VOUS PERSONNELLEMENT, CROYEZ-VOUS EN DIEU ?

Mgr CottanceauTelle est la question posée lors d’un sondage d’opinion réalisé il y a peu en métropole. Les « sondés » furent 51% à répondre NON. Dans un article publié le 24 de ce mois dans la revue Aletheia, le P. Pierre VIVARES réagit : « L’influence de ces sondages peut conduire les agnostiques, ceux qui ne savent pas, à se dire que comme le chiffre ne cesse de baisser, leur questionnement n’a plus de sens. Le principe démocratique de la majorité qui l’emporte n’a pas sa place dans un jugement de la conscience, et les héros « des heures sombres de notre histoire » furent hélas les membres d’une minorité statistique qui aura sauvé l’honneur d’une majorité probatique. Une société serait honnête si elle permettait à chaque enfant de se poser réellement la question de Dieu et d’avoir de vraies réponses à cette question que nous nous posons tous un jour ».

De plus, pour être honnête, il serait bon de nous poser la question : « de quel dieu parlons-nous ? ». Pierre VIVARES cite en exemple le révolutionnaire Robespierre « qui croyait, lui, en ce Dieu tout-court, qu’il appelait l’Être suprême et qui n’était qu’un principe. Les principes, les valeurs, les repères ne sauvent pas, ils peuvent juste guider, parfois ».

Pourrions-nous, nous aussi, affirmer que nous ne croyons pas en un dieu dont l’image ne serait que le fruit de nos peurs et de nos contraintes psychiques ou émotionnelles, un dieu issu de nos rêves manqués, de nos désirs enfouis, mais aussi de notre culture ? Quelques exemples de ces images d’un dieu auquel nous devons dire : « NON, je ne crois pas en ce dieu ! » 

+ Le dieu sadique : c’est un dieu qui exigerait de nous des choses difficiles, qui coûtent, qui purifient, qui font mal et nous font penser et dire : « plus c’est difficile, plus c’est un signe que cela vient de dieu » !

+ Le dieu commerçant travaillant pour son compte : c’est un dieu qui exigerait des œuvres qui soignent son image. Il donnerait en fonction de ce que nous, on lui donne, dans un esprit de commerçant : « Je fais ceci pour toi, et toi, que me donnes-tu en échange ? »

+ Le dieu manipulable : c’est un dieu sur lequel je penserais pouvoir mettre la main grâce à des rites, des discours, des connaissances secrètes ou magiques : « Ceux qui garderont copie de cette lettre seront préservés de la mort par noyade et de la mort subite, ainsi que de toute maladie contagieuse et de la foudre »

+ Le dieu « tout puissant » : il est confondu avec le pouvoir, placé sous le signe de la puissance et qui produit en nous les plus grands troubles. Il serait responsable de tout, du mal dans le monde, et la liberté de l’homme n’aurait plus de place devant lui.

+ Le dieu juge implacable : il se tiendrait prêt à nous juger et à nous punir, surtout en, ce qui concerne notre corps et notre sexualité !

       Quel est maintenant le Dieu que Jésus nous révèle ?

= Le Dieu de Jésus est le Dieu de la miséricorde, tel que l’exprime la parabole du fils prodigue (Lc 15, 11). Il tient le pardon avec la fête, il s’intéresse à notre cœur et non d’abord à nos actions. Il ne demande pas la perfection mais l’ouverture confiante à son être.

= Le Dieu de Jésus est le Dieu de l’amour inconditionnel qui nous aime non pas pour ce que nous faisons mais pour ce que nous sommes ! Le Dieu qui nous cherche davantage précisément quand nous sommes les plus éloignés de son chemin (Lc 15, 4 : la parabole de la brebis perdue) …

= Le Dieu de Jésus est le Dieu de la gratuité. C’est peut-être le mot qui dit le plus la nouveauté chrétienne. Tout en lui est gratuit et on ne l’achète avec rien. Tout en lui est don, car amour et don sont liés de façon inséparable : « Nul n’a de plus grand amour que celui-ci : déposer sa vie pour ses amis » (Jn 15, 13).

= Le Dieu de Jésus est le Dieu du Royaume, c'est-à-dire d’un projet historique pour les Hommes. Projet qui implique la paix, la justice, la concorde, la solidarité, l’égalité, le respect entre toutes les personnes et l’équilibre avec la création.

= Le Dieu de Jésus est le Dieu de Pâques qui nous enseigne quelque chose de radicalement nouveau : que si le grain de blé ne meurt pas, il ne donne pas de fruit (Jn 12, 23). La vie n’a de sens que si elle est donnée jusqu’au bout. Le don de la vie engendre la vie (Jn 12, 25 – 26)

       Alors, nous, en quel Dieu croyons-nous ?

     † Mgr Jean-Pierre COTTANCEAU