PKO 16.12.2012
Dimanche 16 décembre 2012 – IIIème Dimanche du Temps de l’Avent – Année C
Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°63/2012
HUMEURS
« Ravages chez les jeunes : Cannabis, le cri d’alarme des psys »… Telle était la Une de l’hebdomadaire « L’express » de la semaine dernière1.
Unanimes, les psys en appellent à une véritable politique de santé publique sur le sujet. Afin de dénoncer le mythe qui voudrait faire du paka une « drogue douce », de plus en plus de voix s’élèvent.
Quelle réponse à ce fléaux… elle n’est certainement pas aussi simple que « légalisation » ou « répression »… prônées par nos politiciens, plus avides de voix et de bonnes opinions que du sens du bien commun et de l’avenir…
Le Dr William Lowenstein, addictologue, analyse ainsi la situation : « Il nous faut une vraie politique de santé publique ! Jusqu’ici, l’idéologie l’a emporté sur les indicateurs ou la science. Le cannabis (paka) est une substance handicapante pour ceux qui sont dans l’excès – environ 15% des usagers2. Sa r surconsommation peut mener à une déscolarisation et à la désocialisation3… »
Marie Choquet, psychologue et épistémologistes ajoute : « …cette « intrusion » du cannabis dans la vie des jeunes en France s’est faite dans l’indifférence. Pourquoi une telle “surdité” des adultes ? Estiment-ils le cannabis inoffensif, malgré son statut de drogue illicite ? On sait que le cannabis augmente le risque de trouble mentaux et de désinvestissement scolaire, à l’âge ou se joue l’avenir personnel, social et professionnel. Le cannabis est-il devenu exclusivement un enjeu politico-juridique ?5 Il ne s’agit pas seulement d’une transgression de la loi, c’est une réelle prise de risque, souvent associé à la dépression, à la fugue et aux tentatives de suicide. La priorité consiste non pas à modifier la loi mais d’abord à éviter une spirale infernale ».
Notre quotidien nous montre la pertinence de ces propos… alors cessons les propos démagogiques… ou la Polynésie de demain ne sera plus que l’ombre d’elle-même ! (Mais peut-être que cela conviendrait à certains !)
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1 L’express n° 3205 du 5 au 11 décembre 2013
2 Quel pourcentage en Polynésie ?
3 On pourrait croire qu’il fait la description de notre fenua !
4 Comme en Polynésie !
5 Cf. un communiqué paru il y a quelques semaines… émanant d’un parti de la place !
En marge de l’actualité
Défendre la Vie, c’est promouvoir la Paix
Tandis qu'à Oslo se déroulait la remise du prix Nobel de la Paix 2012, à Rome, le président de la commission pour les affaires européennes et président du Mouvement italien pour la vie, Carlo Casini, remettait le prix européen pour la vie (prix Mère Teresa de Calcutta) à trois mamans héroïques.
En 1979, en recevant le prix Nobel de la Paix, Mère Teresa a dit : « Si nous acceptons qu’une mère puisse supprimer le fruit de son sein que nous reste-t-il ? Le principe de l’avortement met en danger la paix dans le monde ». Et Carlo Casini de souligner, avec tristesse, qu'aujourd'hui en Europe on compte beaucoup plus d'un million d'interruptions volontaires de grossesses par an !
Andrea Riccardi, le ministre italien pour la coopération internationale et l’intégration, mais aussi fondateur de la communauté Sant' Egidio, a remercié Carlo Casini, saluant en lui « le pèlerin intrépide du droit à la vie ». Il a ajouté que « sans vie pas de droits » et l’Europe « a besoin de vie si elle veut être un phare d’humanité et de droit dans le monde ».
En France la défense de la vie, le droit à la vie ne sont plus d'actualité. Il suffit de se référer au vote des sénateurs français qui, dans la nuit du mardi 4 décembre, ont adopté une proposition de loi visant à mettre en place un régime d’autorisation sur la recherche sur l’embryon et les cellules souches embryonnaires. Ce qui signifie que les embryons peuvent être tués en toute impunité pour la recherche, alors que le prix Nobel de médecine vient d'être attribué à des chercheurs qui ont prouvé qu'on peut utiliser d'autres cellules que les cellules embryonnaires !
Qui va défendre la vie, la famille... si le législateur (sénateur, député) lui-même ne s'en soucie nullement ? Quelle infamie pour la France, terre des droits humains !
Dominique SOUPÉ
Chancelier
Année de la Foi : Dieu vient à la rencontre de chacun : apprendre à le voir
Catéchèse pour l’Année de la Foi du pape Benoît XVI du 12 décembre 2012
« Dieu ne s’est pas soustrait au monde, il n’est pas absent, il ne nous a pas livrés à nous-mêmes, mais il vient à notre rencontre de diverses manières, que nous devons apprendre à discerner », explique Benoît XVI. Il a voulu « montrer les étapes » du « grand dessein d’amour » de Dieu dans l’histoire des hommes. Et pour lire cette histoire, il invite les catholiques, « en cette Année de la foi », « à prendre la Bible en mains plus souvent pour la lire et la méditer en prêtant une plus grande attention aux lectures de la messe dominicale ; tout cela constitue une nourriture précieuse pour notre foi ». Il cite cette parole de l’Exode : « Ne va pas oublier ces choses que Dieu a faites au milieu de nous ».
Chers frères et sœurs,
Dans la dernière catéchèse, j’ai parlé de la Révélation de Dieu, en tant que communication qu’il fait de lui-même et de son dessein de bienveillance et d’amour. Cette Révélation de Dieu s’insère dans le temps et l’histoire des hommes : une histoire qui devient « le lieu où nous pouvons constater l'action de Dieu en faveur de l'humanité. Il nous rejoint en ce qui pour nous est le plus familier et le plus facile à vérifier parce que cela constitue notre cadre quotidien, sans lequel nous ne pourrions nous comprendre » (Jean-Paul II, Enc. Fides et ratio, 12).
Comme nous l’avons entendu, l’évangéliste saint Marc rapporte en des termes clairs et synthétiques les premiers moments de la prédication de Jésus : « Le temps est accompli et le Royaume de Dieu est tout proche » (Mc 1, 15). Ce qui éclaire et donne sa pleine signification à l’histoire du monde et de l’homme commence à briller dans la grotte de Bethléem ; c’est le mystère que nous contemplerons dans peu de temps, à Noël : le salut qui se réalise en Jésus-Christ. En Jésus de Nazareth, Dieu manifeste son visage et demande à l’homme une décision pour le reconnaître et le suivre. La Révélation de Dieu dans l’histoire, pour entrer dans une relation de dialogue d’amour avec l’homme, donne un sens nouveau à tout le chemin de l’homme. L’histoire n’est pas simplement une succession de siècles, d’années et de jours, mais c’est le temps d’une présence qui lui donne sa pleine signification et l’ouvre à une espérance solide.
Où pouvons-nous lire les étapes de cette Révélation de Dieu ? L’Ecriture sainte est le lieu privilégié pour découvrir les événements de ce chemin et je voudrais, une fois encore, vous inviter tous, en cette Année de la foi, à prendre la Bible en mains plus souvent pour la lire et la méditer en prêtant une plus grande attention aux lectures de la messe dominicale ; tout cela constitue une nourriture précieuse pour notre foi.
En lisant l’Ancien Testament, nous pouvons voir combien les interventions de Dieu dans l’histoire du peuple qu’il s’est choisi, et avec lequel il noue une alliance, ne sont pas des faits qui passent et tombent dans l’oubli, mais ils deviennent « mémoire », et constituent tous ensemble « l’histoire du salut », gardée vivante dans la conscience du peuple d’Israël à travers la célébration des événements salvifiques. Ainsi, dans le livre de l’Exode, le Seigneur indique à Moïse de célébrer le grand moment de la libération de l’esclavage d’Egypte, la Pâque juive, par ces paroles : « Ce jour-là, vous en ferez mémoire et vous le fêterez comme une fête pour le Seigneur, dans vos générations vous la fêterez, c'est un décret perpétuel » (12, 14). Pour tout le peuple d’Israël, se souvenir de ce que Dieu a fait devient une sorte d’impératif constant pour que le temps qui passe soit marqué par la mémoire vivante des événements passés ; ainsi, jour après jour, ils forment à nouveau l’histoire et restent présents.
Dans le livre du Deutéronome, Moïse s’adresse au peuple en disant : « Mais prends garde ! Garde bien ta vie, ne va pas oublier ces choses que tes yeux ont vues, ni les laisser, en aucun jour de ta vie, sortir de ton cœur ; enseigne-les au contraire à tes fils et aux fils de tes fils » (4, 9). Et il dit la même chose à nous aussi : « Ne va pas oublier ces choses que Dieu a faites au milieu de nous ».
La foi est nourrie par la découverte et la mémoire du Dieu qui est toujours fidèle, qui guide l’histoire et qui constitue le fondement sûr et stable sur lequel on peut faire reposer sa vie. Le chant du Magnificat, que la Vierge Marie élève vers Dieu, est un exemple très élevé de cette histoire du salut, de cette mémoire qui rend présente l’action de Dieu, et qui la garde. Marie exalte l’action miséricordieuse de Dieu sur le chemin concret de son peuple, la fidélité aux promesses de l’alliance faites à Abraham et à sa descendance ; et tout ceci constitue la mémoire vivante de la présence divine qui ne s’affaiblit jamais (cf. Lc 1, 46-55).
Pour Israël, l’Exode est l’événement historique central où Dieu révèle son action puissante. Dieu libère les Israélites de l’esclavage d’Egypte pour qu’ils puissent retourner dans la Terre promise et l’adorer comme l’unique et véritable Seigneur. Israël ne se met pas en route pour être un peuple comme les autres – pour avoir lui aussi son indépendance nationale – mais pour servir Dieu dans le culte et dans la vie, pour créer pour Dieu un lieu où l’homme lui obéit, où Dieu est présent et adoré dans le monde ; et, naturellement, pas seulement pour eux mais pour témoigner au milieu des autres peuples.
La célébration de cet événement est une manière de le rendre présent et actuel, parce que l’œuvre de Dieu ne s’affaiblit pas. Il est fidèle à son dessein de libération et continue de l’accomplir, afin que l’homme puisse reconnaître et servir son Seigneur et répondre avec foi et amour à son action.
Dieu se révèle donc non seulement à travers l’acte primordial de la création, mais en entrant dans notre histoire, dans l’histoire d’un petit peuple qui n’était ni le plus nombreux, ni le plus fort. Et cette Révélation de Dieu qui avance dans l’histoire culmine en Jésus-Christ : Dieu, le Logos, la Parole créatrice qui est à l’origine du monde, s’est incarné en Jésus et a montré le véritable visage de Dieu. En Jésus s’accomplit toute promesse, en lui culmine l’histoire de Dieu avec l’humanité. Quand nous lisons le récit des deux disciples en route pour Emmaüs, raconté par saint Luc, nous voyons émerger clairement la façon dont la personne du Christ éclaire l’ancien Testament, toute l’histoire du salut, et montre le grand dessein unitaire des deux Testaments, montre la voie de son unicité. Jésus, en effet, explique aux deux voyageurs désemparés et déçus qu’il est l’accomplissement de toute promesse : « Et, commençant par Moïse et parcourant tous les Prophètes, il leur interpréta dans toutes les Ecritures ce qui le concernait » (24, 27). L’évangéliste rapporte l’exclamation des deux disciples après qu’ils ont reconnu que leur compagnon de voyage était le Seigneur : « Notre cœur n'était-il pas tout brûlant au-dedans de nous, quand il nous parlait en chemin, quand il nous expliquait les Écritures ? » (v. 32).
Le Catéchisme de l’Église catholique résume les étapes de la Révélation divine, montrant synthétiquement son développement (cf. nn. 54-64) : Dieu a invité l’homme dès les origines à une communion intime avec lui et même quand l’homme, à cause de sa propre désobéissance, a perdu son amitié, Dieu ne l’a pas abandonné au pouvoir de la mort, mais il a plusieurs fois offert aux hommes son alliance (cf. Missel romain, IVe prière eucharistique). Le Catéchisme parcourt le chemin de Dieu avec l’homme, de l’alliance avec Noé après le déluge à l’appel adressé à Abraham à quitter sa terre pour faire de lui le père d’une multitude de peuples. Dieu forme Israël, son peuple, à travers l’événement de l’Exode, l’alliance au Sinaï et le don, par l’intermédiaire de Moïse, de la Loi, pour être reconnu et servi comme l’unique Dieu vivant et vrai. Avec les prophètes, Dieu guide son peuple dans l’espérance du salut. Par Isaïe, nous connaissons le « second Exode », le retour de l’Exil de Babylone vers leur propre terre, la refondation du peuple ; mais en même temps, beaucoup restent dans la dispersion et ainsi commence l’universalité de cette foi. À la fin, on n’attend plus seulement un roi, David, un fils de David, mais un « Fils d’homme », le salut de tous les peuples. Les cultures se rencontrent, d’abord entre Babylone et la Syrie, puis aussi avec la multitude grecque. Nous voyons donc comment la voie de Dieu s’élargit, s’ouvre de plus en plus vers le mystère du Christ, le roi de l’univers. Dans le Christ se réalise finalement la Révélation dans sa plénitude, le dessein de bienveillance de Dieu : il s’est fait l’un de nous.
Je me suis arrêté sur l’importance de faire mémoire de l’action de Dieu dans l’histoire de l’homme, pour montrer les étapes de ce grand dessein d’amour, dont témoignent l’ancien et le nouveau Testaments : un unique dessein de salut adressé à l’humanité entière, révélé et réalisé progressivement par la puissance de Dieu, où Dieu réagit toujours aux réponses de l’homme et trouve de nouveaux moyens de refaire alliance quand l’homme s’égare.
Ceci est fondamental pour un cheminement de foi. Nous sommes dans le temps liturgique de l’Avent qui nous prépare à Noël. Comme nous le savons tous, le terme d’« Avent » signifie « venue », « présence », et autrefois, il indiquait précisément l’arrivée du roi ou de l’empereur dans une province déterminée. Pour nous, chrétiens, ce mot indique une réalité merveilleuse et bouleversante : Dieu a déchiré le ciel et il s’est penché sur l’homme ; il a conclu une alliance avec lui en entrant dans l’histoire d’un peuple ; il est le roi qui est descendu sur la terre, cette pauvre province, et il nous a fait le don de sa visite en assumant notre chair, en devenant un homme comme nous.
L’Avent nous invite à parcourir à nouveau le chemin de cette présence et nous rappelle sans cesse que Dieu ne s’est pas soustrait au monde, il n’est pas absent, il ne nous a pas livrés à nous-mêmes, mais il vient à notre rencontre de diverses manières, que nous devons apprendre à discerner. Et nous aussi, avec notre foi, notre espérance et notre charité, nous sommes appelés chaque jour à entrevoir et à témoigner de cette présence, dans un monde souvent superficiel et distrait, et à faire resplendir dans notre vie la lumière qui a éclairé la grotte de Bethléem. Merci.
© Libreria Editrice Vaticana – 2012
L’Éducation, premier défi à relever das le monde
Diagnostic du pape Benoît XVI, devant six nouveaux ambassadeurs
L’éducation constitue le premier des défis de l’époque actuelle : c’est le diagnostic de Benoît XVI, qui en a fait une priorité pour le diocèse de Rome. Le pape a en effet reçu ce matin au Vatican les nouveaux ambassadeurs près le Saint-Siège de 6 pays venus lui présenter leurs lettres de créance : Guinée, Saint-Vincent et les Grenadines, Niger, Zambie, Thaïlande, et Sri Lanka. Il leur a adressé un message commun en français.
Madame et Messieurs les Ambassadeurs,
C’est avec plaisir que je vous accueille à l’occasion la présentation des Lettres qui vous accréditent comme ambassadeurs extraordinaires et plénipotentiaires de vos pays près le Siège : la République de Guinée, Saint-Vincent et les Grenadines, le Niger, la Zambie, la Thaïlande, le Sri Lanka.
Je vous remercie de vos aimables adresses ainsi que pour les salutations que vous m’avez transmises de la part de vos chefs d’État respectifs. En retour, je vous saurais gré de leur faire parvenir mes vœux les meilleurs pour leur personne et pour l’accomplissement de leur charge au service de leurs peuples. Je prie Dieu d’accorder à tous vos compatriotes de mener une vie paisible et digne, dans la concorde et dans l’unité.
En scrutant les nombreux défis de notre époque, nous pouvons constater que l’éducation y occupe une place de premier plan. Elle se fait aujourd’hui dans des contextes où l’évolution des modes de vie et de connaissance crée des ruptures humaine, culturelle, sociale et spirituelle inédites dans l’histoire de l’humanité. Les réseaux sociaux, autre nouveauté, ont tendance à substituer les espaces naturels de société et de communication en devenant souvent l’unique référence de l’information et de la connaissance. La famille et l’école ne semblent plus être le terreau fertile premier et naturel où les jeunes générations puisent la sève nourricière de leur existence.
Par ailleurs, dans les domaines scolaire et académique, l’autorité des enseignants et des professeurs est remise en cause et, malheureusement, la compétence de certains d’entre eux n’est pas exempte de partialité cognitive et de carence anthropologique, excluant ou diminuant ainsi la vérité sur la personne humaine. Celle-ci est un être intégral et non pas une somme d’éléments qu’on peut isoler et manipuler selon son goût. L’école et l’université semblent être devenues incapables de projets créateurs portant en eux une téléologie transcendantale apte à séduire les jeunes dans leur être profond, si bien que ceux-ci, néanmoins inquiets pour leur avenir, sont tentés par le moindre effort, le minimum suffisant et le succès facile utilisant parfois de manière inappropriée les possibilités offertes par la technologie contemporaine. Beaucoup voudrait réussir et atteindre vite un statut social et professionnel importants tout en faisant fi de la formation, des compétences et de l’expérience requises. Le monde actuel et les adultes responsables n’ont pas su leur donner les repères nécessaires. Le dysfonction-nement de certaines institutions et de certains services publics et privés ne pourrait-il pas être expliqué par une éducation mal assurée et mal assumée ?
Faisant mien les mots de mon prédécesseur, le Pape Léon XIII, je suis convaincu que « la vraie dignité de l’homme et son excellence résident dans ses mœurs, c’est-à-dire dans sa vertu ; la vertu est le patrimoine commun des mortels, à la portée de tous, des petits et des grands, des pauvres et des riches » (Rerum novarum, 20). J’invite donc vos gouvernements à contribuer avec courage à l’avancée de notre humanité en favorisant l’éducation des nouvelles générations grâce à la promotion d’une saine anthropologie, base indispensable pour toute éducation authentique, et conforme au patrimoine naturel commun. Cette tâche pourrait passer d’abord par une réflexion sérieuse sur les différentes problématiques existant dans vos pays respectifs où certaines options politiques ou économiques peuvent éroder sournoisement vos propres patrimoines anthropologiques et spirituels. Ceux-ci ont passé au tamis des siècles et se sont constitués patiemment sur des bases qui respectent l’essence de la personne humaine dans sa réalité plurielle tout en demeurant en parfaite syntonie avec l’ensemble du cosmos.
J’invite encore vos gouvernants à avoir le courage de travailler à la consolidation de l’autorité morale – comprise comme appel à une cohérence de vie – nécessaire pour une véritable et saine éducation des jeunes générations. Le droit à une éducation aux justes valeurs ne doit jamais être nié ou oublié. Le devoir d’éduquer à ces valeurs ne doit jamais être tronqué ou affaibli par un quelconque intérêt politique national ou supranational. C’est pourquoi, il est nécessaire d’éduquer dans la vérité et à la vérité. Mais « qu’est-ce que la vérité ? » (Jn 18, 38), se demandait déjà Pilate qui était un gouvernant. De nos jours, dire le vrai est devenu suspect, vouloir vivre dans la vérité semble suranné, et la promouvoir semble être un effort vain. Et pourtant, l’avenir de l’humanité se trouve également dans la relation des enfants et des jeunes avec la vérité : la vérité sur l’homme, la vérité sur la création, la vérité sur les institutions, etc… Avec l’éducation à la rectitude du cœur et de la pensée, les jeunes ont aussi besoin, aujourd’hui plus que jamais, d’être éduqués au sens de l’effort et de la persévérance dans les difficultés. Il faut leur apprendre que tout acte que pose la personne humaine doit être responsable et cohérent avec son désir d’infini, et que cet acte accompagne sa croissance en vue de la formation à une humanité toujours plus fraternelle et libérée des tentations individualistes et matérialistes.
Vous me permettrez de saluer par votre intermédiaire les Évêques et les fidèles des communautés catholiques présentes dans vos pays. L’Église accomplit sa mission dans la fidélité à son Seigneur et avec le désir ardent d’apporter sa contribution spécifique à la promotion intégrale de vos compatriotes, notamment par l’éducation des enfants et des jeunes. Elle participe quotidiennement aux efforts communs pour l’épanouissement spirituel et humain de tous, par ses structures éducatives, caritatives et sanitaires, ayant à cœur l’éveil des consciences au respect mutuel et à la responsabilité. Dans ce sens, j’encourage vos gouvernants à continuer à permettre à l’Église de s’occuper librement de ses champs d’activités traditionnels qui, comme vous le savez, contribuent au développement de vos pays et au bien commun.
Madame et Messieurs les Ambassadeurs, alors que commence officiellement votre mission auprès du Saint-Siège, je vous offre mes vœux les meilleurs, vous assurant du soutien des divers services de la Curie romaine pour l’accomplissement de votre fonction. À cette fin, j’invoque bien volontiers sur vous et sur vos familles, ainsi que sur vos collaborateurs l’abondance des Bénédictions divines.
© Libreria Editrice Vaticana - 2012
Cannabis, le cri d’alarme des psys
UNe drogue récérative ou un fléau ?
Une drogue « récréative » ou un fléau ? La France est l'un des pays d'Europe où l'on fume le plus. Chez les jeunes, en particulier. Alors que le débat sur la législation est relancé, des psychiatres et spécialistes des addictions réclament, dans L'Express, une véritable politique de santé publique
Ce seul mot évoque les hippies aux longs tifs, des volutes doucereuses gentiment baba cool et des combats épiques entre « pro » et « anti ». Le cannabis dépasse pourtant largement ce cliché daté. Car la fumette est bien devenue un fléau insidieux, auquel ni les adultes ni la société n'ont vraiment prêté attention, ces deux dernières décennies, alors qu'il s'ancrait dans les habitudes des jeunes et dans le paysage des drogues dites « récréatives ». Bonne nouvelle : le ton commence à changer. Ces derniers mois, le cannabis a plus fait causer de lui à gauche que la réduction des niches fiscales. François Rebsamen, Cécile Duflot, puis Vincent Peillon ont évoqué l'idée d'un changement de la loi de 1970 qui pénalise son usage et sa consommation. « Pas question », a répliqué l'Elysée, craignant trop de se brûler les ailes sur ce dossier incandescent. Mais le sujet, lui, est enfin sorti du non-dit.
Comme souvent, la réalité s'est imposée. Depuis les années 1990, le deal a métastasé les cités, et le pétard s'est banalisé. On ne fume plus seulement en soirée, mais aussi dans les transports, sur son canapé - 1 joint sur 10 proviendrait de la culture domestique, d'après la police -, au volant. En novembre dernier, un jeune de 20 ans a tué un bébé après s'être endormi en conduisant, avec deux joints, de l'ecstasy et une nuit trop courte au compteur. Ce ne sont pas les adultes, assez grands pour se discipliner, qui inquiètent les spécialistes, mais les jeunes, sur lesquels les ravages d'une consommation excessive sont irréversibles sur le cerveau, comme l'a récemment montré la plus vaste étude jamais menée sur le sujet. Au bahut, dans les soirées, les ados s'y mettent de plus en plus tôt - dès 12 ans, parfois, le joint remplaçant désormais la clope dans les rites d'initiation entre copains. La cigarette facilite d'ailleurs le passage au cannabis. En 2011, 39% des 15-16 ans - dont une majorité de garçons - disaient avoir déjà fumé de l'herbe ou du « shit », au lieu de 17% pour le reste de l'Europe, d'après une enquête Espad réalisée en 2001. En 1995, ils n'étaient que 12%. Il y a des premières places qu'on céderait bien au voisin. Certes, la tendance est plutôt à une légère baisse depuis le début des années 2000, si l'on considère la tranche d'âge des 15-24 ans. Mais les chiffres, eux aussi, embrument le débat. Car, dans une autre enquête, l'étude Escapad, menée par l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), la proportion de jeunes de 17 ans qui déclarent fumer au moins 10 fois par mois a baissé de 12% en 2002 à 6% en 2011. Pour quelle raison ? Les experts n'ont pas la réponse.
En revanche, ils s'expliquent un peu mieux l'exception de la jeunesse française. L'Hexagone étant proche géographiquement et historiquement du Maghreb, et notamment du Maroc, premier producteur, elle constitue un terrain d'acheminement et de vente privilégié. Avec l'explosion du trafic, les jeunes n'ont plus d'efforts à fournir pour contacter les dealeurs : ils sont à leur porte. Autres pistes d'éclairage : la tolérance bien française envers les autres substances addictives - tabac et alcool - ainsi qu'une certaine allergie chez nos compatriotes « à tout ce qui peut s'apparenter à un contrôle social des comportements », note Christophe Palle, coordinateur scientifique pour l'OFDT. Les professionnels de la santé, eux, s'alarment du retard dans la prise en charge des addictions. « L'addictologie est une science balbutiante en France, déplore le Pr William Lowenstein. Le premier plan national de prise en charge et de prévention des addictions date de 2006 et nous n'avons même pas d'agence nationale de recherche en ce domaine ».
L'heure n'est plus aux joutes idéologiques. Avant de s'afficher comme objet de polémique, le cannabis est, d'abord, un sujet de santé publique. Ses ravages chez les jeunes exigent une véritable politique nationale de prévention et de soins, à lancer sans plus attendre. Voilà pourquoi six grands noms de la psychiatrie et de la médecine poussent un cri d'alarme dans les colonnes de L'Express : Marcel Rufo, Marie Rose Moro, Michel Lejoyeux, William Lowenstein, Marie Choquet et Philippe Jeammet. Tous espèrent que leur appel sera entendu. (À lire dans l’Express n°3205)
© L’express - 2012
« Madame Duflot, l’Église n’a pas de leçon à recevoir »
L’incroyable provocation…
Sans-logis. Derrière sa menace de réquisition de biens de l’Église pour créer des hébergements d’urgence, la ministre écologiste du Logement veut faire payer aux catholiques leur opposition au mariage gay.
C’est à une véritable déclaration de guerre contre l’Église de France que s’est livrée Cécile Duflot, à travers son appel en faveur d’un « choc de solidarité » pour les sans-logis dans le Parisien du 3 décembre. Certes, la ministre du Logement menace aussi de « réquisition » les « bâtiments vides » détenus par les « banques », les « compagnies d’assurances », les « grandes sociétés civiles immobilières » et les « entreprises ». Certes, encore, elle assure s’apprêter à transformer en « hébergements d’urgence » un certain nombre de « bâtiments publics, par exemple des casernes de gendarmerie ou des bureaux administratifs ». Mais c’est bel et bien l’Église qui est en réalité visée. Motif, entre autres : son opposition résolue au mariage pour les couples homosexuels, dont Duflot est l’un des partisans les plus acharnés.
Alors qu’aucune autre « personne morale » – comme elle qualifie l’Église dans son interview ! – n’a reçu de courrier de sa part, Duflot, dans ce même entretien, révèle qu’elle a écrit à l’archevêché de Paris « pour voir avec eux comment utiliser ces locaux ». Or cette lettre, le cardinal André Vingt-Trois ne l’avait même pas reçue lorsqu’il a pris connaissance des propos de la ministre dans la presse, puis à la radio ! « Nous avons reçu ce courrier daté du 30 novembre par un coursier du ministère le 3 décembre à 11h30, après que la ministre se fut exprimée dans les médias », confirme un proche de Mgr André Vingt-Trois.
Cette vexation volontaire s’ajoute aux propos tenus dans son interview. Sur la forme, d’abord. « Il semble, affirme-t-elle en préambule, que l’archevêché de Paris possède des bâtiments quasi vides ». « C’est un vieux mythe, dit-on encore à l’archevêché. Certaines communautés auraient sans doute pu faire plus d’efforts, et nous sommes, nous-mêmes, prêts à en faire davantage, mais il est faux de dire que nous disposons de quantité de mètres carrés vides. Nous inviterons la ministre, si elle le souhaite, à le vérifier par elle-même ». Duflot omet de préciser, aussi, qu’une part importante des locaux occupés par l’Église est la propriété de… l’État : « Beaucoup des lieux que nous occupons appartiennent aux communes », rappelait ainsi, sur RTL, l’évêque d’Évry, Mgr Dubost. De même la ministre “oublie”-t-elle qu’il ne suffit pas de disposer de surfaces vacantes, encore faut-il que celles-ci soient adaptées à l’accueil de personnes : « L’État aussi dispose d’un patrimoine immobilier ; il est bien placé pour savoir qu’il n’est pas facile de le transformer en hébergement d’urgence », affirme l’abbé Grosjean, curé de Saint-Cyr-l’École, l’une des personnalités de la « cathosphère ».
Toujours sur la forme, et particulièrement humiliante, est enfin l’utilisation par Duflot d’une menace à peine voilée de « réquisition » contre les « biens ecclésiastiques » : « J’ai bon espoir, dit-elle, qu’il n’y ait pas besoin de faire preuve d’autorité ». « C’est une provocation, dénonce-t-on dans l’entourage du cardinal André Vingt-Trois. Du reste, le cabinet de la ministre nous l’a confirmé après coup : elle a adopté un ton volontairement percutant pour marquer les esprits sur cette question des sans-logis. Dommage que cela se soit fait à notre détriment… »
Mais il y a – beaucoup – plus grave : une attaque en piqué sur le fond. « Je ne comprendrais pas, poursuit Duflot, que l’Église ne partage pas nos objectifs de solidarité ». Comme si l’Église ne participait pas déjà largement à cette « solidarité » ! Selon Camille Bedin, secrétaire nationale à l’égalité des chances de l’UMP, « plutôt que de pointer du doigt les églises, qui agissent déjà beaucoup en faveur des plus démunis au travers d’associations reconnues, elle devrait les féliciter : elles n’ont attendu ni ses remontrances hautaines ni ses menaces inutiles pour agir ». Pour le numéro deux du FN, Louis Aliot, « affirmer, comme Cécile Duflot le fait, que l’Église ne serait pas solidaire participe d’un discours anticlérical et christianophobe d’un autre temps. De la part d’un membre du gouvernement qui est aussi l’un des chefs de la majorité, c’est particulièrement grave ».
À travers ses propos, c’est la hiérarchie épiscopale, ses milliers de bénévoles œuvrant toute l’année en faveur des plus démunis, mais aussi l’ensemble des catholiques que la ministre du Logement, farouche « laïcarde », pointe dans son viseur. « S’il y a pourtant un sujet où il est difficile d’attaquer l’Église, c’est bien la solidarité, rappelle l’abbé Grosjean. Beaucoup de paroisses accueillent des gens que l’État laisse dehors ». Pour ne parler que d’elle, l’opération Hiver solidaire, « pilotée » par le diocèse de Paris, permet actuellement à des centaines de SDF de trouver un toit pour une durée de quelques jours à trois mois.
Saint-Médard, Saint-Séverin, Saint-François-Xavier, Notre-Dame-de-l’Assomption-de-Passy… : on ne compte pas le nombre de paroisses mobilisées – soit pour accueillir les sans-logis directement en leur sein, soit pour obtenir de leurs paroissiens qu’ils les hébergent… Sans parler de l’« accompagnement sur la durée », quasi inexistant dans les structures non religieuses : à Saint-Joseph-des-Nations, « un accueilli de l’année dernière est devenu bénévole cette année », à Saint-Jacques-Saint-Christophe-de-la-Villette, « deux personnes accueillies sont reparties dans leur région d’origine, ont obtenu une HLM, un suivi social et un soutien du Secours catholique ou des Compagnons de Saint-Vincent-de-Paul »…
Pendant ce temps, ironise Mgr Dubost à propos de Duflot, « qu’est-ce qu’elle fait de son bureau et de ses salles de réception ? »
L’hostilité affichée par les députés socialistes et écologistes intervenant lors de l’audition, le 29 novembre à l’Assemblée, des représentants des différentes religions à propos du mariage homosexuel le démontre, autant que l’attitude et les propos de la ministre du Logement au sujet de « l’hébergement d’urgence » : pour une partie de la majorité, il s’agit moins de défendre le « mariage pour tous » ou les sans-logis que de s’attaquer à « l’ennemi héréditaire » que constitue (encore) la religion – en particulier catholique. « Il est difficile de ne pas penser que la polémique déclenchée par Cécile Duflot n’ait pas de rapport avec le soutien apporté par l’épiscopat aux manifestations contre le mariage homosexuel », témoigne un collaborateur du cardinal André Vingt-Trois. L’abbé Grosjean, qui a eu un « contact », lundi, avec le ministère du Logement, va jusqu’à évoquer un « climat de tension entre l’Église et le gouvernement ». Ce dernier en étant, clairement, le responsable.
© Valeurs actuelles – 2012
Écoute les pas du Seigneur vers toi !
Commentaire de l’évangile du 3ème Dimanche du Temps de l’Avent –Année C
C’est aujourd’hui le « dimanche de la joie ». Le prêtre est revêtu à cette occasion, comme au dimanche de la mi-carême, d’une chasuble rose. Oui, les chrétiens sont porteurs de plus formidable message de bonheur. Le prophète Sophonie nous invite à faire avec Dieu un tour de danse ! « Pousse des cris de joie, fille de Sion ! Éclate en ovations. Réjouis-toi. Tressaille d’allégresse... Car le Roi, ton Seigneur, est en toi ! Ton Dieu est en toi : il dansera pour toi avec des cris de joie, comme aux jours de fête ! » Et saint Paul surenchérit : « Soyez dans la joie. Que votre sérénité soit connue de tous. Le Seigneur est proche ».
Cette joie de Dieu, envahissant notre cœur, est-elle possible ? Jean-Baptiste, de manière très concrète, nous répond que oui... mais à trois conditions.
1. La conversion
Le chemin de la joie, pour le Baptiste, passe par la conversion du cœur. Nous portons en nous un désir de bonheur bien plus grand que nous. Seul Dieu peut dilater notre désir à sa mesure qui est d’aimer sans mesure. On n’est libre que dans la mesure où l’on aime, d’un amour de compassion, d’un amour gratuit.
2. Que devons-nous faire ?
Pour cela, nous n’avons à faire, poursuit le Baptiste, que des choses simples. « Si tu as deux manteaux, partage avec celui qui n’en a pas ». Ce n’est pas possible que certains, qui sont en position de force professionnellement, aient une sorte de privilège sur ceux qui sont sous leurs ordres. Eh bien, vous, les percepteurs d’impôts, vous les soldats... vous tous, qui par votre situation, avez les moyens de dominer les autres, « ne faites ni violence ni tort à personne ». Les chemins du bonheur empruntent ceux du partage et de la justice.
3. Être plongé dans le feu
Le Baptiste, enfin, après avoir invité à ouvrir sa garde-robe et son garde-manger, appelle à ouvrir son cœur. « Écoute ! Surtout ne fais pas de bruit ! Ecoute les pas du Seigneur vers toi ».
Se convertir peut paraître encore facile. Jean ne demande que des choses simples et concrètes. Mais essayons... et nous verrons que changer de vie nous est pratiquement impossible. Il y faut un acte de Dieu autant qu’un acte de l’homme.
Pour décrire l’action de Dieu, Jean Baptiste utilise trois images : la plongée, le vent et le feu. L’Esprit de Dieu veut nous bousculer comme un vent de tempête dans lequel on est plongé, comme un feu qui brûle et décape toutes nos souillures. Voilà ce que nous offre le sacrement de Pénitence de Noël que nous avons l’occasion de vivre avant les fêtes. Qu’il nous conduise plus avant sur la route du vrai bonheur, sur le chemin de la paix du cœur.