PKO 05.08.2012

Dimanche 5 août 2012 – XVIIIème Dimanche du Temps ordinaire –Année B

 

Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°39/2012

HUMEURS 5 ans déjà !


Le 9 août 2007 à 12h03,  dans le lagon de Moorea, le vol QE1121 de feue la Compagnie Air Moorea, s’abimait en mer, faisant 20 victimes… aucun survivant. 

5 ans après… on se souvient ! L’appel téléphonique annonçant la catastrophe… le nom de la personne connue… l’attente interminable avec l’espoir de survivants… le rassemblement des familles et amis sur la terrasse d’Air Tahiti juste à côté de l’aéroport… le moment si attendu et si redouté du face à face avec le corps sans vie de celui ou celle que l’on avait quitté le matin… ou l’absence du corps…

5 ans après, le temps à fait son travail, la vie a repris, mais pour les proches, époux, enfants, parents… rien n’est plus comme avant. Une absence, un vide que rien ni personne ne pourra jamais combler…

5 ans après… un véritable deuil n’est pas possible parce que l’enquête n’a toujours pas abouti… les familles sont toujours dans l’attente d’une réponse à leurs « pourquoi » et « comment ». Un temps certainement nécessaire mais bien long pour ceux qui souffrent…

Ce jeudi 9 août, familles et amis se retrouveront à 12h03 à la stèle du Parc paofai commémorant cette tragédie, pour un temps de recueillement…et une minute de silence… Où que nous soyons à ce moment là, au travail, à la maison… Souvenons-nous ! Associons-nous par une petite prière ou un petit moment de silence à ces familles qui parfois se sentent bien seules…

Madame Hélène LIAO

Monsieur Lau CHI PING

Monsieur Frédéric DONZEL

Monsieur Pierre COISSAC

Monsieur Michel GAUCHE

Monsieur Jean-Pierre PIERARD

Monsieur Didier LAURIER

Monsieur Bruno DRUET

Monsieur Jean-Paul MOREAU

Madame Moetia FOURREAU

Monsieur Éric SESBOUE

Monsieur Davy CORRE

Monsieur Herman TRAFTON

Monsieur Philippe TAPUTUARAI

Monsieur Rodney PAGE

Madame Wendy PAGE

Madame Sylvia TEAHAMAI

Monsieur Claudio LILLINI

Monsieur Guillaume RATTE

Monsieur Michel SANTURENNE (CdB).

 

                                                                                         

En marge de l’actualité La dignité de la conscience morale

 

De nombreux problèmes moraux nécessitent la recherche d'une solution juste. S'il appartient aux élus de proposer et de voter les lois, il est du devoir des citoyens de s'assurer que les élus ne s'arrogent pas le droit de voter des lois contraires à la morale.

Pour susciter la réflexion nous rappelons ici un texte fondamental proposé par le Concile Vatican II.

« Au fond de sa conscience, l'homme découvre la présence d'une loi qu'il ne s'est pas donnée lui-même, mais à laquelle il est tenu d'obéir. Cette voix, qui ne cesse de le presser d'aimer et d'accomplir le bien et d'éviter le mal, au moment opportun résonne dans l'intimité de son cœur : “Fais ceci, évite cela”. Car c'est une loi inscrite par Dieu au cœur de l'homme ; sa dignité est de lui obéir, et c'est elle qui le jugera. La conscience est le centre le plus secret de l'homme, le sanctuaire où il est seul avec Dieu et où Sa voix se fait entendre. C'est d'une manière admirable que se découvre à la conscience cette loi qui s'accomplit dans l'amour de Dieu et du prochain. Par fidélité à la conscience, les chrétiens, unis aux autres hommes, doivent chercher ensemble la vérité et la solution juste de tant de problèmes moraux que  soulèvent aussi bien la vie privée que la vie sociale. Plus la conscience droite l'emporte, plus les personnes et les groupes s'éloignent d'une décision aveugle et tendent à se conformer aux normes objectives de la moralité. Toutefois, il arrive souvent que la conscience s'égare, par suite d'une ignorance invincible, sans perdre pour autant sa dignité. Ce que l'on ne peut dire lorsque l'homme se soucie peu de rechercher le vrai et le bien et lorsque l'habitude du péché rend peu à peu sa conscience presque aveugle ». [« Gaudium et Spes », l'Église dans le monde de ce temps, n°16]

Dominique SOUPÉ

Chancelier

 

L’Année de la Foi, année de l’« Amitié avec le Christ »

 

Journée internationale de l’Amitié

Pour Benoît XVI, l’Année de la foi, dans le sillage du Concile Vatican II doit permettre aux baptisés de « redécouvrir la foi comme une amitié personnelle profonde avec la bonté de Jésus-Christ ». Une amitié qui est un don, qui doit être cultivé, qui est un rempart contre le mal, et transforme le monde en faisant des disciples du Christ des « amis ». Lundi dernier c’était la Journée internationale de l’amitié : une occasion de méditer sur l’amitié dans le ministère de Benoît XVI, dans la perspective de la prochaine année de la foi.


En effet on ne compte plus les occasions où le pape a invité les baptisés à cultiver « l’amitié avec le Christ » : dans ses messages aux jeunes, aux prêtres, mais aussi des confidences sur sa propre amitié avec Jésus.

Le pape a par exemple, exhorté les jeunes à l’amitié avec le Christ au terme de l’audience générale du mercredi 17 septembre 2008 : « Chers jeunes, disait-il, que l’amitié avec Jésus soit pour vous une source de joie, et un motif qui inspire chaque choix de vos engagements ».

La foi des frères

Pour l’année de la foi, on peut en effet retenir cette définition de la foi donnée par le pape également aux jeunes, lors de la messe de clôture de la Journée mondiale de la jeunesse de 2011, à l’aéroport madrilène de « Quatro vientos » le dimanche 21 août 2011 où le pape lie l’amour de l’Église et l’amitié avec le Christ :  « Avoir la foi, c’est s’appuyer sur la foi de tes frères, et que ta foi serve également d’appui pour celle des autres. Je vous exhorte, chers jeunes : aimez l’Église qui vous a engendrés dans la foi, vous a aidés à mieux connaître le Christ et vous a fait découvrir la beauté de son amour. Pour la croissance de votre amitié avec le Christ, il est fondamental de reconnaître l’importance de votre belle insertion dans les paroisses, les communautés et les mouvements, ainsi que l’importance de la participation à l’Eucharistie dominicale, de la réception fréquente du sacrement du pardon, et de la fidélité à la prière et à la méditation de la Parole de Dieu ».

Rencontrer le Christ

Le pape a souligné les fruits de communion et d’évangélisation de cette amitié avec le Maître : « De cette amitié avec Jésus naîtra aussi l’élan qui porte à témoigner la foi dans les milieux les plus divers, y compris ceux dans lesquels il y a refus ou indifférence. On ne peut pas rencontrer le Christ et ne pas le faire connaître aux autres. Ne gardez donc pas le Christ pour vous-mêmes. Transmettez aux autres la joie de votre foi. Le monde a besoin du témoignage de votre foi, il a certainement besoin de Dieu. Je pense que votre présence ici, jeunes venus des cinq continents, est une merveilleuse preuve de la fécondité du mandat de Jésus donné à l’Église : “Allez dans le monde entier. Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création” (Mc 16, 15). À vous aussi incombe le devoir extraordinaire d’être des disciples et des missionnaires du Christ dans d’autres terres et pays où se trouve une multitude de jeunes qui aspirent à de très grandes choses et qui, découvrant dans leurs cœurs la possibilité de valeurs plus authentiques, ne se laissent pas séduire par les fausses promesses d’un style de vie sans Dieu ».

L’amitié avec le Maître

Lors de l’angélus du 15 janvier 2006, Benoît XVI a souligné les fruits spirituels de cette amitié : « L’amitié avec le Maître assure à l’âme une paix profonde et la sérénité, même dans les moments sombres et dans les épreuves les plus difficiles. Lorsque la foi connaît des nuits obscures, dans lesquelles on ne “sent” plus et on ne “voit” plus la présence de Dieu, l’amitié de Jésus est l’assurance qu’en réalité rien ne pourra jamais nous séparer de son amour ».

Il soulignait aussi les fruits concrets dans la vie du chrétien de cette amitié si elle est « authentique », le dimanche 26 août 2007 : « La véritable amitié avec Jésus s’exprime dans la façon de vivre : elle s’exprime à travers la bonté du cœur, l’humilité, la douceur et la miséricorde, l’amour pour la justice et la vérité, l’engagement sincère et honnête pour la paix et la réconciliation ».

Mais les deux homélies les plus remarquables pour ce qui est du sens de l’amitié avec le Christ, le pape les a prononcées d’une part le jour de l’inauguration de son pontificat, le 24 avril 2005 et l’autre pour le 60ème anniversaire de son ordination sacerdotale, le 29 juin 2011.

Les portes de la vie

L’amitié avec le Christ semble en effet comme le secret et le programme du pontificat : « En quelque sorte, n’avons-nous pas tous peur – si nous laissons entrer le Christ totalement en nous, si nous nous ouvrons totalement à lui – peur qu’il puisse nous déposséder d’une part de notre vie ? N’avons-nous pas peur de renoncer à quelque chose de grand, d’unique, qui rend la vie si belle ? Ne risquons-nous pas de nous trouver ensuite dans l’angoisse et privés de liberté ? Et encore une fois le Pape voulait dire : Non ! Celui qui fait entrer le Christ ne perd rien, rien – absolument rien de ce qui rend la vie libre, belle et grande. Non ! Dans cette amitié seulement s’ouvrent tout grand les portes de la vie ».

Le pape souligne, au moment d’inaugurer son pontificat que l’amitié avec le Christ est source de liberté : « Dans cette amitié seulement se dévoilent réellement les grandes potentialités de la condition humaine. Dans cette amitié seulement nous faisons l’expérience de ce qui est beau et de ce qui libère ».

En père spirituel, le pape communique son expérience la plus profonde, de nouveau en s’adressant aux jeunes : « Ainsi, aujourd’hui, je voudrais, avec une grande force et une grande conviction, à partir d’une longue expérience de vie personnelle, vous dire, à vous les jeunes : n’ayez pas peur du Christ ! Il n’enlève rien et il donne tout. Celui qui se donne à lui reçoit le centuple. Oui, ouvrez, ouvrez tout grand les portes au Christ – et vous trouverez la vraie vie ».

Il me connaît personnellement

Une amitié que le pape a également fêtée lors de ses 60 ans de sacerdoce, pour souligner qu’elle est justement le cœur de tout sacerdoce, et qu’elle suppose et accomplit l’union des volontés : « “Non plus serviteurs mais amis” : dans cette parole est contenu tout le programme d’une vie sacerdotale. Qu’est-ce que vraiment l’amitié ? Idem velle, idem nolle – vouloir les mêmes choses et ne pas vouloir les mêmes choses, disaient les anciens. L’amitié est une communion de pensée et de vouloir. Le Seigneur nous dit la même chose avec grande insistance : “Je connais les miens et les miens me connaissent”. Le Pasteur appelle les siens par leur nom. Il me connaît par mon nom. Je ne suis pas n’importe quel être anonyme dans l’immensité de l’univers. Il me connaît de façon toute personnelle ».

Mais l’être humain est appelé en quelque sorte à la réciprocité, c’est là l’extraordinaire de cette amitié et le pape indique les lieux pour la nourrir : « Et moi, est-ce que je Le connais Lui ? L’amitié qu’Il me donne peut seulement signifier que moi aussi je cherche à Le connaître toujours mieux ; que moi dans l’Écriture, dans les Sacrements, dans la rencontre de la prière, dans la communion des Saints, dans les personnes qui s’approchent de moi et que Lui m’envoie, je cherche à Le connaître toujours plus ».

« L’amitié, insiste le pape, n’est pas seulement connaissance, elle est surtout communion du vouloir. Elle signifie que ma volonté grandit vers le “oui” de l’adhésion à la sienne. Sa volonté, en effet, n’est pas pour moi une volonté externe et étrangère, à laquelle je me plie plus ou moins volontiers, ou à laquelle je ne me plie pas. Non, dans l’amitié, ma volonté en grandissant s’unit à la sienne, sa volonté devient la mienne et ainsi, je deviens vraiment moi-même ».

Devenir ton ami

La méditation de Benoît XVI s’achève, comme souvent, en prière, qui est l’acte le plus quotidien et le plus nécessaire pour cette amitié : « Outre la communion de pensée et de volonté, le Seigneur mentionne un troisième, un nouvel élément : Il donne sa vie pour nous. Seigneur, aide-moi à Te connaître toujours mieux ! Aide-moi à ne faire toujours plus qu’un avec ta volonté ! Aide-moi à vivre ma vie non pour moi-même, mais à la vivre avec Toi pour les autres ! Aide-moi à devenir toujours plus Ton ami ! »

Et conclut sur sa gratitude pour ces 60 ans de ministère et pour ce don, car cette amitié est avant tout un don à accueillir, dont le fruit est la joie : « C’est surtout un moment de gratitude : gratitude envers le Seigneur pour l’amitié qu’Il m’a donnée et qu’Il veut nous donner à tous. Gratitude envers les personnes qui m’ont formé et accompagné. Et en tout cela se cache la prière qu’un jour le Seigneur dans sa bonté nous accueille et nous fasse contempler sa joie ».

Rempart contre le mal

Cette amitié, cette « joyeuse rencontre avec Jésus-Christ »,  est aussi le rempart contre le mal, qui a manqué à qui a failli dans son sacerdoce en commettant des abus sur des enfants : le pape l’a fait remarquer dans son message vidéo du 17 juin 2012 pour la clôture du Congrès eucharistique de Dublin.

« Comment pouvons-nous expliquer que des personnes qui reçoivent régulièrement le Corps du Christ et confessent leurs péchés dans le Sacrement de la Pénitence aient offensé de cette manière ? Cela reste un mystère. Néanmoins, de toute évidence, leur christianisme n’était plus alimenté de la joyeuse rencontre avec Jésus-Christ : il était devenu simplement une question d’habitude ».

Voilà une autre expression dont il faudra se souvenir pour l’Année de la foi et le 50ème anniversaire de Vatican II : « Le travail du Concile avait réellement été conçu pour surmonter cette forme de christianisme et redécouvrir la foi comme une amitié personnelle profonde avec la bonté de Jésus-Christ ».

Enfin, le pape lit cette amitié en clef eucharistique : « Le Congrès eucharistique a un objectif semblable. Ici, nous désirons rencontrer le Seigneur Ressuscité. Nous lui demandons de nous toucher profondément. Que celui qui a soufflé sur les Apôtres à Pâques, en leur communiquant son Esprit, envoie de même sur nous son souffle, la puissance de l’Esprit Saint, et nous aide ainsi à devenir de véritables témoins de son amour, des témoins de la vérité. Sa vérité est amour. L’amour du Christ est vérité ».

On comprend que Benoît XVI ait préparé l’Église à l’Année de la foi par des mois de catéchèse sur la prière qui est le lieu par excellence où se tisse cette amitié : c’est le lieu de la Rencontre où, dans le secret, se préparent toutes les autres rencontres, le lieu où le Christ transforme ses disciples en amis. Et c’est ainsi que le monde sera aussi transformé.

Anita BOURDIN

© 2012 – zenit.org


L’argent n’est pas une fin en soi

 

Message de la Conférence des Évêques de Suisse

L’argent « n’est pas fait pour se multiplier lui-même » et n’est pas « une fin en soi », déclare Mgr Büchel, vice-président de la Conférence épiscopale suisse, dans un message publié pour le 1er août 2012, fête nationale suisse. Au vu de la crise bancaire, financière et de la dette mondiale, les évêques soulignent l'importance d'une attitude correcte face à l'argent et face au gain, d'un point de vue chrétien. Les thèmes principaux du message des évêques sont les suivants : L'argent n'est pas fait pour se multiplier lui-même et n'est pas une fin en soi ; Le système financier actuel menace les hommes d'asservissement. Aussi bien des personnes à titre individuel que des populations entières et des gouvernements sont à la merci du système financier international ; La confiance en notre système financier et économique est entamée. En considérant les expériences réalisées dans le cadre de ce système financier, il serait irresponsable de tout laisser comme cela se passe aujourd'hui. Des réformes fondamentales sont inévitables en vue de faire croître la confiance ; La crise engendrée par le surendettement ne doit pas toucher unilatéralement que les plus pauvres et les plus faibles, alors que les salaires des personnes les plus haut placées continuent d'augmenter et que le nombre de millionnaires s'accroît sans cesse.


Je peux retirer au bancomat l'argent que j'ai mis de côté. Et je compte sur le fait que l'argent est à disposition lorsque j'en ai besoin. Je peux ainsi payer mes factures, mes achats, mon billet de train en francs et en centimes. L'argent permet à notre société d'acheter des biens qui couvrent nos besoins fondamentaux. Mais l'argent est également nécessaire pour la formation, la culture et un certain confort. L'argent remplit une fonction essentielle dans la vie de tous les jours.

Par contre, les nouvelles des derniers mois et dernières années me préoccupent beaucoup. Se peut-il que bientôt notre système financier ne fonctionne plus de façon évidente ? J'entends parler de crise financière, de crise des devises, de crise de l'économie mondiale. Des experts internationaux ne peuvent plus exclure que même l'ensemble de notre système financier puisse s'écrouler.

Nous serions donc confrontés avec un monde financier international sur lequel aucun homme, aucune banque et aucun gouvernement n'auraient contrôle. Au contraire : il semble que ce soient les marchés financiers internationaux qui nous contrôlent solidement.

Que s'est-il passé ? Et que se passera-t-il si la crise atteint ma région ? Nos institutions sociales ou ma caisse de pension sont-ils en danger ? Ma confiance en notre système financier et économique est entamée. Et ce type de préoccupation est partagé par beaucoup de personnes, en Europe et partout dans le monde. La confiance en la politique, les banques et les autres institutions financières est en train de décliner.

La confiance est essentielle dans le domaine de la finance. Le système financier et l'économie ne peuvent pas fonctionner sans la confiance. La confiance constitue la base de toute forme de relation entre les personnes.

En tant qu'homme d'Église, je le sais : la confiance est rapidement détruite et se reconstruit péniblement. La confiance doit être érigée sur des bases solides. Si je confie de l'argent à quelqu'un, j'attends de lui qu'il l'utilise en étant conscient de ses responsabilités. Quel rapport avec l'argent est-il considéré comme responsable et correct, d'un point de vue chrétien ?

L'argent permet d'effectuer des transactions économiques. Une marchandise ne peut être produite ou achetée que s'il y a de l'argent à disposition. D'un point de vue chrétien, il est fondamental de savoir pour quelle activité commerciale un capital est investi. Cette entreprise favorise-t-elle des conditions de production équitables ? Veille-t-elle au respect des ressources naturelles ? Respecte-t-elle les droits humains, la dignité de celui qui travaille ? Ce sont des questions que, nous-mêmes en tant qu'Eglise, nous devons nous poser. Dans ce sens, toutes celles et tous ceux qui placent leur argent portent une part de responsabilité.

L'argent n'est pas fait pour se multiplier lui-même. L'argent n'est pas une fin en soi. Si le monde de la finance se rend indépendant, alors la finance elle-même perd son sens. Qui investit et gagne, mais provoque ainsi le malheur d'autres personnes agit de façon irresponsable. Je me suis entretenu récemment avec des experts en questions financières. Ils ont confirmé mon impression de non spécialiste de l'économie. Les marchés financiers internationaux évoluent constamment vers un système interne, qui est détaché des besoins de l'économie réelle et n'est presque plus sous contrôle.

Nous devons trouver d'urgence des moyens et des chemins en vue de réajuster ce dangereux déséquilibre. Au vu de l'expérience de ces dernières années, il serait irresponsable de tout laisser comme cela se passe aujourd'hui. C'est pourquoi je souhaite que toutes les politiciennes et tous les politiciens, ainsi que toutes les personnes qui portent une responsabilité dans le monde de la finance, s'engagent en vue d'opérer les changements nécessaires.

Ne pas investir son argent dans des opérations commerciales à risque trop élevé constitue une attitude pleinement responsable. Des institutions financières internationales ont commencé depuis déjà bien longtemps à réunir les domaines à risque et à les revendre. Mais le risque demeure et un jour quelqu'un devra de toute façon en payer le prix fort. Souvenons-nous de la crise immobilière aux Etats-Unis, qui a rapidement dégénéré en une crise banquière dans le monde entier. Il s'est exactement passé ceci : les risques ont été groupés, camouflés, dissimulés, puis vendus plus loin. Jusqu'à ce que la bulle éclate.

Il est tout à fait compréhensible de vouloir gagner de l'argent de différentes manières. L'argent permet d'acquérir un certain confort, mais avec des limites. Une des limites est de ne pas chercher une prospérité démesurée. Il ne faudrait pas succomber à la tentation de vivre au-dessus de ses moyens. Celui qui le fait peut tomber dans la spirale funeste de l'endettement. Cela se passe actuellement chez des privés mais également dans des États entiers. Les intérêts doivent bien être payés une fois. L'individu porte sa responsabilité dans son comportement avec l'argent. Il est de même pour celui qui confie son argent. C'est pourquoi les banques ne font pas de cadeaux au client qui a obtenu un crédit et qui ne peut plus faire face à un taux d'intérêt croissant. Pouvoir posséder suffisamment est un art, que nous devons apprendre à exercer à nouveau dans nos pays riches et industrialisés. Celui qui possède cet art découvrira d'autres richesses.

Beaucoup de personnes n'ont jamais besoin de réfléchir à leur rapport avec l'argent car elles n'en possèdent point et ne peuvent que rêver d'un certain standard de vie. Ainsi, un rapport chrétien avec l'argent signifie s'engager pour une juste répartition des moyens financiers. Ce qui nécessite une action politique, un engagement caritatif dans nos régions et une meilleure collaboration dans l'entraide et le développement. Nous ne devons pas rester sur la réserve dans l'engagement pour les nécessiteux, pour les personnes sans perspectives d'avenir, pour les sans-emploi, pour ceux qui se trouvent dans les marges de la société. En même temps, les salaires des personnes les plus haut placées augmentent bien plus que la moyenne et le nombre de millionnaires a même fortement augmenté durant ces années de crise.

Saint Basile, qui était évêque dans l'ancienne métropole économique de Césarée au 4eme siècle, avait déjà interpellé les riches avec ces expressions orientales de son époque : « Le pain qui demeure inutile chez vous, c’est le pain de celui qui a faim ; la tunique suspendue dans votre garde-robe, c’est la tunique de celui qui est nu ; l’argent que vous tenez enfoui, c’est l’argent du pauvre ; les témoignages d'amour que vous n'accomplissez pas, sont autant d'inégalités que vous commettez ».

Ces phrases prononcées par l'évêque Basile sont toujours actuelles. Et ceci est encore plus valable pour nous aujourd'hui: l'argent est au service de l'homme, et non pas l'homme un esclave de l'argent. Le 1er août est peut-être un jour idéal pour donner un tel sens à notre comportement face à l'argent, et mettre ainsi en place un fondement solide en vue d'une nouvelle forme de confiance.

Dans notre pays, notre confiance ne se porte pas seulement sur le travail des hommes. Nous devons également porter notre regard vers le futur avec un sentiment de profonde confiance en Dieu. C'est dans ce sens que je vous souhaite à toutes et à tous, avec confiance, une joyeuse Fête du 1er août.

Fribourg / St-Gall, juillet 2012

Mgr Markus BÜCHEL

par mandat de la Conférence des évêques suisses

© 2012 – Conférence des Évêques de Suisse

 

Celui qui prie ne perd jamais l’espérance

 

Les témoignages d’Édith STEIN et maximilien Marie KOLBE


Chers frères et sœurs !

De retour de Bressanone, où j'ai pu passer une période de repos, je suis content de vous rencontrer et de vous saluer, chers habitants de Castel Gandolfo, et vous pèlerins qui êtes venus aujourd'hui me rendre visite. Je voudrais encore une fois remercier ceux qui m'ont accueilli et ont veillé sur mon séjour en montagne. Ce furent des jours de détente sereine, au cours desquels je n'ai cessé de rappeler au Seigneur tous ceux qui s'en remettent à mes prières. Et ils sont vraiment très nombreux tous ceux qui m'écrivent en me demandant de prier pour eux. Ils m'expriment leurs joies, mais aussi leurs inquiétudes, leurs projets de vie, ainsi que les problèmes familiaux et professionnels, les attentes et les espoirs qu'ils portent dans leur cœur, avec les angoisses liées aux incertitudes que l'humanité vit en ce moment. Je peux assurer que je me souviens de tous et de chacun, en particulier lors de la célébration quotidienne de la Messe et de la récitation du Rosaire. Je sais bien que le premier service que je peux rendre à l'Eglise et à l'humanité est précisément celui de la prière, parce qu'en priant je place entre les mains du Seigneur avec confiance le ministère qu'il m'a lui-même confié, avec le destin de toute la communauté ecclésiale et civile.

Celui qui prie ne perd jamais l'espérance, même lorsqu'il en vient à se trouver dans des situations difficiles voire humainement désespérées. C'est ce que nous enseigne la Sainte Ecriture et ce dont témoigne l'histoire de l'Eglise. Combien d'exemples, en effet, pourrions nous apporter de situations où ce fut véritablement la prière qui soutint le chemin des saints et du peuple chrétien! Parmi les témoignages de notre époque je voudrais citer celui de deux saints dont nous célébrons ces jours-ci la mémoire:  Thérèse Bénédicte de la Croix, Edith Stein, dont nous avons célébré la fête le 9 août, et Maximilien Marie Kolbe, que nous célébrerons demain, 14 août, veille de la solennité de l'Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie. Tous deux ont conclu leur vie terrestre par le martyre dans le camp d'Auschwitz. Apparemment leurs existences pourraient être considérées comme un échec, mais c'est précisément dans leur martyre que resplendit l'éclair de l'Amour, qui vainc les ténèbres de l'égoïsme et de la haine. A saint Maximilien Kolbe sont attribuées les paroles suivantes qu'il aurait prononcées en pleine fureur de la persécution nazie:  "La haine n'est pas une force créatrice:  seul l'amour en est une". Et il apporta une preuve héroïque de l'amour en s'offrant généreusement en échange de l'un de ses compagnons de prison, une offrande qui culmina par sa mort dans le bunker de la faim, le 14 août 1941.

Edith Stein, le 6 août de l'année suivante, à trois jours de sa fin dramatique, approchant des consœurs du monastère de Echt, en Hollande, leur dit : « Je suis prête à tout. Jésus est ici aussi au milieu de nous, jusqu'à présent j'ai pu très bien prier et j'ai dit de tout mon cœur : “Ave, Crux, spes unica” ». Des témoins qui parvinrent à échapper à l'horrible massacre racontèrent que Thérèse Bénédicte de la Croix, tandis qu'elle revêtait l'habit carmélitain, avançait consciemment vers sa mort, elle se distinguait par son comportement empli de paix, par son attitude sereine et par des manières calmes et attentives aux nécessités de tous. La prière fut le secret de cette sainte copatronne de l'Europe, qui "même après être parvenue à la vérité dans la paix de la vie contemplative, dut vivre jusqu'au bout le mystère de la Croix" (Lettre apostolique Spes aedificandi, Enseignements de Jean-Paul II, XX, 2, 1999, p. 511).

« Ave Maria ! » : ce fut la dernière invocation sur les lèvres de saint Maximilien Marie Kolbe tandis qu'il tendait le bras à celui qui le tuait par une injection d'acide phénique. Il est émouvant de constater comment le recours humble et confiant à la Vierge est toujours une source de courage et de sérénité. Alors que nous nous préparons à célébrer la solennité de l'Assomption, qui est l'une des célébrations mariales les plus chères à la tradition chrétienne, nous renouvelons notre consécration à Celle qui depuis le Ciel veille à tout instant sur nous avec un amour maternel. Tel est en effet ce que nous disons dans la prière familière du « Je vous salue Marie », en lui demandant de prier pour nous « aujourd'hui et à l'heure de notre mort ».

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1  « Pio X, le Olimpiadi e lo Sport » de Antonella Stelitano, Quirino Bortolato, Alejandro Mario Dieguez, Éd. San Liberale Treviso, Coll. Centro Studi San Pio X. 144 p., 15 €.

© La Croix - 2012

 

Quand Pie X rencontrait le baron de Coubertin

 

Petite histoire en marge des Jeux olympique

De Jean-Paul II, surnommé le « sportif de Dieu », on connaissait la passion pour le ski, la natation, et plus généralement l’exercice physique. Mais on sait moins que, avant lui, Pie X, pape de 1903 à l’été 1914, fût un précurseur en la matière. De sa natale province de Trevise, aux confins des Alpes autrichiennes, le pape, Giuseppe Sarto, avait conservé le goût de l’activité physique, étant un bon marcheur, à une époque où le milieu ecclésial y était peu sensible.

On raconte que, alors qu’il avait accueilli des gymnastes venus faire une démonstration de pirouettes et de pyramides humaines dans les corridors du Vatican, un cardinal, sceptique, lui glissa « Mais où cela mène-t-il donc l’humanité ? », et Pie X de rétorquer « au paradis ! » en menaçant : « Si on ne parvient vraiment pas à comprendre de quoi il s’agit, je me mettrai moi-même à faire de la gymnastique devant tout le monde ! Comme cela, ils verront que si le pape le peut, tous peuvent la pratiquer ».

Dans les Archives Secrètes du Vatican

Mais ce pape plus connu pour son catéchisme et son opposition intransigeante à la République française, fut aussi un fervent supporter des Jeux olympiques. Un livre, publié par le centre d’études sur Pie X1, a retrouvé, dans les archives secrètes du Vatican, le récit d’une rencontre de Pie X avec l’inventeur des jeux modernes, le baron Pierre de Coubertin.

Le Français était en effet déçu du peu d’écho rencontré par les Jeux Olympiques, aussi bien de Paris (1900) que de Saint-Louis (1904), auxquels les médias de l’époque avaient de très loin préféré les expositions universelles. Il songea alors à promouvoir des Jeux Olympiques à Rome, de façon, après Athènes en 1896, à leur donner la consécration de la « ville éternelle », dans le cadre prestigieux du Colisée. Il vint ainsi sur les bords du Tibre, en 1905, où il rencontra Pie X.

De Rome à Londres

Il y trouva, selon les archives, un accueil enthousiaste : Pie X était prêt à donner sa bénédiction aux sportifs, si les Jeux avaient lieu à Rome pour les olympiades de 1908. Pour autant, les mêmes archives montrent que, alors que la « Question romaine » n’avait pas été réglée, et que le pape se trouvait donc « prisonnier » du tout nouvel État italien, il ne pouvait promettre d’aide concrète, et encore moins, sans doute, sa présence physique aux jeux.

Quoi qu’il en soit, le projet du baron de Coubertin échoua devant les réticences des dirigeants italiens, et du premier ministre de l’époque, Giovanni Giolitti : le royaume était alors exsangue, et il fallait beaucoup d’argent pour moderniser un pays tout juste sorti de la guerre d’indépendance. Les Jeux étaient donc un luxe inutile... C’est ainsi que, comme l’écrit le baron français dans ses Mémoires « le rideau tomba discrètement sur le scénario du Tibre, pour se lever aussitôt sur celles de la Tamise », puisque c’est Londres qui accueilli alors les Jeux Olympiques de 1908, pour la première fois de son histoire...

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1  « Pio X, le Olimpiadi e lo Sport » de Antonella Stelitano, Quirino Bortolato, Alejandro Mario Dieguez, Éd. San Liberale Treviso, Coll. Centro Studi San Pio X. 144 p., 15 €.

© La Croix - 2012

 

Le comportement de l’homme nouveau

 

Commentaire de l’évangile du XVIIIème Dimanche du Temps ordinaire –Année B

 

Après le récit du miracle des pains, saint Jean développe une longue et profonde méditation sur Jésus Pain de vie. Aujourd’hui il nous montre la foule qui se met en recherche de Jésus puis le trouve.

Chercher et trouver, dans saint Jean, sont des verbes très forts. Que cherche l’homme ? Il veut satisfaire des besoins élémentaires : la faim, la soif, la santé. Cette recherche accapare la majeure partie de son temps : par nécessité dans une société sous-développée, par frénésie dans une société surdéveloppée. De part et d’autre, une telle quête ne débouche pas sur « l’unique nécessaire » : Dieu. Ou, pour le dire différemment, elle n’arrive pas au besoin d’être aimé et d’aimer. Car, dans la profondeur de notre être, Dieu est la source cachée d’où jaillit tout amour.

Jésus n’est pas sur la seule rive des nourritures terrestres. Il est passé sur l’autre rive, celle des nourritures spirituelles. Non qu’il dédaigne la recherche des biens terrestres : ne vient-il pas de rassasier ces affamés ? Mais il est sur une autre rive. Il est une autre rive. Il est un autre pain. Il comble une autre faim. Il assouvit le désir d’aimer et d’être aimé pour toujours, pour l’éternité. Il étire, plus à l’infini que les espaces stellaires, notre aspiration au bonheur éternel. Le prince Salina, l’astronome du magnifique roman de Tomaso Lampedusa, Le Guépard, soupire après l’étoile : « Quand se déciderait-elle à lui donner un rendez-vous moins éphémère, loin des épluchures et du sang, dans le domaine des certitudes éternelles ? » Quand passerons-nous d’un rivage à l’autre ?

Jésus est le soleil de nos jours, la lune de nos nuits. Il est le pain qui nourrit notre faim la plus tenace, celle que nous tentons de tromper par de fugaces satisfactions Pour atteindre l'étoile, pour recevoir le pain chaud qui descend du ciel, pour cueillir la manne de la Parole divine, il n’est besoin que d’une chose : la confiance.

Car Jésus lui aussi a faim et soif. Il veut être aimé en retour pour pouvoir nous remplir de son amour. Faire confiance, c’est croire. Croire c’est aimer. Jésus n’est pas descendu du ciel, il n’est pas venu du Père, pour donner quelque chose, mais pour se donner tout entier lui-même. Il vient se faire nourriture pour entrer au plus intime de nous. Il se fait notre manne. Ouvrons nos cœurs, tendons nos mains, pour accueillir ce pour quoi nous sommes faits : Dieu. « Pourquoi dépensez-vous de l’argent pour ce qui ne rassasie pas ? », dit le prophète Isaïe. (55, 2) « Ils m’ont abandonné, moi la source d’eau vive, pour se creuser des citernes, citernes lézardées qui ne tiennent pas l’eau », proteste Jérémie (2, 13).

Ne restons pas de ceux dont nous parle saint Paul, et qui se laissent « guider par le néant ». Mais laissons-nous « guider intérieurement par un esprit renouvelé ». Adoptons « le comportement de l’homme nouveau, créé saint et juste dans la vérité, à l’image de Dieu ». Recevons Jésus, notre bonheur, le vrai pain descendu du ciel et qui donne vie, gratuitement.

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