PKO 08.07.2012

Dimanche 8 juillet 2012 – XIVème Dimanche du Temps ordinaire – Année B

Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°35/2012

HUMEURS

Les cathos de la Cathédrale… !

Citoyens de seconde zone !

Nous en avons confirmation. La finale Academy DJ prévue le 13 juillet, de 22h à 3h du matin, dans la rue Jeanne d’Arc devant la Cathédrale… et ce, au plus grand mépris des fidèles qui au même moment et depuis de nombreuses années y vivent leur adoration !

On savait déjà que les autorités publiques n’avaient que faire de ces citoyens de seconde zone, connus pour leur savoir se taire et leur tolérance à se laisser faire… Tapage nocturne chaque vendredi et samedi sans la moindre intervention… incluant la dégradation des bâtiments… le nettoyage et les réparations étant aux frais des fidèles cathos…

Aujourd’hui, un pas de plus se franchit… et qui plus est dans le mensonge ! En effet, les autorités publiques nous demande confirmation d’un avis favorable de notre part pour l’organisation  de cette manifestation… Et, ceci bien entendu, après qu’elle ait été annoncée à grand renfort de publicité. Si l’on ne doute pas de  l’honnêteté de la Radio animatrice qui a fait la demande d’autorisation auprès des autorités compétentes en temps et en heure… on émet un fort doute  en ce qui concerne les autres protagonistes !

Il est évident que  si les « taata tupapau »* vivent quelques turbulences en France… ils ont encore de beaux jours et une grande influence en Polynésie !

P.S. : On me fait savoir qu’il n’est plus d’usage de dire « taata tupapau »* mais « tamuta tiama »* !

Dommage, l’expression est moins poétique !

* Taata tupapau ou Tamuta tiama = Francs-maçons

                                                                  

En marge de l’actualité

Les chrétiens : principales victimes dans le monde

Si dans notre Pays la liberté religieuse est une réalité, il n’en est pas de même sur l’ensemble de notre planète. Certes la situation s’est nettement améliorée en Europe de l’Est avec l’effondrement du bloc communiste, malheureusement la violence a pris le relais dans de nombreuses régions du monde. Toutes les religions sont concernées, y compris l’islam, le judaïsme, le bouddhisme, mais ce sont de loin les chrétiens de toutes confessions qui restent majoritairement les victimes de l’absence de liberté religieuse.

Avec deux milliards de croyants, les chrétiens sont les plus nombreux, et comme ils prônent la non-violence, ils constituent une cible facile et, souvent, un bouc-émissaire. Égypte, Syrie, Yemen, Somalie, Irak Sri Lanka, Pakistan, Indonésie…, pour ne citer que quelques uns, sont des pays où les violences à l’égard des chrétiens sont quasi quotidiennes.

Au Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique, les chrétiens subissent depuis dix ans des violences permanentes. Les médias se sont faits l’écho des attentats perpétrés par la secte « Boko Haram », groupe islamiste dont le nom signifie : « les livres sont interdits ». Malgré la peur et l’atmosphère de forte tension les chrétiens s’enracinent davantage dans la foi et… osent même le pardon. Après les attentats de Jos, capitale de l’État du Plateau, anglicans, évangéliques, pentecôtistes sont venus soutenir les catholiques. Les grandes villes connaissent les attentats à la bombe, mais les villages sont l’objet de véritables razzias. Un pasteur déclare : « Les attaques ne nous décourageront ni d’être chrétiens, ni de rester ici ». L’archevêque de Jos, Mgr Kaigama, président de la conférence épiscopale nigériane déclare : « On raisonne trop en termes d’“eux” contre “nous”. Les jeunes chrétiens ont une vision très négative des musulmans. Et chez ces derniers, c’est la même chose : les messages de haine et l’endoctrinement des enfants me préoccupent beaucoup… Pour nous, le choix est très simple : si nous ne pardonnons pas, nous cessons d’être chrétiens ».

Il est clair que la plupart des conflits interreligieux sont d’une part, liés à des problèmes sociopolitiques, et, d’autre part, attisés par une foi non éclairée, un fanatisme exacerbé par des leaders assoiffés de vengeance et de pouvoir.

Dans le confort de nos églises et de nos temples il nous revient, à nous chrétiens polynésiens, de prier certes pour tous ces frères et sœurs martyrisés, mais aussi d’agir en nous tenant informés avec objectivité sur ces conflits. C’est également une invitation à nous former pour que notre foi soit éclairée par la raison. C’est là un des objectifs des écoles de formation qui viennent d’ouvrir pour quatre semaines dans le diocèse de Papeete.

Dominique SOUPÉ

Chancelier

Merci aux Sœurs de Notre Dame des Anges

Les Sœurs de Notre Dame des Anges vont quitter définitivement notre diocèse, après 62 ans de présence active. Un petit mot pour leur dire toute notre reconnaisance pour l’œuvre accomplie chez nous… Un merci tout particulier de la communauté paroissiale de la Cathédrale à Sœur Hermine, dévouée et fidèle secrétaire bénévole du presbytère et de l’Accueil Te Vai-ete. Nous essayerons d’être fidèle à votre témoignage et de transmettre à notre tour le feu de la foi.

L'histoire de la fondation de la mission de Tahiti débute le 28 novembre 1950. Quatre Sœurs Missionnaires de Notre-Dame des Anges de Sherbrooke, Canada, débarquent d'un cargo, pour porter la Bonne Nouvelle à Tahiti, en Polynésie française. Ce sont Sr St-André (Béatrice Carrier), Sr Ste-Justine (Bernadette Laliberté), Sr Marie-des-Anges (Madeleine Godbout) et Sr Ste-Yolande (Jeannine Rosa).

Le 14 février 1951, avec l'autorisation du gouverneur français, M. Petitbon, elles ouvrent une école primaire à Faaa où elles accueillent 180 élèves. En 1955, elles commencent le cours secondaire, en suivant le programme français.  Ce n'est pas peu dire ! Au fil des ans, l'école et le collège se développent d'une façon encourageante. En 2010, les deux établissements comptent plus de 1 000 élèves.

Dès le début, notre objectif fut l'évangélisation du peuple polynésien, à travers l'enseignement, la catéchèse, la formation des laïcs, le témoignage personnel, etc… Progressivement, plusieurs laïcs se sont engagés et ont apporté leur concours aux sœurs dans les différents champs d'évangélisation commencés par elles. Je ne peux passer sous silence, la fondation de la Légion de Marie et du Curcillo par Sr St Fidèle (Rosa Théroux), le lancement du Renouveau charismatique dans la paroisse Saint-Joseph de Faaa par Sr. Jeannine, avec l'aide des Pères Oblats de Marie Immaculée, les retraites pour les élèves finissants du Collège, la formation de groupes de jeunes, etc…

Mgr Mazé désirait avoir dans son diocèse une congrégation religieuse locale. Il fit appel aux MNDA. Sr Fleurette Lemieux fut la première formatrice de la congrégation des Filles de Jésus Sauveur.

Nous fûmes aussi appelées à ouvrir une école primaire dans le district éloigné de la capitale, Taravao. Puis nous avons remplacé les Srs de Saint-Joseph de Cluny à l'école Ste-Thérèse de Papeete. Cependant, il y a quelques années, nous avons dû nous retirer de ces 2 établissements.

Combien de temps pourrons-nous encore tenir à Faaa ? Nous laissons la réponse au Seigneur.  Nous ne sommes pas inquiètes, car plusieurs laïcs ont été formés et assurent déjà plusieurs responsabilités que les sœurs ont remplies.

Sr Jeannine Rosa, dernière des 4 fondatrices vient de rentrer au Québec, terre qu'elle connaît moins bien que la Polynésie où elle a vécu 53 ans. Elle nous dit : « J'ai voulu être missionnaire pour tout donner au Seigneur, Lui qui a tant fait pour moi. C'est avec beaucoup de regret que je laisse ce peuple si sympathique que j'aime tant. Parmi les jeunes que j'ai aidés, qui me remplacera ? »

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La prière de l’Église pour Pierre

Catéchèse du pape Benoît XVI du 9 mai 2012

« Dès le premier instant de mon élection comme Successeur de saint Pierre, je me suis toujours senti soutenu par votre prière, par la prière de l’Église », a dit Benoît XVI, remerciant « de tout cœur » ceux qui prient pour lui. C’est ainsi que le pape a conclu sa catéchèse sur la prière dans les Actes des Apôtres. Il a médité sur le récit de la libération miraculeuse de saint Pierre (Ac 12, 1-7) grâce à la prière confiante et unanime de la communauté chrétienne et a encouragé les fidèles à prier avec constance dans l’épreuve.


Chers frères et sœurs,

Aujourd’hui, je voudrais m’arrêter sur le dernier épisode de la vie de saint Pierre, raconté dans les Actes des apôtres : son emprisonnement sur la volonté d’Hérode Agrippa et sa libération par l’intervention prodigieuse de l’ange du Seigneur, à la veille de son procès à Jérusalem (cf. Ac 12, 1-17).

Une fois de plus, le récit est marqué par la prière de l’Église. En effet, saint Luc écrit : « Tandis que Pierre était ainsi gardé en prison, la prière de l’Église s’élevait pour lui vers Dieu sans relâche » (Ac 12, 5). Et après qu’il a miraculeusement quitté la prison, quand il se rend chez Marie, mère de Jean dit Marc, Luc affirme qu’ « une assemblée assez nombreuse s’était réunie et priait » (Ac 12, 12). Entre ces deux indications importantes, qui illustrent l’attitude de la communauté chrétienne face au danger et à la persécution, vient le récit de la détention et la de libération de Pierre, qui durent toute la nuit. La force de la prière incessante de l’Église monte jusqu’à Dieu et le Seigneur écoute et accomplit une libération impensable et inespérée en envoyant son ange.

Le récit rappelle les grands éléments de la libération d’Israël de l’esclavage d’Égypte, la Pâque juive. Comme cela s’est produit dans cet événement fondamental, ici aussi l’action principale est accomplie par l’ange du Seigneur qui libère Pierre. Et les actions de l’apôtre, à qui il est demandé de se lever en hâte, de mettre sa ceinture et de se ceindre les reins, reprennent celles du peuple élu, dans la nuit de sa libération par l’intervention de Dieu, lorsqu’il est invité à manger l’agneau en hâte, les reins ceints, les sandales aux pieds, le bâton à la main, prêt à sortir du pays (cf. Ex 12, 11). C’est ainsi que Pierre peut s’exclamer : « Maintenant je sais réellement que le Seigneur a envoyé son ange et m’a arraché aux mains d’Hérode » (Ac 12, 11). Mais l’ange rappelle non seulement celui de la libération d’Israël de l’Égypte, mais aussi celui de la résurrection du Christ. En effet, le récit des Actes des Apôtres nous dit : « Soudain, l’ange du Seigneur survint, et le cachot fut inondé de lumière. L’ange frappa Pierre au côté et le fit lever » (Ac 12, 7). La lumière qui remplit le cachot, l’action même de réveiller l’apôtre, renvoient à la lumière libératrice de la Pâque du Seigneur qui vainc les ténèbres de la nuit et du mal. Enfin, l’invitation : « Jette ton manteau sur tes épaules et suis-moi » (Ac 12, 8), fait résonner dans nos cœurs les paroles de l’appel initial de Jésus (cf. Mc 1, 17), répété après sa résurrection sur le lac de Tibériade, lorsque le Seigneur dit bien deux fois à Pierre « Suis-moi » (Jn 21, 19-22). C’est une invitation pressante à la « sequela » : c’est seulement en sortant de soi-même pour se mettre en chemin avec le Seigneur et faire sa volonté que l’on entre dans la vraie liberté.

J’aimerais souligner un autre aspect du comportement de Pierre dans la prison ; en effet, pendant que la communauté chrétienne prie pour lui avec insistance, Pierre « dormait » (Ac 12, 6). Dans une situation de danger imminent aussi critique, c’est une attitude qui peut sembler étrange, mais qui, en fait, dénote tranquillité et confiance ; il s’en remet à Dieu, il sait qu’il est entouré de la solidarité et de la prière des siens et il s’abandonne totalement entre les mains du Seigneur. C’est ainsi que doit être notre prière : assidue, solidaire des autres, pleinement confiante envers Dieu qui nous connaît jusqu’à l’intime et qui prend soin de nous au point que, dit Jésus, « vos cheveux même sont tous comptés ! Soyez donc sans crainte » (Mt 10, 30-31). Pierre vit la nuit de la prison et la libération de celle-ci comme un moment de sa propre « sequela » du Seigneur, qui vainc les ténèbres de la nuit et libère de l’esclavage des chaînes et du danger de la mort. C’est une libération prodigieuse, racontée par différents passages décrits avec précision : guidé par l’ange, malgré la surveillance des gardes, il traverse le premier, puis le second poste de garde, jusqu’à la porte de fer qui donne sur la ville : et la porte s’ouvre d’elle-même devant eux (cf. Ac 12, 10). Pierre et l’ange du Seigneur font ensemble un morceau de route jusqu’à ce que, rentrant en lui-même, l’apôtre se rende compte que le Seigneur l’a réellement libéré ; et c’est après un temps de réflexion qu’il se rend à la maison de Marie, mère de Marc, où beaucoup des disciples sont réunis en prière ; une fois encore, la réponse de la communauté face à la difficulté et au danger est de se confier à Dieu, d’intensifier sa relation avec lui.

Il me semble utile ici de rappeler une autre situation pas facile qu’a vécue la communauté chrétienne des origines. Saint Jacques nous en parle dans sa Lettre. C’est une communauté en crise, en difficulté, pas tellement à cause des persécutions, mais parce qu’elle connaît, en son sein, des jalousies et des querelles (cf. Jc 3, 14-16). Et l’apôtre s’interroge sur le pourquoi de cette situation. Il trouve deux motifs principaux : le premier, c’est lorsqu’on se laisse dominer par les passions, par la dictature de sa volonté propre, par l’égoïsme (cf. Jc 4, 1-2a) ; le second est le manque de prière : « vous ne demandez pas » (Jc 4, 2b), ou la présence d’une prière qu’on ne peut pas définir comme telle : « Vous demandez et ne recevez pas parce que vous demandez mal, afin de dépenser pour vos passions » (Jc 4, 3). Cette situation changerait, selon Jacques, si la communauté tout ensemble parlait avec Dieu, priait réellement de manière assidue et unanime. En effet, même le discours sur Dieu risque de perdre sa force intérieure et le témoignage de devenir aride s’ils ne sont pas animés, soutenus et accompagnés par la prière, par la continuité d’un dialogue vivant avec le Seigneur. C’est un rappel important pour nous et pour nos communautés, qu’elles soient petites, comme la famille, ou plus grandes, comme la paroisse, le diocèse, l’Église entière. Cela me fait penser qu’ils ont prié, dans cette communauté de saint Jacques, mais ils ont mal prié, uniquement pour leurs passions. Il faut que nous réapprenions sans cesse à bien prier, à prier réellement, à nous orienter vers Dieu et non vers notre propre bien.

La communauté qui accompagne la captivité de Pierre, en revanche, est une communauté qui prie vraiment, toute la nuit, unie. Et une joie difficile à contenir emplit leur cœur à tous quand l’apôtre frappe à la porte de manière inattendue. C’est la joie et l’étonnement devant l’action de Dieu qui écoute. Ainsi, la prière pour Pierre monte de l’Église et c’est dans l’Église qu’il revient pour raconter « comment le Seigneur l’avait tiré de la prison » (Ac 12, 17). Dans cette Église où il a été placé comme le roc (cf. Mt 16, 18), Pierre raconte la « Pâque » de sa libération : il fait l’expérience que c’est en suivant Jésus que l’on trouve la vraie liberté, que l’on est enveloppé de la lumière fulgurante de la Résurrection et c’est pour cela qu’il peut témoigner jusqu’au martyre que le Seigneur est le Ressuscité et qu’il « a envoyé son ange et m’a arraché aux mains d’Hérode » (Ac 12, 11). Le martyre qu’il subira ensuite à Rome l’unira définitivement au Christ, qui lui avait dit : quand tu seras vieux, un autre t’amènera là où tu ne voudras pas aller, pour indiquer par quelle mort il glorifierait Dieu (cf. Jn 21, 18-19).

Chers frères et sœurs, l’épisode de la libération de Pierre, raconté par Luc, nous dit que l’Église, chacun de nous, traverse la nuit de l’épreuve, mais c’est la vigilance incessante de la prière qui nous soutient. Moi aussi, dès le premier instant de mon élection comme Successeur de saint Pierre, je me suis toujours senti soutenu par votre prière, par la prière de l’Église, surtout dans les moments plus difficiles. Je vous remercie de tout cœur. Par la prière constante et confiante, le Seigneur nous libère des chaines, nous guide pour traverser toutes les nuits d’enfermement qui peuvent oppresser notre cœur, nous donne la sérénité du cœur pour affronter les difficultés de la vie, y compris le rejet, l’opposition, la persécution. L’épisode de Pierre montre cette force de la prière. Et l’apôtre, même dans les chaines, se sent paisible, dans la certitude qu’il n’est jamais seul : la communauté prie pour lui, le Seigneur est à ses côtés ; ou plutôt il sait que « la puissance [du Christ] se déploie dans la faiblesse » (2 Co 12, 9). La prière constante et unanime est un précieux instrument pour surmonter les épreuves qui peuvent surgir sur le chemin de notre vie, parce que c’est en étant profondément unis à Dieu que nous pouvons être aussi profondément unis aux autres. Merci.

© Copyright 2012 - Libreria Editrice Vaticana

 

Et si l’Enseignement Catholique était en danger ?

Lettre du candidat socialiste à la présidence de la république au C.N.A.L.

Et si l’Enseignement Catholique était en danger ? Ce n’est peut-être pas aussi utopique que cela lorsqu’on lit la missive adressée au Comité national d’action laïque, par le Président François HOLLANDE, alors candidat socialiste. Il promettait, au Comité National d’Action Laïque de réviser la loi instaurant un « forfait communal » accordé aux écoles privées et de revenir sur l'accord France-Saint-Siège de reconnaissance des diplômes universitaires. Voici cette lettre de François Hollande au Comité national d'action laïque.


Paris, 16 avril 2012

Madame, Monsieur,

Comme vous, je pense que « la laïcité garantit la paix civile et nous protège depuis plus d'un siècle des divisions communautaires ».

La laïcité a, en effet, puissamment contribué à l'unité nationale aux XIXe et XXe siècles. Parce qu'elle est la garantie que tous les élèves de l'école publique seront traités dans une stricte égalité quelles que soient leurs origines, leurs convictions ou celles de leurs parents, la laïcité est plus indispensable que jamais au XXIe siècle pour faire vivre le pluralisme social et culturel de la France d'aujourd'hui. La laïcité, ce n'est pas un carcan dépassé ou archaïque, c'est un outil fondamental pour la liberté de tous.

La laïcité qui, faut-il le rappeler, n'a nul besoin d'adjectif, est le cadre juridique qui permet de vivre ensemble dans le respect mutuel des convictions de chacun et le rassemblement des citoyens autour de valeurs communes.

La laïcité, qui refuse pour chacun les asservissements de toute nature par l'accès le plus large aux connaissances et à l'expression de la diversité dans le respect de l'intérêt général de citoyens libres et égaux en droit, est aussi la condition de l'émancipation de tous.

Le respect du principe de laïcité est donc essentiel dans la République comme à l'école.

Jusqu'à l'arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy, les débats (par exemple au sein de la commission Stasi en 2003 ou au Parlement lors du vote de la loi sur les signes religieux à l'école en 2004) avaient transcendé les courants politiques. L'actuel président-prédicateur de Riyad ou de Latran a remis en question le consensus républicain autour de la laïcité. Pour la première fois de son histoire, la République française est dirigée par un président persuadé de la supériorité des religions sur la République et de celle du curé sur l'instituteur pour transmettre les valeurs et organiser le vivre ensemble. Pour la première fois de son histoire, la France a un président qui estime que la laïcité est « épuisée ».

C'est sans doute pour cela que les attaques contre la laïcité et contre l'école publique laïque se multiplient.

S'agissant de la loi Carle, l'abroger sans précaution aboutirait au retour à une situation bien plus favorable aux écoles privées et dangereuse pour les finances locales (article 89 de la loi de 2004). Je veux en priorité protéger les écoles publiques parce qu'elles ont été attaquées pendant le quinquennat qui s'achève. C'est pourquoi, nous réviserons sans attendre certaines mesures d'application de la loi Carle qui créent une situation de déséquilibre en faveur de l'enseignement privé. Nous reviendrons par exemple sur le décret d'application de cette loi qui est défavorable aux communes rurales membres de regroupements pédagogiques intercommunaux qui ne sont pas des EPCI. Nous réécrirons également la circulaire d'application qui vient de sortir au bulletin officiel du 15 mars 2012 - la date choisie, si près de l'élection présidentielle, n'étant évidemment pas un hasard. Cette circulaire a été rédigée dans un esprit partisan par un gouvernement qui pousse au financement public de l'enseignement privé. Je veux, au contraire, m'assurer qu'aucune école publique rurale ne soit contrainte à la fermeture parce que des élèves de la commune seraient inscrits dans une école publique du village voisin.

De même, les 60 000 postes créés seront affectés en priorité à l'enseignement public, car c'est lui qui a le plus souffert des suppressions de postes. Il s'agit de mettre des postes là où les besoins sont les plus importants (formation des enseignants, éducation prioritaire, école primaire). De même encore, nous lancerons un plan pluriannuel de résorption du déficit d'écoles publiques que l'on constate encore dans de trop nombreuses communes. L'État peut également, dans certaines conditions, obliger une commune à prendre en charge le financement de la construction d'une école publique. La législation en vigueur le permet mais cette mesure n'est pratiquement jamais appliquée. Je prends ici l'engagement de faire appliquer la loi.

Vous me demandez également si je reviendrai sur les accords Kouchner-Vatican qui remettent en cause le monopole de l'État en matière de grades universitaires. Nicolas Sarkozy a osé revenir en 2009, par décret, sur un point fondamental du droit français depuis la loi Jules Ferry du 18 mars 1880, contenu aujourd'hui dans l'article L. 613-1 du Code de l'éducation : « l'État a le monopole de la collation des grades et des titres universitaires », Or, l'accord entre la République française et le Saint-Siège sur la reconnaissance des grades et diplômes dans l'enseignement supérieur, signé à Paris le 18 décembre 2008, devenu le décret du 16 avril 2009, revient sur cette disposition fondamentale du droit français. Heureusement, un arrêt du Conseil d'État de 2010 a totalement vidé de son contenu ce décret scandaleux, en l'interprétant comme une simple possibilité pour les universités, possibilité qui existe déjà dans le droit, d'attribuer des équivalences de diplômes aux étudiants, quels qu'ils soient, venant du public comme du privé. Même si ce décret a perdu son caractère dangereux, il sera abrogé.

Garantir l'accès égal à l'école de tous, quelles que soient les origines sociales et territoriales est un impératif absolu. Je refuse la dérive concurrentielle de l'école, qui oppose les élèves entre eux, les établissements entre eux et qui vise à la mise en place d'un grand marché scolaire inégalitaire, dans l'enseignement privé mais aussi dans l'enseignement public. La droite a laissé se creuser les inégalités et se constituer de véritables ghettos scolaires et des déserts éducatifs. Je ne l'accepte pas. Je rétablirai une sectorisation fondée sur la mixité scolaire, non seulement parce que cette mixité est juste, mais parce que les études montrent qu'elle est efficace et profite à tous. Les dotations des établissements prendront en compte cet impératif de mixité, y compris dans l'enseignement privé.

Je veux enfin vous dire, en conclusion de mes réponses à vos questions, que les trois termes de la devise républicaine sont intimement liés. Ceux ou celles qui en isolent l'un des termes font inévitablement fausse route. La liberté sans l'égalité et la fraternité, c'est la loi de la jungle, l'égalité sans la liberté et la fraternité c'est la porte ouverte à toutes les dictatures et la fraternité sans la liberté et l'égalité peut vite se traduire en simple compassion. Mais ce combat continu et collectif, il appartient à tous de le conduire autour d'un mot qui fait une excellente synthèse de la devise de Liberté, Egalité, Fraternité, et lui donne une perspective: la laïcité. Vous pourrez compter sur mon engagement total pour cela.

Bien cordialement,

François HOLLANDE

 © La Croix - 2012

 

L’Église a besoin de saints qui habite « dans le cœur de Jésus »

Lettre du Cardinal Mauro PIACENZA aux prêtres du monde

Pour la fête du Sacré-Cœur du Christ, le 15 juin, qui est aussi la Journée mondiale pour la sanctification des prêtres, le cardinal Mauro Piacenza, préfet de la Congrégation pour le Clergé, a adressé cette lettre aux prêtres du monde.


Chers Prêtres,

En la prochaine solennité du Sacré-Cœur de Jésus (le 15 juin 2012), nous célébrerons comme d'habitude la « Journée mondiale de prière pour la sanctification du Clergé ».

L'expression de l’Écriture : « Car la volonté de Dieu, c’est votre sanctification ! » (1Th 4,3), s’adresse à tous les chrétiens, mais elle nous concerne particulièrement nous les prêtres, qui avons accueilli non seulement l'invitation à « nous sanctifier », mais aussi celle à devenir des « ministres de sanctification » pour nos frères.

Cette « volonté de Dieu », dans notre cas, s’est en quelque sorte redoublée et multipliée à l'infini, nous pouvons et nous devons lui obéir en chaque action ministérielle que nous accomplissons.

Tel est notre magnifique destin : nous ne pouvons pas nous sanctifier sans travailler à la sainteté de nos frères, et nous ne pouvons pas travailler à la sainteté de nos frères sans avoir d'abord travaillé et sans travailler encore à notre propre sainteté.

En introduisant l'Église dans le nouveau millénaire, le Bienheureux Jean-Paul II nous rappelait la normalité de cet « idéal de perfection », qui doit être proposé dès le début à tout le monde : « Demander à un catéchumène : “Voulez-vous recevoir le Baptême ?” signifie lui demander en même temps : “Voulez-vous devenir saint ?” ».

Certes, le jour de notre Ordination Sacerdotale, cette même question baptismale a résonné de nouveau en notre cœur, en demandant toujours notre réponse personnelle ; mais elle nous a été aussi confiée, pour que nous sachions l'adresser à nos fidèles, en en gardant la beauté et la valeur.

Cette persuasion n'est pas contredite par la conscience de nos défaillances personnelles, ni même pas les fautes de certains qui ont parfois déshonoré le sacerdoce aux yeux du monde.

À dix ans de distance - en considérant l’aggravation ultérieure des nouvelles diffuses - nous devons faire résonner encore dans notre cœur, avec plus de force et d’urgence, les paroles que Jean-Paul II nous a adressées le Jeudi Saint 2002 : « À cet instant en outre, en tant que prêtres, nous sommes personnellement ébranlés en profondeur par les péchés de certains de nos frères qui ont trahi la grâce reçue avec l'Ordination, en cédant jusqu’aux pires manifestations du mysterium iniquitatis à l’œuvre dans le monde. C’est ainsi que surgissent de graves scandales, avec la conséquence de jeter une lourde ombre de suspect sur tous les autres prêtres méritants, qui accomplissent leur ministère avec honnêteté et cohérence, et parfois avec une charité héroïque. Pendant que l'Église exprime sa sollicitude pour les victimes et s’efforce de répondre selon la vérité et la justice à chaque situation pénible, nous tous - conscients de la humaine faiblesse, mais confiants en la puissance de guérison de la grâce divine – nous sommes appelés à embrasser le “mysterium Crucis” et à nous engager plus avant dans la recherche de la sainteté. Nous devons prier Dieu pour que dans sa providence, il suscite dans les cœurs une généreuse relance des idéaux de totale donation au Christ qui sont à la de base du ministère sacerdotal ».

Comme ministres de la miséricorde de Dieu, nous savons donc que la recherche de la sainteté peut toujours reprendre, à partir du repentir et du pardon. Mais comme prêtres, nous ressentons aussi le besoin de le demander au nom de tous les prêtres et pour tous les prêtres.

Notre confiance est ultérieurement renforcée par l'invitation que l'Église même nous adresse : franchir de nouveau la Porta fidei, en accompagnant tous nos fidèles.

Nous savons que c’est le titre de la Lettre Apostolique par laquelle le Saint Père Benoît XVI a convoqué l'Année de la Foi à partir du 12 octobre prochain.

Une réflexion sur les circonstances de cette invitation peut nous aider.

Elle se situe dans le cadre du cinquantième anniversaire de l'ouverture du Concile Œcuménique Vatican II (11 octobre 1962), et du vingtième anniversaire de la publication du Catéchisme de l'Église Catholique (11 octobre 1992). En outre, pour le mois d'octobre 2012, a été convoquée l'Assemblée Générale du Synode des Évêques, sur le thème de La nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne.

Il nous sera donc demandé de travailler en profondeur chacun de ces « chapitres » :

- le Concile Vatican II, pour qu’il soit à nouveau accueilli comme « la grande grâce dont l'Église a bénéficié au XXe siècle » : « Une boussole sûre pour nous orienter dans le chemin du siècle qui s'ouvre », « une grande force pour le renouvellement toujours nécessaire de l'Église » ;

- le Catéchisme de l'Église Catholique, pour qu’il soit vraiment accueilli et utilisé « comme un instrument valide et légitime au service de la communion ecclésiale et comme une norme sûre pour l'enseignement de la foi » ;

- la préparation du prochain Synode des Évêques, pour qu’il soit vraiment « une occasion propice d’introduire tout l’ensemble de l’Église à un temps particulier de réflexion et de redécouverte de la foi ».

Pour l'instant - comme introduction à tout ce travail - nous pouvons brièvement méditer cette indication du Pontife, vers laquelle tout converge :

« C’est l'amour du Christ qui comble nos cœurs et nous pousse à évangéliser. Aujourd'hui comme autrefois, il nous envoie sur les routes du monde pour proclamer son Évangile à tous les peuples de la terre (cf. Mt 28,19). Par son amour, Jésus-Christ attire à lui les hommes de chaque génération : à chaque époque Il convoque l'Église en lui confiant l'annonce de l'Évangile, avec un mandat qui est toujours nouveau. C’est pourquoi de nos jours également il faut un engagement ecclésial plus convaincu en faveur d'une nouvelle évangélisation, pour redécouvrir la joie de croire et retrouver l'enthousiasme dans la communication de la foi ».

« Tous les hommes de chaque génération », « tous les peuples de la terre », « nouvelle évangélisation » : devant cet horizon tellement universel, c’est surtout nous les prêtres qui devons nous demander comment et où ces affirmations peuvent se relier et prendre de la consistance.

Nous pouvons alors commencer en rappelant comment déjà le Catéchisme de l'Église Catholique s'ouvre en embrassant un horizon universel, reconnaissant que « L'homme est “capable” de Dieu » ; mais il l'a fait en choisissant - comme première citation - ce texte du Concile Œcuménique Vatican II : « La raison la plus haute (“eximia ratio”) de la dignité humaine consiste dans la vocation de l'homme à la communion avec Dieu. L'homme est invité au colloque avec Dieu dès son origine : car il n'existe que parce que, créé par Dieu à partir de Son amour (“ex amore”), c’est toujours du sein de l’amour (”ex amore”) qu’il est conservé ; et il ne vit pleinement selon la vérité que s'il reconnaît librement cet amour et s’abandonne à son Créateur. Pourtant, beaucoup de nos contemporains ne perçoivent pas du tout, ou même rejettent explicitement cette conjonction intime et vitale avec Dieu ».

Comment oublier qu’avec un tel texte - dans la richesse même des formulations choisies - les Pères conciliaires entendaient s'adresser directement aux athées, en affirmant l'immense dignité de la vocation dont ils s’étaient éloignés déjà en tant qu'hommes ? Et ils le faisaient avec les mêmes paroles qui servent à décrire l'expérience chrétienne, au sommet de son intensité mystique !

La Lettre Apostolique Porta Fidei commence elle aussi en affirmant que cette expérience « introduit à la vie de communion avec Dieu », ce qui signifie qu'elle nous permet de nous plonger directement dans le mystère central de la foi que nous devons professer : « Professer la foi en la Trinité - Père, Fils et Esprit Saint - équivaut à croire en un seul Dieu qui est Amour » (Ivi. n. 1).

Tout ceci doit résonner particulièrement dans notre cœur et dans notre intelligence, pour nous rendre conscients de ce qui est aujourd'hui le plus grand drame de notre époque.

Les nations déjà christianisées ne sont plus tentées de céder à un athéisme générique (comme dans le passé), mais elles risquent d'être victimes de cet athéisme particulier qui provient de l’oubli de la beauté et de la chaleur de la Révélation Trinitaire.

Aujourd'hui ce sont surtout les prêtres, dans leur adoration quotidienne et leur ministère quotidien, qui doivent tout reconduire à la Communion Trinitaire : ce n’est qu’à partir d'elle et en se plongeant en elle que les fidèles peuvent découvrir vraiment le visage du Fils de Dieu et sa contemporanéité, et qu’ils peuvent vraiment rejoindre le cœur de chaque homme et la patrie à laquelle tous sont appelés. Ainsi seulement, les prêtres que nous sommes peuvent proposer de nouveau aux hommes d'aujourd'hui la dignité d'être une personne, le sens des relations humaines et de la vie sociale, et le but de toute la création.

« Croire en un seul Dieu qui est Amour » : aucune nouvelle évangélisation ne sera vraiment possible si nous chrétiens ne sommes pas en mesure d'étonner et d’émouvoir à nouveau le monde, par l'annonce de la Nature d'Amour de notre Dieu, dans les Trois Personnes Divines qui l'expriment et qui nous impliquent dans leur propre vie.

Le monde d'aujourd'hui, avec ses déchirures toujours plus douloureuses et préoccupantes, a besoin de Dieu-Trinité, et la tâche de l'Église est de l'annoncer.

L'Église, pour s'acquitter de cette tâche, doit rester indissolublement enlacée avec le Christ, et ne jamais se laisser séparer de lui : elle a besoin de Saints qui habitent « dans le cœur de Jésus » et qui soient des témoins heureux de l'Amour Trinitaire de Dieu.

Et les Prêtres, pour servir l'Église et le Monde, ont besoin d'être Saints !

Du Vatican, le 26 Mars 2012

Mauro Card. Piacenza

Préfet

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Un prophète n’est méprisé que dans son propre pays, dans sa famille

Commentaire de l’évangile du XIVème Dimanche du Temps ordinaire –Année B

 

Les artisans de paix sont plus critiqués et plus menacés que les instigateurs de vengeance et les fauteurs de guerre. Celui qui répète le respect des droits de Dieu et de la personne humaine, connaît des difficultés sans fin. C'est le sort des prophètes de tous les temps.

« Le Seigneur, disait Jésus, m'a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres ». Il suffit d'évoquer simplement le droit des pauvres, par exemple, pour provoquer la méfiance, susciter des oppositions, menacer des intérêts puissants, contester des situations sociales, économiques, politiques et même religieuses qui seront défendues farouchement. Déjà saint Paul évoquait les faiblesses, les insultes, les contraintes, les persécutions et les situations angoissantes qu'il acceptait de grand cœur pour le Christ.
L'histoire d'Ézéchiel, prêtre et prophète, envoyé par Dieu « vers ce peuple de rebelles qui s'est révolté contre moi » n'est pas moins tourmentée. Lui, qui avait mis le doigt sur les erreurs des gouvernants n'a guère été entendu de ces « croyants » aux cœurs endurcis.

Nous sommes certes prêts à honorer les prophètes de jadis, mais nous n'aimons pas les prophètes vivants et cela d'autant moins qu'ils sont proches de nous. Le prophète, en effet, voit trop juste, trop loin, trop profond. Ses constats sont troublants et ses remèdes toujours gênants. Le plus souvent, il est ignoré ou persécuté.

Jésus n'a pas fait exception. Les gens de sa parenté disaient : « Il a perdu la tête ! », et les scribes le prétendaient possédé du démon. Les gens de son village eux non plus n'ont guère apprécié la réputation qui le précédait, et la sagesse de son enseignement ne fit que les choquer profondément. Comment prendre au sérieux le message de ce charpentier dont ils connaissaient toute la famille ?
Nulle époque n'accueille aisément un prophète. Nous nous faisons des envoyés de Dieu une image ou une conception qui rejoignent rarement la réalité. Nous croyons aisément n'avoir plus rien à apprendre d'essentiel sur une « religion » que nous connaissons. Nous faisons nous-mêmes, à la carte, les questions et les réponses qui nous conviennent.

La foi apparaît trop souvent comme une connaissance définitive, un accord sur les points précis et immuables qu'il s'agit de conserver comme un trésor avec la fébrilité craintive du possédant. Les uns sont intransigeants à cause de leur science, comme les scribes et les docteurs de la Loi. Leur certitude est solidement ancrée, leurs conclusions irrévocables. Malheur à ceux qui viendraient mettre en doute leur infaillibilité ou introduire dans leurs lumières un éclairage nouveau. D'autres invoquent la fidélité aux traditions, le respect d'une vérité totale, précise et possédée. Il n'y a rien à changer à l'immuable, si ce n'est par Dieu seul. Et Dieu peut‑il parler par la bouche d'hommes ou de femmes tout à fait ordinaires, et dont on connaît même l'histoire et la famille !

Or, la foi n'est pas d'abord une doctrine à professer et à protéger, mais quelqu'un à rencontrer, à connaître et à aimer. Comme les habitants de Nazareth, nous croyons un peu vite tout savoir de lui, de ce qu'il est, de ce qu'il enseigne, de ce qu'il attend de nous. Et c'est si peu vrai.

Chaque rencontre avec le Christ est découverte nouvelle et souvent inattendue. Mais pour cela, Jésus ne peut rester enfermé dans des formules et des définitions. Il ne peut être comme nous le souhaitons ou comme nous l'imaginons, au gré de nos fantaisies ou de nos intérêts. Il est toujours à découvrir et à connaître davantage au risque de changements douloureux, de conversions exigeantes.

Les prophètes nous agacent. Nous les classons parmi les fous, les illuminés, les exaltés, les excités : « Un prophète n'est méprisé que dans son pays, sa famille et sa propre maison ».

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