notre confiance en lui, comme Abraham et Marie, et plus il nous rend capables, par sa présence, de vivre toutes les situations de la vie dans la paix et la certitude de sa fidélité et de son amour. Mais cela signifie sortir de nous-mêmes et de nos projets, pour que la Parole de Dieu soit la lampe qui guide nos pensées et nos actions.
Je voudrais encore m’arrêter sur un aspect qui émerge des récits sur l’enfance de Jésus racontés par saint Luc. Marie et Joseph amènent leur enfant à Jérusalem, au Temple, pour le présenter et le consacrer au Seigneur comme le prescrit la loi de Moïse : « Tout garçon premier-né sera consacré au Seigneur » (Lc 2, 22-24). Ce geste de la Sainte Famille acquiert un sens encore plus profond si nous le lisons à la lumière de la science évangélique de Jésus qui, à l’âge de douze ans, après trois jours de recherches, est retrouvé dans le Temple en train de discuter avec les maîtres. Aux paroles empreintes de préoccupations de Marie et de Joseph : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois ! ton père et moi, nous te cherchons, angoissés », correspond la mystérieuse réponse de Jésus : « Pourquoi donc me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas que je dois être dans la maison de mon Père ? ». C’est-à-dire dans la propriété de mon Père, dans la maison de mon Père, comme doit le faire un fils. Marie doit renouveler la foi profonde avec laquelle elle a dit « oui » à l’Annonciation ; elle doit accepter que le véritable Père de Jésus ait la préséance ; elle doit laisser libre ce fils qu’elle a engendré, pour qu’il poursuive sa mission. Et le « oui » de Marie à la volonté de Dieu, dans l’obéissance de la foi, se répète tout au long de sa vie, jusqu’au moment le plus difficile, celui de la Croix.
Devant tout cela, nous pouvons nous demander : comment Marie a-t-elle pu vivre ce chemin à côté de son fils avec une foi aussi solide, même dans l’obscurité, sans perdre sa confiance totale dans l’action de Dieu ? Il y a une attitude de fond que Marie assume devant ce qui arrive dans sa vie. À l’Annonciation, elle est troublée en entendant les paroles de l’ange : c’est la crainte que l’homme éprouve quand il est touché par la proximité de Dieu, mais ce n’est pas le comportement de quelqu’un qui a peur de ce que Dieu pourrait lui demander. Marie réfléchit, elle s’interroge sur la signification de cette salutation (cf. Lc 1, 29). Le terme grec utilisé dans l’évangile pour définir cette « réflexion », dielogizeto, rappelle la racine du mot « dialogue ». Cela signifie que Marie entre dans un dialogue intime avec la Parole de Dieu qui lui a été annoncée, elle ne la considère pas de manière superficielle, mais elle s’arrête, elle la laisse pénétrer dans son esprit et dans son cœur pour comprendre ce que le Seigneur veut d’elle, la signification de l’annonce.
Nous trouvons encore dans l’évangile de saint Luc un autre signe de l’attitude intérieure de Marie devant l’action de Dieu, au moment de la naissance de Jésus, après l’adoration des bergers. Il est dit que Marie « conservait avec soin toutes ces choses, les méditant en son cœur » (Lc 2, 19) ; le terme grec est symballon : nous pourrions dire qu’elle « gardait ensemble », « mettait ensemble » dans son cœur tous les événements qui lui arrivaient ; elle plaçait chaque élément, chaque parole, chaque fait à l’intérieur d’un tout et le confrontait, le conservait, reconnaissant que tout vient de la volonté de Dieu.
Marie ne s’arrête pas à une première compréhension superficielle de ce qui arrive dans sa vie, mais elle sait regarder en profondeur, elle se laisse interpeler par les événements, elle les élabore, les discerne, et acquiert ainsi cette compréhension que seule la foi peut garantir. C’est l’humilité profonde de la foi obéissante de Marie qui accueille en elle ce qu’elle ne comprend pas de l’action divine, permettant que ce soit Dieu qui lui ouvre l’esprit et le cœur. « Bienheureuse celle qui a cru en l'accomplissement de ce qui lui a été dit de la part du Seigneur ! », s’exclame sa cousine Elisabeth. C’est précisément pour sa foi que toutes les générations la diront bienheureuse.
Chers amis, la solennité de la naissance du Seigneur que nous célèbrerons bientôt, nous invite à vivre la même humilité et la même obéissance de la foi. La gloire de Dieu ne se manifeste pas dans le triomphe et le pouvoir d’un roi, elle ne resplendit pas dans une ville connue, dans un somptueux palais, mais elle établit sa demeure dans le sein d’une vierge, elle se révèle dans la pauvreté d’un petit enfant. La toute-puissance de Dieu, même dans notre vie, agit avec la force, souvent silencieuse, de la vérité et de l’amour. La foi nous dit alors qu’à la fin, la puissance sans défense de ce petit enfant vaincra le bruit des puissances de ce monde. Merci !
© Libreria Editrice Vaticana – 2012
La Dédicace d’un autel – sens et rites
Notes pastorales au sujet de la dédicace d’un autel
L’autel, où le sacrifice de la croix est rendu présent sous les signes sacramentels, est aussi la table du Seigneur, à laquelle, dans la messe, le peuple de Dieu est invité à participer ; il est aussi le centre de l’action de grâce qui s’accomplit pleinement par l’eucharistie. Il convient que dans toute église, il y ait un autel fixe et dédicacé. (Cérémonial des Évêques n°918-919)
Nature et dignite de l'autel
Les Pères de l'église ayant médité la Parole de Dieu n'ont pas craint d'affirmer que le Christ a été la victime, le prêtre et l'autel de son propre sacrifice1.
En effet dans la lettre aux Hébreux, le Christ est présenté comme le grand prêtre et, en même temps, comme l'autel vivant du Temple céleste2, dans l'Apocalypse, notre Rédempteur apparait comme l'Agneau immolé3, dont l'offrande est portée par les mains de l'ange sur l'autel céleste4.
Le chretien, lui aussi autel spirituel
Puisque le Christ, Chef et Maître, est le véritable autel, ses membres et ses disciples, eux aussi, sont des autels spirituels sur lesquels est offert à Dieu le sacrifice d'une vie sainte. C'est ce que l'on voit exprimé chez les Pères : ainsi saint Ignace d'Antioche lorsqu'il adresse aux Romains cette belle demande : « Ne me procurez rien de plus que d'être offert à Dieu en sacrifice, tandis que l'autel est encore prêt »5 ; ou saint Polycarpe, lorsqu'il exhorte les veuves à vivre saintement, elles « qui sont l'autel de Dieu »6. À ces paroles répondent d'autres voix, dont celle de saint Grégoire le Grand qui enseigne : « Qu'est-ce que l'autel de Dieu, sinon l'âme de ceux qui vivent selon le bien ?… C'est donc à juste titre qu'on appelle le cœur (des justes) un autel de Dieu »7.
Ou bien selon une image fréquente chez les écrivains ecclésiastiques, les chrétiens qui s'adonnent à la prière, présentent à Dieu des implorations, et lui offrent les victimes de leurs supplications, sont les pierres vivantes avec lesquelles le Seigneur Jésus bâtit l'autel de l'Église8.
L'autel, table du sacrifice et du repas pascal
Le Christ Seigneur, instituant le mémorial du sacrifice qu'il allait offrir au Père sur l'autel de la croix, sous la forme d'un banquet sacrificiel, rendit sacrée la table où les fidèles se réunissaient pour célébrer sa Pâque. L'autel est donc la table du sacrifice et du repas, où le prêtre, tenant la place du Christ Seigneur, accomplit ce que le Seigneur lui-même a fait et a transmis à ses disciples pour qu'ils le fassent en mémoire de lui : ce que l'Apôtre a mis excellemment en lumière, en disant : « La coupe d'action de grâce que nous bénissons, n'est-elle pas communion au sang du Christ ? Le pain que nous rompons, n'est-il pas communion au corps du Christ ? Puisqu'il y a un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps, car nous avons tous part à un seul pain »9.
L'autel, symbole du Christ
Partout, selon les circonstances, les fils de l'Église peuvent célébrer le mémorial du Christ et prendre place à la table du Seigneur. Mais il est conforme au mystère eucharistique que les fidèles érigent un autel stable pour célébrer la Cène du Seigneur, ce qui s'est fait dès l'antiquité.
L'autel chrétien, par sa nature même, est la table réservée au sacrifice et au repas pascal :
- l'autel particulier où le sacrifice de la croix se perpétue à travers les siècles, jusqu'à ce que le Christ vienne.
- la table autour de laquelle se rassemblent les enfants de l'Église, pour rendre grâce à Dieu et consommer le corps et le sang du Christ.
Dans toutes les églises, l'autel est donc « le centre de l'action de grâce qui s'accomplit pleinement par l'Eucharistie »10 et autour duquel, en quelque sorte, s'organisent les autres rites de l'Église11.
Du fait que c'est à l'autel que se célèbre le mémorial du Seigneur, et que sont offert aux fidèles son corps et sang, les écrivains ecclésiastiques ont vu dans l'autel comme un symbole du Christ lui-même, ce qui a justifié l'adage : « L'autel, c'est le Christ ».
L'autel honore les martyrs
5. Toute la dignité de l'autel consiste en ce que l'autel est la table du Seigneur. Ce ne sont pas les corps des martyrs qui honorent l'autel, c'est l'autel qui rehausse le sépulcre des martyrs. En effet, pour honorer les corps des martyrs et des autres saints, ainsi que pour symboliser que le sacrifice des membres du Corps trouve sa source et son modèle dans le sacrifice du Chef12, il convient de bâtir les autels sur leurs sépulcres ou bien d'ensevelir leurs reliques sous les autels, de telle sorte que « les victimes victorieuses prennent place dans le lieu où le Christ est victime. Mais lui, qui a souffert pour tous, sur l'autel ; et eux sous l'autel, eux qui ont été rachetés par sa passion »13. Cette disposition semble reprendre en quelque sorte la vision de l'Apôtre Jean dans l'Apocalypse : « J'ai vu sous l'autel les âmes de ceux qui avaient été immolés à cause de la Parole de Dieu et du témoignage qu'ils avaient porté »14.
Car, bien que tous les saints méritent d'être appelés témoins du Christ, cependant il y a une force spéciale dans le témoignage du sang que seules les reliques des martyrs déposées sous l'autel expriment complètement et intégralement.
La construction de l'autel
Il convient que dans toute église il y ait un autel fixe ; dans les autres lieux voués au culte, un autel fixe ou un autel mobile.
…
On construira l'autel séparé du mur, afin que le prêtre puisse facilement en faire le tour et célébrer face au peuple. « On lui donnera l'emplacement qui en fera vraiment le centre où convergera spontanément l'attention de toute la communauté des fidèles »15.
Selon l'usage traditionnel de l'Église et le symbolisme biblique de l'autel, la table de l'autel fixe sera en pierre, et en pierre naturelle. Cependant, on peut employer pour la construction de l'autel un autre matériau digne, solide et artistiquement travaillé, au jugement des conférences épiscopales.
Les colonnes ou la base soutenant la table peuvent être de n'importe quel autre matériau, pourvu qu'il soit digne et solide16.
En vertu de sa nature même, l'autel est consacré à Dieu seul, car le sacrifice eucharistique est offert à Dieu seul. C'est dans ce sens que doit être comprise la coutume de l'Église de consacrer des autels à Dieu en l'honneur des saints ; c'est ce que Saint Augustin définit exactement lorsqu'il dit : « Nous n'établissons d'autel pour aucun martyr, mais pour le Dieu des martyrs »17.
Cela doit être expliqué clairement aux fidèles. Dans les églises nouvelles, on ne placera pas de statues ou d'images des saints au-dessus de l'autel.
De même on ne déposera pas sur la table de l'autel des reliques de saints pour les proposer à la vénération des fidèles.
__________________________________________________________________
1 S. ÉPIPHANE, Panarium II.1, Haeresis 55 ; S. CYRILLE D'ALEXANDRIE, De l'adoration en esprit et en vérité, IX.
2 Cf. Hb 4, 14 ; 13, 10.
3 Cf. Ap 5, 6.
4 Cf. Missel Romain, Prière eucharistique l.
5 Aux Romains 2, 2.
6 Aux Philippiens 4, 3.
7 Homélies sur Ezéchiel II, 10, 19.
8 Cf. ORlGENE, In librum Jesu Nave, Homélie IX, l.
9 Cf. 1 Co 10, 16-17.
10 Missel Rornain, Présentation générale, n°259.
11 Cf. Pie XII, Encyclique Mediator Dei et hominum.
12 Cf. Missel Romain, Commun des martyrs, VIII - prière sur les offrandes.
13 S. AMBROISE, Lettre 22, 13.
14 Ap. 6, 9.
15 Missel romain, Présentation générale, n°262.
16 Cf. Ibid, n°263.
17 Contra Faustum XX, 21.
© Rituel de la Dédicace
Consécration et inauguration de la Cathédrale de Papeete
Recension de la célébration dans la revue des Pères des Sacrés-Cœurs de Picpus
À l’occasion de la dédicace du nouvel autel de la Cathédrale, nous vous proposons de relire la recension des festivités qui ont entourées l’inauguration de la Cathédrale de Papeete en 1875, parue dans les Annales des Pères des Sacrés-Cours en 1876.
Les fêtes que nous de nommer excitent ordinairement un grand enthousiasme religieux dans nos pays catholiques, sans exceptér les populations au sein desquelles la foi et la piété ont le plus sensiblement diminué. C’est que l’Église a su rehausser ces choses par la pompe des plus majestueuses solennités. De là on peut conjecturer l’effet produit par des cérémonies de ce genre chez un peuple en partie nouvellement converti. C’est du reste ce que va prouver le récit que nous allons faire, combinant la relation du Messager de Tahiti avec une lettre de M. Lacombe, étudiant ecclésiastique attaché à la mission de cet archipel.
Pour bien comprendre les faits que nous voulons rapporter, il faut savoir que la ville de Papeete, capitale des îles Tahiti, est habitée par une population composée des éléments les plus disparates. Depuis que le gouvernement français a établi son protectorat dans ce pays, beaucoup de nos compatriotes y ont fixé demeure, les uns comme membres de l’administration ou en raison du service militaire, les autres pour leur commerce, sans parler de ceux qui sont venus y partager les travaux missionnaires. Un certain nombre d’étrangers de nationalités diverses y résident également. Il serait difficile, on le conçoit, qu’une telle agglomération produisit une paroisse fervente. Pour ce qui est des indigènes, il s’en faut bien pour que tous est déjà ouvert les yeux à la lumière de la vraie foi. À côté de bons catéchumènes et de pieux catholiques, on voit, comme partout ailleurs, des incrédules et des indifférents. Ajoutons que la secte protestante implantée dans la pays avant l’arrivée des missionnaires y occupe une grande partie du terrain.
Pour faciliter les progrès de son œuvre de régénération spirituelle et morale, Mgr Jaussen, évêque d’Axieri et vicaire apostolique dans ces parages, avait conçu depuis longtemps l’heureuse idée de faire construire à Papeete une église qui, sans être un monument de premier ordre, eût cependant des proportions suffisantes pour donner aux insulaires une haute idée de notre sainte Religion, en même temps qu’elle témoignerait à leurs yeux de la croyance catholique de cette France dont les enfants venaient lui apporter le double bienfait de la foi et de la civilisation.
Cette œuvre, commencée depuis longtemps avec le concours du gouvernement et traversée par de nombreuses difficultés, vient enfin d’être conduite à bon terme et couronnée par les belles fêtes dont nous allons parler.
Commençons par dire que les derniers préparatifs ont été assez pénibles. Malgré le zèle de Mgr d’Axieri, l’activité infatigable du R.P. Collette, Provincial et Curé, et la bonne volonté de l’administration gouvernementale, il semblait impossible que tout fût prêt à Noël, époque présumée de l’inauguration. On commençait à désespérer, lorsqu’on apprit que le 19 décembre était le jour décidément fixé pour la bénédiction des cloches, laquelle devait ouvrir la série des belles fêtes que tout le monde attendait. Ce fut une agréable surprise.
Déjà le gros œuvre était achevé, les échafaudages avaient disparu et l’on voyait les autels se dresser sous les voutes de l’édifice ; mais il restait encore bien à faire pour compléter la décoration intérieure. Le R.P. Collette fit donc un appel à la générosité de ses paroissiens. Sa voix fut entendue. Une sœur de Saint Joseph de Cluny, accompagnée d’une enfant, alla recueillir les dons à domicile. Le produit de cette quête dépassa toute espérance et montra la sympathie générale de la population à l’égard du nouveau temple. Français et Anglais catholiques et protestants, tous voulurent concourir à son ornementation.
Tout fût donc prêt pour le dimanche 19 décembre, jour fixé pour la bénédiction des cloches. À côté de l’église, sous la voûte de verdure que forme un arbre gigantesque, on avait dressé une estrade sur laquelle on suspendit les trois cloches splendidement décorées et disposées convenablement pour la cérémonie.
Dans l’après-midi, toute la population de Tahiti et des districts environnants se trouvait réunie dans l’attente de ce grand événement. M. Le chef de la colonie avec toutes les notabilités du pays s’était rendus à l’invitation qu’ils avaient reçue ; des places d’honneur avaient été réservées pour les parrains et marraines ou leurs représentants dont nous avons donné les noms plus haut.
À 3 heures, Mgr d’Axieri, assisté des RR.P.. Collette et Duval, sort de la nouvelle église et se dirige vers l’estrade pour y procéder à la cérémonie du baptême que tout le monde suivit avec intérêt, mêlé de curiosité et de religieuse attention. L’enthousiasme fut à son comble lorsqu’on entendit pour la première fois le son joyeux de ces voix argentines consacrées désormais au culte divin. Bientôt après une pluie tombait du ciel sur la tête des assistants : les gouttes de cette agréable rosée n’étaient autre chose que des dragées et des bonbons.
Quant la cérémonie fut terminée, les portes de la nouvelle église s’ouvrirent à deux battants et la foule empressée se précipita dans son enceinte. « On admirait, écrit M. Lacombe, le bel intérieur de l’édifice, ses colonnes, ses voûtes élevées et gracieusement découpées, ses vitraux aux vives couleurs, la magnifique verrière qui domine le maître-autel représentant N.-D. du Sacré-Cœur et notre bien-aimé Pontife, prosterné à ses pieds lui offrant son bâton pastoral. La chair et le maître-autel satisfont surtout les regards des connaisseurs » !
Les travaux de décoration furent repris le lendemain et poussés avec vigueur. Les ouvriers prolongeant leur journée jusqu’à 10 heures du soir, et le R.P. Collette ne se couchant que vers minuit. Il n’y avait en effet pas de temps à perdre, car la consécration devait avoir lieu le jeudi suivant, 23 décembre.
Ce jour étant arrivé, dès 6 heures et demie du matin, le son des cloches convoquait à la grande cérémonie les heureux habitants de Papeete. Mgr d’Axieri ne tarda pas à paraître ayant pour assistant les RR.PP. Duval et Georges. D’après les règles de la liturgie, personne, à l’exception de l’Évêque et de son clergé, n’aurait dû pénétrer dans l’église avant la fin de la consécration ; mais comment contenir l’empressement de cette foule compacte qui assiégeait les abords du temple ? Comment faire agréer à cette multitude composée d’éléments si divers les motifs de cette réserve ? Le Prélat crut bien interpréter les intentions de la sainte Église en tolérant ce que d’ailleurs il lui eût été difficile d’empêcher. Il eut soin cependant de bien faire observer qu’il accordait un privilège ; et pour utiliser cette concession, il interrompit à diverses reprises les rites sacrés pour en donner une courte explication. Les paroles prononcées en français puis traduite en kanaque furent écoutées avec une religieuse attention. Ce qui flattait surtout les indigènes, c’est l’insistance avec laquelle sa Grandeur en appelait aux connaissances bibliques de ses auditeurs au cours de ces explications. La cérémonie se prolongea jusqu’à 11 heures et fût terminées par l’oblation du saint sacrifice de la Messe.
Le lendemain était la veille de Noël, cet intervalle fut employé à parer les autels et disposer les places.
Le grand jour s’étant levé, les cloches sonnèrent à huit heures du matin, et bientôt l’assistance afflua non moins nombreuse que les jours précédents. Tout se passa néanmoins avec ordre. Un piquet de soldats formait une double haie au milieu de la grande nef, lorsqu’un son rapide de clairon annonça l’arrivée des chefs de l’administration. MM. Le Commandant, l’Ordonnateur et le Chef de la justice prirent les places qui leur étaient réservées dans le sanctuaire ; les autres officiers de la colonie les suivirent et se rangèrent après eux. Mgr d’Axieri vint ensuite siéger sur le trône qui lui était préparé. Sa Grandeur était revêtu de sa Cappa magna et entourée de ses assistants. La messe fut célébrée par le R.P. Collette ; les PP. Duval et Georges faisaient l’office de diacre et de sous-diacre.
La musique de la ville invitée par l’administration se tenait au bas de la nef. Elle exécuta un morceau religieux tandis que l’officiant commençait la célébration des saints mystères.
Après l’évangile, le R.P. Collette monta en chair et prononça d’une voix forte et animée un discours qui fut écouté avec une religieuse attention. Une satisfaction manifeste se peignait sur tous les visages. Qui sait si cette parole évangélique n’aura pas été pour plusieurs de nos frères égarés, une précieuse semence de salut ?
La messe fût ensuite achevée pendant que l’orgue entremêla ses sons graves et harmonieux avec les accords de la musique de la ville. Au moment de l’élévation le clairon se fit entendre, les soldats ployèrent le genou devant le Dieu des armées et tous les fronts s’inclinèrent en sa présence.
Au dernier évangile, Mgr d’Axieri donna la bénédiction solennelle. Le Commandant se retira avec toute sa suite, et les places qu’ils laissèrent vacantes furent aussitôt remplies par de nombreux fidèles, pour lesquels une autre cérémonie allait bientôt commencer.
C’était la messe paroissiale qui fut célébrée pontificalement par Mgr d’Axieri. Au son bruyant de la fanfare succéda le chant grave et majestueux de la messe royale de Dumont. Les néophytes se retrouvaient en famille. Les frères de Plöermel et leurs enfants exécutèrent l’Introït, le Kyrie, le Gloria avec beaucoup d’ensemble.
Après l’évangile, Mgr Jaussen monta en chaire, et lut solennellement son instruction pastorale concernant le jubilé. Cette lecture, écoutée avec un pieux respect, fut suivie d’une touchante allocution et de la bénédiction épiscopale.
Les derniers chants de la messe furent exécutés en partie par les élèves des Sœurs et en partie par des artistes indigènes. Le tout fut terminé par un cantique d’action de grâces que les Kanaques ne se lassent point de répéter.
La matinée avait donc été bien remplie, et l’on aurait pu croire que c’en était assez. Bien des catholiques français eussent été de cet avis ; mais la ferveur des chrétiens de Papeete ne se trouvait point satisfaite. À 4 heures, il y eut chant des Vêpres, et à 7 heures, le salut du Saint Sacrement. Cette dernière cérémonie fut aussi suivie que les précédentes. On y avait déployé toute la pompe possible : l’autel était resplendissant. Une excellente instruction du R.P. Georges vint mettre le comble au bonheur des pieux assistants ; et lorsque Mgr d’Axieri eut donné la bénédiction solennelle du Très Saint Sacrement, tout le monde se retira le cœur rempli d’une joie douce et pure, sans même songer à se plaindre de la fatigue que ces nombreux exercice pouvaient occasionner.
Nous terminerons ce récit par la description suivante extraite du messager de Tahiti :
« L’église de Papeete a quarante mètre de longueur et quatorze de largeur. Le plan a été dressé par M. de la Taille et retouché par M. Sourian. Les fondations furent jetée en béton sur un banc de corail plus vaste que l’édifice, sous le gouvernement de M. de Jouslard. Les travaux furent poussés, sous celui de M. Girard, avec l’activité que permettaient les ressources financières. Enfin sous le gouvernement de M. Gilbert-Pierre une impulsion plus grande encore fut donnée, et la construction a pu être achevée avec le concours de tous.
L’extérieur est simple, mais satisfaisant. Le clocher attire toujours le regard. Les marins parlent tous de la surprise qu’ils éprouvent en le contemplant de la mer.
La construction entière a été faite par les ouvriers de la colonie. Les portes sont dues au ciseau des Mangaréviens. L’intérieur de l’église se compose de trois nefs, séparées par des colonnes un peu aveltes, qui devaient être en fonte au lieu d’être en bois. Les ouvertures sont en pleine ogive et laissent pénétrer une lumière qui n’est pas excessive. Les voûtes sont ogivales. La chaire, ornée des quatre évangélistes et les trois autels avec statuettes, sont en beau bois de chêne et biens appropriés au style de l’église. Toute cette boiserie est sortie des ateliers des célèbres MM. Goyers de Louvain (Belgique). Le grand autel remplit parfaitement le fond de l’abside. Il est surmonté d’une verrière exécutée par M. Lobain de Tours.
Les deux autels des nefs latérales avaient d’abord peu d’apparat, mais ils font bon effet, surmontés de statues et deux tableaux, dont l’un, représentant la Saint Famille, est dû à la générosité de Mme Bruat, et l’autre à celle de Mlle Dieudonnée, de Louvain. Elle a elle-même exécuté cette copie de Rubens pour notre église, à la prière de l’évêque d’Axieri. Longtemps ce tableau, qui représente Jésus en croix au moment où Longin lui perce le cœur, a été déposé à Atue, attendant la destination de la donatrice. Les indigènes ont l’habitude de s’asseoir devant cette toile et de contempler longuement et avec saisissement cette scène émouvante.
En résumé, l’intérieur et l’extérieur de l’église de Papeete satisfont le regard. On y entre et on y rentre. Qui donc n’a pas fait plusieurs fois ces évolutions, et toujours avec un plaisir nouveau ? »
© Annales des Sacrés-Cœurs - 1876
Avec Marie, passez un Noël de joie !
Commentaire de l’évangile du IVème Dimanche du Temps de l’Avent –Année C
À l'avant-veille de Noël, contemplons l’admirable tableau, qu’en fin artiste, Luc nous dépeint : la Vierge de la Visitation. Quelle grâce et quelle audace chez cette jeune fille de quinze ans qui se hâte, joyeuse et décidée, vers la région montagneuse de Juda, peut-être l’actuelle Aïn-Karim, à 6 km de Jérusalem. Marie est toute au mystère de celui qui l’habite et qui pèse moins qu’une olive. Elle se sait la nouvelle arche d’alliance, porteuse de Dieu. Elle marche vivement parce qu’elle voit et agit efficacement.
Certes, elle est toute à son Dieu, mais c’est précisément cette présence divine en elle qui la lance sur les chemins du service. Devançant une parole de son enfant, elle sait qu’elle n’est venue, elle aussi, que pour servir. Aujourd’hui, elle s’empresse au service de sa vieille cousine dont elle vient d’apprendre qu’elle attendait un enfant.
La joie de l’Esprit
Luc est à la fois l’évangéliste de la Visitation et celui de la Pentecôte. Il a composé ces deux scènes comme un diptyque, l’une au début de l’enfance de Jésus, l’autre au début de l’enfance de l’Église. Chaque fois le don de l’Esprit s’est fait en présence de Marie. La jeune fille de Nazareth est tellement comblée de la présence de l’Esprit qu’elle en emplit les autres. Dans la scène de la Visitation, une ivresse se répand sur les acteurs. L’Esprit fait tout fleurir et chanter en communiquent sa joie qui dépasse toute joie. Le petit Jean bondit dans le sein de sa mère, comme David jadis l’avait fait devant l’Arche d’alliance. Elisabeth, touchée par la joie de son petit, exulte de bonheur devant la visite de « la mère de son Seigneur ». Et très vite, Marie, à son tour, chante et danse son Magnificat.
La joie de la foi
À travers l’exquise délicatesse de Marie envers sa parente, Luc nous invite également à réfléchir sur la foi profonde de la jeune fille. L’essentiel de l’évangile est condensée en l’autre parole d’Elisabeth : « Oui, bienheureuse celle qui a cru en l’accomplissement de ce qui lui a été dit de la part du Seigneur ». Marie réalise déjà la béatitude que prononcera plus tard son enfant en réponse à une femme du peuple qui, elle aussi, avait proclamé le bonheur de sa mère. « Heureux plutôt ceux qui écoutent la Parole de Dieu et la mettent en pratique ». La grandeur de Marie, et son bonheur, consiste à avoir compris que l’important dans la vie n’est pas de faire telle ou telle chose, ni de faire plus ou moins, mais de tout faire avec beaucoup d’amour, de correspondre, dans la foi, à ce que Dieu veut à tout instant pour nous. La vraie vie de Marie est toute intérieure. La jeune Vierge que saint Luc s’est plu à nous présenter est celle qui est tout accueil à la Parole de Dieu et toute promptitude à son accomplissement.
Avec Marie, passez un Noël de joie !