PKO 04.11.2012

Dimanche 4 novembre 2012 – XXXIème Dimanche du Temps ordinaire – Année B

 

Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°55/2012

HUMEURS

 

SOS – Famille à lyncher !

Mercredi soir, l’émission « A parau mai » a abordé le thème « SOS – Enfance en danger » Émission fort intéressante par bien des aspects… où cependant, une fois encore la famille s’est retrouvée le bouc-émissaire de tous les maux et travers de l’enfance d’aujourd’hui.

Certes la famille est au cœur de l’éducation de l’enfant… et sa déficience n’est pas étrangère aux problèmes d’incivilité et d’asociabilité d’une partie de notre jeunesse. Mais de là à en faire la seule « coupable », la source de tous les maux,  est totalement injuste.

En montrant du doigt la famille, la société dans son ensemble se dédouane un peu vite de sa propre responsabilité.

Comment exiger des familles qu’elles veillent sur leurs enfants et assument pleinement leur autorité lorsque la société refuse d’assumer ses propres responsabilités… je me souviens de cette situation aberrante, il y a une quinzaine d’année, où des centaines de jeunes se retrouvaient pour des « boom » organisées dans le quartier Ariana… Une organisation perverse organisait le ramassage des enfants depuis la presqu’île au milieu de la nuit, alors que les parents dormaient… et les abandonnaient là… des centaines de mineurs étaient ainsi livré à eux-mêmes jusqu’à 4 ou 5 heures du matin…

Mais ce n’était de la responsabilité de personne, si ce n’est, déjà à l’époque, la seule responsabilité des parents !

Il fallut que Mgr Michel COPPENRATH, archevêque de Papeete, aille lui-même sur place et en fasse écho dans un édito du Semeur tahitien pour qu’enfin les autorités bougent (état-territoire-commune). Voilà ce qu’il disait : « Ces boom sont assez typique de notre société… il y a des responsables sans responsabilité, il y a des lois sans efficacité. Il y a des parents qui sont désarmés et des enfants pas du tout agressifs qui vous disent : “Ici c’est pas pour les Saints !” Dans une telle atmosphère la société accepte tout ! Que faire contre ce mal inévitable ? ou perçu comme tel ? Dans une atmosphère de bringue généralisée, il y a les boom… et après ce boom ce sera le “bang”… le réveil dans l’explosion » (Semeur du 14 janvier 1996).

Comme le disait à juste titre, dans l’émission « A parau mai » Marie-Hélène Tirao, « Le problème n’est pas seulement celui de la famille, c’est le problème de tous, de chacun de nous, car lorsque cela éclatera… tout le monde sera touché ».

Cessons de mettre au banc des accusés les seules familles… ne lynchons pas la famille… elle est déjà suffisamment malmenée par la société… Aidons-là… que nous tous assumions nos responsabilités… aidons nos enfants

« Ce n’ai pas seulement à cause du danger futur, que nous faisons appel à toutes les consciences… c’est en raison du respect pour les jeunes maintenant. Tels qu’ils sont aidons-les et ne permettons pas qu’ils soient les victimes inconscientes du laisser-aller de la société » (id.).

                                                                  

En marge de l’actualité

 

Devenir saint, dès aujourd’hui !

Ils étaient hommes ou femmes comme nous, certains ont vécu simplement comme père ou mère de famille, affrontant les épreuves de la vie, éduquant avec patience leurs enfants, subvenant aux besoins des uns et des autres. Ils ont désormais leur part de bonheur éternel auprès de Dieu. Ils font partie des saints inconnus que l'on fête le jour de la Toussaint.

Cette sainteté est accordée à celles et ceux qui s'appliquent à faire la volonté de Dieu en marchant sur les traces du Christ dans le service du prochain; c'est  ce que nous rappelle un des textes du concile de Vatican II :

« Il est évident pour vous que l'appel à la plénitude de la vie chrétienne et à la perfection de la charité s'adresse à tous ceux qui croient au Christ, quel que soit leur état ou leur forme de vie ; dans la société terrestre elle-même, cette sainteté contribue à promouvoir plus d'humanité dans les conditions d'existence. Les fidèles doivent s'appliquer de toutes leurs forces, dans la mesure du don du Christ, à obtenir cette perfection, afin que, marchant sur ses traces et se conformant à son image, accomplissant la volonté du Père, ils soient avec toute leur âme voués à la gloire de Dieu et au service du prochain. Ainsi la sainteté du peuple de Dieu s'épanouira en fruits abondants, comme en témoigne avec éclat à travers la vie de tant de saints l'histoire de l'Eglise ». (Lumen Gentium n°40)

Dominique SOUPÉ

Chancelier

La Foi de l’Église, antidote à l’individualisme

 

Catéchèse pour l’Année de la Foi du pape Benoît XVI du 31 octobre 2012

La Tradition « nous donne la garantie que ce en quoi nous croyons est le message original du Christ, prêché par les Apôtres », explique Benoît XVI dans cette catéchèse sur la dimension communautaire de la foi : il y discerne un antidote à l’individualisme. Il a en effet consacré sa catéchèse à la dimension « communautaire » de la foi de l’Eglise.

Chers frères et sœurs,

Nous poursuivons notre chemin de méditation sur la foi catholique. La semaine dernière, j’ai montré comment la foi est un don, parce que c’est Dieu qui prend l’initiative et qui vient à notre rencontre ; et ainsi la foi est une réponse par laquelle nous l’accueillons comme le fondement stable de notre vie. C’est un don qui transforme l’existence, parce qu’il nous fait entrer dans la vision de Jésus, qui agit en nous et nous ouvre à l’amour de Dieu pour les autres.

Aujourd’hui, je voudrais faire un pas de plus dans notre réflexion, en partant encore une fois de certaines questions : la foi a-t-elle un caractère seulement personnel, individuel ? Est-ce que je vis ma foi tout seul ? Certes, l’acte de foi est un acte éminemment personnel qui advient au plus profond du cœur et qui marque un changement de direction, une conversion personnelle : c’est mon existence qui reçoit un tour, une orientation nouvelle. Dans la liturgie du baptême, au moment des promesses, le célébrant demande de manifester la foi catholique et formule trois questions : Croyez-vous en Dieu le Père tout–puissant ? Croyez-vous en Jésus-Christ son Fils unique ? Croyez-vous en l’Esprit Saint ? Autrefois, ces questions étaient adressées personnellement à celui qui devait recevoir le baptême, avant qu’il ne se plonge par trois fois dans l’eau. Et aujourd’hui encore la réponse est au singulier : « Credo ».

Mais ma foi n’est pas le résultat de ma réflexion solitaire, ce n’est pas le projet de ma pensée, mais c’est le fruit d’une relation, d’un dialogue, dans lequel il y a une écoute, une réception et une réponse ; c’est la communication avec Jésus qui me fait sortir de mon « moi » enfermé sur lui-même pour m’ouvrir à l’amour de Dieu le Père.

C’est comme une renaissance dans laquelle je me découvre uni non seulement à Jésus, mais aussi à tous ceux qui ont marché et qui marchent sur la même route ; et c’est cette nouvelle naissance, qui commence avec le baptême, continue tout au long de l’existence. Je ne peux pas construire ma foi personnelle dans un dialogue privé avec Jésus, parce que la foi m’est donnée par Dieu à travers une communauté croyante qui est l’Église et je m’insère ainsi dans la multitude des croyants dans une communion qui n’est pas seulement sociologique mais enracinée dans l’éternel amour de Dieu, qui en lui-même est communion du Père, du Fils et du Saint-Esprit, est Amour trinitaire. Notre foi n’est vraiment personnelle que si elle est aussi communautaire : elle ne peut être ma foi que si elle vit et se meut dans le « nous » de l’Église, seulement si c’est notre foi, la foi commune de l’unique Église.

Le dimanche, à la messe, en récitant le « Credo », nous nous exprimons à la première personne, mais nous confessons communautairement l’unique foi de l’Église. Ce « Credo » prononcé de façon individuelle nous unit à celui d’un chœur immense dans le temps et dans l’espace, dans lequel chacun contribue, pour ainsi dire, à une concorde polyphonique de la foi. Le Catéchisme de l’Église catholique l’exprime de façon claire en ces termes : « "Croire" est un acte ecclésial. La foi de l’Église précède, engendre, porte et nourrit notre foi. L’Église est la mère de tous les croyants. "Nul ne peut avoir Dieu pour Père qui n’a pas l’Église pour mère" (S. Cyprien, unit. eccl.) » (n.181). La foi naît donc dans l’Église, conduit à elle, et vit en elle. C’est important de le rappeler.

Au commencement de l’aventure chrétienne, lorsque l’Esprit Saint descend avec puissance sur les disciples, au premier jour de la Pentecôte, comme le rapportent els Actes des Apôtres (cf. 2,1-13), l’Église naissante reçoit la force d’accomplir la mission qui lui a été confiée par le Seigneur ressuscité : répandre l’Évangile aux quatre coins du monde, la bonne nouvelle du Règne de Dieu, et ainsi conduire l’homme à la rencontre avec lui, à la foi qui sauve. Les Apôtres surmonte toute peur de proclamer ce qu’ils avaient entendu, vu, ce dont ils avaient fait l’expérience en personne avec Jésus. Par la puissance de l’Esprit-Saint, ils commencent à parer des langues nouvelles, en annonçant ouvertement le mystère dont ils ont été témoins. Dans les Actes des Apôtres, on rapporte ensuite le grand discours que Pierre prononce justement le jour de la Pentecôte. Il part d’un passage du prophète Joël (3,1-5), en rattachant à Jésus, et en proclamant le noyau central de la foi chrétienne : celui qui avait fait du bien à tous, qui avait été accrédité par Dieu, par des prodiges et de grands signes, a été cloué sur la croix et tué, mais Dieu l’a ressuscité des morts, le faisant Christ et Seigneur.

Avec lui, nous sommes entrés dans le salut définitif annoncé par les prophètes et qui invoquera son nom sera sauvé (cf. Ac 2,17-24). Beaucoup se sentent interpellés personnellement par ces paroles de Pierre, ils se repentent de leurs péchés et ils se font baptiser et reçoivent le don de l’Esprit Saint (cf. Ac 2, 37-41). C’est ainsi que commence le chemin de l’Église, communauté qui porte cette annonce dans le temps et dans l’espace, communauté que le Peuple de Dieu fondé sur la nouvelle alliance grâce au sang du Christ et dont les membres n’appartiennent pas à un groupe social ou ethnique particulier, mais sont des hommes et des femmes venus de toute nation et culture. C’est un peuple « catholique » qui parle des langues nouvelles, universellement ouvert pour accueillir chacun, au-delà des frontières, en abattant toutes les barrières. Saint Paul dit : « Il n’y a plus de grec ni de Juif, ni circoncision ni incirconcision, ni barbare ni Scythe, ni esclave ni homme libre, mais le Christ qui est tout en tous » (Col 3,11).

Donc l’Église dès le début, est le lieu de la foi, le lieu de la transmission de la foi, et lieu où, par le baptême, on est plongé dans le Mystère pascal de la mort et de la résurrection du Christ, qui nous libère de la prison du péché, nous donne la liberté des fils et qui nous introduit dans la communion du Dieu trinitaire. En même temps, nous sommes plongés dans la communion avec les autres frères et sœurs dans la foi, avec tout le Corps du Christ, tirés de notre isolement. Le Concile œcuménique Vatican II le rappelle : « Cependant le bon vouloir de Dieu a été que les hommes ne reçoivent pas la sanctification et le salut séparément, hors de tout lien mutuel ; il a voulu en faire un peuple qui le connaîtrait selon la vérité et le servirait dans la sainteté » (Const. dogm. Lumen gentium, 9).

En rappelant encore la liturgie du baptême, nous notons qu’en conclusion des promesses où nous exprimons le renoncement au mal et où nous répétons « credo », aux vérités de la foi, le célébrant déclare : « Voilà notre foi, voilà la foi de l’Église et nous nous glorifions de la professer dans le Christ Jésus notre Seigneur ». La foi est une vertu théologale, donnée par Dieu, mais transmise par l’Église au long de l’histoire. Saint Paul lui-même, écrivant aux Corinthiens, affirme leur avoir communiqué l’Évangile qu’il avait à son tour reçu lui aussi (cf. 1 Co 15, 3).

Il y a une chaîne ininterrompue de la vie de l’Église, de l’annonce de la Parole de Dieu, de la célébration des sacrements, qui arrive jusqu’à nous et que nous appelons la Tradition. Elle nous donne la garantie que ce en quoi nous croyons est le message original du Christ, prêché par les Apôtres. Le noyau de l’annonce primordiale est l’événement de la mort et de la résurrection du Seigneur, d’où jaillit tout le patrimoine de la foi. Le Concile dit : « La prédication apostolique, qui se trouve spécialement exprimée dans les livres inspirés, devait être conservée par une succession ininterrompue jusqu’à la consommation des temps » (Const. dogm. Dei Verbum, 8).

De cette façon, si l’Écriture sainte contient la Parole de Dieu, la Tradition de l’Église la conserve et la transmet fidèlement, afin que les hommes de chaque époque puissent accéder à ses immenses ressources et s’enrichir de ses trésors de grâce. Ainsi, l’Église « perpétue dans sa doctrine, sa vie et son culte et elle transmet à chaque génération, tout ce qu’elle est elle-même, tout ce qu’elle croit » (ibidem).

Enfin, je voudrais souligner que c’est dans la communauté ecclésiale que la foi personnelle croît et mûrit. Il est intéressant d’observer comment dans le Nouveau testament la parole « saints » désigne les chrétiens dans leur ensemble et tous n’avaient certainement pas les qualités pour être déclarés saints par l’Église. Qu’est-ce que l’on voulait donc indiquer par ce terme ? Le fait que ceux qui avaient la foi dans le Christ ressuscité et en vivaient, étaient appelés à devenir un point de référence pour tous les autres, en les mettant ainsi en contact avec la personne et avec le message de Jésus, qui révèle le visage du Dieu vivant. Et cela vaut aussi pour nous : un chrétien qui se laisse guider et modeler peu à peu par la foi de l’Église, en dépit de ses faiblesses, de ses limites, et de ses difficultés, devient comme une fenêtre ouverte à la lumière du Dieu vivant, qui reçoit cette lumière et la transmet au monde. Le bienheureux Jean-Paul II affirmait dans l’encyclique Redemptoris missio que « la mission renouvelle l’Eglise, fortifie la foi et l’identité chrétienne, donne un nouvel enthousiasme et des motivations nouvelles. La foi se fortifie si on la donne ! » (n.2).

La tendance, aujourd’hui répandue, à reléguer la foi dans la sphère du privé contredit donc sa nature même. Nous avons besoin de l’Église pour avoir la confirmation de notre foi et pour faire l’expérience des dons de Dieu : sa Parole, les sacrements, le soutien de la grâce, et le témoignage de l’amour. Ainsi, dans le « nous » de l’Église, notre « je » pourra se percevoir à la fois comme le destinataire et le protagoniste d’un événement qui le dépasse : l’expérience de la communion avec Dieu, qui fonde la communion entre les hommes. Dans un monde où l’individualisme semble régler les rapports entre les personnes, en les rendant toujours plus fragiles, la foi nous appelle à être Peuple de Dieu, à être Église, porteurs de l’amour et de la communion de Dieu pour tout le genre humain (cf. Const. past. Gaudium et spes, 1). Merci de votre attention.

© Libreria Editrice Vaticana – 2012

La conscience personnelle du responsable politique

 

Homélie du Cardinal André VINGT-TROIS aux responsables politiques et aux parlementaires

Le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris, a appelé mardi soir 30 octobre la classe politique à « résister au conformisme de la pensée “prête-à-porter” » qui domine actuellement vis-à-vis du « mariage pour tous ». « La liberté doit se gagner et se défendre face aux lobbys qui saturent les espaces de communication », a expliqué le président de la Conférence des évêques de France lors de la messe pour les responsables politiques et les parlementaires, qui se tient comme chaque année à l’église Sainte-Clotilde, voisine de l’Assemblée nationale, à Paris.

Mesdames et Messieurs, Frères et Sœurs,

Les lectures liturgiques de ce jour nous invitent à poursuivre la réflexion qui occupe notre pays depuis quelques semaines, je veux parler, vous l’avez compris, de la transformation législative du mariage. En entendant ce passage de l’épître de Paul aux Éphésiens peut-être l’idée vous est-elle venue que cette conception des relations entre les époux est très datée et ne correspond plus aux mentalités d’aujourd’hui. En tout cas, elle expliquerait le décalage entre les affirmations chrétiennes sur le mariage et ce qui nous est présenté comme l’aspiration commune de la majorité de nos concitoyens.

Il me semble que nous devons essayer de mieux comprendre le message de saint Paul et surtout prendre conscience du fait que ce message ne reflétait ni les conceptions courantes de la société romaine, ou de la société grecque, sur le mariage, ni les mœurs communément pratiquées alors. Le message de Paul n’est pas le produit de son environnement culturel, au contraire. Ce qui est révolutionnaire dans l’approche paulinienne du mariage, ce n’est pas ce qui nous heurte spontanément aujourd’hui, c’est-à-dire l’appel à la soumission de la femme à son mari. Ce qui est révolutionnaire c’est l’appel adressé à tous de se soumettre les uns aux autres : « par respect pour le Christ soyez soumis les uns aux autres ». Et le modèle de cette soumission mutuelle, c’est la relation du Christ à son Église : « Il l’a aimée et s’est livré pour elle ».

Si nous essayons de mieux comprendre ce que Paul nous dit, nous pouvons reconnaître que la relation entre le sexe masculin et le sexe féminin peut devenir une relation d’aliénation de l’un à l’autre. Ce qui est proposé comme un chemin de complémentarité peut devenir un chemin de domination. Comme toute relation humaine, la relation conjugale peut aboutir au contraire de ce qu’elle promet et de ce que l’on y recherche : l’épanouissement mutuel par la richesse de l’amour partagé. Pour Paul, c’est le don que Jésus fait de sa vie pour son Église qui nous permet de surmonter ce risque des relations de puissance en vivant dans le respect et la soumission mutuels. Il est très probable que, dans cet appel à la soumission mutuelle, les hommes avaient plus à se convertir que les femmes. Pour être honnêtes, nous pourrions dire qu’aujourd’hui encore les hommes ont plus à se convertir que les femmes.

Certains de nos concitoyens contestent aux chrétiens le droit d’exprimer leur conception du mariage et les soupçonnent de vouloir l’imposer à toute la société. Mais quand on y regarde de plus près, on ne peut pas éliminer d’un revers de main les drames que connaissent beaucoup de conjoints pour qui le mariage n’est plus un chemin de construction et d’épanouissement, mais un carcan qu’ils ne peuvent plus supporter. Oui, le risque de subir la domination de l’autre n’est pas une invention de l’Église pour assurer son pouvoir, c’est la triste et douloureuse expérience que font beaucoup de nos contemporains. Notre foi chrétienne et notre Église proposent un chemin pour éviter ces drames ou pour essayer de les surmonter. Nul n’est obligé de choisir ce chemin, mais nous avons le droit de le proposer et d’y inviter ceux et celles qui cherchent des moyens de réussir leur union et d’assumer leur mission de parents.

D’ailleurs, dans le débat qui secoue notre société, bien que l’on nous eût dit qu’il était superflu puisque tout le monde était supposé d’accord, il est assez facile de comprendre qui est en train d’imposer une conception particulière du mariage à la société. Ce n’est pas nous qui entreprenons de substituer au mariage un autre modèle qui empêchera les enfants d’identifier dans leur famille la dualité sexuelle d’un père et d’une mère constitutive de l’humanité. Ce n’est pas nous qui donnons prise à la revendication illégitime d’un « droit à l’enfant ». Ce n’est pas nous qui faisons la promotion d’une réforme de civilisation sans permettre à ceux qui en subiront les conséquences de pouvoir y réfléchir et de donner leur avis. Quant à nous, conscients d’avoir reçu un message de libération et de croissance pour tous les hommes, nous nous efforçons de le faire connaître et nous le proposons à tous ceux que la passion n’aveugle pas et qui continuent à vouloir réfléchir pour mener une vie juste et bonne.

La mission des législateurs est toujours importante et leur responsabilité doit être reconnue et estimée. Mais, dans la vie d’un pays, il est des sujets qui engagent la vie personnelle des citoyens et qui ne dépendent pas simplement d’une majorité électorale, même si elle était importante. Au printemps dernier, les électeurs ont désigné le Président de la République et les députés pour engager de nouvelles orientations politiques. Je ne pense pas que l’organisation des mœurs conjugales et de la transmission de la filiation fassent partie des éléments d’une alternance politique. Elle engage trop profondément l’avenir de la société pour n’être qu’une conséquence automatique d’une élection. C’est pourquoi dans les débats parlementaires qui vont très probablement s’ouvrir sur le mariage ou sur la fin de la vie ou sur la révision des lois de bioéthique, il serait choquant pour la démocratie que les parlementaires ne disposent pas de leur liberté de vote. Leur responsabilité personnelle en sera d’autant plus grande.

Face à ces grands enjeux, c’est à la conscience personnelle du responsable politique d’exercer ses choix avec liberté et courage. La liberté doit se gagner et se défendre face aux lobbies qui saturent les espaces de communication. La liberté doit résister au conformisme de la pensée « prête à porter » qui évite de trop s’interroger. Elle suppose de ne pas s’en remettre à l’avis de tel ou tel supposé spécialiste. Le courage est nécessaire quand il s’agit pour le responsable politique de prendre ses distances par rapport à son entourage idéologique ou à son parti et d’exposer son image publique. Au cours des dernières semaines, plusieurs l’ont déjà manifesté. N’est-ce pas ce à quoi l’on reconnaît les hommes et les femmes de conviction : leur capacité à se prononcer en vérité devant leur conscience et devant les hommes ?

Dans son évocation des relations entre époux, saint Paul annonce déjà la contribution de l’Église catholique au long de l’histoire humaine : s’adressant à toute l’humanité, l’Église offre à chaque génération de trouver dans le couple unissant l’homme et la femme, l’expression indépassable de son propre avenir. Les chrétiens rappellent que l’avenir de notre société, - la naissance de ses futurs membres et leur éducation -, se trouve déjà contenu dans le soin que nous portons tous ensemble aux relations des parents dans le mariage. C’est la seule relation qui soit féconde, la seule source de vie et donc d’avenir. La parole de l’Église peut être récusée ou marginalisée. Fût-elle aussi imperceptible qu’une graine de moutarde ou du levain dans la pâte, nous savons qu’au-delà des apparences la graine produit un arbre et le levain fait lever la pâte. Si nous avons besoin de nous convaincre sur les forces qui peuvent changer le monde, regardons les réalités modestes que vivent nos concitoyens plutôt que les grandes démonstrations de puissance. « Si vous avez de la foi gros comme un grain de sénevé, vous direz à cette montagne : Déplace-toi d’ici à là, et elle se déplacera, et rien ne vous sera impossible… » (Mt. 17, 20-21).

+ André cardinal Vingt-Trois

Archevêque de Paris

© paris.catholique.fr - 2012

Qu’est-ce que la liberté religieuse ?

 

La déclaration « Dignitatis humanaê » de Vatican II sr la Liberté religieuse

Avec la déclaration « Dignitatis humanae » de Vatican II sur la liberté religieuse, l'Église catholique refuse toute contrainte sur les consciences en matière religieuse.

Qu'est-ce que la liberté religieuse ?

Pour la première fois dans l'histoire de l'Église catholique, le concileVatican II (1962-1965) en a donné une définition : cette liberté « consiste en ce que tous les hommes doivent être soustraits à toute contrainte de la part tant des individus que des groupes sociaux et de quelque pouvoir humain que ce soit, de telle sorte qu'en matière religieuse, nul ne soit forcé d'agir contre sa conscience, ni empêché d'agir, dans de justes limites, selon sa conscience, en privé comme en public, seul ou associé à d'autres ». (Déclaration Dignitatis humanæ sur la liberté religieuse, 2, 1.)

Les pères conciliaires ont adossé cette liberté à une philosophie de la personne, considérée comme sujet de droit. « Le droit de la personne humaine à la liberté religieuse n'est pas simplement positif ou concédé, il est naturel ; il n'est pas conditionné ou contingent, mais absolu. Il relève de la structure originaire de l'homme comme personne, c'est-à-dire comme image de Dieu », commente le théologien jésuite Gustave Martelet1.

La liberté religieuse concerne d'abord le domaine des relations avec les autorités civiles. La séparation de l'Église et de l'État est acceptée. L'intolérance religieuse devient une « impossibilité de droit » pour l'Église. En retour, celle-ci demande la liberté d'association et d'expression dans l'espace public. Mais le texte du Concile touche aussi un niveau existentiel et spirituel : il affirme la valeur de la recherche de la vérité par l'homme, avec ses tâtonnements.

« La grande nouveauté du document, c'est la manière dont il insiste sur la recherche personnelle de la vérité par la conscience. Auparavant, l'homme n'avait le choix qu'entre acquiescer à la vérité catholique ou être dans la conscience erronée. Le Concile, au contraire, reconnaît que la quête de vérité de ceux qui n'ont pas abouti à la religion catholique n'est pas sans valeur : leur recherche et leurs choix ont un sens », souligne le P. Dominique Gonnet2.

En quoi ce texte fait-il rupture ?

À la veille de Vatican II, la position catholique officielle était toujours celle d'un refus de la liberté religieuse. Le Magistère restait favorable à l'État catholique, reconnaissant le catholicisme pour religion officielle. Liée au refus de la Réforme puis des Lumières, cette hostilité à la reconnaissance des libertés avait atteint son paroxysme dans l'encyclique Quanta Cura de Pie IX (1864), qui qualifie de « folie » (deliramentum) l'idée selon laquelle la liberté de conscience est un droit universel.

Devant la progression et la consolidation des États démocratiques, l'Église a cependant développé progressivement une posture pragmatique. Ce compromis, dit de « la thèse » et de « l'hypothèse », restera en vigueur jusqu'à Vatican II : la « thèse » affirmait que l'idéal était l'État chrétien, mais l'« hypothèse » permettait de tenir compte des circonstances politiques et de l'impossibilité pour les catholiques d'avoir ce type d'exigence en pratique. Au Concile, l'abandon de cette logique binaire a permis d'envisager la liberté religieuse autrement que comme déficience et faiblesse.

Comment Vatican II a-t-il argumenté ce changement ?

Avec Dignitatis humanæ, sa déclaration sur la liberté religieuse, le Concile rompt avec des siècles de justification du monolithisme politico-religieux. Ce tournant s'explique par tout un contexte politique et spirituel. Lorsque s'ouvre Vatican II, la liberté religieuse est reconnue depuis longtemps dans les constitutions civiles des États démocratiques.

En 1948, la déclaration universelle des droits de l'homme, publiée par l'ONU, a affirmé que « toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion » (article 8). Parmi les évêques, beaucoup constatent les bienfaits de cette évolution : les Américains vont ainsi témoigner des effets positifs de la séparation de l'Église et de l'État et de la reconnaissance de la liberté religieuse.

Ce contexte politique et social, reconnu comme positif par Jean XXIII dès l'encyclique Pacem in terris (1963), a joué en faveur d'une reconnaissance de la liberté religieuse. Celle-ci permet aussi de progresser dans la réconciliation œcuménique désirée par Vatican II et de solder l'héritage des guerres de religion.

Dans la constitution Gaudium et spes , le Concile vient de déclarer que « l'Église n'ignore pas tout ce qu'elle a reçu de l'histoire et de l'évolution du genre humain » (GS 44, 1) : la déclaration sur la liberté religieuse sera emblématique de ce nouveau regard porté sur le monde et de la manière dont l'Église catholique accepte d'apprendre de l'histoire humaine. Les pères reconnaissent ainsi que « le ferment évangélique » n'a pas été absent des évolutions politiques qui ont conduit à la reconnaissance de « la dignité de la personne humaine ».

Ils affirment que la « non-contrainte » en matière de foi fait partie de la Tradition de l'Église, tout en discernant qu'il y a eu « dans la vie du peuple de Dieu, cheminant à travers les vicissitudes de l'histoire humaine, des manières d'agir moins conformes, bien plus même contraires à l'esprit évangélique » (DH 12).

Vatican II va jusqu'à enraciner le respect de la liberté religieuse au cœur de la foi chrétienne. « Cette doctrine de la liberté a ses racines dans la Révélation divine », pose-t-il clairement. Dans un style très nouveau pour un document officiel, la déclaration offre, dans sa seconde partie, une longue méditation sur le Christ exemple « de douceur et de modestie ». « Instruits par la parole et l'exemple du Christ, les Apôtres suivirent la même voie, poursuit le texte. Avec courage, ils annonçaient à tous le dessein de Dieu Sauveur (), mais en même temps, vis-à-vis des faibles, même vivants dans l'erreur, leur attitude était faite de respect manifestant ainsi comment “chacun d'entre nous rendra compte à Dieu pour soi-même (Rm 14, 12) et, pour autant, est tenu d'obéir à sa propre conscience” ».

Elodie MAUROT

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1 Les Idées maîtresses de Vatican II (Cerf).

2 Auteur de La Liberté religieuse à Vatican II (Cerf).

© La Croix - 2009

 

Un halloween particulièrement sanglant

 

Quand la démagogie économique prend le pas sur le bon sens !

Aux États-Unis, les magasins de déguisements proposent pour les jeunes enfants des costumes plus effrayants et sanglants les uns que les autres. Tahiti, toujours très attiré par ce qui vient des U.S.A. si colle aussi… les conséquences demain ?

Cette année, la procession d'enfants qui sont venus sonner aux portes des Américains ont été particulièrement effrayante. Les magasins de déguisements ont misé sur des costumes tous plus atroces les uns que les autres, du clown à la machette sanglante au zombie ninja en passant par « Freddy, les griffes de la nuit », le tout conçu pour des marmots d'à peine cinq ans.

Les costumes de tueur disponibles en taille enfant

La tendance n'est plus aux traditionnels déguisements de Frankenstein ou aux gentils dinosaures mais bien à l'horreur, même chez les tout-petits. Les costumes du tueur à griffes Freddie Krueger, du tueur d'enfants Michael Myers ou encore de Chucky, la poupée maléfique, sont maintenant disponibles en taille enfant. Les masques du personnage de Scream, très populaires l'année dernière, paraissent presque fades cette année. « Ces dernières années, la tendance est à ce qui sera le plus sinistre », explique Melissa Sprich, vice-présidente du marchandising pour la chaîne nationale de magasins Party City. Pour les bébés, cette tendance se décline en costume de diable, remplaçant les habituels dinosaures, ajoute Melissa Sprich.

Pour tous les autres âges, les parents sont à la recherche de costumes représentant les personnages de « Chucky, de Freddy, ou de Jason » alors même que leurs enfants sont trop jeunes pour regarder ces films.

Des mains coupées pour décorer la table

Les décorations sont devenues tout aussi effrayantes. Le magasin Spirit Halloween propose une version mécanique de la petite fille envoûtée du film L'Exorciste à placer dans la cour d'entrée, tandis que Papermart présente des mains découpées et dégoulinantes de faux sang enrobées dans du papier de boucher pour décorer la table... Un peu plus tôt ce mois-ci, Amber Boettcher a amené sa fille de 6 ans, Addi, dans un magasin de déguisements, à quelques pas de chez elle, dans le Minnesota. Elles cherchaient des pompons pour les ajouter au costume fait-main d'Addi.

Mais les courses ont tourné court lorsque la petite fille a vu la gamme de costumes d'horreur au rayon enfant. « Elle a eu peur », explique Amber Boettcher. « Le magasin était tellement dégoûtant et effrayant que nous sommes parties ! »

Une monstruosité sans précédent

Les entreprises détentrices des droits sur les personnages de Freddy, Chucky ou Jason déterminent la taille des costumes, descendant jusqu'aux tailles 6-8 ans ou 10-12 ans pour certains personnages. Mais ces déguisements pour les 6-8 ans sont parfois portés par des enfants de cinq ans. David Skal, qui a dépeint la fascination de l'Amérique pour l'horreur dans de nombreux livres, s'étonne du niveau de « monstruosité chez les enfants » atteint cette année. Depuis des siècles, les masques effrayants et les « histoires qui font peur ont été utilisés pour faire passer aux enfants une sorte de message initiatique selon lequel le monde n'est pas toujours un lieu sûr et accueillant », explique David Skal. Peut-être cette année les parents sont-ils particulièrement préoccupés par l'état du monde, avance-t-il.

Pour son livre Death Makes a Holiday, Skal s'est entretenu avec des personnes qui ont grandi pendant la Grande Dépression des années 1930. Ils se déguisaient alors en clochards ou des mendiants. À l'époque, « les gens étaient très inquiets de voir l'échelle sociale s'effondrer. L'idée d'une montée en puissance des masses de “mal-propres” peut être mise en parallèle avec notre fascination actuelle pour les zombies », explique l'écrivain.

Quand Frankenstein et Dracula tenaient la vedette

Chris Alexander, rédacteur en chef de Fangoria, un magazine d'horreur bien installé, explique que dans les années 1930, les personnages considérés aujourd'hui comme inoffensifs, tels que Frankenstein ou le comte de Dracula, troublaient les spectateurs autant que Chucky ou Michael Myers aujourd'hui. Mais ces personnages ont été décliné dans des décennies d'adaptations avant de devenir des costumes conçus pour les élèves de maternelle. Ce polissage n'a pas eu lieu pour des personnages comme Freddy Krueger : ils sont représentés de façon très réaliste en latex et tissu et finissent sur les frêles épaules des petits.

Même pour Chris Alexander, également réalisateur de films d'horreurs à petit budget, les déguisements actuels sont trop sanglants pour songer à les acheter à un enfant de cinq ans. « Mon bureau ressemble à un cauchemar devenu réalité » dit-il, « mais je n'habillerais jamais mon enfant comme Freddy Krueger ou Jason... Je suis assez choqué lorsque je vois ça », ajoute-t-il.

Pour l'enseigne Party City, la popularité de personnages de films d'horreur comme Chucky s'explique par la vague de nostalgie éprouvée par les parents actuels, enfants à l'époque. Les personnages de Ghostbuster et des jeux vidéos Mario et Luigi sont également à la mode en ce moment.

Nostalgie de l'horreur

La tendance est donc à la nostalgie et les enfants apprécient de voir l'effet de leurs déguisements sanglants sur les adultes, analyse Cynthia Edwards, professeur de psychologie enfantine à l'université Meredith de Raleigh (Caroline du Nord). « Un des plaisirs d'Halloween pour les enfants est de devenir le personnage dont ils portent le costume. Si vous vous habillez comme une princesse ou un pilote, vous êtes une princesse ou un pilote pendant quelques heures. Et alors se pose la question : s'il est habillé comme un personnage horrible, comment l'enfant le perçoit-il ? », s'interroge-t-elle. Une seule journée passée dans un univers d'horreur n'aura pas d'impact à long terme sur les enfants, mais certains seront perturbés par le fait de porter des déguisements sanglants ou de voir leurs camarades habillés de cette façon, estime Cynthia Edwards.

Ce qui peut être particulièrement déstabilisant pour les enfants, souligne le rédacteur en chef de Fangoria, c'est de voir les parents dire « non sur tous les tons à l'horreur et au sanguinolent » toute l'année et, une fois par an, les amener sans hésiter dans des magasins débordant de corps démembrés ou d'animaux mécaniques morts pour acheter des déguisements effrayants. Puis, sans même laisser le temps aux enfants de placer cette imagerie inquiétante dans son contexte, « dès que le 31 octobre est passé, l'horreur est à nouveau enterrée ».

© Le Point - 2012

Tu n’es pas loin du Royaume de Dieu !

 

Commentaire de l’évangile du XXXIème Dimanche du Temps ordinaire –Année B

Voici un scribe judicieux et sympathique. Selon les évangiles, ce serait plutôt rare. Il interroge Jésus, le Maître, mais ce n'est pas pour le prendre en défaut. Laissons-nous prendre à ce dialogue ou le meilleur de la tradition juive et de la nouveauté apparue en Jésus sont unifiés dans une symphonie lumineuse ! En ce chant nouveau, retentit inlassablement ce qui confère un pur éclat au cœur de notre foi : Dieu est l'unique, Dieu saint, vivant et vrai, Dieu au-delà de tout créé, Dieu de bonté, la source de la vie. « À toi, Dieu notre père, tout honneur et toute gloire pour les siècles des siècles ! » Tel est le chant au cœur de notre eucharistie. Et nous le prolongeons en redisant cette prière, à la fois juive et chrétienne : « Notre Père qui es aux cieux, que ton Nom soit sanctifié, que ton règne vienne ! » Oui, nous osons le dire, portés par ce respect, transfiguré d'amour, que l’Écriture appelle « la crainte du Seigneur ». Ainsi, aimons-nous Dieu par tout notre être. Il est notre lumière, la lampe de nos routes.

Dieu est l'Unique tout au long de nos vies. Et ce Dieu qui était avant les siècles, qui demeure éternellement, ce Dieu que l'on adore, est avec nous et il nous parle. Il nous donne sa loi, plus douce à notre esprit que le miel en nos bouches. Nous l'aimons et nous l'adorons, et il nous dit : Tu veilleras et tu observeras, tu mettras en pratique ! Alors, ta vie, dès ici-bas, sur cette terre, sera bonheur, elle sera féconde. Par ton amour de Dieu, viendra au jour une terre de communion fraternelle et heureuse.

Car le second commandement n'est pas étranger au premier. Tu aimeras ton Dieu ! Tu aimeras tout homme, ton prochain ! Tu l'aimeras de tout ton cœur, tout ton esprit, toute ta force ! Dieu est le Père de tous les hommes et donc tout homme est ton prochain. Dieu est l'Unique et ton frère est unique lui aussi. Peut-être le scribe hésitait-il sur les limites de la fraternité, mais Jésus, lui, a détruit les barrières : il s'est offert lui-même, une fois pour toutes, pour la multitude des hommes, et désormais tout homme est l'image de Dieu. Tu aimeras ton prochain comme toi-même, comme Dieu t'aime, car le cœur de ton cœur, ce que tu peux aimer en toi, est bien l'amour de Dieu.

Ainsi, un rayon lumineux éclairait-il le dialogue entre Jésus et le scribe dépositaire de la loi du Dieu saint. « Tu n'es pas loin, lui dit Jésus, du royaume de Dieu ». Invitation pressante à le suivre jusqu'au cœur du Royaume qui est le lieu de l'offrande de Jésus en croix, le Fils de Dieu, Grand Prêtre ressuscité pour rassembler dans l'unité de Dieu les hommes dispersés. Le scribe l'avait déjà pressenti : « Aimer le Dieu unique et aimer son prochain, cela vaut mieux que toutes les offrandes »…

« Aimer de toute son âme », n'est-ce pas être prêt à livrer toute sa vie en adoration et en amour total ? Nous n'avons d'autre loi ni d'autre sacrifice que d'aimer, de cet amour total et absolu qui est le signe unique du Royaume.

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