PKO 11.10.2012
Jeudi 11 octobre 2012 – Ouverture de l’Année de la Foi
Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°50/2012
HUMEURS
L’image symbole de l’année de la foi
Le Christ de la cathédrale de Cefalu en Sicile est le symbole de l’Année de la Foi.
Le Christ de Cefalu, comme celui de la Cathédrale de Papeete est dit : « Pantocrator » qui signifie Christ en gloire. Il s’agit d’une représentation artistique de Jésus Christ dans son corps glorieux. Ceci diffère des représentations plus humaines du Christ souffrant la Passion sur la Croix, ou celle de l’Enfant-Jésus. Il s’agit d’une représentation eschatologique de Jésus-Christ lors de la seconde parousie à la fin des temps après le jugement dernier.
L’adjectif pantocrator, vient du grec παντοκράτωρ, il signifie « tout puissant » et cette « toute-puissance » est exprimée par une lumière sans ombre, par le nimbe qui entoure la tête et des symboles comme les lettres grecques : α et ω (alpha et oméga).
La prière de l’année de la foi
C’est le Credo de Nicée-Constantinople qui nous est proposé comme prière quotidienne pour l’Année de la Foi. Appelé le Symbole dit de Nicée-Constantinople, il tient sa grande autorité du fait qu’il est issu des deux premiers Conciles œcuméniques (325 et 381).
Je crois en un seul Dieu,
tout-puissant,
créateur du ciel et de la terre,
de l’univers visible et invisible.
Je crois en seul Seigneur, Jésus Christ,
le Fils unique de Dieu,
né du Père avant tous les siècles :
Il est Dieu, né de Dieu,
lumière, née de la lumière,
vrai Dieu, né du vrai Dieu,
Engendré, non pas créé,
de même nature que le Père ;
et par lui tout a été fait.
Pour nous les hommes, et pour notre salut,
il descendit du ciel ;
Par l’Esprit Saint,
il a pris chair de la Vierge Marie,
et s’est fait homme.
Crucifié pour nous sous Ponce Pilate,
il souffrit sa passion et fut mis au tombeau.
Il ressuscita le troisième jour,
conformément aux Écritures,
et il monta au ciel ;
il est assis à la droite du Père.
Il reviendra dans la gloire,
pour juger les vivants et les morts ;
et son règne n’aura pas de fin.
Je crois en l’Esprit Saint,
qui est Seigneur et qui donne la vie ;
il procède du Père et du Fils ;
Avec le Père et le Fils,
il reçoit même adoration et même gloire ;
il a parlé par les prophètes.
Je crois en l'Église,
une, sainte, catholique et apostolique.
Je reconnais un seul baptême
pour le pardon des péchés.
J’attends la résurrection des morts
et la vie du monde à venir.
Amen.
UN « pélerinage dans les déserts du monde contemporain »
Homélie du pape Benoît XVI à l’occasion de l’ouverture de l’Année de la Foi
« Voici la façon dont nous pouvons penser cette Année de la foi : un pèlerinage dans les déserts du monde contemporain, au cours duquel il nous faut emporter seulement ce qui est essentiel : ni bâton, ni sac, ni pain, ni argent et n’ayez pas deux tuniques – comme dit le Seigneur à ses Apôtres en les envoyant en mission – mais l’Évangile et la foi de l’Église dont les documents du Concile Œcuménique Vatican II sont l’expression lumineuse, comme l’est également le Catéchisme de l’Église catholique, publié il y a 20 ans maintenant » : c’est ainsi que le pape Benoît XVI conclut son homélie de la messe d’inauguration solennelle de l’Année de la foi, place Saint-Pierre, ce 11 octobre. Une messe ponctuée de gestes et de signes rappelant le 50e anniversaire de l’ouverture du Concile, dont le trône de l’évangéliaire, représentant le Christ vivant. (zenit.org)
Vénérés frères
Chers frères et sœurs,
À 50 ans de l’ouverture du Concile Œcuménique Vatican II, c’est avec une joie profonde que nous inaugurons aujourd’hui l’Année de la foi. Je suis heureux de saluer toutes les personnes présentes, en particulier Sa Sainteté Bartholomée I, Patriarche de Constantinople, ainsi que Sa Grâce Rowan Williams, Archevêque de Canterbury. J’ai une pensée spéciale pour les Patriarches et les Archevêques majeurs des Églises orientales catholiques et pour les Présidents des Conférences épiscopales. Pour faire mémoire du Concile, que certains d’entre nous ici présents – et que je salue affectueusement – ont eu la grâce de vivre personnellement, cette célébration est encore enrichie par quelques signes spécifiques : la procession initiale qui rappelle la procession inoubliable des Pères conciliaires lorsqu’ils firent leur entrée solennelle dans cette Basilique ; l’intronisation de l’Évangéliaire, copie de celui-là même qui a été utilisé durant le Concile ; les sept Messages finaux du Concile ainsi que le Catéchisme de l’Église catholique que je remettrai à la fin de la Messe, avant la Bénédiction. Non seulement ces signes ne nous font pas seulement souvenir, mais ils nous offrent aussi l’opportunité de dépasser cette perspective pour aller au-delà. Ils nous invitent à entrer plus avant dans le mouvement spirituel qui a caractérisé Vatican II, pour se l’approprier et lui donner tout son sens. Ce sens fut et demeure la foi en Christ, la foi apostolique, animée par l’élan intérieur qui pousse à annoncer le Christ à chaque homme et à tous les hommes pendant le pèlerinage de l’Église sur les chemins de l’histoire.
La cohérence entre l’Année de la foi que nous ouvrons aujourd’hui et le chemin que l’Église a parcouru depuis les 50 dernières années est évidente : à commencer par le Concile, puis à travers le Magistère du Serviteur de Dieu Paul VI qui, déjà en 1967, avait proclamé une « Année de la foi », jusqu’au Grand Jubilée de l’an 2000 par lequel le Bienheureux Jean-Paul II a proposé à nouveau à toute l’humanité Jésus-Christ comme unique Sauveur, hier, aujourd’hui et pour toujours. Entre ces deux pontifes, Paul VI et Jean-Paul II, existe une convergence totale et profonde précisément au sujet du Christ, centre du cosmos et de l’histoire, ainsi qu’au regard du zèle apostolique qui les a portés à l’annoncer au monde. Jésus est le centre de la foi chrétienne. Le chrétien croit en Dieu par Jésus qui nous en a révélé le visage. Il est l’accomplissement des Écritures et leur interprète définitif. Jésus-Christ n’est pas seulement objet de la foi mais, comme le dit la Lettre aux Hébreux, il est « celui qui donne origine à la foi et la porte à sa plénitude » (He 12,2).
L’Évangile de ce jour nous dit que Jésus, consacré par le Père dans l’Esprit-Saint, est le sujet véritable et pérenne de l’évangélisation. « L’Esprit du Seigneur est sur moi pour cela il m’a consacré par l’onction et m’a envoyé annoncer aux pauvres une bonne nouvelle » (Lc 4,18). Cette mission du Christ, ce mouvement, se poursuit dans l’espace et dans le temps, il traverse les siècles et les continents. C’est un mouvement qui part du Père et, avec la force de l’Esprit, porte la bonne nouvelle aux pauvres de tous les temps, au sens matériel et spirituel. L’Église est l’instrument premier et nécessaire de cette œuvre du Christ parce qu’elle est unie à Lui comme le corps l’est à la tête. « Comme le Père m’a envoyé, moi-aussi je vous envoie » (Jn 20, 21). C’est ce qu’a dit le Ressuscité aux disciples et, soufflant sur eux, il ajouta : « Recevez l’Esprit Saint » (v. 22). C’est Dieu le sujet principal de l’évangélisation du monde, à travers Jésus- Christ ; mais le Christ lui-même a voulu transmettre à l’Église sa propre mission, il l’a fait et continue de le faire jusqu’à la fin des temps en répandant l’Esprit-Saint sur les disciples, ce même Esprit qui se posa sur Lui et demeura en Lui durant toute sa vie terrestre, Lui donnant la force de « proclamer aux prisonniers la libération et aux aveugles la vue », de « remettre en liberté les opprimés » et de « proclamer une année de grâce du Seigneur » (Lc 4, 18-19).
Le Concile Vatican II n’a pas voulu consacrer un document spécifique au thème de la foi. Pourtant, il a été entièrement animé par la conscience et le désir de devoir, pour ainsi dire, s’immerger à nouveau dans le mystère chrétien, afin d’être en mesure de le proposer à nouveau efficacement à l’homme contemporain. À cet égard, le Serviteur de Dieu Paul VI déclarait deux ans après la clôture de l’Assise conciliaire : « Si le Concile ne traite pas expressément de la foi, il en parle à chaque page, il en reconnaît le caractère vital et surnaturel, il la répute entière et forte et établit sur elle toutes ses affirmations doctrinales. Il suffirait de rappeler quelques affirmations conciliaires [...] pour se rendre compte de l’importance essentielle que le Concile, en cohérence avec la tradition doctrinale de l’Église, attribue à la foi, à la vraie foi, celle qui a pour source le Christ et pour canal le magistère de l’Église » (Catéchèse de l’Audience générale du 8 mars 1967). Ainsi s’exprimait Paul VI.
Mais nous devons maintenant remonter à celui qui a convoqué le Concile Vatican II et qui l’ouvrit : le Bienheureux Jean XXIII. Dans son discours inaugural, celui-ci présenta le but principal du Concile en ces termes : « Voici ce qui intéresse le Concile Œcuménique : que le dépôt sacré de la doctrine chrétienne soit défendu et enseigné de façon plus efficace. (...) Le but principal de ce Concile n’est donc pas la discussion de tel ou tel thème de doctrine... pour cela il n’est pas besoin d’un Concile... Il est nécessaire que cette doctrine certaine et immuable, qui doit être fidèlement respectée, soit approfondie et présentée de façon à répondre aux exigences de notre temps ».
À la lumière de ces paroles, on comprend ce que j’ai moi-même eu l’occasion d’expérimenter : durant le Concile il y avait une tension émouvante face au devoir commun de faire resplendir la vérité et la beauté de la foi dans l’aujourd’hui de notre temps, sans pour autant sacrifier aux exigences du moment présent ni la confiner au passé : dans la foi résonne l’éternel présent de Dieu, qui transcende le temps et qui pourtant ne peut être accueillie par nous que dans notre aujourd’hui qui est unique. C’est pourquoi je considère que la chose la plus importante, surtout pour un anniversaire aussi significatif que celui-ci, est de raviver dans toute l’Église cette tension positive, ce désir d’annoncer à nouveau le Christ à l’homme contemporain. Mais afin que cet élan intérieur pour la nouvelle évangélisation ne reste pas seulement virtuel ou ne soit entaché de confusion, il faut qu’il s’appuie sur un fondement concret et précis, et ce fondement est constitué par les documents du Concile Vatican II dans lesquels il a trouvé son expression. Pour cette raison, j’ai insisté à plusieurs reprises sur la nécessité de revenir, pour ainsi dire, à la « lettre » du Concile – c’est-à-dire à ses textes – pour en découvrir aussi l’esprit authentique, et j’ai répété que le véritable héritage du Concile Vatican II réside en eux. La référence aux documents protège des excès ou d’une nostalgie anachronique et ou de courses en avant et permets d’en saisir la nouveauté dans la continuité. Le Concile n’a rien produit de nouveau en matière de foi et n’a pas voulu en ôter ce qui est antique. Il s’est plutôt préoccupé de faire en sorte que la même foi continue à être vécue dans l’aujourd’hui, continue à être une foi vivante dans un monde en mutation.
Si nous acceptons la direction authentique que le Bienheureux Jean XXIII a voulu imprimer à Vatican II, nous pourrons la rendre actuelle durant toute cette Année de la foi, dans l’unique voie de l’Église qui veut continuellement approfondir le dépôt de la foi que le Christ lui a confié. Les Pères conciliaires entendaient présenter la foi de façon efficace. Et s’ils se sont ouverts dans la confiance au dialogue avec le monde moderne c’est justement parce qu’ils étaient sûrs de leur foi, de la solidité du roc sur lequel ils s’appuyaient. En revanche, dans les années qui ont suivi, beaucoup ont accueilli sans discernement la mentalité dominante, mettant en discussion les fondements même du depositum fidei qu’ils ne ressentaient malheureusement plus comme leurs dans toute leur vérité.
Si aujourd’hui l’Église propose une nouvelle Année de la foi ainsi que la nouvelle évangélisation, ce n’est pas pour célébrer un anniversaire, mais parce qu’on en a besoin, plus encore qu’il y a 50 ans ! Et la réponse à donner à cette nécessité est celle voulue par les Papes et par les Pères du Concile, contenue dans ses documents. L’initiative même de créer un Conseil pontifical destiné à promouvoir la nouvelle évangélisation, que je remercie pour les efforts déployés pour l’Année de la foi, entre dans cette perspective. Les dernières décennies une « désertification » spirituelle a progressé. Ce que pouvait signifier une vie, un monde sans Dieu, au temps du Concile, on pouvait déjà le percevoir à travers certaines pages tragiques de l’histoire, mais aujourd’hui nous le voyons malheureusement tous les jours autour de nous. C’est le vide qui s’est propagé. Mais c’est justement à partir de l’expérience de ce désert, de ce vide, que nous pouvons découvrir de nouveau la joie de croire, son importance vitale pour nous, les hommes et les femmes. Dans le désert on redécouvre la valeur de ce qui est essentiel pour vivre ; ainsi dans le monde contemporain les signes de la soif de Dieu, du sens ultime de la vie, sont innombrables bien que souvent exprimés de façon implicite ou négative. Et dans le désert il faut surtout des personnes de foi qui, par l’exemple de leur vie, montrent le chemin vers la Terre promise et ainsi tiennent en éveil l’espérance. La foi vécue ouvre le cœur à la Grâce de Dieu qui libère du pessimisme. Aujourd’hui plus que jamais évangéliser signifie témoigner d’une vie nouvelle, transformée par Dieu, et ainsi indiquer le chemin.
La première Lecture nous a parlé de la Sagesse du voyageur (cf. Sir 34,9-13) : le voyage est une métaphore de la vie et le voyageur sage est celui qui a appris l’art de vivre et est capable de partager avec ses frères – comme c’est le cas pour les pèlerins sur le Chemin de Saint-Jacques ou sur les autres voies qui ont connu récemment, non par hasard, un regain de fréquentation. Comment se fait-il que tant de personnes ressentent le besoin de parcourir ces chemins ? Ne serait-ce pas parce qu’il trouvent là, ou au moins y perçoivent quelque chose du sens de notre être au monde ? Voici alors la façon dont nous pouvons penser cette Année de la foi : un pèlerinage dans les déserts du monde contemporain, au cours duquel il nous faut emporter seulement ce qui est essentiel : ni bâton, ni sac, ni pain, ni argent et n’ayez pas deux tuniques – comme dit le Seigneur à ses Apôtres en les envoyant en mission (cf. Lc 9,3) – mais l’Évangile et la foi de l’Église dont les documents du Concile Œcuménique Vatican II sont l’expression lumineuse, comme l’est également le Catéchisme de l’Église catholique, publié il y a 20 ans maintenant.
Vénérés et chers Frères, le 11 octobre 1962 on célébrait la fête de la Vierge Marie, Mère de Dieu. C’est à elle que nous confions l’Année de la foi, comme je l’ai fait il y a une semaine lorsque je suis allé en pèlerinage à Lorette. Que la Vierge Marie brille toujours comme l’étoile sur le chemin de la nouvelle évangélisation. Qu’elle nous aide à mettre en pratique l’exhortation de l’Apôtre Paul : « Que la Parole du Christ habite en vous dans toute sa richesse ; instruisez- vous et reprenez-vous les uns les autres avec une vraie sagesse... Et tout ce que vous dites, tout ce que vous faites, que ce soit toujours au nom du Seigneur Jésus Christ, en offrant par lui votre action de grâce à Dieu le Père » (Col 3,16-17). Amen.
© Libreria Editrice Vaticana – 2012
Le 11 octobre 1962 : « Ce fut une journée splendide »
Texte inédit de Benoit XVI sur le Concile Vatican II
« Ce fut une journée splendide » : tel est le souvenir que Benoît XVI a gardé du 11 octobre 1962, ouverture solennelle du Concile Vatican, où il était à l’époque le jeune théologien Joseph Ratzinger, expert. À l’occasion du cinquantième anniversaire de l’ouverture de Vatican II, L’Osservatore Romano publie un numéro spécial, en anglais, espagnol et italien sur l’histoire de ce concile œcuménique, à l’aide des chroniques de l’époque. Le numéro s’ouvre par un texte que Benoît XVI a écrit en août 2012 pour la prochaine publication de ses écrits conciliaires, par les Éditions Herder, supervisée par Mgr Gerhard Ludwig Müller, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi. Ce texte inédit est paru en allemand dans l’édition de L’Osservatore Romano du 11 octobre. Voici sa traduction française, publiée par Radio Vatican.
Ce fut une journée splendide lorsque, le 11 octobre 1962, avec l'entrée solennelle de plus de deux mille Pères conciliaires dans la basilique Saint-Pierre à Rome, s’ouvrit le Concile Vatican II. En 1931, Pie XI avait dédié ce jour à la fête de la Divine Maternité de Marie, en mémoire du fait que mille cinq cents ans auparavant, en 431, le Concile d’Ephèse avait solennellement reconnu à Marie ce titre, pour exprimer ainsi l’union indissoluble de Dieu et de l’homme dans le Christ. Le Pape Jean XXIII avait fixé ce jour pour le début du Concile, afin de confier la grande assemblée ecclésiale, qu’il avait convoquée, à la bonté maternelle de Marie, et enraciner fermement le travail du Concile dans le mystère de Jésus Christ. Ce fut impressionnant de voir entrer les évêques provenant du monde entier, de tous les peuples et races : une image de l’Église de Jésus Christ qui embrasse le monde entier, dans laquelle les peuples de la terre se savent unis dans sa paix.
Ce fut un temps d’attente extraordinaire. De grandes choses allaient se passer. Les conciles précédents avaient presque toujours été convoqués pour une question concrète à laquelle ils devaient répondre. Cette fois-ci il n’y avait pas un problème particulier à résoudre. Mais précisément pour cela flottait dans l’air un sentiment d’attente générale : le christianisme, qui avait édifié et façonné le monde occidental, semblait perdre toujours plus sa force efficace. Il apparaissait fatigué et il semblait que l’avenir était déterminé par d’autres pouvoirs spirituels. La perception de cette perte du présent de la part du christianisme et de la tâche qui en découlait était bien résumée dans le terme « mise à jour ». Le christianisme devait être dans le présent pour pouvoir donner forme à l’avenir. Afin qu’il puisse devenir à nouveau une force qui modèle l’avenir, Jean XXIII avait convoqué le Concile sans lui indiquer de problèmes concrets ou de programmes. Ce fut cela la grandeur et en même temps la difficulté de la tâche qui se présentait à l’assemblée ecclésiale.
Les épiscopats particuliers s’approchèrent sans aucun doute du grand événement avec des idées différentes. Certains y arrivèrent davantage dans une attitude d’attente à l’égard d’un programme qui devait être développé. Ce fut l’épiscopat du centre de l’Europe – Belgique, France et Allemagne – à avoir les idées les plus arrêtées. Dans le détail, l’accent était assurément placé sur des aspects différents ; toutefois il existait certaines priorités communes. Un thème fondamental était l'ecclésiologie, qui devait être approfondie du point de vue de l’histoire du salut, trinitaire et sacramentelle ; à cela s’ajoutait l’exigence de compléter la doctrine du primat du Concile Vatican I à travers une réévaluation du ministère épiscopal. Un thème important pour les épiscopats du centre de l'Europe était le renouveau liturgique, que Pie XII avait déjà commencé à réaliser. Un autre accent central, en particulier pour l'épiscopat allemand, était mis sur l'œcuménisme : supporter ensemble la persécution de la part du nazisme avait beaucoup rapproché les chrétiens protestants et catholiques ; maintenant cela devait être compris et mis en avant aussi au niveau de toute l’Église. À cela s’ajoutait le cycle thématique Révélation-Écriture-Tradition-Magistère. Chez les français fut toujours plus mis en première ligne le thème du rapport entre l’Église et le monde moderne, à savoir le travail sur ce que l’on appelait le « Schéma XIII », qui a ensuite donné naissance à la Constitution pastorale sur l’Église dans le monde de ce temps. Ici on touchait le point de la véritable attente du Concile. L’Église, qui à l’époque baroque avait encore, d’une certaine manière, modelé le monde, à partir du XIXème siècle était entrée d’une façon toujours plus évidente dans une relation négative avec l'époque moderne, qui ne commença vraiment qu’à ce moment-là. Les choses devaient-elles demeurer ainsi ? L’Église ne pouvait-elle accomplir un pas positif dans les temps nouveaux ? Derrière la vague expression « monde d’aujourd’hui » se trouve la question du rapport avec l'époque moderne. Pour l’éclaircir il aurait été nécessaire de mieux définir ce qui était essentiel et constitutif de l'époque moderne. On n’y est pas parvenu dans le « Schéma XIII ». Même si la Constitution pastorale exprime beaucoup de choses importantes pour la compréhension du « monde » et apporte d’importantes contributions sur la question de l’éthique chrétienne, sur ce point elle n’a pas réussi à offrir un éclaircissement substantiel.
De manière inattendue, on ne trouve pas la rencontre avec les grands thèmes de l'époque moderne dans la grande Constitution pastorale, mais bien dans deux documents mineurs, dont l'importance est apparue seulement peu à peu, avec la réception du Concile. Il s'agit tout d'abord de la Déclaration sur la liberté religieuse, demandée et préparée avec une grande sollicitude en particulier par l'épiscopat américain. La doctrine de la tolérance, telle qu'elle avait été élaborée en détail par Pie XII, n'apparaissait plus suffisante face à l'évolution de la pensée philosophique et de la manière de concevoir l'État moderne. Il s'agissait de la liberté de choisir et de pratiquer la religion, ainsi que de la liberté d’en changer, en tant que droits fondamentaux de la liberté de l'homme. Pour des raisons très profondes, une telle conception ne pouvait pas être étrangère à la foi chrétienne, qui était entrée dans le monde en demandant que l'État ne puisse pas décider de la vérité et ne puisse exiger aucun type de culte. La foi chrétienne revendiquait la liberté de la conviction religieuse et de sa pratique dans le culte, sans pour autant violer le droit de l'État dans sa propre organisation : les chrétiens priaient pour l'empereur, mais ils ne l'adoraient pas. De ce point de vue, on peut affirmer que le christianisme, avec sa naissance, a apporté dans le monde le principe de la liberté de religion. Toutefois, l'interprétation de ce droit à la liberté dans le contexte de la pensée moderne était encore difficile, car il pouvait sembler que la version moderne de la liberté de religion présupposait l'inaccessibilité de la vérité pour l'homme et qu'elle déplaçait donc la religion fondamentalement dans le domaine de la subjectivité. Il a certainement été providentiel que, treize années après la conclusion du Concile, le Pape Jean-Paul II soit venu d'un pays dans lequel la liberté religieuse était contestée par le marxisme, c'est-à-dire dans lequel régnait une forme particulière de philosophie d'État moderne. Le Pape provenait d'une situation qui ressemblait par certains côtés à celle de l'Église antique, si bien que devint à nouveau visible le rapport intime entre la foi et le thème de la liberté, en particulier la liberté de religion et de culte.
Le deuxième document qui se serait ensuite révélé important pour la rencontre de l'Église avec l'époque moderne est né presque par hasard et s'est développé en plusieurs étapes. Je fais référence à la déclaration Nostra Ætate sur les relations de l'Église avec les religions non chrétiennes. Au début, l'intention était de préparer une déclaration sur les relations entre l'Église et le judaïsme, un texte devenu intrinsèquement nécessaire après les horreurs de la shoah. Les Pères conciliaire des pays arabes ne s'opposèrent pas à un tel texte, mais ils expliquèrent que si l'on voulait parler du judaïsme, alors il fallait aussi prononcer quelques mots sur l'islam. Nous n'avons compris que peu à peu en occident à quel point ils avaient raison à cet égard. Enfin, l'intuition se développa qu'il était juste de parler également de deux autres grandes religions – l'hindouisme et le bouddhisme – ainsi que du thème de la religion en général. À cela s'ajouta ensuite spontanément une brève instruction relative au dialogue et à la collaboration avec les religions dont les valeurs spirituelles, morales et socio-culturelles devaient être reconnues, conservées et promues (cf. n. 2). Ainsi, dans un document précis et extraordinairement riche, fut abordé pour la première fois un thème dont l'importance à l'époque n'était pas encore prévisible. La tâche que celui-ci implique, les efforts qu'il faut encore accomplir pour distinguer, éclaircir et comprendre, apparaissent toujours plus évidents. Au cours du processus de réception active est peu à peu apparue également une faille dans ce texte, qui est en soi extraordinaire : celui-ci parle de la religion uniquement de manière positive et ignore les formes malades et déviées de religion, qui du point de vue historique et théologique ont une vaste portée ; c'est pourquoi, dès le début, la foi chrétienne a été très critique, que ce soit vers l'intérieur ou vers l'extérieur, à l'égard de la religion.
Si au début du Concile avaient prévalu les épiscopats du centre de l’Europe avec leurs théologiens, au cours des étapes conciliaires, le domaine de travail et de responsabilité commune s’est étendu toujours plus. Les évêques se reconnaissaient comme des apprentis à l’école de l’Esprit Saint et à l’école de la collaboration réciproque, mais précisément de cette façon, ils se reconnaissaient comme des serviteurs de la Parole de Dieu qui vivent et œuvrent dans la foi. Les Pères conciliaires ne pouvaient pas et ne voulaient pas créer une Église nouvelle, différente. Ils n’avaient ni le mandat, ni la charge de le faire. Ils étaient Pères du Concile avec une voix et un droit de décision uniquement en tant qu’évêques, c’est-à-dire en vertu du sacrement et dans l’Église sacramentelle. C’est pourquoi ils ne pouvaient pas et ne voulaient pas créer une foi différente ou une Église nouvelle, mais les comprendre toutes deux de façon plus profonde et donc véritablement les « renouveler ». C’est pourquoi une herméneutique de la rupture est absurde, contraire à l’esprit et à la volonté des Pères conciliaires.
Avec le cardinal Frings, j’ai eu un « père » qui a vécu de façon exemplaire cet esprit du Concile. C’était un homme d’une profonde ouverture et grandeur, mais il savait aussi que seule la foi conduit à sortir au grand jour, vers cet ample horizon qui demeure étranger à l’esprit positiviste. C’est cette foi qu’il voulait servir avec le mandat reçu à travers le sacrement de l’ordination épiscopale. Je ne peux que lui être toujours reconnaissant de m’avoir emmené – moi qui étais le professeur le plus jeune de la Faculté de théologie catholique de l’université de Bonn – comme son consultant à la grande assemblée de l’Église, me permettant d’être présent dans cette école et de parcourir de l’intérieur le chemin du Concile. Dans cet ouvrage sont rassemblés les divers écrits par lesquels, dans cette école, j’ai demandé la parole. Il s’agit de demandes de prise de parole tout à fait fragmentaires et qui laissent transparaître également le processus d’apprentissage que le Concile et sa réception ont signifié et signifient encore pour moi. Je forme le vœu que ces multiples contributions, avec toutes leurs limites, puissent toutefois aider dans l’ensemble à mieux comprendre le Concile et à le traduire dans une vie ecclésiale juste. Je remercie de tout cœur Mgr Gerhard Ludwig Müller, ainsi que les collaborateurs de l’Institut Papst Benedikt XVI pour l’engagement extraordinaire dont ils ont fait preuve pour réaliser cet ouvrage.
Castel Gandolfo,
en la fête du saint évêque Eusèbe de Verceuil
2 août 2012
Benoît XVI
© Radio Vatican - 2012
Devant le pape, Cyril BRUNET, 22 ans, héritier de Vatican II
Ce saint-cyrien, actuellement à Rome pour achever sa formation, est l’un des six jeunes du monde entier qui a reçu des mains de Benoît XVI, ce jeudi 11 octobre, l’un des « messages du peuple de Dieu » publiés par Paul VI après le Concile.
« Qui est le plus jeune parmi vous ? » Répondant à la question d’un prêtre de la paroisse française Saint-Louis-des-Français à Rome lors d’une messe de semaine, Cyril Brunet, 22 ans, s’est désigné. Et c’est ainsi que cet étudiant en dernière année de Saint-Cyr, en stage dans la Ville Éternelle depuis le début du mois de septembre au Conseil pontifical Justice et Paix pour son mémoire de fin d’études, fit partie, jeudi 11 octobre, des six jeunes qui ont reçu des mains de Benoît XVI « les messages du peuple de Dieu » de Paul VI. Une manière pour le pape de jeter un pont entre les générations dans l’Église et de signifier la continuité du message du Christ, de concile en concile.
Le hasard fait bien les choses car le futur militaire, qui envisage une carrière dans la gendarmerie, se dit très sensible à la conception du pape. « C’est en lisant Benoît XVI que j’ai découvert le concile Vatican II, reconnaît-il. Et j’ai compris qu’il n’y avait pas de rupture avec Vatican I. C’est le même message, celui du Christ, exprimé avec les mots de l’époque moderne ». Contrairement à certaines idées reçues, selon lesquelles la jeune génération catholique ne se sent pas de liens avec Vatican II, Cyril Brunet raconte qu’il va y chercher régulièrement des réponses pour nourrir et affermir sa foi. « Le concile est la boussole de l’Église. Pour témoigner de sa foi à l’extérieur, comme nous y sommes tous invités, il est indispensable d’en connaître les fondements ».
Originaire de Malo-les-Bains, près de Dunkerque dans le Nord, où il a grandi dans une famille de tradition catholique, il dit avoir fait une expérience de « conversion » alors qu’il participait à une rencontre de jeunes. « Le Seigneur m’a montré que la vérité se trouvait dans l’Église catholique. Ce jour-là, les paroles du prêtre m’ont fait sentir toute l’exigence et la dignité de ce à quoi nous sommes appelés, en tant que catholiques ». Pour son mémoire de fin d’études, il a choisi un thème qui lie ses convictions à sa formation militaire : « La paix universelle développée dans l’Église catholique de 1968 à 2012 ».
« C’est un sujet très enrichissant, estime-t-il. On voit comment l’Église catholique joue un rôle important sur la scène internationale. Cela éclaire ma foi ». Témoigne-t-il de sa foi auprès de ses collègues saint-cyriens ? « Je ne cherche pas à faire de prosélytisme, répond-il aussitôt. L’Église nous demande de vivre pleinement le message du Christ et c’est comme cela que les autres viendront vers nous. Notamment les jeunes : ils cherchent des réponses dans la science et dans la technologie mais se coupent de la richesse de l’Évangile ».
Bruno BOUVET (à Rome)
© La Croix – 2012
Indulgences plénière pour l’année de la Foi
accordée par le pape Benoît XVI
Vendredi 5 octobre, à l'occasion de l'Année de la foi (11 octobre 2012 - 24 novembre 2013), le pape Benoît XVI accorde l'indulgence plénière. La Pénitencerie apostolique en a précisé les conditions. Parmi celle-ci notons la place particulière réservée à la Cathédrale ainsi que les fons baptismaux… Voici un résumé de la présentation faite par la Pénitencerie Apostolique.
Le jour du cinquantième anniversaire de l'ouverture du Concile Vatican II s'ouvre une années consacrée à la profession de la foi catholique et à sa juste interprétation.
Il est recommandée une lecture et la méditation des actes conciliaires ou des articles du Catéchisme. S'agissant avant tout de développer au plus haut niveau la sainteté de vie en atteignant la pureté de l'âme, l'indulgence sera du plus grand profit. En vertu du pouvoir conféré par le Christ, elle en offre le bénéfice à tous ceux qui se plieront aux prescriptions particulières. Durant la durée de cette Année, ces fidèles pourront acquérir l'indulgence plénière des peines attachées à leurs péchés, en suffrage des défunts comme aux repentis vivants qui prieront aux intentions du Saint-Père.
L'indulgence plénière leur sera concédée chaque fois qu'ils assisteront à au moins trois prédications de mission, ou à trois leçons consacrées aux actes conciliaires ou aux articles du Catéchisme.
Chaque fois qu'ils visiteront en pèlerins une basilique papale, une catacombe, une cathédrale ou un sanctuaire désigné par l'ordinaire du lieu, et prendront part à une cérémonie ou se recueilleront et réciteront le Pater, le Credo, les invocations à la Vierge, aux Apôtres ou aux saints patrons.
Chaque fois qu'au jour fixé par l'ordinaire du lieu et aux solennités ils assisteront à la messe ou aux vêpres, comprenant la profession de foi.
Chaque fois qu'ils visiteront un baptistère ou des fons pour y renouveler leurs promesses baptismales.
Dans des occasions solennelles, les évêques et clercs dûment délégués pourront accorder la bénédiction papale à laquelle est attachée l'indulgence plénière.
Les fidèles repentis qui seraient légitimement empêchés de prendre part aux cérémonies fixées et de se rendre dans les lieux prescrits (en raison de la clôture monastique, de l'état carcéral, de l'état de santé ou d'assistance permanente aux malades) pourront, unis en esprit et pensée, s'unir par la radio et la télévision aux interventions du Pape et des évêques, récitant le Pater ou le Credo, priant ou offrant leurs souffrances aux intentions de l'Année de la foi.
On rappelle que l'indulgence plénière permet la rémission de la peine temporelle due par nos péchés. Elle est obtenue avec les conditions suivantes :
- confession dans la semaine ;
- communion le jour même ;
- une haine du péché mortel et du péché véniel délibéré ;
- la prière pour la personne et les intentions du Souverain Pontife ;
- l'accomplissement de l'un des actes établis, et décrit ci-dessus.
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Le don de l’Indulgences plénière
Rappel à caractère général sur les indulgences – Pénitencerie Apostolique
La célébration de l'Année de la Foi n'est pas seulement l'occasion particulière de profiter du grand don des indulgences que le Seigneur nous fait, à travers l'Église, mais elle est également une heureuse occasion pour rappeler à la considération des fidèles la catéchèse sur les indulgences. C'est pourquoi la Pénitencerie apostolique rappelle le sens de l’Indulgence plénière.
1- L'indulgence est ainsi définie dans le « Code de Droit canonique » (can. 992) et dans le « Catéchisme de l'Église catholique » (n. 1471) : « L'indulgence est la rémission devant Dieu de la peine temporelle due pour les péchés dont la faute est déjà effacée, rémission que le fidèle bien disposé obtient à certaines conditions déterminées, par l'action de l'Église, laquelle, en tant que dispensatrice de la rédemption, distribue et applique par son autorité le trésor des satisfactions du Christ et des saints ».
2- En général, l'acquisition des indulgences exige des conditions déterminées, et l'accomplissement d'œuvres déterminées (ci-dessus : Indulgence plénière pour l’Année de la Foi).
3- Pour obtenir les indulgences, tant plénières que partielles, il faut, au moins avant d'accomplir les dernières exigences de l'œuvre indulgenciée, que le fidèle soit en état de grâce.
4- L'indulgence plénière peut être obtenue seulement une fois par jour. Mais pour l'obtenir, outre l'état de grâce, il est nécessaire que le fidèle
- possède la disposition intérieure, du détachement complet du péché, même seulement véniel ;
- se confesse sacramentellement de ses péchés ;
- reçoive la Sainte Eucharistie (il est certes mieux de la recevoir en participant à la Messe ; mais, pour l'indulgence, seule la sainte communion est nécessaire) ;
- prie selon les intentions du Souverain Pontife.
5- Il est bon, mais pas nécessaire, que la Confession sacramentelle, et en particulier la sainte communion et la prière pour les intentions du Pape soient effectuées le jour même où l'on accomplit l'œuvre indulgenciée ; mais il est suffisant, que ces saints rites et prières soient accomplis quelques jours (environ 20) avant ou après l'acte indulgencié. La prière selon l'intention du Pape est laissée au choix du fidèle, mais on suggère un « Notre Père » et un « Ave Maria ». Pour diverses indulgences plénières il est suffisant d'effectuer une Confession sacramentelle, mais il est requis une sainte communion distincte et une prière distincte selon l'intention du Pape pour chaque indulgence plénière.
6- Les confesseurs peuvent changer, pour ceux qui en sont légitimement empêchés, l'œuvre prescrite ainsi que les conditions requises (exception faite bien sûr du détachement du péché, même véniel).
7- Les indulgences sont toujours applicables à soimême ou aux âmes des défunts, mais elles ne sont pas applicables à d'autres personnes vivant sur terre.
Donné à Rome, au Siège de la Pénitencerie apostolique, le 29 janvier 2000.
Cardinal WILLIAM WAKEFIELD Card. BAUM
Grand Pénitencier
S.Exc. Mgr LUIGI DE MAGISTRIS
Évêque titulaire de Nova Régent
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